27/03/2014
Lac Albert
Réfugiés sur le territoire ougandais, une centaine de Congolais ont trouvé la mort samedi dernier en tentant de traverser le lac Albert.
Cette triste nouvelle n’a pas préoccupé le gouvernement qui, durant tout le week-end, s’est offert une villégiature à Goma. Une indifférence difficile à cerner.
La République démocratique du Congo étonne. Lorsqu’ailleurs, comme en Malaisie, les gens se mobilisent pour tenter de pénétrer l’énigme sur la disparition d’un Boeing 777 transportant plus de 200 personnes de nationalités différentes, en RDC, le naufrage d’une centaine de réfugiés sur le lac Albert dans la province Orientale passe pour un fait divers.
Personne, dans l’opinion publique ou dans les rangs des dirigeants, ne s’en émeut – comme s’il était normal que des Congolais meurent, crèvent ou disparaissent dans la nature.
Pourtant, selon le dernier bilan communiqué par les autorités ougandaises, environ 113 réfugiés congolais ont été tués et plus de 40 autres ont survécu au naufrage d’un bateau survenu samedi sur le lac Albert.
Trois jours après ce drame, les autorités de la chefferie de Watalinga (Nord-Kivu) ont appelé, mardi 25 mars, le gouvernement à apporter assistance aux rescapés et aux familles des victimes. En vain.
Du côté de Kinshasa, silence radio. Les institutions de la république s’étaient délocalisées à Goma.
Apparemment, le gouvernement aurait tenu à ce que la conférence minière de la RDC ne soit perturbée pour aucune raison, fut-elle la mort d’une centaine de compatriotes avides de rentrer au bercail après un exil forcé. Constat : en RDC, la politique prend le dessus sur tout.
Or, ailleurs, pareil événement aurait créé un véritable élan de solidarité nationale.
VILLEGIATURE A GOMA
Et dire que ces Congolais, réfugiés en Ouganda, ont trouvé la mort, juste parce qu’ils ont exprimé l’envie de retourner chez eux, convaincus de la neutralisation des rebelles de l’ADF-Nalu dans leur zone de résidence.
Le drame du lac Albert interpelle autant les gouvernants que les gouvernés. Il est la marque de l’inversion des valeurs qui mine l’ensemble de la société congolaise.
Et, le gouvernement qui compte dans ses rangs un ministère en charge des Affaires sociales et humanitaires, est resté indifférent sur toute la ligne. En fait, un ministère pour rire.
Et c’est à Goma, au bord du lac Kivu que tous se sont donné rendez-vous pour faire le point d’un secteur minier, gangrené de toutes parts.
Au Congo qui se veut démocratique, le ridicule ne tue plus. Le drame du lac Albert est géré d’une manière qui fait scandale. Qui rappelle la trame du célèbre Titanic où valse et tragédie faisaient bon ménage.
Il nous revient que des Congolais se sont débrouillés avec les moyens du bord pour apporter secours aux sinistrés qui, à l’embarquement, étaient estimés à environ 250 passagers.
Certains corps en état de décomposition avancée ont été enterrés en Ouganda. Mwami Sambili de la chefferie de Watalinga d’où sont originaires la majorité des victimes, note radio Okapi, s’est organisé de son côté, tant bien que mal, pour enterrer les corps ramenés en RDC.
« C’est au niveau local que nous nous sommes efforcés d’envoyer une délégation d’aller prendre les corps au niveau de l’Ouganda et nous avons organisé les obsèques. On n’a pas de moyens maintenant pour soulager les familles éplorées », a indiqué ce chef local.
La Société civile de l’Ituri a dénoncé, indique radio Okapi, ce qu’elle considère comme l’indifférence du gouvernement face à ce drame.
«Nous pensons qu’il faut encore quelques heures pour qu’il se prononce par rapport à l’assistance à apporter aux familles des disparus. Le gouvernement doit se sentir responsabilisé dans tout ce qui est arrivé. On ne peut pas laisser mourir plus de 100 personnes de façon inaperçue. Ce sont des humains », a déclaré le président de cette structure, Me Jean-Bosco Lalo.
Ce dernier a, par ailleurs, invité l’exécutif national à décréter un deuil national en mémoire de ces réfugiés congolais qui tentaient de retourner au pays après plusieurs années passées dans un camp ougandais.
Joint mardi par radio Okapi, le ministre des Affaires sociales et Humanitaires, Charles Nawej Mundele, a promis de se prononcer dans les heures qui suivent.
LA REVOLTE
Cette indifférence du gouvernement est tellement déconcertante que le Parlement devait vite se saisir de cette question pour établir les responsabilités. Bien sûr, on peut, dans une certaine mesure, interpeller le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) qui gérait ces Congolais réfugiés en Ouganda.
On peut donc s’interroger sur le rôle exact que les agents du HCR ont joué dans ce drame. Mais, ce n’est pas pour autant que les autorités congolaises devraient se dérober face à leurs responsabilités. Il s’agit, ici, d’avoir le courage de s’assumer, à tout point de vue.
Les naufragés du lac Albert ne devaient donc pas être jetés dans le placard de l’histoire. Toutes les personnes revêtues d’un mandat public, devraient dire à l’opinion ce qui s’est réellement passé ce samedi 22 mars 2014 sur le lac Albert.
Ce triste événement rappelle malheureusement l’accident du Type-Ka en 1996, et bien d’autres crashes d’avions survenus dans le pays : Goma en 2009, Kisangani en 2011.
Tous ces dossiers n’ont jamais révélé leur vérité. Les enquêtes ont tourné court. Au point que des responsables supposés n’ont jamais été inquiétés.
Il faut rompre avec ce cycle de démission qui ternit davantage l’image de la RDC, devenu un no man’s land où tout est permis, au grand dam des Congolais.
Déclaration du HCR concernant le naufrage d’un bateau sur le lac Albert dans l’Ouest de l’Ouganda
Le HCR est choqué et attristé par le tragique naufrage d’un bateau ce week-end sur le lac Albert, entre la République démocratique du Congo et l’Ouganda, dans lequel des dizaines de réfugiés congolais, dont des enfants, sont mort noyés.
Ce bateau, ainsi qu’un autre bateau, avait quitté samedi matin le district de Hoima, situé du côté oriental du lac, avec à son bord des réfugiés vivant jusqu’alors dans l’installation de Kyangwali, mais qui avaient décidé de rentrer chez eux dans l’Est de la RDC.
L’un des bateaux a chaviré, projetant ses passagers dans la mer. Selon les informations actuelles du HCR en provenance des autorités et des réfugiés, 41 personnes ont été sauvées et 98 corps repêchés. Au moins 250 personnes se trouvaient à bord du bateau.
« Je suis profondément choqué par cette tragédie », a déclaré le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres.
« Mes pensées vont vers tous ceux qui ont perdu des êtres chers et vers les rescapés. Je tiens à exprimer ma reconnaissance envers le gouvernement et les autres acteurs qui ont lancé une opération de sauvetage et de repêchage et qui viennent en aide aux rescapés. J’ai demandé à notre bureau en Ouganda de soutenir pleinement ces efforts ».
Les rescapés ont été transportés vers le district de Bundibugyo, dans le nord-ouest de l’Ouganda, où le HCR, les responsables du gouvernement ougandais et nos partenaires leur apportent un soutien, notamment une aide psychosociale.
L’identification des victimes par les proches venus précipitamment de la République démocratique du Congo, se poursuit dans l’hôpital du district de Bundibugyo.
Le HCR et le gouvernement ougandais facilitent également le rapatriement des corps vers la RDC.
Le HCR a en outre mobilisé des ressources et du personnel d’appui, et mis en place un point d’information et de réponse au centre de transit de Bundibugyo pour soutenir les proches des rescapés.
L’Ouganda est un pays d’accueil de réfugiés très important, avec une population de demandeurs d’asile et de réfugiés s’élevant à plus de 328.900 personnes fin février.
Si la plupart des arrivées récentes proviennent du Soudan du Sud, l’Ouganda accueille toujours près de 175.500 réfugiés congolais dont 66.000 ayant fui à Bundibugyo depuis juillet pour échapper aux combats sévissant dans l’est de la RDC. Les personnes touchées par cette tragédie faisaient partie de ce groupe.
Ces trois derniers mois, le HCR a constaté une augmentation du nombre des réfugiés congolais rentrant spontanément en RDC. Il s’agit principalement de personnes arrivées en Ouganda au cours des deux ou trois dernières années et vivant relativement près de la frontière ougandaise.
La majorité de ceux qui rentrent actuellement en RDC se dirigent vers la région relativement sûre de Rutshuru, dans la province du Nord Kivu, tandis que certains rapatriés vers la région de Kamango séjourneraient dans des camps de déplacés internes.
Les réfugiés empruntent à la fois l’itinéraire par bateau via le lac Albert et les routes. Une campagne d’avertissement sur les dangers de la traversée du lac était en cours lorsque cette tragédie a eu lieu.
__________
[lePotentiel]
Lac Albert
Réfugiés sur le territoire ougandais, une centaine de Congolais ont trouvé la mort samedi dernier en tentant de traverser le lac Albert.
Cette triste nouvelle n’a pas préoccupé le gouvernement qui, durant tout le week-end, s’est offert une villégiature à Goma. Une indifférence difficile à cerner.
La République démocratique du Congo étonne. Lorsqu’ailleurs, comme en Malaisie, les gens se mobilisent pour tenter de pénétrer l’énigme sur la disparition d’un Boeing 777 transportant plus de 200 personnes de nationalités différentes, en RDC, le naufrage d’une centaine de réfugiés sur le lac Albert dans la province Orientale passe pour un fait divers.
Personne, dans l’opinion publique ou dans les rangs des dirigeants, ne s’en émeut – comme s’il était normal que des Congolais meurent, crèvent ou disparaissent dans la nature.
Pourtant, selon le dernier bilan communiqué par les autorités ougandaises, environ 113 réfugiés congolais ont été tués et plus de 40 autres ont survécu au naufrage d’un bateau survenu samedi sur le lac Albert.
Trois jours après ce drame, les autorités de la chefferie de Watalinga (Nord-Kivu) ont appelé, mardi 25 mars, le gouvernement à apporter assistance aux rescapés et aux familles des victimes. En vain.
Du côté de Kinshasa, silence radio. Les institutions de la république s’étaient délocalisées à Goma.
Apparemment, le gouvernement aurait tenu à ce que la conférence minière de la RDC ne soit perturbée pour aucune raison, fut-elle la mort d’une centaine de compatriotes avides de rentrer au bercail après un exil forcé. Constat : en RDC, la politique prend le dessus sur tout.
Or, ailleurs, pareil événement aurait créé un véritable élan de solidarité nationale.
VILLEGIATURE A GOMA
Et dire que ces Congolais, réfugiés en Ouganda, ont trouvé la mort, juste parce qu’ils ont exprimé l’envie de retourner chez eux, convaincus de la neutralisation des rebelles de l’ADF-Nalu dans leur zone de résidence.
Le drame du lac Albert interpelle autant les gouvernants que les gouvernés. Il est la marque de l’inversion des valeurs qui mine l’ensemble de la société congolaise.
Et, le gouvernement qui compte dans ses rangs un ministère en charge des Affaires sociales et humanitaires, est resté indifférent sur toute la ligne. En fait, un ministère pour rire.
Et c’est à Goma, au bord du lac Kivu que tous se sont donné rendez-vous pour faire le point d’un secteur minier, gangrené de toutes parts.
Au Congo qui se veut démocratique, le ridicule ne tue plus. Le drame du lac Albert est géré d’une manière qui fait scandale. Qui rappelle la trame du célèbre Titanic où valse et tragédie faisaient bon ménage.
Il nous revient que des Congolais se sont débrouillés avec les moyens du bord pour apporter secours aux sinistrés qui, à l’embarquement, étaient estimés à environ 250 passagers.
Certains corps en état de décomposition avancée ont été enterrés en Ouganda. Mwami Sambili de la chefferie de Watalinga d’où sont originaires la majorité des victimes, note radio Okapi, s’est organisé de son côté, tant bien que mal, pour enterrer les corps ramenés en RDC.
« C’est au niveau local que nous nous sommes efforcés d’envoyer une délégation d’aller prendre les corps au niveau de l’Ouganda et nous avons organisé les obsèques. On n’a pas de moyens maintenant pour soulager les familles éplorées », a indiqué ce chef local.
La Société civile de l’Ituri a dénoncé, indique radio Okapi, ce qu’elle considère comme l’indifférence du gouvernement face à ce drame.
«Nous pensons qu’il faut encore quelques heures pour qu’il se prononce par rapport à l’assistance à apporter aux familles des disparus. Le gouvernement doit se sentir responsabilisé dans tout ce qui est arrivé. On ne peut pas laisser mourir plus de 100 personnes de façon inaperçue. Ce sont des humains », a déclaré le président de cette structure, Me Jean-Bosco Lalo.
Ce dernier a, par ailleurs, invité l’exécutif national à décréter un deuil national en mémoire de ces réfugiés congolais qui tentaient de retourner au pays après plusieurs années passées dans un camp ougandais.
Joint mardi par radio Okapi, le ministre des Affaires sociales et Humanitaires, Charles Nawej Mundele, a promis de se prononcer dans les heures qui suivent.
LA REVOLTE
Cette indifférence du gouvernement est tellement déconcertante que le Parlement devait vite se saisir de cette question pour établir les responsabilités. Bien sûr, on peut, dans une certaine mesure, interpeller le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) qui gérait ces Congolais réfugiés en Ouganda.
On peut donc s’interroger sur le rôle exact que les agents du HCR ont joué dans ce drame. Mais, ce n’est pas pour autant que les autorités congolaises devraient se dérober face à leurs responsabilités. Il s’agit, ici, d’avoir le courage de s’assumer, à tout point de vue.
Les naufragés du lac Albert ne devaient donc pas être jetés dans le placard de l’histoire. Toutes les personnes revêtues d’un mandat public, devraient dire à l’opinion ce qui s’est réellement passé ce samedi 22 mars 2014 sur le lac Albert.
Ce triste événement rappelle malheureusement l’accident du Type-Ka en 1996, et bien d’autres crashes d’avions survenus dans le pays : Goma en 2009, Kisangani en 2011.
Tous ces dossiers n’ont jamais révélé leur vérité. Les enquêtes ont tourné court. Au point que des responsables supposés n’ont jamais été inquiétés.
Il faut rompre avec ce cycle de démission qui ternit davantage l’image de la RDC, devenu un no man’s land où tout est permis, au grand dam des Congolais.
Déclaration du HCR concernant le naufrage d’un bateau sur le lac Albert dans l’Ouest de l’Ouganda
Le HCR est choqué et attristé par le tragique naufrage d’un bateau ce week-end sur le lac Albert, entre la République démocratique du Congo et l’Ouganda, dans lequel des dizaines de réfugiés congolais, dont des enfants, sont mort noyés.
Ce bateau, ainsi qu’un autre bateau, avait quitté samedi matin le district de Hoima, situé du côté oriental du lac, avec à son bord des réfugiés vivant jusqu’alors dans l’installation de Kyangwali, mais qui avaient décidé de rentrer chez eux dans l’Est de la RDC.
L’un des bateaux a chaviré, projetant ses passagers dans la mer. Selon les informations actuelles du HCR en provenance des autorités et des réfugiés, 41 personnes ont été sauvées et 98 corps repêchés. Au moins 250 personnes se trouvaient à bord du bateau.
« Je suis profondément choqué par cette tragédie », a déclaré le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres.
« Mes pensées vont vers tous ceux qui ont perdu des êtres chers et vers les rescapés. Je tiens à exprimer ma reconnaissance envers le gouvernement et les autres acteurs qui ont lancé une opération de sauvetage et de repêchage et qui viennent en aide aux rescapés. J’ai demandé à notre bureau en Ouganda de soutenir pleinement ces efforts ».
Les rescapés ont été transportés vers le district de Bundibugyo, dans le nord-ouest de l’Ouganda, où le HCR, les responsables du gouvernement ougandais et nos partenaires leur apportent un soutien, notamment une aide psychosociale.
L’identification des victimes par les proches venus précipitamment de la République démocratique du Congo, se poursuit dans l’hôpital du district de Bundibugyo.
Le HCR et le gouvernement ougandais facilitent également le rapatriement des corps vers la RDC.
Le HCR a en outre mobilisé des ressources et du personnel d’appui, et mis en place un point d’information et de réponse au centre de transit de Bundibugyo pour soutenir les proches des rescapés.
L’Ouganda est un pays d’accueil de réfugiés très important, avec une population de demandeurs d’asile et de réfugiés s’élevant à plus de 328.900 personnes fin février.
Si la plupart des arrivées récentes proviennent du Soudan du Sud, l’Ouganda accueille toujours près de 175.500 réfugiés congolais dont 66.000 ayant fui à Bundibugyo depuis juillet pour échapper aux combats sévissant dans l’est de la RDC. Les personnes touchées par cette tragédie faisaient partie de ce groupe.
Ces trois derniers mois, le HCR a constaté une augmentation du nombre des réfugiés congolais rentrant spontanément en RDC. Il s’agit principalement de personnes arrivées en Ouganda au cours des deux ou trois dernières années et vivant relativement près de la frontière ougandaise.
La majorité de ceux qui rentrent actuellement en RDC se dirigent vers la région relativement sûre de Rutshuru, dans la province du Nord Kivu, tandis que certains rapatriés vers la région de Kamango séjourneraient dans des camps de déplacés internes.
Les réfugiés empruntent à la fois l’itinéraire par bateau via le lac Albert et les routes. Une campagne d’avertissement sur les dangers de la traversée du lac était en cours lorsque cette tragédie a eu lieu.
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