25/03/2014
Un patient souffrant d'Ebola dans un centre de MSF à Kampungu, en RDC. © AFP
La fièvre Ebola est de retour en Afrique de l'Ouest. En Guinée, le virus serait déjà responsable d'une soixantaine de morts depuis janvier, tandis qu'il a été signalé aussi au Liberia et serait suspecté en Sierra Leone. Voici les cinq principales caractéristiques d'un tueur impitoyable.
1 – Quels sont les symptômes de la fièvre Ebola ?
Le virus Ebola fait partie de la famille des fièvres hémorragiques africaines. Celle-ci comprend également la fièvre de Lassa et celle de Marburg.
Dans un premier temps, ces maladies détruisent le système immunitaire de la victime.
Les symptômes ressemblent alors à ceux d'une terrible grippe : fièvre, faiblesse intense, céphalées et irritation de la gorge.
Puis surviennent des diarrhées, une insuffisance rénale, de la tachychardie et enfin des hémorragies internes et externes : vomissements de sang, pétéchies, éruption maculo-papuleuse, purpura... Le plus souvent, la mort intervient par embolie cérébrale.
>> Lire : après la Guinée, la fièvre Ebola signalée au Liberia et suspectée en Sierra Leone
L'Ebola se distingue de ses cousins par sa très forte létalité. Selon les souches (il existe cinq espèces différentes, toutes africaines), le taux de mortalité des personnes infectées varie de 25 à 90%. Pour l'heure, il n'existe aucun traitement curatif malgré les quelques essais effectués pour un vaccin.
2 – Le virus Ebola se transmet-il facilement ?
Pas franchement. Généralement, le "patient zéro" contracte le virus par une contamination accidentelle avec des animaux (le plus souvent via des singes, eux-mêmes infectés par des chauve-souris frugivores, vraisemblablement la roussette d'Égypte, déjà identifiée comme le réservoir naturel de la fièvre de Marburg).
Ce premier malade ne peut contaminer d'autres individus que s'ils ont un contact direct avec son sang, ses sécrétions, sa salive, son sperme, son urine ou encore ses organes.
Par manque d'hygiène, de protection ou de stérilisation du matériel médical, le personnel soignant peut lui aussi être exposé au virus.
Enfin, une longue enquête a prouvé que la transmission par voie aérienne était impossible.
>> Lire "Ces Gabonais immunisés contre Ebola"
Vue au microscope du virus Ebola montrant sa structure filamenteuse. © Cynthia Goldsmith / AFP
3 – Le virus tue-t-il beaucoup?
Non, l'Ebola n'est pas un tueur prolifique. Depuis son apparition en 1976 au Soudan et en RDC (dans un village proche de la rivière Ebola, d'où son nom), le virus est à l'origine de la mort d'environ 1 500 personnes (source : OMS).
En comparaison, le paludisme tue 660 000 Africains chaque année, pour l’essentiel des enfants de moins de 5 ans.
Les pays les plus touchés par Ebola sont la RDC (ou ex-Zaïre, avec plusieurs foyers de contamination en 1976, 1977, 1995, 2001-2002, 2002-2003, 2005, 2007, 2008, 2012) ainsi que le Soudan (1976, 1979, 2004), le Gabon (1994, 1996, 2001-2002) et l'Ouganda (2000, 2007, 2011, 2014).
Les seuls pays non africains touchés l’ont été par une souche peu dangereuse pour l’homme, “Ebola Reston”, du nom de la ville américaine où elle a été détectée en 1989 dans une animalerie de singes importés des Philippines, avant de réapparaître dans ce dernier pays en 2007-2008, dans un élevage de porcs. Aucune victime humaine n'est alors à déplorer.
La forte létalité d'Ebola est paradoxalement son principal point faible.
La forte létalité d'Ebola est paradoxalement son principal point faible. Tuant trop vite son hôte, il ne peut se propager rapidement et discrètement.
Cela explique pourquoi d'autres virus comme la grippe espagnole ou dans une moindre mesure la fièvre de Lassa, toutes deux moins virulentes pour l'homme, ont fait bien plus de morts que Ebola (jusqu'à 100 millions pour la grippe de 1918...).
4 - Est-il facile de se protéger d'Ebola ?
Oui. Vu que la maladie n’est transmissible que par le sang ou les sécrétions, le patient n’est pas contagieux pendant la période d’incubation.
Lorsque les symptômes apparaissent, les proches et le personnel médical doivent se protéger les mains, les yeux et la bouche, tout en plaçant le malade à l'isolement.
L’information des populations touchées et la distribution de kits d'hygiène sont donc des armes essentielles dans la lutte contre la propagation du virus.
>> Lire La lutte contre la fièvre Ebola se heurte aux traditions locales
5 - Les scientifiques craignent-ils une pandémie ?
Non. Selon toute vraisemblance, Ebola devrait rester circonscrit à certaines zones géographiques du continent et ne pas déboucher sur une catastrophe sanitaire mondiale.
Redoutable en raison de l'absence de traitement, le virus rappelle les catastrophes historiques liées à l'apparition de la peste, notamment.
Mais si certaines pratiques culturelles, comme le fait de laver le corps d'un mort, peuvent toujours engendrer de nombreuses contaminations, le mode de transmission du virus ne fait pour l'heure pas craindre de pandémie.
Reste qu'une mutation d'Ebola lui permettant de survivre dans l'air n'est pas totalement à exclure...
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Olivier Liffran
Jeune Afrique
Un patient souffrant d'Ebola dans un centre de MSF à Kampungu, en RDC. © AFP
La fièvre Ebola est de retour en Afrique de l'Ouest. En Guinée, le virus serait déjà responsable d'une soixantaine de morts depuis janvier, tandis qu'il a été signalé aussi au Liberia et serait suspecté en Sierra Leone. Voici les cinq principales caractéristiques d'un tueur impitoyable.
1 – Quels sont les symptômes de la fièvre Ebola ?
Le virus Ebola fait partie de la famille des fièvres hémorragiques africaines. Celle-ci comprend également la fièvre de Lassa et celle de Marburg.
Dans un premier temps, ces maladies détruisent le système immunitaire de la victime.
Les symptômes ressemblent alors à ceux d'une terrible grippe : fièvre, faiblesse intense, céphalées et irritation de la gorge.
Puis surviennent des diarrhées, une insuffisance rénale, de la tachychardie et enfin des hémorragies internes et externes : vomissements de sang, pétéchies, éruption maculo-papuleuse, purpura... Le plus souvent, la mort intervient par embolie cérébrale.
>> Lire : après la Guinée, la fièvre Ebola signalée au Liberia et suspectée en Sierra Leone
L'Ebola se distingue de ses cousins par sa très forte létalité. Selon les souches (il existe cinq espèces différentes, toutes africaines), le taux de mortalité des personnes infectées varie de 25 à 90%. Pour l'heure, il n'existe aucun traitement curatif malgré les quelques essais effectués pour un vaccin.
2 – Le virus Ebola se transmet-il facilement ?
Pas franchement. Généralement, le "patient zéro" contracte le virus par une contamination accidentelle avec des animaux (le plus souvent via des singes, eux-mêmes infectés par des chauve-souris frugivores, vraisemblablement la roussette d'Égypte, déjà identifiée comme le réservoir naturel de la fièvre de Marburg).
Ce premier malade ne peut contaminer d'autres individus que s'ils ont un contact direct avec son sang, ses sécrétions, sa salive, son sperme, son urine ou encore ses organes.
Par manque d'hygiène, de protection ou de stérilisation du matériel médical, le personnel soignant peut lui aussi être exposé au virus.
Enfin, une longue enquête a prouvé que la transmission par voie aérienne était impossible.
>> Lire "Ces Gabonais immunisés contre Ebola"
Vue au microscope du virus Ebola montrant sa structure filamenteuse. © Cynthia Goldsmith / AFP
3 – Le virus tue-t-il beaucoup?
Non, l'Ebola n'est pas un tueur prolifique. Depuis son apparition en 1976 au Soudan et en RDC (dans un village proche de la rivière Ebola, d'où son nom), le virus est à l'origine de la mort d'environ 1 500 personnes (source : OMS).
En comparaison, le paludisme tue 660 000 Africains chaque année, pour l’essentiel des enfants de moins de 5 ans.
Les pays les plus touchés par Ebola sont la RDC (ou ex-Zaïre, avec plusieurs foyers de contamination en 1976, 1977, 1995, 2001-2002, 2002-2003, 2005, 2007, 2008, 2012) ainsi que le Soudan (1976, 1979, 2004), le Gabon (1994, 1996, 2001-2002) et l'Ouganda (2000, 2007, 2011, 2014).
Les seuls pays non africains touchés l’ont été par une souche peu dangereuse pour l’homme, “Ebola Reston”, du nom de la ville américaine où elle a été détectée en 1989 dans une animalerie de singes importés des Philippines, avant de réapparaître dans ce dernier pays en 2007-2008, dans un élevage de porcs. Aucune victime humaine n'est alors à déplorer.
La forte létalité d'Ebola est paradoxalement son principal point faible.
La forte létalité d'Ebola est paradoxalement son principal point faible. Tuant trop vite son hôte, il ne peut se propager rapidement et discrètement.
Cela explique pourquoi d'autres virus comme la grippe espagnole ou dans une moindre mesure la fièvre de Lassa, toutes deux moins virulentes pour l'homme, ont fait bien plus de morts que Ebola (jusqu'à 100 millions pour la grippe de 1918...).
4 - Est-il facile de se protéger d'Ebola ?
Oui. Vu que la maladie n’est transmissible que par le sang ou les sécrétions, le patient n’est pas contagieux pendant la période d’incubation.
Lorsque les symptômes apparaissent, les proches et le personnel médical doivent se protéger les mains, les yeux et la bouche, tout en plaçant le malade à l'isolement.
L’information des populations touchées et la distribution de kits d'hygiène sont donc des armes essentielles dans la lutte contre la propagation du virus.
>> Lire La lutte contre la fièvre Ebola se heurte aux traditions locales
5 - Les scientifiques craignent-ils une pandémie ?
Non. Selon toute vraisemblance, Ebola devrait rester circonscrit à certaines zones géographiques du continent et ne pas déboucher sur une catastrophe sanitaire mondiale.
Redoutable en raison de l'absence de traitement, le virus rappelle les catastrophes historiques liées à l'apparition de la peste, notamment.
Mais si certaines pratiques culturelles, comme le fait de laver le corps d'un mort, peuvent toujours engendrer de nombreuses contaminations, le mode de transmission du virus ne fait pour l'heure pas craindre de pandémie.
Reste qu'une mutation d'Ebola lui permettant de survivre dans l'air n'est pas totalement à exclure...
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Olivier Liffran
Jeune Afrique
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