vendredi 20 décembre 2013

Afflux de réfugiés centrafricains à l’Equateur : il faut craindre le syndrome de l’Est

vendredi 20 décembre 2013 


La population centrafricaine fuyant le combat

Suite aux affrontements sanglants entre les ex-rebelles de la coalition Seleka et les miliciens Anti-Balaka, la situation devient de plus en plus préoccupante à Bangui.

A telle enseigne qu’on assiste à une forte mobilisation à travers le monde.

La République démocratique du Congo qui en a tant souffert doit prendre les dispositions qui s’imposent pour ne pas revivre la tragédie de l’Est.

D'après le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), à ce jour, la RDC héberge plus de 47 000 Centrafricains dont plus de 20 000 vivent dans quatre camps des réfugiés répartis dans la province de l'Equateur et dans la Province Orientale.


En effet, depuis le début de ce mois de décembre, près de 3 300 réfugiés centrafricains sont arrivés en République démocratique du Congo. Et rien que pour la seule journée du lundi dernier, plus de 1 800 nouveaux réfugiés centrafricains sont arrivés en territoire congolais (Zongo), en province de l'Equateur.

Le calme n’étant toujours pas revenu à Bangui, il faut s’attendre à un nombre accru de réfugiés centrafricains à l’Equateur dans les prochains jours.

Mêmes causes, mêmes effets

Depuis 1994, la présence des forces négatives préoccupe les différents gouvernements qui se sont succédé en République démocratique du Congo.

Que des sommets et résolutions, que d’accords bipartites, tripartites, multipartites (Zambie, Addis-Abeba, Arusha, Luanda, Abuja 1et 2, Pretoria, Bujumbura, Kampala, Rome, etc.) ; que d’engagements ; que des discours et promesses assorties d’ultimatum ont été tenus, adoptés, signés, pris, avancés, révisés, refaits, re-harmonisés ; que des mots abusés, que des frais des missions engloutis ?

Que du temps perdu pour une promenade de reconstitution, un tourisme sans résultat.

Aujourd’hui, la menace de ces forces négatives sur la région des Grands Lacs demeure permanente. Le cas le plus éloquent est celui des Interahamwe dits FDLR.

Ayant traversé la frontière avec armes et munitions, ces citoyens rwandais ont trouvé asile en RDC pour y instaurer leur autorité.

Ces réfugiés administrent des entités territoriales congolaises plus vastes que leur propre pays, prélèvent auprès des citoyens congolais taxes et redevances dues à l’état, instaurent le pire des régimes de répressions sanglantes.

Des femmes et filles violées, éventrées, des bébés enterrés vifs, des fœtus extirpés, dépiécés et assaisonnés, des hommes poignardés, des malades achevés, des cadavres déterrés ou mutilés, des tombes profanées.

Bref, le démantèlement des Fdlr/Interahamwe a toujours été problématique. Leur présence active a d’ailleurs engendré la naissance d’autres groupes armés. Ces derniers et les FDLR devront subir le même sort que le M23.

Renforcer la sécurité frontalière

Sur instruction du commandant suprême des Forces armées de la RDC et de la Police nationale, des éléments de la Police nationale ont été déployés à Bangui pour se porter à la rescousse du peuple centrafricain.

C’est certainement par solidarité que ce geste a été posé. S’il faut, d’autre part, saluer cette décision du chef de l’Etat, il y a cependant lieu de rappeler l’intangibilité des frontières du pays.

Et pour ne plus revivre la mésaventure des FDLR/Interahamwe, la République démocratique du Congo devra renforcer les dispositions sécuritaires le long de ses frontières avec l’Equateur.

Car le bureau du HCR à Mbandaka signale l’arrivée de certains éléments incontrôlés de l’ex-coalition rebelle de la Seleka à Gbadolite, en même temps que celle des réfugiés civils qui ont traversé à Ngele.

En plus, les personnes ayant traversé la rivière Ubangi avec armes et bagages seraient également des militaires partisans de l’ancien chef de l’Etat Bozizé.

Face à la situation qui prévaut en Centrafrique, l’Etat congolais a donc intérêt de faire de la sécurité frontalière sa principale préoccupation, au besoin désarmer les éléments incontrôlés de l’ex-coalition rebelle de la Seleka et des miliciens anti-Balaka qui se signaleraient parmi les réfugiés civils. De cette manière, au moins, il éviterait le syndrome de l’Est.

_________________
Véron-Clément Kongo
Le Potentiel

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire