mardi 24 décembre 2013

Centrafrique : cohabitation difficile entre armée française, Misca, Séléka et anti-balakas

23/12/2013 

 

Un combattant anti-balaka, le 14 décembre 2013 à Bangui. © AFP

La présidence centrafricaine a accusé, lundi, les soldats français d'avoir "froidement abattu", la veille, trois combattants de l'ex-rébellion Séléka. Alors que les milices anti-balakas, elles, soupçonnent le contingent tchadien de la Misma d'être de mèche avec les hommes de Michel Djotodia, le président de transition.

Les autorités centrafricaines sont montées au créneau, lundi 23 décembre, pour dénoncer le "meurtre", dimanche, de trois combattants de l'ex-Séléka par l'armée française. 


" [Ils étaient] des membres de la garde présidentielle", et "ils ont été froidement abattus par les éléments de la force Sangaris", a déclaré le porte-parole de la présidence, Guy Simplice Kodégué.

"Il ne s'agissait pas d'une opération de désarmement, et il n'y a pas eu de coups de feu, contrairement à ce qui a été dit dans certains médias français", a assuré Guy Simplice Kodégué.

Pour lui, "c'était délibéré" : les ex-Seleka "ont été abattus malgré la présentation de leur ordre de mission et de leurs badges", précisant que les victimes circulaient à bord d'un véhicule. 


Une accusation qui contredit la version de l'état-major français, selon laquelle les soldats français avaient ouvert "le feu deux fois au cours de la journée" de dimanche : la première fois "contre un groupe d'une demi-douzaine de personnes soupçonnées d'être des ex-Séléka", qui "allaient faire usage de leurs armes" qu'ils avaient "pointées contre nos troupes", et la deuxième fois "contre un tireur isolé".

"Oui à la France, non à la Séléka"

Par ailleurs, des soldats tchadiens de la force africaine en Centrafrique (Misca) ont ouvert le feu, dans la matinée du 23 décembre à Bangui, sur des manifestants rassemblés près de l'entrée de l'aéroport, tuant une personne.

Photo du camp de déplacés à l'aéroport de Bangui.

Plusieurs milliers de manifestants majoritairement chrétiens étaient regroupés près de l'entrée de l'aéroport pour demander "le départ" du président Michel Djotodia. 


Les manifestants exigeaient également le départ du pays des soldats tchadiens de la Misca, aux cris de "Pas de Tchadiens à Bangui". 

Certains d'entre eux portaient des pancartes sur lesquelles étaient inscrits les slogans : "Oui à l'opération Sangaris [de l'armée française], non à l'armée tchadienne", ou "Oui à la France, non à la Séléka", l'ex-rébellion essentiellement composée de musulmans, au pouvoir depuis mars 2013.

Vers 7 heures 40 locales, deux 4X4 de soldats tchadiens ont alors fait irruption et se sont approchés du rassemblement. Des manifestants ont commencé à jeter des pierres dans leur direction. Les militaires tchadiens ont réagi en tirant en l'air et dans la foule. Une personne a été tuée par balle et une autre blessée, a-t-on constaté.

Reprise des activités à Bangui

Des soldats français sont intervenus assez rapidement, notamment pour évacuer les victimes, mettant fin à l'incident. L'accès à l'aéroport n'a pas été bloqué. 


Dans le reste de la capitale, la situation était calme lundi matin, avec une reprise notable des activités. Aucun incident majeur n'a apparemment eu lieu pendant la nuit de dimanche à lundi.

Mais le climat reste très tendu. De nombreux Centrafricains accusent les Tchadiens de la Misca de complicité avec l'ex-Séléka. Des ressortissants tchadiens ont été la cible ces dernières semaines des milices d'autodéfense chrétiennes "anti-balakas" et de la population. Dimanche, N'Djamena a annoncé le rapatriement de ses ressortissants en Centrafrique.

Par ailleurs, plusieurs milliers de musulmans ont manifesté pacifiquement, dimanche 22 décembre, à Bangui pour protester contre l'armée française, après la mort quelques heures plus tôt de trois combattants de l'ex-rébellion Seleka dans un accrochage avec des soldats français. 


"Non à la France", "Hollande criminel !", scandaient les manifestants, qui entendaient dénoncer "la partialité" des militaires français déployés depuis début décembre en Centrafrique, où ils tentent de mettre fin à des violences interreligieuses à grande échelle. 
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Jeune Afrique
(Avec AFP)

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