mardi 8 avril 2014
Retour sur « Le Canada dans les guerres en Afrique centrale – Génocides & Pillages des ressources minières du Congo par le Rwanda interposé » de l’analyste politique Patrick Mbeko.
Un ouvrage qui apporte un éclairage particulièrement précieux sur les dessous des interminables conflits qui déchirent le cœur de l’Afrique (le Rwanda, la République Démocratique du Congo, l’Ouganda et le Burundi) avec en arrière-fond, un pays insoupçonnable : le Canada.
Préfacé par le journaliste d’investigation Keith Harmon Snow et postfacé par l’avocat auprès du Tribunal Pénal International pour le Rwanda, Christopher Black, l’ouvrage ouvre une lorgnette sur tout ce qu’il y a de sombre au plus profond de nos respectables « sociétés démocratiques », dirigées par des personnalités au-dessus du soupçon, en apparence, mais, pour certaines d’elles, terriblement « infâmes » - et le mot est assez faible à la lumière des faits révélés.
L’enjeu est l’accaparement des gisements miniers d’un pays : la République Démocratique du Congo. Et on ne reculera devant aucun excès dans
l'horreur.
Retour sur « Le Canada dans les guerres en Afrique centrale – Génocides & Pillages des ressources minières du Congo par le Rwanda interposé » de l’analyste politique Patrick Mbeko.
Un ouvrage qui apporte un éclairage particulièrement précieux sur les dessous des interminables conflits qui déchirent le cœur de l’Afrique (le Rwanda, la République Démocratique du Congo, l’Ouganda et le Burundi) avec en arrière-fond, un pays insoupçonnable : le Canada.
Préfacé par le journaliste d’investigation Keith Harmon Snow et postfacé par l’avocat auprès du Tribunal Pénal International pour le Rwanda, Christopher Black, l’ouvrage ouvre une lorgnette sur tout ce qu’il y a de sombre au plus profond de nos respectables « sociétés démocratiques », dirigées par des personnalités au-dessus du soupçon, en apparence, mais, pour certaines d’elles, terriblement « infâmes » - et le mot est assez faible à la lumière des faits révélés.
L’enjeu est l’accaparement des gisements miniers d’un pays : la République Démocratique du Congo. Et on ne reculera devant aucun excès dans l'horreur.
En effet, lorsqu’on réfléchit sur le bilan apocalyptique de six millions des Congolais morts du fait des guerres d’agression dont le pays est l’objet, depuis 1996, l’horreur des centaines de milliers des femmes violées rassemblées autour de l’Hôpital de Panzi (Bukavu) que dirige le Docteur Denis Mukwege, la détresse des trois millions de déplacés de guerre,… le pillage des régions entières de l’Est du Congo,… il y a au moins un nom qui ne viendrait pas tout de suite à l’esprit : « le Canada ».
Ce pays si doux, habité par un peuple aimable et hospitalier, ne peut, a priori, aucunement être mêlé à ces atrocités sans nom…
Et pourtant… « Le Canada dans les guerres en Afrique centrale », de Patrick Mbeko, qui fait échos à « Noir Canada » ; d’Alain Deneault, Delphine Abadie et William Sacher, révèle l'implication économique et politique d’Ottawa dans des pays africains où perdurent des conflits armés depuis plusieurs années.
Les Canadiens seraient « intrinsèquement bons » et capables uniquement du bien. Une mystification à laquelle Patrick Mbeko et les trois auteurs avant lui, s’attaquent avec des révélations qui ne laissent personne indifférent.
L’ouvrage commence par un évènement historique qui continue de hanter les esprits au Congo, depuis un demi-siècle : l’assassinat de Patrice Lumumba.
C’est en effet un officier canadien, le lieutenant-colonel Jean André Berthiaume, qui, en décembre 1960, fournit à Mobutu les renseignements permettant de localiser puis de capturer Lumumba.
Le leader congolais avait réussi à s’exfiltrer de Kinshasa et tentait de rejoindre son bastion de Stanleyville (actuelle ville de Kisangani). Il est atrocement maltraité puis assassiné au Katanga le 17 janvier 1961.
L’auteur revient ensuite longuement sur l’instrumentalisation des conflits interethniques entre Hutus et Tutsis au Rwanda, l’histoire de l’implantation des populations rwandophones dans l’Est du Congo et décrit la genèse de la guerre du Rwanda.
Cette guerre était, finalement, la première étape d’un projet plus global de bouleversements géopolitiques en Afrique dans la foulée de la fin de la Guerre Froide.
Dans le collimateur des puissances anglo-saxonnes, la France et le Zaïre qui découvrent trop tard qu’ils ont affaire à une solide alliance militaire à laquelle le Canada s’est associé aux côtés des Etats-Unis, du Royaume-Uni et d’Israël.
Le Canada est a priori insoupçonnable. Il n’a pas la réputation d’être une puissance militaire agressive. Il n’a pas d’histoire coloniale en Afrique. Il est bilingue (francophone et anglophone).
Le profil idéal pour passer quasiment inaperçu là où les autres puissances comme les Etats-Unis ou la France se feraient facilement remarquer. Et il va en profiter à fond.
Dès les années 1990, des agents canadiens prennent une part active aux guerres secrètes qui sous-tendent les vagues des violences dont les populations du Congo et du Rwanda n’arrivent toujours pas à se remettre.
Au plus fort de la guerre du Rwanda, on remarquera la présence dans le pays des JTF2 (Joint Task Force - Forces spéciales canadiennes), une unité ultrasecrète de l'armée canadienne spécialisée dans les opérations clandestines. Le sort des Rwandais était scellé.
La « coalition » était déterminée à prendre le pouvoir à Kigali par les armes, seule façon de se projeter, deux années plus tard, à la conquête du Zaïre et de mener les bataillons tutsis jusque dans les rues de Kinshasa, à plus de deux mille kilomètre des frontières rwandaises.
Mais pourquoi le Pays de l’Erable est-il à ce point impliqué dans ces conflits particulièrement meurtriers ?
La réponse coule de l’évidence, mais encore fallait-il apporter un éclairage. En effet, le Congo est mondialement réputé pour ses immenses richesses minières.
Dès 1892, le pays fut qualifié de « scandale géologique » par le géologue belge Jules Cornet en raison, non seulement de l’immensité des réserves minières (cuivre, cobalt, diamant, or,…) mais aussi de la grande diversité des minerais dont on continue de découvrir les gisements (cas des mines de coltan révélées au déclenchement de la Première Guerre du Congo).
Or, le Canada abrite la plus grande bourse minière du monde. Plus de la moitié des investissements miniers dans le monde, se font à partir du marché canadien.
En 2005, 85% du financement par action des entreprises minières dans le monde se seraient effectués dans une place boursière canadienne.
Le gouvernement du Canada avance lui-même que 75% des sociétés minières mondiales sont chez lui. La majorité d'entre elles sont enregistrées à Toronto, la bourse mondiale de mines.
Le Congo et le Canada sont, de ce fait, deux nations qui ne pouvaient que se croiser l’une sur le chemin de l’autre. Mais cette rencontre sera atroce.
Ainsi les compagnies minières du Canada n'ont pas hésité à utiliser la violence, pour obtenir les droits d'exploitation des mines. Dans la région des Grands Lacs africains, c'est une histoire d'horreur sans précédent dans laquelle les dirigeants canadiens sont impliqués jusqu’au cou.
Depuis plus d'une décennie, Ottawa soutient un des régimes les plus effroyables de la planète : le régime de Kigali, qui mène des guerres sanglantes dans l’Est du Congo.
L’auteur décrypte les mécanismes ayant permis de mettre ces crimes à l'abri de toute critique : une terrible propagande absolument réussie, de la désinformation et un terrorisme intellectuel qui a fini par « museler » bien des gens à travers le monde.
La France, cible privilégiée du pouvoir rwandais, sera inlassablement accusée d’avoir pris part au génocide et mise systématiquement sur la défensive.
Opération quasiment réussie puisque, pendant ce temps, on ne parle pas des populations congolaises massacrées, des femmes violées dans l’Est du Congo et du pillage des ressources minières du Congo grâce auquel le Rwanda prospère économiquement et apparait, aux yeux d’une communauté internationale complice, comme un modèle de développement.
« Comment expliquer que, depuis 1994, les médias du monde entier ne cessent de marteler qu'il y a eu un génocide de 800.000 tutsis au Rwanda alors qu'un groupe d'extrémistes tutsis a déjà exterminé depuis cette date des centaines de milliers de Rwandais et aujourd'hui plus de 6 millions de Congolais ? » s'est indigné, dans l’ouvrage, le journaliste d'investigation Charles Onana.
Toujours dans l’ouvrage, le New York Times, sous la plume de Nicholas D. Kristol ajoute : « Pourtant, à ce jour, la guerre dans l'Est du Congo a non seulement duré plus longtemps que l'Holocauste, mais elle a été plus meurtrière, avec un bilan estimé à 6,9 millions de morts. Et que faisons-nous ? »
Indignée également, la congressiste américaine Cynthia Mc Kinney, qui ajoute : « Je ne comprends pas pourquoi l'Armée patriotique rwandaise (APR) massacre, pille et viole les femmes en RD Congo sans que personne s'en émeuve. Je ne comprends pas le silence de la communauté internationale à l'égard des crimes abominables perpétrés par Kagame et ses hommes. »
L’auteur revient avec de troublantes révélations sur le rôle de plusieurs personnalités canadiennes ayant servi dans la région (le général Roméo Dallaire, la Procureure du TPIR Louise Arbour, l'ancien Premier ministre canadien Joe Clark, le lieutenant-général Maurice Baril,…).
Il décrit de façon pertinente les travers des missions internationales de maintien de la paix et les dérives de la justice internationale. Parlant d’un véritable « Apartheid judiciaire » dont les Congolais sont victimes, Patrick Mbeko remet en question tout le système de la justice internationale qui, finalement, repose, à l’état actuel des choses, sur une logique mêlant cynisme et manichéisme.
D’un côté « les bons » qui échappent à la sanction pénale, quelle que soit la gravité de leurs crimes, et, de l’autre, « les méchants » qui, au moindre éternuement, se retrouvent à la Cour Pénale Internationale.
L’ouvrage s’adresse directement à la conscience des Canadiens dont les gouvernements soutiennent coûte que coûte ses sociétés minières à l'étranger, prétextant « défendre le bien public ».
L'épargne des Canadiens (fonds de retraite et de capitalisation) est, en effet, étalonnée sur les cours de l’industrie extractive responsable de violences en Afrique.
Ce droit au confort dont jouissent les Canadiens a ainsi un coût humain sans précédent qu’un peuple, victime de ses richesses minières, subit à des milliers de kilomètres du Canada.
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Boniface MUSAVULI
Retour sur « Le Canada dans les guerres en Afrique centrale – Génocides & Pillages des ressources minières du Congo par le Rwanda interposé » de l’analyste politique Patrick Mbeko.
Un ouvrage qui apporte un éclairage particulièrement précieux sur les dessous des interminables conflits qui déchirent le cœur de l’Afrique (le Rwanda, la République Démocratique du Congo, l’Ouganda et le Burundi) avec en arrière-fond, un pays insoupçonnable : le Canada.
Préfacé par le journaliste d’investigation Keith Harmon Snow et postfacé par l’avocat auprès du Tribunal Pénal International pour le Rwanda, Christopher Black, l’ouvrage ouvre une lorgnette sur tout ce qu’il y a de sombre au plus profond de nos respectables « sociétés démocratiques », dirigées par des personnalités au-dessus du soupçon, en apparence, mais, pour certaines d’elles, terriblement « infâmes » - et le mot est assez faible à la lumière des faits révélés.
L’enjeu est l’accaparement des gisements miniers d’un pays : la République Démocratique du Congo. Et on ne reculera devant aucun excès dans
l'horreur.
Retour sur « Le Canada dans les guerres en Afrique centrale – Génocides & Pillages des ressources minières du Congo par le Rwanda interposé » de l’analyste politique Patrick Mbeko.
Un ouvrage qui apporte un éclairage particulièrement précieux sur les dessous des interminables conflits qui déchirent le cœur de l’Afrique (le Rwanda, la République Démocratique du Congo, l’Ouganda et le Burundi) avec en arrière-fond, un pays insoupçonnable : le Canada.
Préfacé par le journaliste d’investigation Keith Harmon Snow et postfacé par l’avocat auprès du Tribunal Pénal International pour le Rwanda, Christopher Black, l’ouvrage ouvre une lorgnette sur tout ce qu’il y a de sombre au plus profond de nos respectables « sociétés démocratiques », dirigées par des personnalités au-dessus du soupçon, en apparence, mais, pour certaines d’elles, terriblement « infâmes » - et le mot est assez faible à la lumière des faits révélés.
L’enjeu est l’accaparement des gisements miniers d’un pays : la République Démocratique du Congo. Et on ne reculera devant aucun excès dans l'horreur.
En effet, lorsqu’on réfléchit sur le bilan apocalyptique de six millions des Congolais morts du fait des guerres d’agression dont le pays est l’objet, depuis 1996, l’horreur des centaines de milliers des femmes violées rassemblées autour de l’Hôpital de Panzi (Bukavu) que dirige le Docteur Denis Mukwege, la détresse des trois millions de déplacés de guerre,… le pillage des régions entières de l’Est du Congo,… il y a au moins un nom qui ne viendrait pas tout de suite à l’esprit : « le Canada ».
Ce pays si doux, habité par un peuple aimable et hospitalier, ne peut, a priori, aucunement être mêlé à ces atrocités sans nom…
Et pourtant… « Le Canada dans les guerres en Afrique centrale », de Patrick Mbeko, qui fait échos à « Noir Canada » ; d’Alain Deneault, Delphine Abadie et William Sacher, révèle l'implication économique et politique d’Ottawa dans des pays africains où perdurent des conflits armés depuis plusieurs années.
Les Canadiens seraient « intrinsèquement bons » et capables uniquement du bien. Une mystification à laquelle Patrick Mbeko et les trois auteurs avant lui, s’attaquent avec des révélations qui ne laissent personne indifférent.
L’ouvrage commence par un évènement historique qui continue de hanter les esprits au Congo, depuis un demi-siècle : l’assassinat de Patrice Lumumba.
C’est en effet un officier canadien, le lieutenant-colonel Jean André Berthiaume, qui, en décembre 1960, fournit à Mobutu les renseignements permettant de localiser puis de capturer Lumumba.
Le leader congolais avait réussi à s’exfiltrer de Kinshasa et tentait de rejoindre son bastion de Stanleyville (actuelle ville de Kisangani). Il est atrocement maltraité puis assassiné au Katanga le 17 janvier 1961.
L’auteur revient ensuite longuement sur l’instrumentalisation des conflits interethniques entre Hutus et Tutsis au Rwanda, l’histoire de l’implantation des populations rwandophones dans l’Est du Congo et décrit la genèse de la guerre du Rwanda.
Cette guerre était, finalement, la première étape d’un projet plus global de bouleversements géopolitiques en Afrique dans la foulée de la fin de la Guerre Froide.
Dans le collimateur des puissances anglo-saxonnes, la France et le Zaïre qui découvrent trop tard qu’ils ont affaire à une solide alliance militaire à laquelle le Canada s’est associé aux côtés des Etats-Unis, du Royaume-Uni et d’Israël.
Le Canada est a priori insoupçonnable. Il n’a pas la réputation d’être une puissance militaire agressive. Il n’a pas d’histoire coloniale en Afrique. Il est bilingue (francophone et anglophone).
Le profil idéal pour passer quasiment inaperçu là où les autres puissances comme les Etats-Unis ou la France se feraient facilement remarquer. Et il va en profiter à fond.
Dès les années 1990, des agents canadiens prennent une part active aux guerres secrètes qui sous-tendent les vagues des violences dont les populations du Congo et du Rwanda n’arrivent toujours pas à se remettre.
Au plus fort de la guerre du Rwanda, on remarquera la présence dans le pays des JTF2 (Joint Task Force - Forces spéciales canadiennes), une unité ultrasecrète de l'armée canadienne spécialisée dans les opérations clandestines. Le sort des Rwandais était scellé.
La « coalition » était déterminée à prendre le pouvoir à Kigali par les armes, seule façon de se projeter, deux années plus tard, à la conquête du Zaïre et de mener les bataillons tutsis jusque dans les rues de Kinshasa, à plus de deux mille kilomètre des frontières rwandaises.
Mais pourquoi le Pays de l’Erable est-il à ce point impliqué dans ces conflits particulièrement meurtriers ?
La réponse coule de l’évidence, mais encore fallait-il apporter un éclairage. En effet, le Congo est mondialement réputé pour ses immenses richesses minières.
Dès 1892, le pays fut qualifié de « scandale géologique » par le géologue belge Jules Cornet en raison, non seulement de l’immensité des réserves minières (cuivre, cobalt, diamant, or,…) mais aussi de la grande diversité des minerais dont on continue de découvrir les gisements (cas des mines de coltan révélées au déclenchement de la Première Guerre du Congo).
Or, le Canada abrite la plus grande bourse minière du monde. Plus de la moitié des investissements miniers dans le monde, se font à partir du marché canadien.
En 2005, 85% du financement par action des entreprises minières dans le monde se seraient effectués dans une place boursière canadienne.
Le gouvernement du Canada avance lui-même que 75% des sociétés minières mondiales sont chez lui. La majorité d'entre elles sont enregistrées à Toronto, la bourse mondiale de mines.
Le Congo et le Canada sont, de ce fait, deux nations qui ne pouvaient que se croiser l’une sur le chemin de l’autre. Mais cette rencontre sera atroce.
Ainsi les compagnies minières du Canada n'ont pas hésité à utiliser la violence, pour obtenir les droits d'exploitation des mines. Dans la région des Grands Lacs africains, c'est une histoire d'horreur sans précédent dans laquelle les dirigeants canadiens sont impliqués jusqu’au cou.
Depuis plus d'une décennie, Ottawa soutient un des régimes les plus effroyables de la planète : le régime de Kigali, qui mène des guerres sanglantes dans l’Est du Congo.
L’auteur décrypte les mécanismes ayant permis de mettre ces crimes à l'abri de toute critique : une terrible propagande absolument réussie, de la désinformation et un terrorisme intellectuel qui a fini par « museler » bien des gens à travers le monde.
La France, cible privilégiée du pouvoir rwandais, sera inlassablement accusée d’avoir pris part au génocide et mise systématiquement sur la défensive.
Opération quasiment réussie puisque, pendant ce temps, on ne parle pas des populations congolaises massacrées, des femmes violées dans l’Est du Congo et du pillage des ressources minières du Congo grâce auquel le Rwanda prospère économiquement et apparait, aux yeux d’une communauté internationale complice, comme un modèle de développement.
« Comment expliquer que, depuis 1994, les médias du monde entier ne cessent de marteler qu'il y a eu un génocide de 800.000 tutsis au Rwanda alors qu'un groupe d'extrémistes tutsis a déjà exterminé depuis cette date des centaines de milliers de Rwandais et aujourd'hui plus de 6 millions de Congolais ? » s'est indigné, dans l’ouvrage, le journaliste d'investigation Charles Onana.
Toujours dans l’ouvrage, le New York Times, sous la plume de Nicholas D. Kristol ajoute : « Pourtant, à ce jour, la guerre dans l'Est du Congo a non seulement duré plus longtemps que l'Holocauste, mais elle a été plus meurtrière, avec un bilan estimé à 6,9 millions de morts. Et que faisons-nous ? »
Indignée également, la congressiste américaine Cynthia Mc Kinney, qui ajoute : « Je ne comprends pas pourquoi l'Armée patriotique rwandaise (APR) massacre, pille et viole les femmes en RD Congo sans que personne s'en émeuve. Je ne comprends pas le silence de la communauté internationale à l'égard des crimes abominables perpétrés par Kagame et ses hommes. »
L’auteur revient avec de troublantes révélations sur le rôle de plusieurs personnalités canadiennes ayant servi dans la région (le général Roméo Dallaire, la Procureure du TPIR Louise Arbour, l'ancien Premier ministre canadien Joe Clark, le lieutenant-général Maurice Baril,…).
Il décrit de façon pertinente les travers des missions internationales de maintien de la paix et les dérives de la justice internationale. Parlant d’un véritable « Apartheid judiciaire » dont les Congolais sont victimes, Patrick Mbeko remet en question tout le système de la justice internationale qui, finalement, repose, à l’état actuel des choses, sur une logique mêlant cynisme et manichéisme.
D’un côté « les bons » qui échappent à la sanction pénale, quelle que soit la gravité de leurs crimes, et, de l’autre, « les méchants » qui, au moindre éternuement, se retrouvent à la Cour Pénale Internationale.
L’ouvrage s’adresse directement à la conscience des Canadiens dont les gouvernements soutiennent coûte que coûte ses sociétés minières à l'étranger, prétextant « défendre le bien public ».
L'épargne des Canadiens (fonds de retraite et de capitalisation) est, en effet, étalonnée sur les cours de l’industrie extractive responsable de violences en Afrique.
Ce droit au confort dont jouissent les Canadiens a ainsi un coût humain sans précédent qu’un peuple, victime de ses richesses minières, subit à des milliers de kilomètres du Canada.
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Boniface MUSAVULI
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