dimanche 22 décembre 2013

LETTRE N°1 D’EUGENE DIOMI NDONGALA AUX CONGOLAIS: "CE QUI TUE EN MASSE LES CONGOLAIS EST LA PEUR"

le 19 décembre 2013

"Il faut combiner le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté." 

   
 
EUGENE DIOMI NDONGALA : « MON ENGAGEMENT POLITIQUE POUR LE CONGO DEMEURE LIBRE, VOILA POURQUOI JE LANCE A PARTIR D’AUJOURD’HUI CETTE RUBRIQUE EDITORIALE SUR LA RDC ET LES QUESTIONS POLITIQUES MAJEURES QUE JE VEUX COMMENCER A TRAITER SYSTEMATHIQUEMENT A PARTIR DE MA CELLULE OU JE SUIS ILLEGALEMENT EMPRISONNE EN TANT QUE PRISONNIER POLITIQUE.

LETTRE AUX CONGOLAIS, N° 1

LA RDC EN PLEINE ENTROPIE POLITIQUE

Les images de Kabila embourbé dans la boue jusqu’u cou à l’Est de la RDC est une image qui est restée gravée dans mon esprit, car elle symbolise parfaitement l’état d’apathie dans lequel se trouve mon pays en ce moment....



Les accords politiques avec la communauté internationale, avec les rebelles, s’additionnent mais la RDC, plutôt que reprendre le chemin de la remise sur les rails du processus de démocratisation, semble œuvrer dans le sens contraire : la mise en place d’une dictature à vie.

Les Concertations nationales, en tant que forum politique complétement « téléguidé » ont donné lieu quand même à quelques allures d’espoir de redynamisation de la vie politique interne du pays. 


Mais, comme d’habitude, au-delà des grands discours et des chorégraphies folkloriques habituelles, les congolais ont vite compris que le pouvoir kabiliste ne veut pas respecter ses propres engagements souscrits par sa propre majorité lors de ce forum politique largement boycotté, d’ailleurs, par l’opposition politique.

Un cas frappant de cette inapplication systématique est celui de la libération des prisonniers politiques, dont la résolution des concertations nationales reste inappliquée à ce jour.

Alors que l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba prône la réconciliation nationale et la relance du processus de démocratisation, brusquement interrompu par la fraude électorale à grande échelle des élections de novembre 2011, nous assistons, en toute vraisemblance, à un processus contraire, avec, à la clé, une prévisible révision constitutionnelle pour éterniser Joseph Kabila à la tête de la RDC.

Cette image de Kabila qui pousse son 4×4 dans la boue des pistes de la province Orientale hante mon esprit car elle est représentative de l’impasse politique actuelle.

La politique de faux habillage dialectique est toujours d’actualité alors que le manque de dialogue entre la vraie opposition et « majorité » issu de la fraude électorale est incontestable.

Au moment où j’ écris mes réflexions que, en toute modestie, je désire partager avec mes compatriotes, il me semble qu’un vide de pouvoir s’annonce en RDC, un vide à peine colmaté par le dynamisme du nouveau représentant spécial du S.G. de l’Onu en RDC, le « vert » Martin Kobler, qui d’ailleurs semble être puni par le refus de Kabila de le rencontrer depuis son accréditation…

Si l’on gratte la surface de la fine couche de peinture étalée pour cacher la passivité kabiliste, on se rend vite compte que ce pays est actuellement sans un vrai gouvernement, l’actuel étant « de facto » démissionnaire » ; avec une assemblée nationale et un sénat en vacance alors que le budget de l’ état pour 2014 n’est pas voté et surtout avec la signature par le CIRGL/SADC d’un conclusion des pour-parler de Kampala alors que l’application essentiel de cet accord – qui veut cacher son nom à cause d’une diatribe byzantine dont la « Kabilie » détient le secret – comme la démobilisation des combattants insurgés de tout bord (m23, mai-mai etc.) demeure sans prise en charge à ce jour :

combien de temps encore ces insurgés qui se sont rendus résisteront à dormir à la belle étoile, sans nourriture et sous la pluie, avant de reprendre le chemin de la brousse ?

Sans vouloir entrer dans les détails de l’opportunité ou moins de signer l’accord de paix avec le M23 plutôt qu’avec ses parrains, il ne faut pas oublier que le prétexte du lancement de la rébellion/agression fut la non application des accords précédents de mars 2009. 


Des lors, il me semble nécessaire au moins de ne pas se replacer dans la position, encore une fois, en signant des accords, devant une pléthore de témoins internationaux, et par la suite de ne pas donner application à ces engagements souscrits au nom de la république.

Sans DDR, plan de démobilisation, et Amnistie, la RDC ne fera que se placer, encore une fois, dans la même position de mars 2009 et, en toute vraisemblance, les mêmes préalables donneront lieu à des nouveaux prétextes visant la déstabilisation permanente de la RDC.

En d’autres termes, « nul novo sub soli », malgré l’application systématique de la politique du maquillage esthétique à la consommation extérieure :

- aucune fracture politique n’est colmatée ;

- le choix de la politique économique dite de la « modernité » à la place de la promotion du développement qui passe par la construction des infrastructures de base, la promotion de l’agriculture et le démarrage de l’industrialisation du pays, demeure à la base des basses performances économiques de la RDC, en terme de revenu pro-capita et même d’indice de développement humain, IDH, le plus bas au monde.

Dans ces conditions, les congolais demeurent dans le désespoir pour le futur de leur pays, dont certaines puissances visent ouvertement la désintégration prétextant l’incapacité du régime actuel – qu’elles-mêmes soutiennent – de gouverner la RDC. 


Les congolais doivent apprendre à oublier la peur et comprendre que leur futur est en danger.

Kinshasa, Cprk, 19/12/2013
______________
Votre compatriote,
Eugène Diomi Ndongala,
Prisonnier Politique en RDC

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