lundi 27 janvier 2014

Mbuji-Mayi: 21 ou 40 tués ? Un sabotage serait la cause de l’explosion de la poudrière de Baudine 5 !

lundi 27 janvier 2014

Vue prise le 25 janvier 2014 d'une maison détruite au camp militaire Brigade à Mbuji-Mayi.

Les victimes de l’explosion le vendredi dernier de la poudrière de la 5e région militaire des FARDC, située au camp de la Brigade minière (Baudine 5) dans la commune de Kanshi à Mbuji-Mayi, ont été inhumés aujourd’hui au cimetière de Lubilanji dans une lourde atmosphère tant les institutions hospitalières où sont internées les blessés ne disposent pas des moyens nécessaires pour une prise en charge appropriée.

La Miba étant mise à genoux par les héritiers de l’AFDL, l’autorité provinciale semble découvrir l’étendue de son impuissance et de la navigation à vue comme mode de gouvernement : les hôpitaux où ont été acheminés les blessés manquent jusqu’aux intrants de chirurgie et de médicaments essentiels. 


Aucune structure viable n’existe par ailleurs en vue d’une prise en charge psychologique des blessés et autres rescapés notamment ceux dont les logements ont été détruits par l’explosion et qui n’ont aujourd’hui que leurs yeux pour pleurer.

Alors que le chef-lieu du Kasaï-Oriental porte encore ses habits de deuil, la communication de l’autorité provinciale a semé le doute quant à la cause de l’explosion et au nombre de tués.

Dans une sorte de précipitation que rien ne semblait justifier, le gouverneur de province a annoncé le bilan de deux morts et attribué l’explosion à un coup de foudre pendant que la pluie s’abattait sur Mbuji-Mayi ce vendredi noir, 24 janvier 2014 aux environs de 13 heures.

Or, une source hospitalière contactée par Congoone le même vendredi faisait état, d’au moins une quarantaine de morts ! Ce qui semble plus proche de la réalité en partant du bilan de deux tués mis en exergue par Alphonse Ngoyi Kasanji. Soit !

Le lendemain, soit le samedi 25 janvier, le bilan du gouverneur évoluait. De deux morts, on passait à 17. Ce qui peut s’expliquer simplement par le décès de nombreux blessés graves. 


La radio trottoir s’engouffrait dans la brèche pour annoncer que le bilan était beaucoup plus important, fondant ses calculs sur une méthode empirique, elle-même plus qu’aléatoire. 

La rumeur sera davantage amplifiée quand le bilan officiel est passé de 17 à 21 morts le dimanche dernier.

Au-delà de la querelle sur le nombre des tués, la cause de l’explosion du dépôt de l’armement de la 5e région militaire continue à diviser l’opinion. 


Si Ngoyi Kasanji, sans aucune expertise en la matière, l’attribue à la foudre tombée pendant que la pluie s’abattait sur la ville, le ministre de la Défense arrivé à Mbuji-Mayi le samedi dernier a semblé plus prudent, voire pragmatique. 

Alexandre Luba Ntambo a annoncé qu’une équipe d’experts était chargée d’analyser comment cet incident a pu se produire de manière à prendre des mesures nécessaires pour qu’il ne se répète pas à l’avenir.

Cependant, quand on sait que les enquêtes annoncées par le gouvernement ne sont généralement pas suivies d’effets, il y a lieu de craindre que l’enquête sur l’explosion de la poudrière de Mbuji-Mayi ne soit une belle manière de classer cette affaire sans suite. 


Qu’on se souvienne de ce qu’il y a près de deux ans, le 12 février 2012, un crash survenu à l’aéroport de Kavumu emportait Augustin Katumba Mwanke, kabiliste devant l’Eternel. 

L’enquête diligentée à l’époque n’a pas toujours livré ses secrets ! Faut-il rappeler que les conclusions de l’enquête ouverte en marge de l’exécution de Bapuwa Mwamba se font toujours désirer ?

Pour en rajouter à l’incrédulité des habitants de Mbuji-Mayi, une source proche du dossier a évoqué hier une piste qui fait froid dans le dos, celle d’un possible sabotage. 


Avare en commentaire, ladite source rappelle cependant qu’en juin dernier, tous les signaux lumineux de l’aéroport de Bipemba à Mbuji-Mayi avaient été détruits, non pas par des rebelles du M23 mais par des militaires de la 5e région militaire. 

Le commandant de ladite région militaire qui a en charge la sécurisation de l’aéroport avait reconnu la défaillance de ses soldats et promis des sanctions. Elles se font toujours attendre !

Invité à réagir au malheur qui vient de frapper le chef-lieu de la province qu’il a eu l’honneur de diriger, Omer Nkamba Kabwa ka Ntanda dit dédaigner la querelle de chiffre de morts et met en relief une lecture tout à fait « mystique » de l’explosion du dépôt de l’armement telle qu’elle lui a été faite par certains habitants de Mbuji-Mayi qui estiment que c’est la main de Dieu qui a frappé un symbole d’un régime répressif. 


Et d’ajouter : « il est vrai qu’on déplore la perte des victimes innocentes, mais lorsque des munitions ou des armes sautent dans cette ville, que cela soit le fait d’une foudre ou d’une main noire, la population n’est pas mécontente. Car, ces munitions ne servent pas à protéger la population, mais à la répression qui s’abat à plusieurs reprises sur elle. C’est le cas de la dernière manifestation de l’Udps réprimée dans le sang. Si le gouverneur prétend que c’est la foudre qui est en cause, il doit savoir que chez nous la foudre ne s’abat pas sur la maison de quelqu’un pour rien ».

Toute chose restant égale par ailleurs, si la meilleure façon de porter le deuil qui frappe Mbuji-Mayi, c’est de veiller à la manifestation de la vérité pour que la population du chef-lieu du Kasaï-Oriental sache ce qui s’est réellement passé, à Congoone on estime par simple bon sens qu’il est temps, pour ceux qui gouvernent, de penser à éloigner les camps militaires des agglomérations sur l’ensemble du Congo à démocratiser.
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Raymond LUAULA

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