le 12 avril 2014
Autres temps, autres mœurs…
A l’heure actuelle, le miel, cette substance sirupeuse produite par les abeilles avec le nectar des fleurs, est recherchée par ceux qui vivent sous la hantise de l’empoisonnement.
Le miel est prisé depuis l’époque de nos aïeux à cause de son goût succulent. Autres temps, autres meurs…
Aujourd’hui, il règne une méfiance totale entre beaucoup de pseudos-amis, c’est-à-dire des gens qui se côtoient par intérêt et traitant certaines affaires, aussi bien politiques que commerciales.
Les armes à feu étant trop compromettantes, certains auraient donc recours au poison pour éliminer ceux qui sont gênants.
Devant cette nouvelle réalité de la vie, les plus prudents ont trouvé une parade efficace : le miel. En effet, il paraît qu’il a beaucoup de vertus et un antidote efficace contre l’empoisonnement.
Les plus heureux sont ceux qui le commercialisent. En effet, des gens achètent des bidons de 5 litres ou des bouteilles de 72 centilitres qu’ils gardent jalousement chez eux. Et pour parer à tout, il y en a qui trimballent des fioles de miel dans leurs poches, surtout qu’on ne sait jamais…
Il faudrait dire qu’auparavant, cela ne figurait nullement dans les us et coutumes des Kinois. Mais ce nouveau mode de vie - où des hommes sans cœur mettent facilement fin à la vie de leurs semblables - a fait son apparition avec l’arrivée de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL).
En clair, c’est une manie importée de l’Est où la vie humaine semble banalisée.
Mais comme le pire peut subvenir à tout moment, même les habitudes ont changé dans la société. Depuis la propagation des rumeurs selon lesquelles on peut empoisonner quelqu’un tout simplement en lui serrant la main, ceux qui sont sur leurs gardes ne saluent plus les gens à chaude poignée de mains.
Ceux qui serrent la main aux autres par politesse vont vite se laver avec des savons antiseptiques avant de mettre la main à la bouche.
Gauchers pour la circonstance
Les plus astucieux sont devenus subitement gauchers. C’est-à-dire qu’ils ont trouvé l’ingénieuse idée de saluer leurs interlocuteurs avec la main droite et de se servir de la main gauche pour mettre quelque chose dans la bouche.
Il se dit à ce sujet qu’un grand homme d’affaires du pays avait déjà opté pour cette pratique. Mais il a fini quand même par mourir quelque part à Bruxelles.
Même dans les terrasses et bistrots, la méfiance est de mise. Les verres ne sont plus utilisés. Hormis quelques conservateurs, les viveurs ne boivent qu’au goulot.
On observe certaines scènes où lorsque quelqu’un se déplace pour se soulager, à son retour il échange carrément sa bouteille avec celle de son voisin de table.
Mais de fois, cela arrive à offusquer son vis-à-vis. Parfois, celui qui a la poche bien garnie achète tout simplement une nouvelle bouteille de bière, en abandonnant la première pleine aux trois quarts.
Comme on le voit, ces habitudes dont on a eu vent sous l’ère Mobutu dans les sphères politiques, est aujourd’hui ancrée dans la masse.
Jadis, en effet, il y a eu quelques anecdotes intéressantes comme cela de ce grand prélat fiché comme l’homme de la soirée à empoisonner. Mais fleurant le danger à son retour, il a tout bonnement échangé son couvert déjà travaillé avec celui d’un homme politique. Et ce dernier aurait trépassé quelques jours après.
En son temps, on a aussi parlé d’un homme politique, ancien ambassadeur et même gouverneur de la ville, qui avait feint de tomber malade et qui s’est affalé sur le pavé pour ne pas goûter au mets qu’il soupçonnait contenir du poison.
Comme dit plus haut, les nouvelles en provenance de l’Est ne sont pas rassurantes. En effet, il y est fait souvent état des gens qui meurent par empoisonnement. Et là, les jolies filles seraient passées maîtresses en cet art.
Selon ce qui se raconte, ce sont des tueuses à gage qui font semblant de tomber amoureuses des imprudents. Et dès que l’homme mord à l’appât, on le retrouve raide-mort le lendemain.
Heureusement qu’à Kinshasa, il y a le miel. Mais combien de veinards ayant avalé du poison en ont fait l’expérience. Difficile de répondre, du fait que les statistiques sont difficiles à établir… surtout qu’en RDC, on n’a pas la culture des statistiques.
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Donatien Ngandu Mupompa
Le Potentiel
Autres temps, autres mœurs…
A l’heure actuelle, le miel, cette substance sirupeuse produite par les abeilles avec le nectar des fleurs, est recherchée par ceux qui vivent sous la hantise de l’empoisonnement.
Le miel est prisé depuis l’époque de nos aïeux à cause de son goût succulent. Autres temps, autres meurs…
Aujourd’hui, il règne une méfiance totale entre beaucoup de pseudos-amis, c’est-à-dire des gens qui se côtoient par intérêt et traitant certaines affaires, aussi bien politiques que commerciales.
Les armes à feu étant trop compromettantes, certains auraient donc recours au poison pour éliminer ceux qui sont gênants.
Devant cette nouvelle réalité de la vie, les plus prudents ont trouvé une parade efficace : le miel. En effet, il paraît qu’il a beaucoup de vertus et un antidote efficace contre l’empoisonnement.
Les plus heureux sont ceux qui le commercialisent. En effet, des gens achètent des bidons de 5 litres ou des bouteilles de 72 centilitres qu’ils gardent jalousement chez eux. Et pour parer à tout, il y en a qui trimballent des fioles de miel dans leurs poches, surtout qu’on ne sait jamais…
Il faudrait dire qu’auparavant, cela ne figurait nullement dans les us et coutumes des Kinois. Mais ce nouveau mode de vie - où des hommes sans cœur mettent facilement fin à la vie de leurs semblables - a fait son apparition avec l’arrivée de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL).
En clair, c’est une manie importée de l’Est où la vie humaine semble banalisée.
Mais comme le pire peut subvenir à tout moment, même les habitudes ont changé dans la société. Depuis la propagation des rumeurs selon lesquelles on peut empoisonner quelqu’un tout simplement en lui serrant la main, ceux qui sont sur leurs gardes ne saluent plus les gens à chaude poignée de mains.
Ceux qui serrent la main aux autres par politesse vont vite se laver avec des savons antiseptiques avant de mettre la main à la bouche.
Gauchers pour la circonstance
Les plus astucieux sont devenus subitement gauchers. C’est-à-dire qu’ils ont trouvé l’ingénieuse idée de saluer leurs interlocuteurs avec la main droite et de se servir de la main gauche pour mettre quelque chose dans la bouche.
Il se dit à ce sujet qu’un grand homme d’affaires du pays avait déjà opté pour cette pratique. Mais il a fini quand même par mourir quelque part à Bruxelles.
Même dans les terrasses et bistrots, la méfiance est de mise. Les verres ne sont plus utilisés. Hormis quelques conservateurs, les viveurs ne boivent qu’au goulot.
On observe certaines scènes où lorsque quelqu’un se déplace pour se soulager, à son retour il échange carrément sa bouteille avec celle de son voisin de table.
Mais de fois, cela arrive à offusquer son vis-à-vis. Parfois, celui qui a la poche bien garnie achète tout simplement une nouvelle bouteille de bière, en abandonnant la première pleine aux trois quarts.
Comme on le voit, ces habitudes dont on a eu vent sous l’ère Mobutu dans les sphères politiques, est aujourd’hui ancrée dans la masse.
Jadis, en effet, il y a eu quelques anecdotes intéressantes comme cela de ce grand prélat fiché comme l’homme de la soirée à empoisonner. Mais fleurant le danger à son retour, il a tout bonnement échangé son couvert déjà travaillé avec celui d’un homme politique. Et ce dernier aurait trépassé quelques jours après.
En son temps, on a aussi parlé d’un homme politique, ancien ambassadeur et même gouverneur de la ville, qui avait feint de tomber malade et qui s’est affalé sur le pavé pour ne pas goûter au mets qu’il soupçonnait contenir du poison.
Comme dit plus haut, les nouvelles en provenance de l’Est ne sont pas rassurantes. En effet, il y est fait souvent état des gens qui meurent par empoisonnement. Et là, les jolies filles seraient passées maîtresses en cet art.
Selon ce qui se raconte, ce sont des tueuses à gage qui font semblant de tomber amoureuses des imprudents. Et dès que l’homme mord à l’appât, on le retrouve raide-mort le lendemain.
Heureusement qu’à Kinshasa, il y a le miel. Mais combien de veinards ayant avalé du poison en ont fait l’expérience. Difficile de répondre, du fait que les statistiques sont difficiles à établir… surtout qu’en RDC, on n’a pas la culture des statistiques.
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Donatien Ngandu Mupompa
Le Potentiel
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