dimanche 20 avril 2014

Expulsions des citoyens de la RDC à Brazzaville : l’Assemblée nationale charge le gouvernement

le 18 avril 2014

Les députés nationaux redoutent la gestion efficiente du gouvernement dans l’affaire des expulsions des citoyens de la République démocratique du Congo à Brazzaville. 

C’est avec des mots clairs que la représentation nationale a exprimé sa colère en chargeant le gouvernement, le mercredi 16 avril, dans le cadre du contrôle parlementaire consacré aux dérapages observés lors des expulsions de citoyens de la République démocratique du Congo à Brazzaville.

Ayant saisi le ministre des Affaires étrangères, Coopération internationale et Francophonie ,au travers une question d’actualité, le député Patrick Muyaya s’est interrogé : « Notre ambassadeur en République du Congo était-il au courant de la volonté des autorités de Brazzaville de procéder à cette opération d’expulsion ? 

Si oui, quelles dispositions aviez-vous prises dès lors que vous avez été mis au courant de cette situation ? Si non, pourquoi ?

Nous avons vu des compatriotes par centaines débarquer au beach Ngobila. Aviez-vous les effectifs réels des expulsés dont certains ont fait l’objet de violences et de traitement inhumain de la part des autorités brazzavilloises ? 

Quelles dispositions avez-vous prises avec vos collègues ministres concernés, pour assurer l’accueil des compatriotes qui ont été expulsés ? 

Enfin, quels mécanismes préconisez-vous pour réduire ces expulsions qui tendent à devenir une habitude auprès des pays voisins ? »

Dans ses réponses, le vice-ministre des Affaires étrangères, Célestin Tunda ya Kasende, représentant le ministre des Affaires étrangères, Coopération internationale et Francophonie en mission, est revenu sur les faits avant de s’appesantir sur les mesures prises au niveau de l’Exécutif national.

Pour Célestin Tunda, les expulsions font suite à l’opération « Mbata ya mukolo » déclenchée par le gouvernement du Congo-Brazzaville en vue de contrôler tous les étrangers vivant dans ce pays. 

Commencé dans la nuit du vendredi 4 au samedi 5 avril, cette opération a connu des excès dans son exécution. A la place des bandits, ce sont, pour la plupart, de paisibles citoyens, enfants, femmes, jeunes filles, qui devraient payer le prix fort. 

Brutalités, extorsions de biens, vols et violences ont poussé les victimes de ces excès ainsi que d’autres, terrorisés par l’ampleur et la soudaineté de cette opération à se réfugier à l’ambassade de la RDC, à Brazzaville. L’ambassadeur lui-même n’avait pas été informé sur cette opération, a révélé le vice-ministre.

Des assurances qui ne convainquent pas

« Nombreux parmi ces compatriotes étaient même détenteurs de titres réguliers de séjour en République du Congo et s’adonnaient paisiblement à leurs activités diverses », a indiqué le vice-ministre des Affaires étrangères.

Des mesures prises : Me Tunda ya Kasende a invoqué la convocation le lundi 7 avril du chef de mission diplomatique du Congo-Brazzaville à Kinshasa pour explication ; une équipe dépêchée par le gouvernement a échangé avec les autorités de Brazzaville. 

Résultat : la suspension des expulsions massives des ressortissants de Kinshasa ; les ressortissants rd congolais ne devraient plus être inquiétés ; des experts de la RDC sont à pied d’œuvre à Brazzaville.

Les assurances du vice-ministre des Affaires étrangères n’ont pas tenu face au temps. 

En ce moment même où il déclarait devant la représentation nationale que les ressortissants rd congolais ne devraient plus être inquiétés, une nouvelle vague de Congolais refoulés de Brazzaville a été observée au beach Ngobila. 

Ce qui renforce la thèse des faiblesses du gouvernement sur la gestion de cette situation relevée par les élus du peuple. 

Le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, a été plus explicite à l’issue des interventions des élus : « Toutes les questions posées l’ont été pour nourrir le débat. Et parce qu’un travail du gouvernement est déjà en cours, il faut agir pour que le gouvernement corrige les quelques imperfections relevées ».

Pour le député national Jean-Claude Vuemba, « le gouvernement est faible et personne ne le respecte ». « C’est de l’ingratitude à outrance de la part de Brazzaville », a déclaré Jean-Baudouin Mayo. 

Pour ce dernier, la diplomatie et les relations entre les Etats est souvent une question de rapport des forces. Selon lui, c’est le gouvernement qui n’est pas à mesure de protéger ses citoyens dans les pays limitrophes.

De son côté, Henri-Thomas Lokondo a évoqué la réciprocité dans la diplomatie, avant de regretter le fait que les Congolais ne sont pas protégés diplomatiquement partout où ils vont.

En réplique, le président de l’Assemblée nationale s’est exercé à limiter les contours de la réciprocité dans la diplomatie. « La réciprocité ne peut s’exercer en matière de violation des droits de l’Homme… », a-t-il déclaré. 

Par ailleurs, si le député Franck Diongo a suggéré la constitution d’une commission parlementaire pour pallier ce qu’il a qualifié de défaillance du gouvernement, le député Emery Okundji a proposé au bureau de l’Assemblée nationale de boycotter la 22ème réunion régionale de l’APF qui aura lieu à Brazzaville en signe d’indignation.
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Pitshou Mulumba
Le Potentiel 

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