samedi 28 décembre 2013

La République Démocratique du Congo......

Capitale: Kinshasa Population: 70,3 millions (est. 2012) Langue officielle: français Groupe majoritaire: aucun Groupes minoritaires: quatre langues nationales (kikongo, lingala, kiswahili et tshiluba) et plus de 200 langues locales (ngala, luba-shaba, songe, pende, kinyarwanda, shi, tetela, zande, etc.) 

Langue coloniale: français (Belgique) Système politique: république unitaire à régime autoritaire Articles constitutionnels (langue): art. 1er, 13, 18 et 142 de la Constitution du 18 février 2006 Lois linguistiques: divers décrets présidentiels

1 Situation géographique

 


Ce pays est appelé officiellement la République démocratique du Congo (l’ex-Zaïre) ou RDC. Comme la RDC n'est «démocratique» que de nom, il est aussi appelé officieusement Congo-Kinshasa pour le différencier du Congo-Brazzaville (ou république du Congo). 

C'est un pays d'une très grande superficie de 2,3 millions de km², soit environ 33 fois plus grands que le Bénélux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg), quatre fois plus que la France ou deux fois plus que le Québec (Canada), soit l'équivalent de l'Europe entière, moins l'Espagne et le Royaume-Uni. 

Les habitants du Congo-Kinshasa appellent souvent leur pays simplement «Congo».

En Afrique, seuls le Soudan et l'Algérie sont plus étendus que la RDC, qui est limitée à l'ouest par le Congo-Brazzaville, au nord par la République centrafricaine et le Soudan, à l'est par l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie, au sud par la Zambie et l'Angola (voir la carte du pays). 


Partageant neuf frontières avec ses voisins, le Congo-Kinshasa est un pays totalement enclavé, sauf quelques kilomètres de côtes en bordure de l’océan Atlantique. 

En raison de sa grande superficie, de ses énormes richesses et de son importante population, le Congo-Kinshasa demeure l’un des «géants» de l’Afrique, avec l’Égypte, le Nigeria et l’Afrique du Sud.

Province Estimation 2012 Superficie (km²)
Bandundu 8 395 580 295 658
Bas-Congo 4 726 510 53 920
Équateur 7 815 700 403 292
Haut-Congo 8 485 458 503 239
Kasai occidental 5 612 615 154 742
Kasai oriental 6 908 220 170 302
Katanga 5 902 416 496 877
Kinshasa 9 463 749 9 965
Maniema 2 149 413 132 250
Nord-Kivu 6 037 394 59 483
Sud-Kivu 4 833 372 65 070


Signalons aussi que la République démocratique du Congo se compose de la ville de Kinshasa (de 9 à 10 millions d'habitants) et des provinces suivantes: le Bandundu (8,3 millions), le Bas-Congo (4,7 millions), l'Équateur (7,8 millions), le Haut-Congo (6,9 millions), le Kasaï occidental (5,6 millions), le Kasaï oriental (6,9 millions), le Katanga (5,9 millions), le Maniema (2,1 million), le Kivu du Nord (6,0 millions) et le Kivu du Sud (4,8 millions). Voir la carte du pays.

Le territoire du Congo-Kinshasa jouxte à l'est la région des Grands Lacs africains et sa situation géographique le place à la «frontière» des pays «francophones» au nord (voir la carte de l'Afrique francophone) et des pays «anglophones» au sud-ouest avec le Rwanda et le Burundi (chacun de ces derniers étant 20 fois plus petits en superficie que son grand voisin). 


Alors qu'au nord-ouest le Congo-Brazzaville et la République centrafricaine ont le français comme langue officielle (sans oublier le Rwanda et le Burundi), l'Ouganda et la Tanzanie ont l'anglais comme langue officielle ou semi-officielle comme au Soudan. Quant à l'Angola au sud-ouest, il a le portugais comme langue officielle.

2 Données démolinguistiques

Le Congo-Kinshasa est l'un des pays les plus multiethniques d'Afrique, avec une population estimée à plus de 73,5 millions en 2012. Bref, le Congo-Kinshasa serait considéré comme le «premier pays francophone du monde», avant la France (61,8 millions en Métropole). Néanmoins, on y trouve un enchevêtrement de peuples de diverses origines et parlant de nombreuses langues.

2.1 Les ethnies

Le Congo-Kinshasa compte quelque 250 ethnies qui peuvent être réparties en plusieurs groupes. Le premier groupe est formé par les peuples bantous (env. 80 % de la population) dont les principales ethnies sont les Luba (18 %), les Mongo (17 %), les Kongo (12 %) et les Rwandais hutus et tutsis (10 %); les autres ethnies bantoues sont les Lunda, les Tchokwé, les Tetela, les Bangala, les Shi, les Nande, les Hunde, les Nyanga, les Tembo et les Bembe. 


Les ethnies non bantoues se répartissent entre les Soudanais (Ngbandi, Ngbaka, Mbanja, Moru-Mangbetu et Zande), les Nilotiques (Alur, Lugbara et Logo), les Chamites (Hima) et les Pygmées (Mbuti, Twa, Baka, Babinga). Les Nilotiques et les Chamites, qui ont jadis quitté la vallée du Nil, ont été confrontés aux migrations bantoues, mais ont dû peu à peu laisser la place.

La majorité des Congolais sont de religion chrétienne. Les catholiques forment 40 % de la population, les protestants, 35 %, les kimbanguistes (une importante Église d'origine africaine), 10 %. Il existe également des petites communautés musulmanes (9 %), juives et grecques orthodoxes.

2.2 Les langues

Sur le plan linguistique, cette ancienne colonie belge est l'un des pays les plus multilingues de toute l'Afrique. En effet, l'Atlas linguistique du Zaïre dénombre 221 langues pour une population totale (estimée en 1996) à 42,2 millions d’habitants, c'est-à-dire une langue par tranche de 190 000 locuteurs. 


Cependant, 186 langues appartiennent à la seule famille bantoue et elles sont parlées par plus de 80 % de la population congolaise. Les autres langues sont représentées par la famille nilo-saharienne.

Ce pluralisme linguistique exceptionnel comprend trois grandes composantes: les langues locales dites «ethniques (ou langues congolaises), les langues dites nationales et la langue officielle (le français).

- Les langues locales

Tous les Congolais parlent l'une des quelque 200 langues «ethniques»; elles sont utilisées localement et servent à la communication entre les diverses communautés. 


Ceux qui ne parlent qu'une langue ethnique sont ordinairement les citoyens les moins scolarisés et les moins urbanisés. Sauf une vingtaine d’entre elles, les langues ethniques sont parlées par peu de locuteurs et ne jouissent pas de la même considération dans l’opinion publique congolaise. 

Ces langues sont généralement utilisées par des communautés comptant moins de 100 000 locuteurs, souvent entre 5000 et 70 000 locuteurs. Cependant, une vingtaine de celles-ci comptent plus de 100 000 locuteurs, et trois sont parlées par plus d’un million de personnes:

bembe (252 000)
bera (120 000)
budu (180 000)
budza (226 000)
chokwe (504 000) fulero (275 000)
kanyok (200 000)
lega-shabunda (400 000)
luba-shaba (1,5 million)
mbole (100 000) mongo (400 000)
mpuono (165 000)
ngala (3,5 millions)
ntoma (100 000)
phende (420 000) kinyarwanda (250 000)
shi (654 000)
songe (1 million)
tetela (750 000)
zande (730 00)

Parmi ces langues, le kinyarwanda n'est pas une langue congolaise, mais une langue immigrante issue de transferts de populations venant à l'origine du Rwanda voisin à l'époque du Congo belge (vagues de 1905-1906, 1928-1929, 1940-1943, 1950-1952). 


Ceux qui parlent le kinyarwanda rwandais sont des Banyarwanda, c'est-à-dire des réfugiés hutus et tutsis habitant dans la province du Nord-Kivu. 

Les Banyarwanda sont généralement perçus comme des «étrangers» par les Congolais, surtout depuis que des conflits armés ont éclaté en 1993, dans le Nord-Kivu entre, d’une part, des Hutus et des Tutsis, d’autre part, des membres de plusieurs groupes ethniques congolais. 

On parle aussi depuis 1976 des Banyamulenge, c'est-à-dire «les gens de la colline ou de la forêt de Mulenge», une région du Sud-Kivu. Ce sont en général des Tutsis kinyarwandophones émigrés depuis quelques décennies du Rwanda (après 1959) et ils ne peuvent présentement se prévaloir de la citoyenneté congolaise. 

En fait, les Banyamulenge sont des Banyarwanda installés dans les régions de Fizi, de Mwenga et d'Uvira, toutes situées dans la province du Sud-Kivu, à l’exception de la région de Shabunda (voir la carte du pays). 

Quoi qu'il en soit, Banyarwanda ou Banyamulenge ne sont plus des Rwandais, mais ils ne sont pas davantage considérés comme des «authentiques» et continuent de faire l'objet de controverses de la part de nombreux Congolais qui les traitent de «minorité agressive». 

On ne connaît pas, de façon officielle, le nombre exact de locuteurs du kinyarwanda au Congo-Kinshasa, mais certains observateurs les estimeraient à près de 400 000. 

Rappelons que, lors du génocide rwandais en 1994, plus d'un million de personnes ont fui le Rwanda pour se réfugier au Congo-Kinshasa.

- Les langues nationales


 

Langues nationales 

Par rapport aux langues congolaises, les langues nationales — kikongo, lingala, kiswahili et tshiluba — bénéficient d’une plus large audience, d’un plus grand développement et d’une plus grande expansion au plan national grâce à l’Administration, la justice, les écoles primaires, les médias et l’évangélisation. Les quatre langues nationales découpent le pays en quatre grandes aires linguistiques:

- Le swahili ou kiswahili est parlé comme langue seconde par environ neuf millions de locuteurs dans les régions de l’Est, notamment au Katanga dans le Kivu, en passant par le Lualaba à l'ouest et les Grands Lacs à l'est (ainsi qu'au Kenya et en Tanzanie).

- Le lingala est la langue maternelle ou la langue seconde d'environ 8,5 millions de locuteurs dans la capitale (Kinshasa) et les régions du Moyen-Congo et du Haut-Congo (et en République centrafricaine).

- Le kikongo, avec ses deux millions de locuteurs, est utilisé principalement dans la région du Bas-Congo et du Bandundu (et en Angola).

- Le tshiluba (ou luba-kasaï) est pratiqué par environ six millions de locuteurs dans le Sud, particulièrement dans la région du Kasaï.


Ces langues de grande diffusion se sont imposées avant la colonisation; elles sont aujourd'hui utilisées comme langues maternelles et comme langues secondes par au moins 30 millions de Congolais (de 75 % à 80 % de la population). 


Elles sont employées par les couches sociales les plus scolarisées et les plus urbanisées à titre de langues supra-régionales ou pour la communication inter-ethnique dans les villes. Trois des langues nationales congolaises, le lingala, le swahili et le kikongo, sont de formation récente. Leur histoire est liée à celle de la colonisation du Congo et, en principe, elles n’appartiennent en propre à aucune communauté ethnolinguistique du pays. 

Cet avantage leur permet, surtout au lingala et au swahili, de jouer leur véritable rôle de langues véhiculaires. Quant au tshiluba, c’est une langue qui remonterait au XVe siècle et est davantage liée aux principales communautés qui la parlent: les Baluba dans l'est du Kasaï et les Bena Lulua dans l'Ouest.

- La langue officielle

Dans le projet de Constitution de novembre 1998, quatre articles concernaient l’emploi des langues. L’article 6 traitait du statut des quatre langues nationales et de deux langues officielles: «Sans préjudice des langues nationales, les langues officielles sont le français et l'anglais.» 


Cependant, au plan juridique, le projet de loi constitutionnelle n'a aucune valeur pour la simple raison qu'il n'a jamais été entériné.

D'ailleurs, à la suite des résolutions du Dialogue inter-congolais de Sun City (en Afrique du Sud), du 25 février au 12 avril 2002, et à l'Accord global et inclusif sur la transition en République démocratique du Congo signé à Pretoria, le 17 décembre 2002, et adopté le 1er avril 2003, le président de la RDC du Congo, Joseph Kabila, a promulgué le 4 avril la nouvelle Constitution, ouvrant probablement la voie à la transition vers les premières élections libres dans son pays.

Les paragraphes 7 et 8 de l'article 4 portent sur les langues. Le paragraphe 7 précise que le kikongo, le lingala, le swahili et le tshiluba sont les «langues nationales», alors que le français est la (seule) langue officielle, l'anglais ayant été éliminé.

Article 4

1) La République démocratique du Congo est, dans ses frontières du 30 juin 1960, un État indépendant, souverain, indivisible, démocratique, social et laïc.

2) Son emblème est le drapeau bleu ciel frappé d'une grande étoile jaune au centre et de six petites étoiles jaunes de dimension identique et rangées longitudinalement du côté de la hampe.

3) Son hymne national est le «Debout Congolais».

4) Sa devise est «Démocratie, Justice, Unité».

5) Sa monnaie est le «Franc congolais».

6) Ses armoiries se composent d'une tête de lion encadrée par deux lauriers avec au centre des mains entrecroisées.

7) Les langues nationales sont: le kikongo, le lingala, le swahili et le tshiluba.

8) La langue officielle est le français.

Aux langues congolaises se superposent le français et l'anglais, deux langues européennes, dont l'une est officielle depuis longtemps: à peine 10 % (env. quatre millions de locuteurs) des Congolais savent le français, contre 1 % pour l'anglais. Cet article 4 est devenu l'article 1er dans la version de février 2006.

Le français, la langue officielle, reste une langue seconde pour tous ceux qui le parlent. La compétence de ces locuteurs du français reste très inégale, il va sans dire, et varie principalement en fonction des milieux urbains et ruraux.

La plupart des Congolais pratiquent une diglossie déséquilibrée, sinon une triglossie lorsqu’ils savent le français. Ainsi, ils emploient leur langue maternelle (ou ethnique) dans les relations familiales ou inter-ethniques, mais la langue véhiculaire régionale — kikongo, lingala, swahili et tshiluba — dans la vie urbaine en général: commerce, administration locale, éducation (premier cycle du primaire), presse, radio et télévision. 


Pour ceux qui savent le français (triglossie), employer cette langue donne automatiquement accès à toutes les sphères du pouvoir et de la connaissance. C'est encore, dans les faits, la langue de l'État et du droit.

Cependant, le souvenir du soutien réel ou supposé de la France à la dictature mobutiste (Mobutu: 1965-1997) est présent dans l’esprit de beaucoup de Congolais. C’est pourquoi le français est mal perçu pour représenter la «libération» ou la «liberté» devant l’anglais. 


Certains universitaires congolais prédisent la mort par étouffement du français et son éviction par l’anglais. Pourtant, les Américains ont toujours soutenu autant que la France l’ancien dictateur Mobutu qui a toujours favorisé le français.

L’anglais n’est pas encore une langue très répandue au Congo-Kinshasa, mais il fait l’objet d’un grand engouement, principalement pour des raisons politiques, idéologiques, économiques et culturelles, liées à la proximité des pays anglophones voisins. 


Du fait qu’il est parlé par bien peu de personnes (moins de 1 % de la population), le prestige de l’anglais n’ébranle pas encore les bases du français. D’ailleurs, les Congolais s’identifient davantage au français qu’à l’anglais, parce qu’ils considèrent la langue coloniale transmise par la Belgique comme un élément de leur patrimoine culturel. 

Pour l’immense majorité des Congolais, il n’est pas question de supprimer le français ou de le remplacer par l’anglais. L'officialisation de l'anglais n'a pas fait long feu: le projet est d'ailleurs mort-né.

Habitués à la coexistence linguistique, les Congolais opteraient plutôt pour une double utilisation du français et de l’anglais en tant que «langues de culture». L’objectif avoué serait de maximiser la mobilité des Congolais dont le pays se situe à la frontière des pays francophones et anglophones. 


Il n’en demeure pas que, même «minoritaire», l’anglais fait présentement son entrée dans un paysage linguistique diglossique ou même triglossique, car il doit concurrencer les langues vernaculaires locales, les langues nationales et le français, toujours vivace dans sa fonction de langue de culture. 

3 Données historiques

Le Congo-Kinshasa a connu quatre grandes périodes au cours de son histoire moderne. Mentionnons une première tentative de colonisation de la part des Portugais, puis la période de l’État libre du Congo alors qu’il était sous la souveraineté personnelle de Léopold II de Belgique, la période du Congo belge et le Congo indépendant à partir de 1960.

3.1 La période précoloniale

Au premier millénaire de notre ère, des agriculteurs bantous pénétrèrent dans le pays et s'établirent dans la zone côtière ainsi que sur les plateaux orientaux et méridionaux. 


En 1482, les Portugais établirent un premier contact avec le royaume bantou du Congo. Il semble qu’à son apogée le royaume s’étendait de l'actuel Angola jusqu'au Gabon. 

En 1489, une ambassade du royaume du Congo rendit visite au roi du Portugal et, en 1490, des missionnaires franciscains et des artisans portugais s'installèrent dans la région. 

Alfonso, fils du premier roi converti, devint roi du Congo en 1507 et entreprit de christianiser le royaume. Cependant, le royaume déclina, puis s'effaça, alors que les Portugais se tournaient vers le Sud, en Angola, où la traite des Noirs rencontrait moins de difficultés. 

Dès cette époque, d’autres Européens et des Arabes de l'île de Zanzibar (à l'est de la Tanzanie) pratiquèrent néanmoins l’esclavagisme dans la région du Congo, mais ils ne s’installèrent pas.

En fait, l’occupation européenne fut tardive, elle ne commença qu’à la fin du XIXe siècle lorsque l’explorateur britannique Henry Morton Stanley explora le fleuve Congo entre 1874 et 1877. Il créa des pôles d’échanges commerciaux avec les populations bantoues. 


Au même moment, le roi Léopold II de Belgique réunit au Palais de Bruxelles une conférence internationale composée de savants, de géographes et d'explorateurs, et axée sur la découverte de l'Afrique centrale. Il en sortira (1877) l’Association internationale pour la civilisation et l'exploration de l'Afrique centrale. 

En 1978, il créa, avec le concours de Stanley, le Comité d'études du Haut-Congo, transformé en 1879 en Association internationale du Congo dont l’objectif était «d’ouvrir l’Afrique à la civilisation et d’abolir la traite des esclaves». 

Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa), du nom du roi des Belges, fut fondée en 1881 par l'explorateur anglo-américain Henry Stanley, qui baptisa cet entrepôt de marchandises sur le Congo.

Alors que la France et le Portugal revendiquaient une partie des territoires du Congo, la Conférence de Berlin de 1885 reconnut la souveraineté de Léopold II sur le Congo, qui devint l’État libre du Congo, une possession personnelle du souverain belge ayant comme capitale la ville de Boma. 


Lorsque quand Léopold II reçu le Congo, il l'a d'abord proposé à la Belgique comme colonie,
mais le gouvernement l'a refusé. Le monarque belge pouvait alors «sauver les Africains de l'oppression de despotes locaux et du trafic des négriers arabes» pour les «conduire à la civilisation». 3.2 La période léopoldienne (1885-1908)

 


Sans jamais avoir posé les pieds au Congo, Léopold II y établit les fondations d’un ordre colonial qui dura 75 ans. Il créa en 1888 une Force publique destinée à protéger les travaux du chemin de fer allant du port de Matadi à Léopoldville (Kinshasa); cette ligne de 400 km de long fut inaugurée en 1898, ce qui donna le coup d'envoi du développement de Léopoldville. 

Le roi déclara que «les terres vacantes doivent être considérées comme appartenant à l'État».

Afin de faire fonctionner «sa» colonie (en réalité, une simple entreprise commerciale personnelle) et en exploiter les richesses naturelles, Léopold II s’appuya sur son armée de mercenaires (belges, togolais, maliens, sénégalais, etc.), les missions catholiques, un certain nombre d’émissaires (des administrateurs) et de colons à sa solde, ainsi que des banquiers belges. 


En vue de récupérer les coûts de ses investissements personnels dans son aventure coloniale, Léopold II concéda des territoires coloniaux à des compagnies privées qui lui versaient des redevances en échange de la liberté d'extraction des richesses.

À partir de 1885, l'État indépendant fut soumis à l'exploitation de compagnies qui organisaient la collecte du caoutchouc. Certaines des richesses accumulées servirent à construire des bâtiments prestigieux à Bruxelles à Anvers et à Ostende.

Cependant, Léopold II se forgea une triste réputation en raison non seulement des travaux forcés imposés aux Congolais, mais aussi à cause des mutilations faites aux femmes et aux enfants (mains ou pieds coupés) qui ne respectaient pas les quotas de production, des impôts en nature, des massacres des habitants, sans parler du pillage de l’ivoire et du caoutchouc.

En raison des excès commis par les Blancs en Afrique, la réputation de Léopold II et son oeuvre d'outre-mer furent sérieusement remises en cause. Le roi institua une commission internationale d'enquête (1904) qui publia en novembre de l’année suivante un rapport accablant dans lequel on reconnut «les mérites de l'action royale au Congo», tout en relevant «des abus et des lacunes» de la part des colons et des milices. 


À l’époque, les atrocités commises au Congo et dévoilées surtout par le consul britannique au Congo, Roger Casement, soulevèrent l’indignation dans toute l’Europe. 

En 1908, le Parlement belge décida que l'on ne pouvait confier une colonie à la seule autorité du roi; Léopold II dut céder «l’État libre du Congo» à la Belgique qui ne pouvait refuser l'offre.

De cette «période léopoldienne», il n’est pas resté grand-chose, sinon l’introduction de la langue française dans le pays en même temps que les colons belges et un modèle d’administration brutale (mais pas plus qu'ailleurs!) dont s’inspireront plus tard les dirigeants noirs du Congo (p. ex., Mobutu et Kabila). 


Les Belges de l’État libre du Congo n'ont jamais favorisé l'apprentissage du français par les «indigènes», qui restèrent à l’écart de l’Administration. Tous les manuels d’histoire coloniale présentèrent par la suite Léopold II comme un «grand bienfaiteur des peuples noirs».

3.3 Le Congo belge (1908-1960)

En 1908, la Belgique fit officiellement du Congo une colonie — appelée Congo belge — dont les éléments essentiels reposèrent sur l’Administration, les missions chrétiennes et les compagnies capitalistes, sans oublier l’armée belge. 


La croissance économique du Congo belge se développa considérablement (grâce à la production du cuivre et du diamant), mais en fonction des intérêts coloniaux et du capital étranger, non pour répondre avant tout aux besoins de la population indigène. 

On peut même affirmer que l’entrée en scène de la Belgique ne changea pas grand-chose, car le régime d’exploitation et de travaux forcés s'est poursuivi. De plus, quantité de chefs coutumiers congolais, accusés de remettre en cause l’ordre colonial, furent pendus pour servir d’exemple. En 1920, Léopoldville remplaça Boma au rang de capitale du Congo belge.

Seules des pratiques administratives régirent le statut des langues au Congo belge. Le français et le flamand (appelé aujourd'hui néerlandais) furent les deux langues officielles de la colonie. À l'exemple de la Belgique, il y a même eu des projets de partage du Congo belge en une «zone francophone» et une «zone flamande». 


Le domaine de l’enseignement relevant des missions catholiques et protestantes, les religieux et les administrateurs ne voulurent guère favoriser l'apprentissage du français ou du néerlandais par les «indigènes». 

En 1929, une brochure du gouvernement colonial précisait même que la «langue indigène enseignée» dans les écoles primaires était l'une des quatre langues nationales (swahili, kikongo, lingala et tshiluba), dans le but avoué de «ne pas déraciner les indigènes». 

Le rôle de ces langues semble même avoir été prépondérant par rapport au français et au flamand (néerlandais), notamment dans les domaines de l'éducation et des communications destinées à la population. 

Les deux langues officielles de la colonie demeuraient hors de portée pour la plupart des Congolais. Les enseignants belges laissaient croire aux petits Congolais que leur langue était «une créature de Dieu» et qu’à ce titre elle devait être respectée.

Dans les faits, seul le français restait la langue de l'Administration coloniale ainsi que des écoles secondaires. Or, étant donné que le français n’était pratiquement pas accessible aux Congolais, la colonisation belge ne suscita pas l’émergence d’élites administratives et politiques locales; la coexistence entre les Blancs et les Noirs ressemblaient à une sorte d’apartheid, celle-ci étant tempérée quelque peu par la présence des missions chrétiennes.

À la fin des années cinquante, le domaine de l’éducation, resté le monopole des missions catholiques, n’avait produit que 15 universitaires congolais, aucun médecin ni ingénieur, mais avait formé plus de 500 prêtres autochtones! 


Les Noirs congolais les plus instruits étaient devenus des imprimeurs, charpentiers, mécaniciens, infirmiers, menuisiers, etc. Le français et le néerlandais étaient enseignés dans les écoles d'État qui formaient les fonctionnaires d’origine belge; il existait aussi des écoles d’État pour le primaire et le secondaire (en français ou en néerlandais) à l’intention des enfants des Blancs, notamment à Stanleyville, Élisabethville, et Panda-Likasi. 

Dans les séminaires, les futurs prêtres congolais apprenaient le français et le latin.

Le Congo belge s’est donc trouvé dépourvu du personnel politique et technique prêt à prendre la relève, lorsque les autres pays firent leurs premiers pas vers l’indépendance. L’institut colonial d’Anvers avait déjà en 1955 prévenu le gouvernement belge qu’une durée de trente ans serait nécessaire pour former une classe dirigeante capable d'assumer le pouvoir. 


Mais tout se passa trop vite! Les premières revendications indépendantistes se manifestèrent dès 1955. En janvier 1959, des émeutes éclatèrent à Léopoldville. 

Les autorités belges y répondirent par une table ronde réunissant les principaux dirigeants congolais à Bruxelles. Le gouvernement belge annonça un programme visant à former les élites congolaises à l’Administration, planifia l’organisation d’élections locales en vue de la formation d’un gouvernement congolais et s’engagea à conduire le pays vers l’indépendance. Celle-ci fut fixée par le Parlement belge au 30 juin 1960.

La plupart des Européens résidant au Congo belge étaient déjà partis en 1959 lors des premières émeutes. Contrairement aux grandes puissances coloniales (France et Royaume-Uni), l'impérialisme belge n'a pu préparé la décolonisation en sélectionnant, par exemple dans la population autochtone, des successeurs (ou «serviteurs») politiques et militaires aptes à assurer la continuité étatique après le départ des autorités coloniales. 


Ce fut l'improvisation, à l'exemple de la décolonisation portugaise qui se produisit quinze ans plus tard. On croit aussi que les Nations unies avaient exercé des pressions auprès de la Belgique pour que celle-ci accorde l'indépendance plus tôt que prévu.

La campagne électorale qui suivit fit apparaître un clivage entre les tenants d’une solution confédérale avec la Belgique et les partisans d’un État congolais fort et centralisé représentés par Patrice Lumumba, le chef du Mouvement national congolais (MNC).

3.4 Les douloureux lendemains de l’indépendance (1960-1966)

En mai 1960, les élections donnèrent la victoire au Mouvement national congolais (MNC) de Patrice Lumumba, qui céda la présidence à Joseph Kasavubu après la proclamation de l’indépendance, à Léopoldville, le 30 juin 1960. Lumumba fut nommé premier ministre. 


Puis, les violences se multiplièrent, tandis que les partis politiques exclus du gouvernement contribuaient à attiser le feu, que plusieurs provinces demandaient leur indépendance (dont la province du Katanga) et que se révoltaient les forces armées congolaises. 

Effectivement, dès juillet 1960, la province du Katanga, avec à sa tête Moïse Tshombé, fit sécession; dans le Kasaï du Sud, des tentatives sécessionnistes et de morcellement du territoire se firent sentir; le 14 septembre 1960, le colonel Joseph-Désiré Mobutu tenta un premier coup d’État avec le soutien de la CIA américaine.

L’horrible guerre civile qui s’ensuivit sur l’ensemble du territoire fut marquée par l’intervention des mercenaires étrangers (belges, français et sud-africains), de casques bleus de l’ONU et par l’assassinat de Patrice Lumumba (en janvier 1961). 


La sécession katangaise prit fin en 1963, mais la rébellion des lumumbistes se poursuivit jusqu’en 1964. À la fin de 1964, le commandant en chef, le colonel Mobutu, s’empara du pouvoir et, après avoir déposé le président Kasavubu, se proclama lui-même président du Congo belge.

En 1960, la première Constitution du Congo belge (encore appelé ainsi à l'époque), déclara le français comme seule langue officielle, le néerlandais étant aussitôt évacué. 


En 1962, une ordonnance présidentielle, l’ordonnance no 174, écarta les langues congolaises de l'école. Le français devint l’unique langue de l'enseignement du secteur primaire. Le recours à l’une des langues congolaises en cas de nécessité pédagogique fut réglementé par un programme national.

Certains facteurs ont joué en faveur de la consécration du français. Les nouveaux dirigeants politiques ont voulu conjurer le tribalisme et le pluralisme linguistique en favorisant l'emploi d'une «langue unificatrice». 


De plus, la forte centralisation administrative rendait nécessaire le recours à une langue considérée comme «neutre» parce que «non congolaise». 

Enfin, la valorisation sociale du français, jadis refusée aux «indigènes», exerça une profonde attraction chez les Congolais francophiles qui désiraient s'approprier cette langue prestigieuse et génératrice de développement économique.

3.5 Mobutu et la politique de l'authenticité (1965-1997)

Lorsque le colonel Mobutu Sese Seko — Joseph-Désiré Mobutu dit Sese Seko Kuku Ngbendu Waza Banga, ce qui signifie «guerrier qui va de victoire en victoire sans que personne ne puisse l’arrêter» — prit le pouvoir en 1965, appuyé par des États extérieurs (dont la Belgique, la France et les États-Unis), il instaura un régime autoritaire de type présidentiel fondé sur un parti unique, le Mouvement populaire de la révolution (MPR), et entériné par une nouvelle constitution en 1967. 


Avec l'arrivée au pouvoir du président Mobutu, apparut le concept officiel du «recours à l'authenticité». Cette authenticité fut définie comme le désir d'affirmer l'«africanité congolaise» et le refus d'adopter les valeurs venues d'ailleurs (l'Occident). 

En 1970, Mobutu devenu général, élu pour un mandat présidentiel de sept ans, lança un vaste programme d'africanisation.

- La zaïrisation linguistique

 


Dès l’année suivante, le pays changea même de dénomination: le Congo belge devint officiellement le Zaïre. Au nom de l'authenticité, plusieurs interventions à caractère linguistique furent amorcées. 

Ainsi, le gouvernement rebaptisa les noms des grandes villes (p. ex. Léopoldville > Kinshasa, Élisabethville > Lumumbashi, Stanleyville > Kisangani, Port-Francqui > Ilebo, etc.), des rues, des fleuves, des lacs, etc.; le général-président Mobutu a eu droit à un lac qui porte son nom. 

On supprima les noms et prénoms étrangers; les patronymes traditionnels africains devinrent obligatoires, ce qui suscita un conflit ouvert avec l'Église catholique, opposée à la déchristianisation des prénoms. 

Les raisons sociales furent également zaïrianisées, que ce soit dans les établissements d'enseignement, les commerces, les noms des journaux (tout en étant rédigés en français). Les termes de salutation tels que Monsieur, Madame et Mademoiselle furent remplacés par Citoyen, Citoyenne et Maman. 

Les députés se transformèrent en commissaires du peuple, les ministres, des commissaires d'État, les maires, des commissaires de zone, etc. La monnaie nationale porta aussi le nouveau nom du pays: le zaïre qui deviendra plus tard le nouveau zaïre. Bref, la prise du pouvoir politique par Mobutu s’est traduit également par une prise du pouvoir linguistique.

Cette idéologie du recours à l'authenticité entraîna apparemment la valorisation des langues nationales; elle remit en question le monopole du français. Le domaine de l'enseignement fut particulièrement touché. 


Après avoir été exclues depuis 1962, les quatre langues nationales — swahili, lingala, kikongo et tshiluba — furent réintégrées officiellement partout au pays dans l'enseignement primaire. Toutefois, cet enseignement resta confiné aux deux premières années du primaire.

La politique du recours à l'authenticité suscita des espoirs légitimes en matière de valorisation des langues nationales. Beaucoup crurent que cette idéologie allait évoluer vers une prise de position sans équivoque en faveur des langues nationales non seulement dans l'éducation, mais dans l'administration, la presse écrite, la télévision, etc. 


Or, ce n'est pas ce qui s'est passé. Des pressions politiques et économiques ont freiné l'expansion des langues nationales au Zaïre. Le discours officiel alla dans le sens de la promotion des langues nationales, mais les comportements des dirigeants furent caractérisés par l'hésitation, la prudence et l'attentisme. 

La population zaïroise ne comprit pas toujours pourquoi le discours apologétique officiel sur «l'authenticité africaine» ne s’est pas transposé davantage dans la réalité et, surtout, comment il aurait pu être compatible avec le modèle occidental perpétué par ceux-là même qui le décriaient. Beaucoup soupçonnèrent les dirigeants politiques de vouloir récupérer les valeurs ancestrales à des fins strictement personnelles et partisanes.

Autrement dit, pour que le recours à l'authenticité devienne un nouvel ordre linguistique, il aurait fallu qu'il dépasse les formes superficielles et limitées des termes africanisés, et qu'il consacrât les langues nationales comme des facteurs de développement sociale et économique. Mais ce n’est pas ce voulait le maréchal-président Mobutu.

- La francisation post-coloniale

Malgré la zaïrisation linguistique, le français revint en force et fut enseigné à l'oral en raison d'une demi-heure par jour dès les deux premières années du primaire. Il fut introduit progressivement à l'écrit en troisième année pour devenir l'unique langue d'enseignement en cinquième année. Au secondaire, les langues nationales n’ont jamais été enseignées.

Une nouvelle constitution fut adoptée en 1990, alors que le président Mobutu annonçait la mise en place du multipartisme et, suite à de nombreuses manifestations anti-Mobutu, la convocation d’une conférence nationale. 


Près de 200 partis, dont plusieurs créés sur des bases ethniques, y participèrent, mais la conférence fut suspendue en janvier 1992. On ne trouve aucune disposition à caractère linguistique dans la Constitution de 1990. Autrement dit, le français était devenu la langue officielle de facto.

La nouvelle Constitution de 1994 proclama ainsi la langue officielle du pays: «Sans préjudice des langues nationales, sa langue officielle est le français.» Aucune disposition ne traitait des quatre langues nationales — swahili, lingala, kikongo et tshiluba. 


En fait, durant tout le régime Mobutu, aucune loi n'a même été adoptée pour reconnaître officiellement ces langues. Le statut «national» de ces langues en fut un de facto plutôt que de droit, étant donné qu'aucun texte juridique ne le consacrait.

Le français est devenu non seulement l’unique langue du Parlement (quand il fonctionnait) et du gouvernement, mais aussi celle de l'Administration, de la justice, de l'école, de la grande presse, du travail, etc., au détriment des langues nationales. 


C'est ce qui fait dire à Mwatha Musanji Ngalasso, un linguiste d’origine congolaise: «De ce point de vue-là, la francophonie, dans ce qu'elle a aujourd'hui de plus conquérant, est bien une invention post-coloniale.» 

Cette politique de francisation s'est poursuivie, essentiellement par décrets, jusque vers le milieu des années soixante-dix. De fait, les Belges n’ont jamais voulu ni imposer le français aux «indigènes» sous prétexte de ne pas les «déraciner».

- La fin du régime mobutiste

Les trente-deux ans de régime autoritaire avaient rendu Mobutu (promu maréchal en 1982) très impopulaire. Sa garde présidentielle mono-ethnique, composée uniquement d’éléments originaires de son village ou de son ethnie, les Ngbandi, et l’Armée nationale (composée en grande partie de mercenaires) avaient répandu la terreur et assuré la dictature du maréchal-président. 


Puis le dictateur s'est enrichi, démesurément, au point où l'on peut parler de «kleptocratie», c'est-à-dire utiliser le fruit du travail de ses «sujets» en prélevant de lourds impôts sans les redistribuer, le tout en élaborant une idéologie justifiant cette même «kleptocratie». 

Mobutu aimait déclarer que «les Zaïrois me doivent tout», mais en 1997 le Zaïre en était au même point qu’au moment de la décolonisation. En effet, le PIB équivalait fondamentalement à celui de 1958, alors que la population avait triplé, le revenu fiscal représentait moins de 4 % du PIB contre 17 % avant l'indépendance, la plupart des entreprises étaient acculées à la faillite, le poids de la dette extérieure continuait à compromettre les initiatives et politiques de développement et à miner les possibilités de croissance. 

Le Zaïre était saigné à blanc! On estime par ailleurs que, de 1908 à 1997, plus de 10 millions de Zaïrois/Congolais auraient été massacrés par les autorités en place (Léopold II, Congo belge et Mobutu).

Rappelons qu'en avril 1995 le Parlement zaïrois adoptait une série de résolutions statuant que tous les «Zaïrois d'origine rwandaise», particulièrement les Banyamulengés, avaient dorénavant le statut de «réfugiés». 


Ces résolutions laissaient entendre que les Banyamulengés, ces Zaïrois tutsis d'origine rwandaise, avaient acquis la nationalité zaïroise «de manière frauduleuse». La nationalité zaïroise n'était plus accordée qu'à ceux qui pouvaient prouver que leurs ancêtres vivaient au Zaïre avant 1885. 

Sinon ils perdaient ainsi leurs droits de citoyens comme celui de posséder des propriétés, de se présenter aux élections ou se porter candidat à des postes administratifs, etc. Évidemment, les Banyamulengés se sont sentis menacés par la mise en oeuvre de ces mesures; beaucoup ont pris les armes et déclencher en octobre 1996 une rébellion contre le gouvernement zaïrois.

Ancien compagnon de Patrice Lumumba ayant survécu grâce à la guérilla et à divers trafics, Laurent-Désiré Kabila fut choisi en 1996 par l’Ouganda (Yoweri Museveni), le Rwanda (Paul Kagame) et le Burundi (Pierre Buyoya), tous alliés des États-Unis, pour occuper la succession de Mobutu. 


L’année suivante, la rébellion de Laurent-Désiré Kabila, aidée militairement par l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et l’Angola, entra dans Kinshasa et chassa le président Mobutu (17 mai 1997), lequel se réfugia au Maroc pour y décéder deux mois plus tard.

3.6 Kabila Ier (1997-2001): un changement de dictature

Après sa prise du pouvoir, Laurent-Désiré Kabila, le chef de l'Alliance des forces démocratiques de libération du Congo (ADFL), mais aussi trafiqueur d’or, de diamant et d’ivoire, suspendit toutes les institutions congolaises, notamment le Parlement, les partis d’opposition et la Constitution, puis forma un gouvernement constitué de nouvelles personnalités, puis nomma des étrangers originaires du Rwanda, du Burundi et de l’Ouganda (les pays «parrains») à des postes stratégiques, tout en assumant seul les pouvoirs législatif et exécutif.


Léopold II


 

Congo-Kinshasa Voulant sans doute montrer que la zaïrisation de Mobutu était bel et bien terminée, Laurent-Désiré Kabila, un anti-mobutiste notoire, changea, sans aucune consultation, le nom du pays: le Zaïre devint la République démocratique du Congo, alors qu’il n’existait dans ce pays aucune institution de type démocratique.

Il changea aussi le drapeau du pays: il rétablit l'ancien drapeau de Léopold II, avec une étoile jaune centrale sur fond bleu royal auquel ont été ajoutées verticalement (à gauche) six autres petites étoiles jaunes représentant chacune les grandes provinces, telles que la colonisation belge les avait administrativement conçues et que Kabila voulait rétablir.

Accueilli en libérateur par les Zaïrois en 1997, Kabila s’est mis à diriger le pays d’une main de fer. Le président autoproclamé s’est glissé sans mal dans les habits de l’ancien dictateur Mobutu, en recourant, lui aussi, à la répression, aux arrestations arbitraires et aux tortures. 


Les Congolais qui attendaient de grands changements ont été amèrement déçus, car le nouveau dictateur n’a rien fait d’autre que de «copier Mobutu».

Pourtant, le président Laurent-Désiré Kabila avait pris le pouvoir en promettant de mettre fin à trente-deux ans de dictature et de violations des droits humains commises sous le régime de son prédécesseur. 


En réalité, les avancées limitées dans le domaine des libertés fondamentales, dont la population du Zaïre avait bénéficié depuis 1990, se sont systématiquement dégradées à partir de 1997; du moins, telle a été la conclusion des délégués d'Amnistie internationale, qui se sont rendus en visite dans la RDC au mois d'août 1999. 

Cela étant dit, à plusieurs reprises depuis 1997, les autorités congolaises ont maintes fois proclamé dans des «déclarations politiques» qu'elles reconnaissaient les principes édictés dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples et les «pactes internationaux». 

Par la suite, plus personne ne se fit d'illusion sur les intentions absolutistes du nouveau dictateur. L’«enfer mobutiste» continua de plus bel, alors que le pays était toujours aux prises avec la guerre civile.

En 1998, le président Laurent-Désiré Kabila se tourna contre ses «parrains» (l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi) qui occupaient encore l’est et le nord du pays. Il renvoya dans leur pays tous les soldats rwandais, ce qui mettait fin à toute relation avec l’un des alliés qui, avec l'Ouganda, lui avait permis de prendre le pouvoir en 1997.

Or, le Rwanda et l'Ouganda ont réagi en envahissant le Congo-Kinshasa et en s'alliant avec une branche rebelle des Forces armées congolaises (FAC) basée à Goma et Bukavu.

Pour financer ce qu’on a appelé l’«effort de guerre», c’est-à-dire le paiement des mercenaires qui appuyaient le régime, les ventes de diamant, de cobalt et de pétrole furent largement mises à contribution. 


Pendant ce temps, l’Angola, le Zimbabwe, la Namibie et le Tchad, alliés du pouvoir en place, occupaient l’est du pays, tandis que les nouveaux opposants au régime, le Rwanda hutu et l’Ouganda, contrôlaient presque tout l’Ouest, ces deux derniers pays considérant le Congo comme une importante base d’opérations pour les rebelles hutus qui combattaient le régime du FPR (Front patriotique rwandais). 

La plupart des acteurs de cette guerre, surtout le Rwanda, l’Ouganda et le Zimbabwe, en profitèrent pour piller les richesses minières des zones dont ils avaient le contrôle, évidemment le tout avec les apparences de la légalité.

En fait, des provinces entières (p. ex., l’Équateur, le Katanga, le Kivu du Nord, le Kivu du Sud, le Maniema et le Kasaï oriental) sont passées sous contrôle étranger, c'est-à-dire presque la moitié du territoire national. 


Beaucoup de Congolais constatèrent que ces territoires étaient désormais gérés par l’Ouganda et le Rwanda comme des «protectorats» mis à leur disposition. 

Des colonies de peuplement tutsis s'y sont constituées et, estimèrent des associations locales, un plan secret prévoyait une réduction des populations autochtones bantoues.

En plus du Rwanda, de l’Ouganda, de l’Angola, du Zimbabwe et de la Namibie, plusieurs autres pays sont intervenus directement ou indirectement dans le conflit au Congo-Kinshasa: le Burundi, le Tchad, le Soudan et l’Érythrée. 


La France, pour sa part, a été accusée d’apporter une assistance alimentaire aux rebelles sous formes d’«aides humanitaires» et les États-Unis, de leur côté, de former les militaires rwandais, ougandais et rebelles, auxquels ils apportent une aide logistique et financière. 

Enfin, l’Afrique du Sud est accusée d’assurer un appui militaire important au Rwanda et aux rebelles du Congo, et d’assumer la réparation des appareils militaires d'origine sud-africain.

Pour bien des observateurs, la présence des 40 000 soldats angolais, zimbabwéens, namibiens et tchadiens (sans oublier l’appui logistique de la Libye) aux côtés des Congolais rappellerait celle des soldats français, belges et marocains aux côtés des Zaïrois à l’époque de Mobutu; on pourrait rappeler aussi la participation des milices togolaises, maliennes et sénégalaises à l’époque de Léopold II. 


Certains considèrent que la Belgique porte encore aujourd’hui une importante responsabilité dans la crise congolaise du fait de sa politique coloniale qui semble persister au-delà de la décolonisation dans ce pays en décomposition.

Quoi qu’il en soit, Laurent-Désiré Kabila, le successeur de Joseph-Désiré Mobutu, fut abattu, le 16 janvier 2001, par l'un de ses colonels qu’il venait de limoger. 


Le règne de Laurent-Désiré Kabila ne s'est pas caractérisé par une politique linguistique autre que la non-intervention, contrairement à celui de son prédécesseur qui a voulu «zaïriser» tout le pays.

3.7 Kabila II

Après quelques jours de désarroi et de tension autour de la mort de Kabila Ier surnommé depuis le Mzee (le «Sage»), le Parlement provisoire du Congo-Kinshasa choisit alors la «solution dynastique» et proclama, le 24 janvier 2001, en tant que «président de la République» le général-major Joseph Kabila, fils aîné du président assassiné. 


Ce jeune inconnu, alors âgé de 29 ans, est resté encadré par un «conseil de régence» dans lequel on trouvait trois cousins de son père sous la protection de deux beaux-pères paternels. 

Le nouveau Kabila II, né de mère tutsie rwandaise et parlant plus facilement le swahili et l’anglais que le lingala et le français, a hérité d’un géant divisé en trois zones occupées où l’État n’existait plus, sauf à Kinshasa.

Dans son premier discours à la Nation, le 26 janvier 2001, le «plus jeune président du monde» a promis l'«ouverture» du régime hérité de son père et a adressé spécialement sa «gratitude» à la France, rappelé les «liens historiques» avec la Belgique et affirmé vouloir «normaliser ses rapports avec la nouvelle administration américaine». 


Bref, tout portait à croire, dès ce moment, que le régime de Kabila II allait continuer et perpétuer celui de Kabila Ier, reprenant celui de Mobutu, lequel rappelait sans aucun doute celui de Léopold II. 

La seule probable nouveauté résultant de la disparition du Mzee demeura un éventuel retrait progressif des forces étrangères d’occupation sous les auspices du Conseil de sécurité de l’ONU. 

De son côté, le président de l’Ouganda, un autre Mzee, a déclaré au quotidien New Vision de Kampala: «On ne peut éternellement se faire accuser de rester au Congo pour y voler de l'or!» 

Bien que Kabila II soit plus habile en anglais qu'en français, il a dû favoriser le français comme langue officielle, car il s'est heurté à un mur d'inertie. Pourtant, il a bien tenté d'imposer l'anglais comme langue co-officielle avec le français.

 


Par ailleurs, depuis son arrivée au pouvoir, le président Kabila II a vu son pays s'enfoncer davantage dans les guerres ethniques. Le pays est encore aux prises avec des centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants en train de se faire massacrer parce qu'ils ne sont pas de la «bonne ethnie».

Cet immense pays semble trop grand au point que cela devint son drame. En effet, la capitale, Kinshasa, est à l'extrémité ouest, au bout du monde, et il n'y a pas de route sûre qui la relie à Bunia (366 000 habitants) ou à Bukavu (plus de 800 000 habitants), à l'extrémité est.


En février 2005, la République démocratique du Congo s'est officiellement dotée d'une nouvelle constitution censée mettre fin à des décennies de dictature. 


La Constitution, qui opte pour un régime semi-présidentiel dans un État unitaire fortement décentralisé, a été approuvée à plus de 84 % par référendum le 18 décembre 2005.

 


La nouvelle Constitution, qui marque l'entrée du Congo-Kinshasa dans la Troisième République, devait permettre à ce pays de sortir de la transition d'une guerre civile dévastatrice vers un État décentralisé. 

Le «gouvernement provisoire» du président Kabila II, qui comprend d'anciens rebelles et adversaires politiques, doit rester en place jusqu'aux prochaines élections. Un nouveau drapeau a été choisi, alors que le français a été reconnu comme la langue officielle du pays. 

Le nouveau drapeau reprend celui qui avait été utilisé entre 1963 et 1971, mais avec un fond bleu ciel clair (plutôt que foncé) et frappé d'une étoile dans le coin gauche, traversé en diagonale par une bande rouge bordée de jaune.

En juillet 2006, des élections présidentielles ont eu lieu au Congo-Kinshasa et étaient censées mettre ce vaste pays sur la voie de la paix et de la prospérité. Le 27 novembre, Joseph Kabila fut déclaré par la Cour suprême de justice «gagnant» du deuxième tour de l'élection présidentielle, organisé le 29 octobre 2006, devenant ainsi président de la République. 


Il fut réélu le 28 novembre 2011, à la suite d'un scrutin entaché par des fraudes et des actes de violence. Son principal adversaire, Étienne Tshisekedi, ancien premier ministre du Zaïre (nom de la RDC sous le régime de Mobutu) et président de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), a contesté les résultats et s'est autoproclamé également président de la République, prévoyant d'être investi le vendredi 23 décembre 2011. 

Depuis, Étienne Tshisekedi vit «encerclé» par les forces de sécurité du président Kabila.

En octobre 2012, Kinshasa recevait le XIVe Sommet de la Francophonie. Les chefs d’État et de gouvernement de l'OIF se réunissaient autour du thème : «Francophonie, enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale». 


Les forces de sécurité ont dû être omniprésentes dans la capitale de ce pays classé au cinquième rang mondial pour sa dangerosité (selon l'Institute of Economic and Peace). De son côté, le président Kabila, qui parle fort mal le français, envoie son propre fils dans une école américaine. C'est dire toute l'importance qu'il accorde au français. 

Pour Joseph Kabila, le sommet est simplement une «vitrine». Avec ses 73 millions d’habitants, la RDC est en effet le pays le plus populeux du monde à avoir le français comme langue officielle. Mais ces chiffres ne doivent pas faire illusion, car la majorité de la population ne parle pas vraiment le français. 

Et quand elle le parle comme langue seconde, cette connaissance est souvent sommaire. Dans les centres urbains, le lingala et le swahili remplacent de plus en plus le français comme langue véhiculaire. 

De plus, les trois quarts des 73 millions de Congolais vivent avec plus ou moins un euro ou un dollar par jour. Malgré ses richesses naturelles considérables, la RDC demeure l'un des pays les plus pauvres de l'Afrique. 

Pour le président français, François Hollande: «La situation est tout à fait inacceptable sur le plan des droits, de la démocratie, et de la reconnaissance de l’opposition en République démocratique du Congo.» Ces propos ont été tenus le 9 octobre 2012, au cours d’une conférence de presse conjointe à l’Élysée avec le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. 

4 La politique linguistique actuelle

L’état permanent de guerre civile au Congo-Kinshasa a entraîné une désorganisation administrative généralisée, celle-ci étant accentuée par l’amateurisme chronique du nouveau régime. Seuls les nouveaux tribunaux militaires, tant locaux qu’itinérants, fonctionnent efficacement. 


Conformément au décret-loi 172, toutes les affaires normalement traitées par la justice civile relèvent maintenant de la compétence des tribunaux militaires, en tout cas dans les provinces où l'état de siège a été déclaré. 

Aucune procédure d'appel n'existe, même pour les individus condamnés à mort, ce qui, on le sait, est en complète violation des normes internationales de justice, mais une telle pratique rend la justice terriblement efficace!

Dans ces conditions, les problèmes linguistiques ont été quelque peu relégués au placard. Cela étant dit, la politique linguistique de l’authenticité a été rapidement supprimée et, le 30 juin 1997, le chef de l'État a annoncé la création d'une commission constitutionnelle chargée de l'élaboration d'un avant-projet de Constitution. 


En mars 1998, les membres de cette commission ont soumis un projet de Constitution à l'approbation du président. Au mois de mai suivant, le gouvernement de Kabila a créé une assemblée constituante chargée de réviser le projet de Constitution, mais elle ne fut jamais formée. 

La tâche de revoir le projet de constitution a été assurée en lieu et place par une «commission technique» dirigée par le ministre de la Justice. La nouvelle Constitution a été promulguée par le président de la République, le 4 avril 2003 à Kinshasa.

4.1 Le statut des langues

La dernière Constitution de 1994, qui proclamait que le français était la langue officielle du pays «sans préjudice des langues nationales», a été suspendue. On sait qu’à ce moment-là aucune disposition ne traitait des quatre langues nationales — swahili, lingala, kikongo et tshiluba. 


Rappelons aussi que, durant tout le régime Mobutu, aucune loi n'a été adoptée pour reconnaître officiellement ces langues. Le statut «national» de ces langues en fut un de facto plutôt que de droit, étant donné qu'aucun texte juridique ne le consacrait.

Dans le projet de Constitution de novembre 1998, quatre paragraphe concernaient l’emploi des langues. L’article 6 traitait du statut des quatre langues nationales et des deux langues officielles:

Article 6 (1998)

1) La liberté de langue est garantie.
2) Les quatre langues nationales sont le kikongo, le lingala, le swahili et le tshiluba.
3) Sans préjudice des langues nationales, les langues officielles sont le français et l'anglais.
4) Les autres langues nationales font partie du patrimoine culturel congolais dont l'État assure la protection et la promotion.
5) Une loi fixe les modalités d'application de la présente disposition.

Quoi qu'il en soit, la nouvelle Constitution (article 202) de 2003 a abrogé toutes les dispositions constitutionnelles antérieures. Outre la reconnaissance des quatre langues nationales, on retiendra surtout que le français est resté la seule langue ayant le statut de langue officielle à l'article 4: «La langue officielle est le français.» 


Pourtant, des pressions avaient été exercées pour que le français partage ce statut avec l’anglais. Du fait que la plupart des milices armées, les «alliées de guerre» qui occupent le pays, sont de langue anglaise; il s’agissait là du prix à payer pour «services rendus» aux armées d’occupation alliées. 

Mais cette mesure ne semblait pas réaliste, étant donné le nombre réduit des locuteurs dans l'élite congolaise (moins de 1 %), sans parler de l'ensemble de la population qui ignore tout de cette langue. 

En faire une langue de l'administration, même après le départ des Rwandais, des Ougandais, des Zimbabwéens et des Namibiens, relèverait de l'«absurdité», sinon d'un simple «gadget» destiné à calmer les revendications des alliés étrangers «anglophones» qui contrôlent une grande partie de cet immense pays.

La nouvelle Constitution de 2005, en vigueur depuis le 18 février 2006, a repris les dispositions linguistiques de la Constitution de 2003.

Article 1er (2006)

1) La République Démocratique du Congo est, dans ses frontières du 30 juin 1960, un État de droit, indépendant, souverain, uni et indivisible, social, démocratique et laïc.
2) Son emblème est le drapeau bleu ciel, orné d’une étoile jaune dans le coin supérieur gauche et traversé en biais d’une bande rouge finement encadrée de jaune.
3) Sa devise est « Justice – Paix – Travail ».
4) Ses armoiries se composent d’une tête de léopard encadrée à gauche et, à droite, d’une pointe d’ivoire et d’une lance, le tout reposant sur une pierre.
5) Son hymne est le « Debout Congolais !»
6) Sa monnaie est « le Franc congolais ».
7) Sa langue officielle est le français.
8) Ses langues nationales sont le kikongo, le lingala, le swahili et le tshiluba. L’État en assure la promotion sans discrimination. Les autres langues du pays font partie du patrimoine culturel congolais dont l’État assure la protection.

4.2 Les langues du Parlement, de la justice et de l’Administration

Selon l’article 123 du projet de Constitution (1998), les langues officielles du Parlement (quand il n’était pas suspendu) devaient être au nombre de six :

Article 123

1) Le français, l'anglais et les quatre langues nationales constituent les langues de travail du Parlement. Toutefois, chacune des chambres ou le Congrès peut admettre également l'usage d'autres langues du patrimoine culturel national.

2) La loi détermine les modalités d'application de cette disposition.

Cela signifie que le gouvernement aurait été dans l’obligation de traduire la Constitution et les lois dans les quatre langues nationales et les deux langues officielles (alors en projet). 


Comme il s’agit d’une pratique nouvelle et que le pays manque de ressources humaines compétentes et ne dispose pas de moyens financiers (sauf pour l’effort de guerre), on ne voit pas comment, dans l’immédiat, cette disposition aurait pu être appliquée. 

C'est pourquoi la nouvelle Constitution de 2003 n'a pas adopté cette mesure jugée probablement prohibitive. Les lois ne sont encore rédigées qu'en français.

Mais l'article 142 de la nouvelle Constitution de 2006 impose la publication des lois en français et dans chacune des quatre langues nationales dans le délai de soixante jours à dater de la promulgation:

Article 142

1) La loi entre en vigueur trente jours après sa publication au journal officiel à moins qu’elle n’en dispose autrement.

2) Dans tous les cas, le Gouvernement assure la diffusion en français et dans chacune des quatre langues nationales dans le délai de soixante jours à dater de la promulgation.


L’article 17 de la Constitution de 2003 interdisait la discrimination fondée sur la langue ou une ethnie:

Article 17

1) Tous les Congolais sont égaux devant la loi et ont droit à une égale protection des lois.

2) Aucun Congolais ne peut, en matière d'éducation et d'accès aux fonctions publiques ni en aucune matière, faire l'objet d'une mesure discriminatoire, qu'elle résulte de la loi ou d'un acte de l'exécutif, en raison de sa religion, de son sexe, de son origine familiale, de sa condition sociale, de sa résidence, de ses opinions ou de ses convictions politiques, de son appartenance à une race, à une ethnie, à une tribu, à une minorité culturelle ou linguistique.

Cette disposition vise à lutter contre le tribalisme séculaire des Congolais, mais, le plus curieux, c’est que la garde personnelle du président Kabila était formée exclusivement des membres de son village et de son ethnie. Cet article 17 est devenu l'article 13 dans la Constitution de 2006:

Article 13

Aucun Congolais ne peut, en matière d’éducation et d’accès aux fonctions publiques ni en aucune autre matière, faire l’objet d’une mesure discriminatoire, qu’elle résulte de la loi ou d’un acte de l’exécutif, en raison de sa religion, de son origine familiale, de sa condition sociale, de sa résidence, de ses opinions ou de ses convictions politiques, de son appartenance à une race, à une ethnie, à une tribu, à une minorité culturelle ou linguistique.

En matière de justice, toutes les langues congolaises ainsi que le français peuvent être théoriquement employées, du moins en ce qui concerne les arrestations (art. 20 de la Constitution de 2003):

Article 20

1) Toute personne arrêtée doit être informée immédiatement ou au plus tard dans les vingt-quatre heures des motifs de son arrestation et de toute accusation portée contre elle, et ce, dans une langue qu'elle comprend.

Il s'agit de l'article 18 dans la Constitution de 2006:

Article 18

1) Toute personne arrêtée doit être immédiatement informée des motifs de son arrestation et de toute accusation portée contre elle et ce, dans la langue qu’elle comprend.

2) Elle doit être immédiatement informée de ses droits.

3) La personne gardée à vue a le droit d’entrer immédiatement en contact avec sa famille ou avec son conseil.

4) La garde à vue ne peut excéder quarante huit heures. À l’expiration de ce délai, la personne gardée à vue doit être relâchée ou mise à la disposition de l’autorité judiciaire compétente.

5) Tout détenu doit bénéficier d’un traitement qui préserve sa vie, sa santé physique et mentale ainsi que sa dignité.

Évidemment, les arrestations arbitraires et les exécutions sommaires rendent plutôt aléatoires cette disposition constitutionnelle. Mais, dans les cours de justice civiles de première instance, seules les quatre langues nationales continuent d’être employées conjointement avec le français. 


Quant à l’anglais, il est utilisé surtout dans les tribunaux militaires (hiérarchiquement supérieurs aux tribunaux civils) lorsque les inculpés sont originaires des pays voisins anglophones (les Ougandais, les Namibiens, les Zimbabwéens, etc.). 

Dans les cours d’instance supérieure, seul le français est utilisé. Quoi qu’il en soit, l’usage de la langue anglaise demeure une pratique relativement rare, car il n’existe à peu près pas de personnel juridique connaissant cette langue; en cas de nécessité, on utilise plutôt les services d’un interprète.

Pour ce qui reste de l’Administration publique littéralement en déliquescence, les employés emploient les langues nationales dans les régions où elles sont d’usage courant. 


Sinon, c’est le français ou... l’anglais dans les territoires occupés par les forces d’occupation alliées. Toutefois, c'est le lingala qui reste la langue de l'Armée nationale et non le français, sauf naturellement pour les forces d’occupation étrangère (en anglais).

Depuis le mois de mai 1997, une nette tendance semble se dessiner parmi les nouveaux dirigeants du Congo. On peut y pressentir le souhait de réduire le français à la fonction d’«instrument de travail» et un engouement certain à l’égard de l’anglais. 


Pour indiquer les valeurs des billets de la nouvelle monnaie (le franc congolais introduit le 30 juin 1998 pour remplacer le «nouveau zaïre»), on recourt maintenant au swahili, au français et à l’anglais, ce qui marque l’intégration de l’État congolais dans la SADC, c’est-à-dire la Southern African Development Community (ou la Communauté des États d'Afrique australe pour le développement), dont font partie l’Angola, le Congo-Kinshasa, la Tanzanie, la Zambie, la Namibie, le Mozambique, le Malawi, le Zimbabwe, le Lesotho, le Swaziland, le Botswana, l’Afrique du sud, l’île Maurice et les Seychelles. Exception faite de l’Angola et du Mozambique (portugais), tous ces pays ont l’anglais comme langue officielle ou co-officielle.

4.3 Les langues de l’éducation

Depuis la prise du pouvoir par Laurent-Désiré Kabila, les écoles du Congo-Kinshasa ont continué à se détériorer et celles qui n’ont pas été détruites sont dans un état déplorable: pas de matériel pédagogique, ni de pupitres, ni de bancs, ni de toilettes, etc. 


Dans certaines provinces, la plupart des cours du secteur primaire sont dispensés à l’ombre des manguiers et autres palmiers. Dans bien des cas, les parents sont obligés de se cotiser afin de payer un salaire aux professeurs, alors que les écoles sont sensées être publiques et gratuites.

Il n’existe pas de loi portant sur l’enseignement des langues dans le pays. Comme à l’époque du Congo belge et du maréchal Mobutu, seules des directives d'ordre réglementaire émanant de divers services ministériels, notamment celui de l'Éducation nationale, régissent l’emploi des langues. 


Les quatre langues nationales sont enseignées dans les deux premières années du primaire, puis le français est graduellement introduit à partir de la troisième année.

Dans toutes les écoles secondaires, l'enseignement est encore donné exclusivement en français. Étant donné qu’environ 15 % des enfants accèdent au secondaire, le nombre des locuteurs fonctionnels du français demeure limité. 


Par ailleurs, le taux d’analphabétisme est de 17,5 % pour les hommes et de 45,9 % pour les femmes; on peut augmenter cette proportion de 10 % dans les zones rurales. Tous ces gens analphabètes ignorent généralement le français (et encore plus l’anglais).

Le Congo-Kinshasa compte plusieurs instituts supérieurs d'une certaine importance, situés généralement dans toutes les villes et chefs-lieux régionaux, ainsi que sept universités, publiques ou privées, soit les universités de Kinshasa, Lumumbashi, Kisangani, Kananga, l'université du Bas-Congo à Kisantu, l'Université de l'Ouest-Kongo et l'Université de Mbuji Maji. Tout l’enseignement est dispensé en français dans ces établissements d’enseignement.

4.4 Les langues et les médias

Du côté des médias écrits, la quasi-totalité des 25 journaux et hebdomadaires les plus importants de la capitale sont publiés en français: Le Palmarès, Le Potentiel, Le Phare, Tempête des tropiques, Visa 2000, Référence Plus, Avenir, Elima, Observateur, Forum des As, Demain le Congo, Le Grognon, Umoja, Salongo, Alarme, Jeune Afrique Eco, Journal chrétien, ACP, Afro-Magazine, Alerte, Black Store, Le Soleil, Le Soft, Satellite, Vision. Même les titres tels Elima, Umoja et Salongo sont publiés en français; seul le Black Store paraît en anglais. 


Selon une enquête réalisée en 1999, il s’avère que plus de 80 % de la population de Kinshasa ne lit pas les journaux, surtout les femmes et les jeunes. 

Cependant, plusieurs journaux régionaux sont rédigés et publiés dans l’une ou l’autre des quatre langues nationales (kikongo, lingala, swahili et tshiluba).

On considère que 60 % des émissions de radio sont diffusées dans les quatre langues nationales, le reste étant en français, rarement en anglais. 


La plupart des stations de radio nationales diffusent leurs émissions en français ainsi que dans les quatre langues nationales: Radio Congolaise, Radio Catholique de Kinshasa, Radio Amani (suspendue), RTTF (Radio Tam-Tam Fraternité), etc. 

Quant à Radio Candip (Centre d'animation et de diffusion pédagogique), située à Bunia dans la Province-Orientale, elle émet en français, en swahili, en lingala et dans 16 autres langues locales.

À la télévision nationale, les langues congolaises véhiculaires sont utilisées essentiellement pour les avis, les communiqués et les émissions culturelles et de variétés; pour le reste, c’est le français qui est utilisé. C’est le cas de Télévision Congolaise et de TKM (Télé Kin-Malebo).
5 Une politique linguistique contestée

De plus en plus de Congolais remettent aujourd'hui en question la croyance que seule une langue d'importation comme le français peut être la solution idéale, notamment en matière de langues d'enseignement. 


Une réforme des politiques linguistiques actuelles s'avère nécessaire, mais elle ne devrait pas se limiter à ajouter l'anglais au secondaire. Elle devrait avant tout passer par la promotion des langues nationales et l'instauration d'un statut juridique en accord avec leur rôle réel dans la société congolaise. 

Il faudrait également favoriser les études terminologiques afin de rendre les langues nationales aptes à exprimer le monde moderne. Il faudrait enfin former les professeurs et élaborer du matériel didactique dans les langues nationales.

Quant au français, sa place est perçue comme un «mal nécessaire» pour le développement économique et l'ouverture au monde extérieur, particulièrement en Afrique francophone. 


Pour ce qui est de l’anglais, il ne devrait pas en rester grand-chose après le départ des milices anglophones — si départ il y a — ou de celui du président Kabila (tué le 16 janvier 2001), mais il est probable que cette langue fera éventuellement son entrée comme langue étrangère obligatoire dans les écoles secondaires. 

Selon le principal parti d’opposition, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), l’anglais ne devrait pas y avoir un quelconque statut officiel au Congo-Kinshasa.

La situation pourrait bien changer si les armées d’occupation restaient au Congo; il est probable que cette nouvelle donne occasionnerait de fait une partition du pays, l’une fonctionnant en français, l’autre en anglais. Dans l’éventualité où le Rwanda et l’Ouganda réussiraient, par exemple, à s’implanter définitivement au Congo, l’anglais serait là pour rester. 


De toute façon, la mort du dictateur Laurent-Désiré Kabila ne pouvait mettre pas fin au régime autoritaire en pratique depuis l'indépendance du Congo. La dictature semble constituer une donnée permanente dans ce pays. Cependant, la situation pourrait s'améliorer après le Sommet de 2012.

On doit admettre que le gouvernement actuel, comme les précédents, ne pratiquent pas une politique linguistique très élaborée, ni très cohérente. Présentement, il s’agit d’une politique non interventionniste qui consiste à maintenir les structures en place et consolider les usages établis. 


L’introduction éventuelle de la langue anglaise comme langue co-officielle avec le français n'aurait relevé que d'une «façade idéologique» destinée à calmer les milices alliées qu’à un véritable changement en profondeur.

Dans le futur, il est probable que les nombreuses langues congolaises dites «ethniques» du Congo-Kinshasa vont continuer à survivre longtemps, mais il est certain que parallèlement les langues nationales sont appelées à connaître une expansion plus considérable. 


Parmi celles-ci, le lingala semble déjà s'imposer comme langue supranationale dans la mesure où il est utilisé massivement dans la capitale, dans l’armée et favorise la mobilité à travers le pays. 

Cependant, le statut des quatre langues nationales acquerra véritablement un caractère d’officialité lorsqu’elles seront utilisées au Parlement et enseignées dans toutes les écoles jusqu’à la fin du secondaire. C’est, pour le moment, loin d’être le cas.

Le français, rappelons-le, se maintient encore en tant que langue officielle au Congo-Kinshasa comme un «mal nécessaire», car, si cette langue constitue une partie du patrimoine congolais, elle est encore perçue comme une langue coloniale et impérialiste (ce que l’anglais ne serait pas?). 


Pour la majorité des Congolais, l’anglais est associé à l’ouverture au monde, à l’universalisme et à la mobilité. 

Quoi qu’il en soit, le statut du français au Congo-Kinshasa est là pour rester, même s'il demeure vulnérable, comme nous le verrons dans l'hypothèse énoncée au paragraphe qui suit.

D’ailleurs, cette vulnérabilité du français existe dans tous les pays «francophones» de la région des Grands Lacs, dont font partie le Congo-Kinshasa, le Rwanda et le Burundi qui, comme par hasard, sont tous des anciennes colonies belges. 


Il en résulte que le dominance du français dans ces anciennes colonies belges apparaît moins bien implantée que dans les anciennes colonies françaises. De plus, le Congo-Kinshasa, le Rwanda et le Burundi semblent aux prises avec des conflits de préséance que se livrent Britanniques, Américains, Français et Belges, sans parler des Sud-Africains et des Angolais. 

Toutes ces puissances étrangères se tiennent sur la défensive pour sauvegarder leurs intérêts économiques au Congo, sans tenir compte des intérêts vitaux des populations de la région, lesquelles dépendent des pays partenaires pour assurer la démocratisation du pays. 

Les gouvernements limitrophes réussiront peut-être ce qu'ils désirent: une partition du Congo (au profit du petit Rwanda et de l'Ouganda), sinon une officialisation de leurs aires d'influence. Dans les deux hypothèses, l'issue demeure entre les mains des étrangers.

Selon une hypothèse provenant de politiciens français, on assisterait actuellement dans la région des Grands Lacs à une offensive américano-britannique afin d’y introduire l’anglais. 


Or, on sait que, une fois que l’anglais est admis comme langue officielle au sein d’une organisation internationale ou nationale, les Américains, souvent aidés des Britanniques, font tous les efforts nécessaires pour éliminer les autres langues qui ne deviennent que des véhicules de traduction. 

Pensons à ce qui se passe présentement au Burundi et au Rwanda, alors qu’on essaie de faire entrer le «loup (l’anglais) dans la bergerie». Si la France ne réussit pas à maintenir sa présence au Congo-Kinshasa, il est possible que le pays bascule dans l’aire d’influence des pays anglophones dont les États-Unis se font maintenant les champions. 

Dans cette éventualité, la concurrence entre l’Europe, notamment de la part de la France et de la Belgique, et les États-Unis, qui se battent pour le contrôle de l’Afrique, pourrait entraîner à long terme des conséquences d’ordre linguistique dans toute la région des Grands Lacs africains. 
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