19/04/2014
Celestin KANYAMA
Malgré la proclamation constitutionnelle selon laquelle "la personne humaine est sacrée" et que "l’Etat a l’obligation de la respecter et de la protéger" (article 18-1), le respect de la vie et de la dignité de la personne humaine reste un principe méconnu par les forces dites de sécurité du Congo démocratique.
Dispensées de tout contrôle démocratique ou judiciaire sous le fallacieux prétexte qu’elles relèvent de la Présidence de la République, les "forces de sécurité" bénéficient d’une impunité quasi-totale.
Dans un communiqué daté du 14 avril 2014, l’association de défense des droits humains "La Voix des Sans Voix pour les droits de l’Homme" (VSV) se dit "profondément consternée et choquée" suite à la mort en détention, lundi 07 avril, de monsieur Mpawudi Manzanza Doris, âgé de 32 ans. Il est décédé dans un cachot de la Police nationale congolaise au Camp Lufungula.
Vendeur à la criée au petit marché de l’UPN (Université pédagogique nationale), "Doris", a été "enlevé" - autrement dit, arrêté sans mandat - le jeudi 03 avril.
Que lui reproche-t-on? Mystère. A en croire la VSV, sieur Mpawudi a été dépouillé de quelques articles qu’il vendait avant d’être embarqué à bord d’une Jeep de la police. Destination: cachot du Camp Lufungula. Il semble que ce genre de scène n’attire même plus l’attention des Kinois.
"Samedi 05 et dimanche 06 avril, sa mère et son épouse lui ont rendu visite pour lui apporter la nourriture, relate l’association. De retour sur le lieu lundi 07 avril, la famille apprendra que Mpawudi et d’autres co-détenus ont été transférés au Parquet".
Après des recherches, le corps sans vie de ce jeune homme a été retrouvé à la morgue centrale de Kinshasa. Qui l’a tué? Pourquoi?
Pour la VSV, il n’ y a pas l’ombre d’un doute : "Doris" a fait l’objet de "traitements cruels, inhumains ou dégradants". A l’appui de cette thèse, l’association soutient que "la dépouille mortelle de la victime présentait des traces du sang coagulé bouchant son nez". Par ailleurs, les deux bras portaient, au niveau des coudes, "des traces de liens ou cordes".
D’autre part, l’association relève qu’une réquisition à médecin et expert n°035/2014 du 07 avril 2014 signée par le Sous-Commissaire Principal Ndongu Joachim, OPJ à compétence générale et adressée au médecin légiste de l’HGRK lui demandant “d’examiner le nommé Doris tombé malade et perdant connaissance …’’.
Curieusement, sur le billet de transfert n°0297 émis le 08 avril 2014, de la Morgue centrale de Kinshasa, il y est indiqué que le corps du défunt Mpawudi Manzanza Doris, admis le 07 avril 2014, est "arrivé mort".
Plus grave, la famille n’a pas été informée de cette issue tragique.
La VSV de rappeler qu’en 2009, plusieurs détenus dans les mêmes cachots du Camp Lufungula avaient trouvé la mort dans des circonstances non élucidées à ce jour.
"Aucun rapport d’enquête sur ce drame n’a jamais été présenté officiellement pour établir les responsabilités et sanctionner les coupables, en vue de lutter effectivement contre l’impunité".
L’association invite le gouvernement congolais à "diligenter une enquête indépendante" sur les circonstances exactes de la mort de M. Mpawudi, ordonner "l’autopsie du corps de la victime" et engager des poursuites à l’encontre des auteurs et commanditaires de l’enlèvement.
On espère que cette fois la demande de la VSV sera entendue dans ce pays où l’appareil judiciaire est devenu une sorte d’appendice de la Présidence de la République.
[B.A.W]
Ci-après le texte intégral du communiqué de la VSV :
COMMUNIQUE DE PRESSE N°017/RDC/VSV/CE/2014
Kinshasa: Encore un décès suspect dans le cachot de la police nationale congolaise au camp Lufungula
La Voix des Sans Voix pour les droits de l’homme (VSV) est profondément consternée et choquée par la mort en détention depuis lundi 07 avril 2014 vers 7h00, de monsieur Mpawudi Manzanza Doris, âgé de 32 ans, décès survenu dans le cachot (amigo) du district de Lukunga de la Police Nationale Congolaise (PNC) sis, Camp Lufungula, à Kinshasa/Lingwala en République Démocratique du Congo (RDCongo).
M. Mpawudi Manzanza Doris, vendeur à la criée de son état a fait l’objet d’enlèvement jeudi 03 avril 2014, aux alentours du petit marché de l’UPN à Kinshasa/Ngaliema de la part des policiers qui ont extorqué ses articles avant de l’embarquer à bord d’une jeep de la police et de l’acheminer au cachot du Camp Lufungula où il a été placé en détention.
Samedi 05 et dimanche 06 avril 2014, sa mère et son épouse lui ont rendu visite pour lui apporter la nourriture.
De retour sur le lieu lundi 07 avril 2014, la famille apprend que M. Mpawudi Manzanza Doris et d’autres co-détenus ont été transférés au Parquet.
Les recherches effectuées auprès des instances judiciaires le même jour par la famille pour localiser l’intéressé se sont révélées infructueuses, et ce, avant de découvrir le même jour dans la soirée que le corps de la victime se trouvait à la Morgue Centrale de Kinshasa, sise Hôpital Général de Référence de Kinshasa (HGRK, ex Hôpital Mama Yemo) à Kinshasa/Gombe.
La dépouille mortelle de la victime présentait des traces du sang coagulé bouchant son nez. Ses deux bras au niveau des coudes portaient également des traces de liens ou cordes.
Il revient à la VSV qu’une réquisition à médecin et expert n°035/2014 du 07 avril 2014 signée par le Sous-Commissaire Principal Ndongu Joachim, OPJ à compétence générale et adressée au médecin légiste de l’HGRK lui demandant “d’examiner le nommé Doris tombé malade et perdant connaissance …’’.
Curieusement, sur le billet de transfert n°0297 émis le 08 avril 2014, de la Morgue Centrale de Kinshasa, il y est indiqué que le corps du défunt Mpawudi Manzanza Doris, admis le 07 avril 2014, est “arrivé mort’’.
…/…
Selon les informations parvenues à la VSV, juste après le transfert de la dépouille mortelle de la victime du camp Lufungula à la morgue, toutes les autres personnes qui se trouvaient en détention au cachot du Camp Lufungula ont été promptement relâchées, probablement pour tenter d’effacer les traces des circonstances du décès de la victime. La famille n’avait pas été informée de la mort tragique de M. Mpawudi Manzanza Doris.
En tout état de cause, il convient de relever qu’en 2009, plusieurs personnes détenues dans les mêmes cachots du Camp Lufungula avaient trouvé la mort dans des circonstances non encore élucidées jusqu’à ce jour.
Aucun rapport d’enquête sur ce drame n’a jamais été présenté officiellement pour établir les responsabilités et sanctionner les coupables, en vue de lutter effectivement contre l’impunité.
Eu égard à ce qui précède, la VSV invite le gouvernement rdcongolais de :
- diligenter dans un plus bref délais une enquête indépendante en vue de déterminer les circonstances exactes de la mort de M. Mpawudi Manzanza Doris entre les mains de la police ;
- ordonner toutes affaires cessantes, l’autopsie du corps de la victime afin de déterminer les causes réelles et exactes qui ont conduit à son décès ;
- poursuivre les auteurs et commanditaires de l’enlèvement, des actes de torture et peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants infligés à la victime afin qu’ils répondent de leurs actes devant la loi ;
- procéder à l’indemnisation de la famille pour les préjudices subis.
Fait à Kinshasa, le 14 avril 2014.
LA VOIX DES SANS VOIX POUR LES DROITS DE L’HOMME (VSV)
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© KongoTimes
Celestin KANYAMA
Malgré la proclamation constitutionnelle selon laquelle "la personne humaine est sacrée" et que "l’Etat a l’obligation de la respecter et de la protéger" (article 18-1), le respect de la vie et de la dignité de la personne humaine reste un principe méconnu par les forces dites de sécurité du Congo démocratique.
Dispensées de tout contrôle démocratique ou judiciaire sous le fallacieux prétexte qu’elles relèvent de la Présidence de la République, les "forces de sécurité" bénéficient d’une impunité quasi-totale.
Dans un communiqué daté du 14 avril 2014, l’association de défense des droits humains "La Voix des Sans Voix pour les droits de l’Homme" (VSV) se dit "profondément consternée et choquée" suite à la mort en détention, lundi 07 avril, de monsieur Mpawudi Manzanza Doris, âgé de 32 ans. Il est décédé dans un cachot de la Police nationale congolaise au Camp Lufungula.
Vendeur à la criée au petit marché de l’UPN (Université pédagogique nationale), "Doris", a été "enlevé" - autrement dit, arrêté sans mandat - le jeudi 03 avril.
Que lui reproche-t-on? Mystère. A en croire la VSV, sieur Mpawudi a été dépouillé de quelques articles qu’il vendait avant d’être embarqué à bord d’une Jeep de la police. Destination: cachot du Camp Lufungula. Il semble que ce genre de scène n’attire même plus l’attention des Kinois.
"Samedi 05 et dimanche 06 avril, sa mère et son épouse lui ont rendu visite pour lui apporter la nourriture, relate l’association. De retour sur le lieu lundi 07 avril, la famille apprendra que Mpawudi et d’autres co-détenus ont été transférés au Parquet".
Après des recherches, le corps sans vie de ce jeune homme a été retrouvé à la morgue centrale de Kinshasa. Qui l’a tué? Pourquoi?
Pour la VSV, il n’ y a pas l’ombre d’un doute : "Doris" a fait l’objet de "traitements cruels, inhumains ou dégradants". A l’appui de cette thèse, l’association soutient que "la dépouille mortelle de la victime présentait des traces du sang coagulé bouchant son nez". Par ailleurs, les deux bras portaient, au niveau des coudes, "des traces de liens ou cordes".
D’autre part, l’association relève qu’une réquisition à médecin et expert n°035/2014 du 07 avril 2014 signée par le Sous-Commissaire Principal Ndongu Joachim, OPJ à compétence générale et adressée au médecin légiste de l’HGRK lui demandant “d’examiner le nommé Doris tombé malade et perdant connaissance …’’.
Curieusement, sur le billet de transfert n°0297 émis le 08 avril 2014, de la Morgue centrale de Kinshasa, il y est indiqué que le corps du défunt Mpawudi Manzanza Doris, admis le 07 avril 2014, est "arrivé mort".
Plus grave, la famille n’a pas été informée de cette issue tragique.
La VSV de rappeler qu’en 2009, plusieurs détenus dans les mêmes cachots du Camp Lufungula avaient trouvé la mort dans des circonstances non élucidées à ce jour.
"Aucun rapport d’enquête sur ce drame n’a jamais été présenté officiellement pour établir les responsabilités et sanctionner les coupables, en vue de lutter effectivement contre l’impunité".
L’association invite le gouvernement congolais à "diligenter une enquête indépendante" sur les circonstances exactes de la mort de M. Mpawudi, ordonner "l’autopsie du corps de la victime" et engager des poursuites à l’encontre des auteurs et commanditaires de l’enlèvement.
On espère que cette fois la demande de la VSV sera entendue dans ce pays où l’appareil judiciaire est devenu une sorte d’appendice de la Présidence de la République.
[B.A.W]
Ci-après le texte intégral du communiqué de la VSV :
COMMUNIQUE DE PRESSE N°017/RDC/VSV/CE/2014
Kinshasa: Encore un décès suspect dans le cachot de la police nationale congolaise au camp Lufungula
La Voix des Sans Voix pour les droits de l’homme (VSV) est profondément consternée et choquée par la mort en détention depuis lundi 07 avril 2014 vers 7h00, de monsieur Mpawudi Manzanza Doris, âgé de 32 ans, décès survenu dans le cachot (amigo) du district de Lukunga de la Police Nationale Congolaise (PNC) sis, Camp Lufungula, à Kinshasa/Lingwala en République Démocratique du Congo (RDCongo).
M. Mpawudi Manzanza Doris, vendeur à la criée de son état a fait l’objet d’enlèvement jeudi 03 avril 2014, aux alentours du petit marché de l’UPN à Kinshasa/Ngaliema de la part des policiers qui ont extorqué ses articles avant de l’embarquer à bord d’une jeep de la police et de l’acheminer au cachot du Camp Lufungula où il a été placé en détention.
Samedi 05 et dimanche 06 avril 2014, sa mère et son épouse lui ont rendu visite pour lui apporter la nourriture.
De retour sur le lieu lundi 07 avril 2014, la famille apprend que M. Mpawudi Manzanza Doris et d’autres co-détenus ont été transférés au Parquet.
Les recherches effectuées auprès des instances judiciaires le même jour par la famille pour localiser l’intéressé se sont révélées infructueuses, et ce, avant de découvrir le même jour dans la soirée que le corps de la victime se trouvait à la Morgue Centrale de Kinshasa, sise Hôpital Général de Référence de Kinshasa (HGRK, ex Hôpital Mama Yemo) à Kinshasa/Gombe.
La dépouille mortelle de la victime présentait des traces du sang coagulé bouchant son nez. Ses deux bras au niveau des coudes portaient également des traces de liens ou cordes.
Il revient à la VSV qu’une réquisition à médecin et expert n°035/2014 du 07 avril 2014 signée par le Sous-Commissaire Principal Ndongu Joachim, OPJ à compétence générale et adressée au médecin légiste de l’HGRK lui demandant “d’examiner le nommé Doris tombé malade et perdant connaissance …’’.
Curieusement, sur le billet de transfert n°0297 émis le 08 avril 2014, de la Morgue Centrale de Kinshasa, il y est indiqué que le corps du défunt Mpawudi Manzanza Doris, admis le 07 avril 2014, est “arrivé mort’’.
…/…
Selon les informations parvenues à la VSV, juste après le transfert de la dépouille mortelle de la victime du camp Lufungula à la morgue, toutes les autres personnes qui se trouvaient en détention au cachot du Camp Lufungula ont été promptement relâchées, probablement pour tenter d’effacer les traces des circonstances du décès de la victime. La famille n’avait pas été informée de la mort tragique de M. Mpawudi Manzanza Doris.
En tout état de cause, il convient de relever qu’en 2009, plusieurs personnes détenues dans les mêmes cachots du Camp Lufungula avaient trouvé la mort dans des circonstances non encore élucidées jusqu’à ce jour.
Aucun rapport d’enquête sur ce drame n’a jamais été présenté officiellement pour établir les responsabilités et sanctionner les coupables, en vue de lutter effectivement contre l’impunité.
Eu égard à ce qui précède, la VSV invite le gouvernement rdcongolais de :
- diligenter dans un plus bref délais une enquête indépendante en vue de déterminer les circonstances exactes de la mort de M. Mpawudi Manzanza Doris entre les mains de la police ;
- ordonner toutes affaires cessantes, l’autopsie du corps de la victime afin de déterminer les causes réelles et exactes qui ont conduit à son décès ;
- poursuivre les auteurs et commanditaires de l’enlèvement, des actes de torture et peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants infligés à la victime afin qu’ils répondent de leurs actes devant la loi ;
- procéder à l’indemnisation de la famille pour les préjudices subis.
Fait à Kinshasa, le 14 avril 2014.
LA VOIX DES SANS VOIX POUR LES DROITS DE L’HOMME (VSV)
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