lundi 17 février 2014

RDC: Le monde à l'envers?Les FDLR sont en train de solliciter un dialogue,l'ONU continue à parler de la guerre !

Mardi 11 février 2014

 

Le Secrétaire Général intérimaire des FDLR a annoncé la décision de son mouvement de mettre fin à la lutte armée : « Les Fdlr ont pris la décision de déposer les armes parce que chaque fois que Kigali voulait attaquer le Congo et piller les richesses de la RDC, il prétextait venir chercher les Fdlr qui sont armés et pouvaient attaquer le Rwanda. 

Pour donner la chance à la paix dans la région des Grands Lacs et que les FDLR puissent y participer, nous avons toujours sollicité la communauté internationale pour qu’elle incite Kigali à accepter les négociations avec les partis politiques d’opposition, dont les Fdlr. », déclarait le colonel Wilson Irategeka, qui n’avait pas oublié d’affirmer que l'arrêt des hostilités est officiel.

Cette déclaration vient remettre à la surface la question du retour de la paix qui doit nécessairement passer par certains préalables dont l’instauration d’un dialogue entre les gouvernements de la région et leurs oppositions respectives. 

Idée que Kigali n’ose pas entendre de cette oreille-là. Il a immédiatement rejeté la négociation proposée par les Fdlr pour résoudre la crise au Rwanda.

La problématique de la paix dans la région des Grands-Lacs et, par conséquent, dans l’est de la République Démocratique du Congo, préoccupe au plus haut point l’opinion publique depuis bientôt deux décennies, à cause de la multiplication des groupes armés (forces négatives) nationaux et étrangers. 

Les derniers développements sur le théâtre des opérations semblent donner une lueur d’espoir, quand bien-même des pesanteurs ne cessent de se placer en travers du chemin qui mène vers une paix durable au Congo et dans toute la région.

La montée en puissance des Forces armées de la Rdc (Fardc) avec, comme conséquence, la victoire militaire sur la rébellion du M23 (Mouvement du 23 mars), et la reddition des milliers de miliciens issus d’autres groupes armés locaux dans la région. 

A ceux-ci, on ajoute le lancement des opérations de traque des Forces négatives étrangères en commençant par les rebelles ougandais de l’Alliance des forces démocratiques et l’Armée nationale pour la libération de l’Ouganda (Adf-Nalu). 

Autant de faits qui ne pouvait laisser indifférents, l’autre Force négative étrangère qui a toujours semé mort et désolation dans la population civile de l’est de la Rdc.

Les Fdlr (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda), puisque c’est d’elles qu’il s’agit, n’ont pas voulu attendre que le rouleau compresseur de Fardc vienne les broyer. 

Dans une déclaration faite sur Rfi, par la bouche de leur secrétaire exécutif intérimaire, ces rebelles rwandais ont affirmé avoir cessé officiellement les hostilités contre leur pays. 

« Selon le colonel Wilson Iratageka, indique le média français, le mouvement a officiellement déposé les armes depuis le 30 décembre dernier ». 

Ils se disent prêts à remettre leurs armes à la Monusco et au gouvernement rwandais, ce qu’ils n’avaient cessé d’indiquer dans plusieurs lettres adressées aux casques bleus, mais à condition, notamment, que soit ouverte un dialogue avec Kigali pour parvenir à une paix durable dans la région.

Donner la chance à la paix

 

Olivier Nduhungirehe, représentant permanent adjoint du pays de mille collines aux Nations unies, a opposé un non catégorique et qu’il veut définitif aux négociations avec les Fdlr : «On a dit à plusieurs reprises qu’il ne pourra pas y avoir de négociations avec les Fdlr qui étaient un mouvement génocidaire ». 

Et pourtant, seul le dialogue s’avère être la voie impérative pour le retour des Fdlr dans leur pays et parvenir à une paix durable dans la région, quitte, par exemple, à ce que ses membres non concernés par le Génocide, de s’organiser sous une autre dénomination qui ne rappelle pas ce passé douloureux. 

Après tout, en RDC c’est cela que la communauté internationale a toujours recommandé au Gouvernement, et le M23 est le dernier cas en date.

La question a déjà fait objet d’âpres discussions entre les dirigeants et autres acteurs politiques dans la région et toutes les opinions ont convergé dans le même sens. 

L’opinion se souvient que, lors de la 21ème session ordinaire du sommet des chefs d’Etats de l’Union africaine (Ua), le problème a été également posé dans ce sens-là. 

C’est d’ailleurs le Président tanzanien, Jakaya Mrisho Kikwete, qui avait émis l’idée d’un dialogue régional global, en vue d’une résolution durable de la crise dans la région ainsi que dans l’est de la Rdc. 

Il importe qu’il y ait un esprit d’ouverture des négociations entre les Gouvernements de Kigali et Kampala avec leurs rébellions et oppositions respectives, notamment les Fdlr pour le Rwanda, les Adf-Nalu et la Lra pour l’Ouganda.

Le reste concerne le Rwanda…

 

Étant donné que ce groupe armé qui prétend combattre le régime rwandais a commis de nombreux crimes en territoire congolais, le gouvernement de Kinshasa a trouvé positif le principe, en attendant qu’il en ait la certitude. 

« Nous attendons d’eux qu’ils cessent toutes les opérations offensives contre un pays qui n’est pas le leur et pour lequel ils n’ont rien à revendiquer. Ensuite, qu’ils se désarment, se démobilisent et acceptent de participer au programme de rapatriement vers leur pays. Pour le reste, c’est un problème qui concerne leur pays », a déclaré Lambert Mende sur les ondes de la Rfi.

Devant autant de faits, l’attitude affichée par les Nations-Unies reste la seule qui intrigue. L’opinion n’arrive pas à se représenter très bien le fait que lorsque le débat, en ce moment précis, est en train de prendre la tournure de la solution par le dialogue, l’instance qui devait faire en sorte que cela puisse avoir lieu continue à se figer dans la seule option militaire. 

Dans une interview accordée à la radio française ce lundi 3 février, Martin Kobler, le numéro 1 de la Monusco, a continué à déclarer que la priorité pour 2014, c’est la traque des Fdlr. Et pourtant, ce mouvement se dit prêt à négocier et le lui a déjà exprimé plusieurs fois à travers des correspondances.

D’où, la question de savoir l’objet réelle de la Mission des nations unies : est-ce une mission de maintien de la paix, ou celle d’entretien de la guerre ? 

Sinon, personne ou rien ne ferait entendre les choses de l’oreille selon laquelle, là où un groupe armé dit avoir déposé les armes et est entrain de solliciter un dialogue, l’ONU continue à parler de la guerre. N’est-ce pas là, le monde à l’envers ?

Et même au niveau du Conseil de sécurité, alors que le représentant rwandais déclare haut et fort que son pays ne peut pas engager un dialogue, tout le monde reste inerte. 

Personne n’ose lever son petit doigt pour interpeller le régime de Kigali à ce sujet et, au besoin, le lui imposer au risque des sanctions exemplaires.

Y aurait-il, en fin de compte, des gens qui cherchent à protéger des intérêts à travers la poursuite des tensions dans l’est de la Rdc, comme qui dirait « No warr, no business » ?
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Jean-Luc MUSHI-MPAKU 
kongotimes

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