mercredi 22 janvier 2014

RDC : Quel avenir pour l'ex-M23 ?

lundi, 20 janvier 2014

Après sa défaite militaire de novembre 2013, la rébellion attend la mise en place de l'accord signé avec Kinshasa et notamment la loi d'amnistie. Mais les décisions tardent, au risque de voir revenir les anciens démons.


M23

Que deviennent les anciens rebelles du M23 ? Depuis leur déroute militaire de novembre dernier et la signature d'un accord en 11 points avec le gouvernement congolais, les ex-rebelles attendent toujours les premiers gestes de Kinshasa.

Le président politique du mouvement, Bertrand Bisimwa et son chef militaire, Sultani Makenga, se sont réfugiés en Ouganda avec 1500 de leurs hommes.

Les ex-M23 prennent leur mal en patience dans l'attente de la loi d'amnistie, en cours de promulgation au parlement congolais. Le Sénat a déjà donner son accord le 10 janvier 2014.

"Prime à la Kalachnikov"

Mais la loi d'amnistie est loin de faire l'unanimité à Kinshasa. Beaucoup jugent le projet "inopportun", comme Boniface Musavuli, qui estime sur le site Agoravox que la loi d'amnistie est "un message désastreux vis-à-vis des autres groupes armés".

"Sur le principe", explique-t-il, "rien ne justifie les privilèges accordés au M23 et qui ne bénéficieraient pas aux autres groupes armés".

D'autres Congolais dénoncent le cycle sans fin des rébellions dans la région, où chaque accord de paix constitue le plus souvent "l'acte de naissance" d'une nouvelle rébellion. Une sorte de "prime à la Kalachnikov" et à "l'impunité".

Du côté du M23, on déclare que l'amnistie fait partie des 11 points signés avec les autorités congolaises à Nairobi le 12 décembre 2013 et n'est donc pas négociable.

Selon Jean-Paul Epenge, porte-parole du mouvement en Europe, "le M23 n'est plus un belligérant, l'amnistie doit donc être totale".

"La traque aux FDLR tarde"

Pour les ex-rebelles, la mise en place de l'accord doit respecter une chronologie précise. Après l'amnistie des soldats de l'ancienne rébellion, Kinshasa devra procéder aux échanges de prisonniers. Le M23 avait laissé ses prisonniers de l'armée régulière à Rumangabo, lors de sa fuite pendant l'offensive des FARDC.

Les rebelles attendent donc que les autorités congolaises fassent de même avec les prisonniers du M23 détenus par Kinshasa. Une liste est en cours d'élaboration.

Le troisième étage des accords est sans doute le plus délicat. Il concerne le retour des réfugiés congolais, actuellement au Rwanda, en Ouganda ou au Burundi.

Sur ce point, le M23 affirme que ce retour ne peut s'effectuer qu'après neutralisation des FDLR, un groupe armé hutu rwandais qui sévit à l'Est de la RDC depuis la fin du génocide rwandais de 1994.

Sur ce point, Jean-Paul Epenge, porte-parole du M23, est plus inquiet. "La traque aux FDLR tarde", explique l'ex-rebelle, "l'armée congolaise a décidé de s'attaquer d'abord aux ADF-Nalu (un autre groupe armé ougandais, ndlr) alors que les FDLR constituent le problème numéro un à l'Est".

Et de poursuivre : "la défaite du M23 a montré que notre mouvement n'était pas le seul problème du Congo. Il y a beaucoup d'autres groupes armés. Il faut donc que l'armée et l'ONU s'attaquent maintenant aux autres groupes et en premier lieu les FDLR".

Travailler avec Kabila ?

Concernant le respect des accords signés avec Kinshasa, le M23 estime avoir rempli son rôle. "Nous avons abandonné les armes et il n'y a plus de problème de cantonnement de nos troupes, puisqu'elles se trouvent en majorité en Ouganda", explique Jean-Paul Epenge.

"Le M23 n'est plus sur le territoire congolais. Les seuls soldats restés au Congo sont actuellement regroupés dans un camp de l'armée". Sur la suite politique du mouvement, le M23 est plus prudent.

Jean-Paul Epenge reste vague sur la transformation de la rébellion en parti politique... visiblement, ce n'est pas la préoccupation majeure des ex-M23.

"Le gouvernement congolais doit d'abord démontrer sa bonne foi", précise Jean-Paul Epenge. Sur la possibilité de travailler avec le président Kabila, notamment au sein d'un possible gouvernement d'union nationale ? "C'est possible" répond le porte-parole.

La possible intégration du M23 dans l'échiquier politique congolais revient donc au président Joseph Kabila qui peine à nommer son gouvernement d'union, en stand-by depuis fin octobre 2013.

Des M23 partout ?

Devant les incertitudes qui planent sur la mise en place des accords de Nairobi et le peu d'empressement de Kinshasa à s'attaquer FDLR, dont plusieurs rapports de l'ONU démontrent qu'ils servaient de supplétifs à l'armée régulière, beaucoup s'inquiètent de la tournure des événements. Au Nord-Kivu, on semble même voir des rebelles M23 partout.

La société civile de la province se dit préoccupée par certains mouvements d'hommes en armes. A Kamango, fin décembre, la société civile dénonçait des attaques des ADF-Nalu "aidés par le M23". Certains pensent que le M23 cherche à se réorganiser.

Le patron de la Monusco en RDC, Martin Kobler, affirmait mi-janvier que le M23 était "en cours de régénérescence" et continuait "de recruter". Des allégations "dénuées de tout fondement et non-avérées" selon Bertrand Bisimwa, le président du M23.

"Recruter ? Pour quoi faire ?" s'étonne Jean-Paul Epenge à Afrikarabia, "remonter une nouvelle rébellion ? Dans quel but ? Avec quelles revendications ? Nous avons tous été désarmés et cantonnés dans un lieu connu de tous".

Nkunda Free ?

Un signe, passé relativement inaperçu, révèle toutefois une certaine ambiguité dans l'état d'esprit du M23 aujourd'hui, entre guerre et paix. Ce signe porte un nom : Laurent Nkunda. Un site internet est en cours de construction : "Freedom for general Laurent Nkunda".

Sur Facebook, des proches du général rebelle, détenu au Rwanda, demandent également sa libération. Et le moment choisi ne doit rien au hasard. Les ex-M23 espèrent pouvoir faire bénéficier leur (...) Lire la suite sur :

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