lundi 30 décembre 2013

Attaques terroristes à Volgograd avant les Jeux olympiques de Sotchi

le 30.12.2013


 

Empêcher les Jeux olympiques d'hiver de Sotchi par « tous les moyens » et recourir à « la force maximale » contre la « fête sportive » de Vladimir Poutine : dans sa dernière vidéo en ligne cet été, Dokou Oumarov, le chef autoproclamé de la rébellion islamiste dans le Caucase russe, avait prévenu le président russe de l'imminence d'une vague terroriste à la veille des JO de Sotchi, au bord de la mer Noire et au pied des montagnes du Caucase. 

Lundi, M. Poutine a ordonné un renforcement de la sécurité dans tout le pays.

Les deux attentats sanglants qui ont frappé Volgograd (ex-Stalingrad), dimanche 29 et lundi 30 décembre, semblent porter sa marque. Dimanche, au moins 17 personnes ont péri et une quarantaine ont été blessées lors d'une explosion à la gare de Volgograd. 


Lundi matin, 14 autres personnes ont été tuées et 28 blessées par un attentat-suicide qui a entièrement détruit un trolleybus au centre-ville.

La Russie n'avait plus connu d'attaque d'une telle ampleur depuis celle du 24 janvier 2011 à l'aéroport de Moscou-Domodedovo, qui avait fait 37 morts. L'attaque avait déjà été revendiquée par Oumarov. 


Dans les trois cas, la cible visée est un lieu public très fréquenté où sont morts des civils anonymes sans aucun lien avec les troubles au Caucase ou avec les JO.

Dimanche, la bombe d'une puissance de dix kilos d'équivalent TNT a explosé alors que des policiers s'apprêtaient à interpeller une femme suspecte devant les portiques détecteurs de métaux à l'entrée de la gare de Volgograd. 


Dans un premier temps, les enquêteurs ont pensé qu'elle avait activé l'engin caché sous ses vêtements. L'analyse vidéo montre que l'explosion venait en fait de la ceinture portée par un homme identifié par son nom de famille, Pavlov. 



Les deux kamikazes ont pu agir ensemble. La femme, nommée après la découverte dans les décombres de sa tête arrachée, serait Oksana Aslanova. 


C'est l'une de ces « veuves noires » envoyées par les terroristes pour, après la mort d'un mari rebelle, se sacrifier dans des attentats-suicides. 

En juillet 2003, ces armes vivantes de la rébellion islamiste avaient sévi pour la première fois : le double attentat-suicide, perpétré lors d'un concert rock à Moscou par deux femmes kamikazes, avait tué 15 personnes et blessé une cinquantaine. 

En octobre, une autre « veuve noire », amie d'Oksana Aslanova, s'était fait exploser dans un bus rempli d'étudiants (six morts). C'était déjà à Volgograd.

La grande cité industrielle sur la Volga se trouve à 1 000 kilomètres au sud de Moscou et à 700 km au nord de Sotchi, très loin donc du site olympique. 


Vendredi 27 décembre, Piatigorsk, ville thermale à 270 km à l'est de la ville hôte des JO, avait été meurtrie par un autre attentat : l'explosion d'une voiture piégée avait fait trois morts, soufflant les vitres de plusieurs bâtiments d'une zone industrielle. 

Quelques jours auparavant, le 16 décembre, les forces de sécurité russes avaient annoncé avoir tué quatre rebelles islamistes présumés. 

Parmi eux, le chef d'un groupe armé soupçonné d'avoir commis des attentats contre des sites touristiques. C'était en Kabardino-Balkarie, à mi-chemin entre la Tchétchénie et Sotchi.

« LA GUERRE DANS VOS RUES »

Déjà, en septembre et en octobre, les violences s'étaient intensifiées au Daghestan, la plus instable des Républiques voisines de la Tchétchénie, pacifiée par la force. 


Deux bombes déposées dans des boutiques voisines l'une de l'autre avaient fait deux morts et 15 blessés à Makhatchkala, la capitale. Peu avant, deux policiers avaient été tués lors de combats et deux autres dans un attentat-suicide.

Semaine après semaine, ces violences font l'ordinaire du Caucase russe. 


Si la guerre est finie en Tchétchénie, le cercle vicieux attaques-répression continue tout autour de la petite République, loin de la « normalisation » revendiquée par les autorités. Kidnappings et attaques contre des policiers s'y multiplient.

A Moscou, l'inquiétude est d'autant plus grande que la rébellion se serait progressivement transformée, depuis le milieu des années 2000, en un puissant mouvement islamiste armé aux frontières de la Tchétchénie. Avec pour objectif de créer un « émirat du Caucase ». 


« La guerre viendra dans vos rues », a prévenu Dokou Oumarov, le rebelle tchétchène qui, soutenu par des organisations liées à Al-Qaida, aurait abandonné la cause indépendantiste pour le djihadisme.

« Les habitants de la Russie ne vont plus observer calmement à la télévision ce qui se passe dans le Caucase », avait-il déjà lancé en 2010 après un double attentat-suicide attribué à deux femmes kamikazes dans le métro de Moscou (40 morts). Pour Sotchi, il a promis une vraie guerre sur le territoire russe. – (Intérim.) 


Le Monde.fr

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