le 17/02/2014
Un wecycler, Lagos ©Page Facebook Wecyclers
Ces petites mains redonnent de l'éclat à la capitale économique du Nigeria.
Lagos, mégalopole nigériane de 20 millions d'habitants, produit 10.000 tonnes d'ordures par jour, dont une partie s'amoncèle à même le sol dans les ruelles animées des bidonvilles et flottent dans l'eau verdâtre des égouts à ciel ouvert.
«Les gens meurent dans des inondations, parce qu'on bouche les conduits d'évacuation des égouts. Les agents chimiques du plastique infiltrent les sols parce que les gens jettent (les déchets) sans faire attention (...) ce qui a un impact sur leur santé, sur leur moyens de subsistance, sur leur productivité», explique Bilikiss Adebiyi.
Cette trentenaire nigériane, qui a réfléchi à ce problème pendant ses études au Massachussets Institute of Technology (MIT), aux Etats-Unis, a décidé de revenir dans sa ville natale pour y monter Wecyclers, une entreprise de recyclage qui collecte les déchets à vélo dans les bidonvilles, où les camions municipaux ne passent pas toujours.
Selon le site Internet de Wecyclers, à Lagos «seulement 40% des ordures de la ville sont ramassées», et déposées dans de gigantesques décharges à ciel ouvert.
Créée il y a un an et demi avec l'appui de LAWMA, l'entité publique de gestion des déchets de l'Etat de Lagos, et une poignée de sponsors, Wecyclers a déjà récolté près de 200 tonnes de déchets auprès de 5.000 foyers.
Les vélos, importés, sont transformés en tricycles par des artisans nigérians, qui y fixent un cadre en fer auquel sont ensuite suspendus de grands sacs de toile colorés.
A bord de ces drôles d'engins rebaptisés wecycles, qui passent même dans les sentiers en terre les plus étroits et les plus accidentés des bidonvilles, les employés font du porte-à-porte pour récolter des bouteilles, des sachets en plastique et des boîtes de conserve.
Les déchets sont pesés, et chaque kilo récolté permet aux usagers d'accumuler des points qui leur donnent droit à des cadeaux.
«Maintenant tout est propre»
Ici, «le recyclage n'est pas courant. C'est une des raisons pour lesquelles nous avons créé ce système incitatif où les gens peuvent gagner des points. C'est une façon de lancer le débat» sur la préservation de l'environnement, explique Mme Adebiyi.
Les points donnent droit à des objets ménagers, des aliments de première nécessité, des vêtements. Un usager a même pu s'offrir un générateur électrique, un vrai luxe dans un pays privé d'électricité plusieurs heures par jour.
Les déchets sont rassemblés dans un terrain vague prêté par LAWMA, dans le quartier populaire de Surulere, où ils sont triés avant d'être vendus à des usines de transformation.
Le plastique sert à fabriquer «du rembourrage pour les oreillers et pour les matelas, de la fibre textile, des sacs poubelles, des tongs» alors que les boîtes de conserve sont fondues et transformées en d'autres produits en aluminium, explique Mme Adebiyi.
Les petits sachets en plastique «pure water», contenant de l'eau potable bon marché, très populaires au Nigeria, qui jonchent les trottoirs de Lagos une fois vides, sont rachetés notamment par l'entreprise Bridgeco Global, qui les nettoie, les fait fondre et les transforme en petites granules, dans son usine d'Ikeja, un autre faubourg de Lagos.
Ces granules sont ensuite revendues 170 nairas (76 cents d'euro) le kilo à des usines qui fabriquent des bassines, des seaux et autres objets en plastiques, explique le patron de Bridgeco Global, Ahmed Lawal.
Madame Mebe, une couturière qui vit dans une rue animée du quartier de Surulere, dit avoir commencé à collecter ses déchets pour Wecyclers l'année dernière.
«Avant c'était sale, ça sentait mauvais, partout... Mais maintenant que je collabore avec eux tout est propre. Et puis ils viennent avec leurs cadeaux... C'est pour ça que je trouve qu'ils sont biens» s'enthousiasme-t-elle.
Pour ce projet, Bilikiss Adebiyi a reçu en octobre le prestigieux Cartier Women's initiative Award, un prix qui récompense les femmes entrepreneurs à travers le monde.
Wecyclers, qui emploie une trentaine de personnes actuellement, espère atteindre les 100 employés d'ici la fin de l'année.
Déjà présente dans deux grands quartiers pauvres de Lagos, l'entreprise doit s'implanter dans deux autres quartiers du même type en 2014, ainsi qu'à Abuja, la capitale fédérale, et dans l'Etat d'Uyo (sud-est).
__________
Slate Afrique
avec AFP
Un wecycler, Lagos ©Page Facebook Wecyclers
Ces petites mains redonnent de l'éclat à la capitale économique du Nigeria.
Lagos, mégalopole nigériane de 20 millions d'habitants, produit 10.000 tonnes d'ordures par jour, dont une partie s'amoncèle à même le sol dans les ruelles animées des bidonvilles et flottent dans l'eau verdâtre des égouts à ciel ouvert.
«Les gens meurent dans des inondations, parce qu'on bouche les conduits d'évacuation des égouts. Les agents chimiques du plastique infiltrent les sols parce que les gens jettent (les déchets) sans faire attention (...) ce qui a un impact sur leur santé, sur leur moyens de subsistance, sur leur productivité», explique Bilikiss Adebiyi.
Cette trentenaire nigériane, qui a réfléchi à ce problème pendant ses études au Massachussets Institute of Technology (MIT), aux Etats-Unis, a décidé de revenir dans sa ville natale pour y monter Wecyclers, une entreprise de recyclage qui collecte les déchets à vélo dans les bidonvilles, où les camions municipaux ne passent pas toujours.
Selon le site Internet de Wecyclers, à Lagos «seulement 40% des ordures de la ville sont ramassées», et déposées dans de gigantesques décharges à ciel ouvert.
Créée il y a un an et demi avec l'appui de LAWMA, l'entité publique de gestion des déchets de l'Etat de Lagos, et une poignée de sponsors, Wecyclers a déjà récolté près de 200 tonnes de déchets auprès de 5.000 foyers.
Les vélos, importés, sont transformés en tricycles par des artisans nigérians, qui y fixent un cadre en fer auquel sont ensuite suspendus de grands sacs de toile colorés.
A bord de ces drôles d'engins rebaptisés wecycles, qui passent même dans les sentiers en terre les plus étroits et les plus accidentés des bidonvilles, les employés font du porte-à-porte pour récolter des bouteilles, des sachets en plastique et des boîtes de conserve.
Les déchets sont pesés, et chaque kilo récolté permet aux usagers d'accumuler des points qui leur donnent droit à des cadeaux.
«Maintenant tout est propre»
Ici, «le recyclage n'est pas courant. C'est une des raisons pour lesquelles nous avons créé ce système incitatif où les gens peuvent gagner des points. C'est une façon de lancer le débat» sur la préservation de l'environnement, explique Mme Adebiyi.
Les points donnent droit à des objets ménagers, des aliments de première nécessité, des vêtements. Un usager a même pu s'offrir un générateur électrique, un vrai luxe dans un pays privé d'électricité plusieurs heures par jour.
Les déchets sont rassemblés dans un terrain vague prêté par LAWMA, dans le quartier populaire de Surulere, où ils sont triés avant d'être vendus à des usines de transformation.
Le plastique sert à fabriquer «du rembourrage pour les oreillers et pour les matelas, de la fibre textile, des sacs poubelles, des tongs» alors que les boîtes de conserve sont fondues et transformées en d'autres produits en aluminium, explique Mme Adebiyi.
Les petits sachets en plastique «pure water», contenant de l'eau potable bon marché, très populaires au Nigeria, qui jonchent les trottoirs de Lagos une fois vides, sont rachetés notamment par l'entreprise Bridgeco Global, qui les nettoie, les fait fondre et les transforme en petites granules, dans son usine d'Ikeja, un autre faubourg de Lagos.
Ces granules sont ensuite revendues 170 nairas (76 cents d'euro) le kilo à des usines qui fabriquent des bassines, des seaux et autres objets en plastiques, explique le patron de Bridgeco Global, Ahmed Lawal.
Madame Mebe, une couturière qui vit dans une rue animée du quartier de Surulere, dit avoir commencé à collecter ses déchets pour Wecyclers l'année dernière.
«Avant c'était sale, ça sentait mauvais, partout... Mais maintenant que je collabore avec eux tout est propre. Et puis ils viennent avec leurs cadeaux... C'est pour ça que je trouve qu'ils sont biens» s'enthousiasme-t-elle.
Pour ce projet, Bilikiss Adebiyi a reçu en octobre le prestigieux Cartier Women's initiative Award, un prix qui récompense les femmes entrepreneurs à travers le monde.
Wecyclers, qui emploie une trentaine de personnes actuellement, espère atteindre les 100 employés d'ici la fin de l'année.
Déjà présente dans deux grands quartiers pauvres de Lagos, l'entreprise doit s'implanter dans deux autres quartiers du même type en 2014, ainsi qu'à Abuja, la capitale fédérale, et dans l'Etat d'Uyo (sud-est).
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Slate Afrique
avec AFP
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