lundi 26 mai 2014

Comprendre les enjeux géopolitiques sous-jacents des expulsions des «zaïrois»

17 mai, 2014

L’expulsion des RD Congolais : l’arbre qui cache la forêt de la stratégie Kabila-Sassou ?



Si Kinshasa observe un mutisme diplomatique incompréhensible sur l’expulsion des ressortissants « zaïrois »[1] au Congo-Brazzaville, plusieurs analystes des deux Congo contactés par DESC sont unanimes pour avancer la thèse d’une complaisance du pouvoir de Kinshasa avec les autorité de la République du Congo voisine. 

Ne dit-on as que qui ne dit mot consent ? D’autres expliquent cette indifférence des autorités congolaises face à cette situation humanitaire de grande ampleur par le fait que Kabila déteste les kinois. 

Ces derniers ne l’ont jamais adopté et l’ont manifesté en 2006 (14,7 % à Kinshasa au 1er tour), et 2011 (avec 28,15% des suffrages), malgré des moyens financiers colossaux consentis pour vendre son image (Avec Raïs 100% sûr) et des tripatouillages électoraux opérés pour limiter les dégâts de son rejet par une population kinoise frondeuse très hostile à sa personne et une cohorte de griots de service chantant des cantiques de louange sur tous les médias publics réquisitionnés pour le besoin de sa cause (perdue).

Une diplomatie des deux poids deux mesures selon qu’il s’agit des Tutsi ou des Kinois



Alors que plusieurs dizaines de milliers des RD Congolais s’entassent dans des sites improvisés de la capitale, à ce jour, celui censé être le père de la nation congolaise ne manifeste aucun acte de compassion envers ces refoulés. 

Il préfère accueillir, à moins de 5 Km de là et en grandes pompes, son homologue tanzanien, le président Jakaya Kikwete. L’indifférence et le profil bas diplomatiques affichés par le régime congolais frisent l’infamie et une humiliation nationale.

Pourtant, il y a quelques mois, en juillet 2013 puis après la débâcle du M23, le président Kabila a fait preuve d’une hyperactivité diplomatique débordante lorsqu’il s’agissait de trouver une solution politique et diplomatique à ses ex-frères d’armes du M23 en difficulté, jusqu’à les ressusciter politiquement, en leur accordant une amnistie, alors que défaits militairement. 

Nous l’avions constaté dans une analyse intitulée : « Etrange ballet diplomatique au moment où les FARDC dominent le M23[2] ».

Dans cette analyse, nous nous posions la question de savoir « comment interpréter ce ballet diplomatique, de juillet 2013, au moment où sur le terrain militaire dans le nord Kivu, les troupes loyalistes congolaises infligent une série de revers militaires au M23 soutenu par le Rwanda et l’Ouganda, d’après plusieurs rapports d’experts de l’ONU.

Si dans certains milieux politiques congolais, ces activités sont saluées et applaudies comme un succès diplomatique pour le président Kabila, au niveau des analystes, la question qu’on se pose est pourquoi subitement cette effervescence diplomatique au moment où la situation militaire semble favorable au Congo et défavorable au M23 et ses parrains rwandais et ougandais ? »

Rapprochement stratégique entre Sassou, Kabila et Kagame

Sassou est actuellement mis sur le banc des accusés par l’Elysée, le vrai propriétaire et occupant du Congo-Brazzaville, l’un des derniers protectorats français tropicaux´ avec le Gabon, la Cote d’Ivoire, le Togo et Burkina fasso. 

L’Histoire des procès des biens mal acquis semble être l’alibi qui pousse le vieux « Otshombe » vers la porte de sortie. 

Ainsi, pour contourner le verrou diplomatique français, il est allé frapper à la porte de Kigali pour que Kagame plaide sa cause auprès des Etats-Unis, la seule puissance mondiale capable de contourner la France dans sa zone de chasse gardée en Afrique comme ce fut le cas au Rwanda en 1994 et en RDC en 1996. 

Cela s’est traduit par un rapprochement stratégique étonnant entre Brazzaville et Kigali dans une stratégie de mettre la RDC en étau. En effet, depuis la veille des élections congolaise de novembre 2011, les relations bilatérales entre la République du Congo et le Rwanda se sont intensifiées, notamment par des échanges commerciaux et l’ouverture d’une ligne aérienne Kigali-Brazzaville-Libreville par la Compagnie rwandaise de navigation aérienne, la Rwandair Express. 

Et le Rwanda a compris qu’une manière de séduire politiquement Brazzaville à défendre sa cause belliciste au Congo, passe par les arguments économiques.

L’analyste Boniface Musavuli est revenu là-dessus dans son analyse du modus operandi militaire du Rwanda dans sa guerre d’occupation de la RDC par procuration à l’AFDL[3], se référant au décryptage opéré dans l’ouvrage Les armées au Congo-Kinshasa. 

Musavuli l’a bien décrit en ces mots : «… Les « stratèges militaires du Congo-Kinshasa » seraient ainsi bien inspirés d’ajouter le Congo-Brazza sur la liste des pays dont la frontière commune (2.410 km) mérite une attention accrue. 

Il est encore trop tôt d’établir un lien entre les expulsions des ressortissants du Congo Kinshasa par les autorités du Congo-Brazzaville et le péril sur la Patrie de Lumumba qui prend forme sur l’axe Kigali-Bangui-Brazzaville. 

En tout cas, si la coopération militaire entre Kigali et Brazzaville, maquillée en convoyage des denrées agricoles, se confirme, les stratèges de Kigali auront réussi de main de maître, à l’échelle régionale, ce qui a toujours fait, selon les experts militaires, leur force sur les champs de bataille : encercler une cible (ville, village, base ennemie), mener des infiltrations puis passer à l’attaque. »

Ainsi, pour compléter Musavuli, pour l’axe Kigali-Bangui-Brazzaville ne vise pas seulement à isoler militairement Kinshasa mais surtout à y maintenir un régime favorable au projet rwandais en RDC. 

Non seulement Kigali est parvenu à s’allier avec Sassou, mais aussi à infiltrer le dispositif sécuritaire du Congo-Brazzaville par l’entremise de Kabila qui a pratiquement acheté tous les généraux autour de Sassou (Ndeguet, Dabira, le très spécial Jean-Dominique Okemba, etc.) qui travaillent désormais pour Kabila car étant rémunérés également par le pouvoir de Kinshasa. 

De plus, tous ces hauts cadres du Congo-Brazza dont le régime expulse les « zaïrois », ont chacune au-moins une maîtresse zaïroise lorsqu’elles ne sont pas Tutsi.

Le rapprochement Sassou Kabila a en outre permis aux services de renseignement congolais, d’opérer depuis 2011, des expéditions punitives nocturnes au Congo-Brazza, sous la supervision de leurs homologues d’outre pool, à l’encontre des opposants de Kabila (Ex-FAZ, Enyeles, Munene et sa bande) et autres anciens ex-FAR rwandais exilés chez Sassou. 

C’est dans ce cadre précis que plusieurs contacts proches de Udjani, le chef des Enyeles, expliquent le guet-apens tenu contre leur chef.

André Okombi Salissa, l’homme qui donne des cauchemars à Sassou



Ce quinquagénaire, ingénieur civil diplômé de l’institut polytechnique de Karkov en Ukraine, Secrétaire permanent et membre éminent du bureau politique du PCT, le parti quasi état au pouvoir au Congo Brazzaville et député national de Lékana (un district du département des Plateaux situé dans le centre du Congo) est en passe de devenir le tsunami politique qui emportera, d’un trait, le pouvoir décadent du maître de Oyo, miné par la maladie et par un régime récusé par la France pour de nombreux faits de corruption et par la population pour ses méthodes féodales.

Ministre de Denis Sassou Nguesso, de 1997 à fin 2012, éminent membre du bureau politique du PCT (Parti Congolais du Travail), le parti au pouvoir depuis 1997, le député André Okombi Salissa, retenez bien ce nom, se positionne comme le prochain successeur de l’actuel homme fort du Congo-Brazzavile. 

Okombi est également ancien Coordonnateur du Conseil central de l’ex-CADD-MJ, un mouvement de la jeunesse très influent affilié au sein du PCT, .

La Constitution interdit à Sassou de se représenter à l’élection présidentielle de 2016. Celui que d’aucuns considèrent comme « l’enfant terrible » du paysage politique congolais, en a les atouts, la capacité et la stature. 

Il est le seul à avoir dit tout haut ce que tout monde dit bas en se prononçant ouvertement sur le départ de Sassou en 2016 ou avant, en mars 2013. Une déclaration (de guerre ?) mal ressentie par Sassou qui n’imaginait donc pas que la contestation la plus farouche à sa gestion ethnique et patrimonialiste viendrait de son propre camp politique, et encore moins d’un de ses protégés, André Okombi Salissa. 

Désemparé dans une situation de fin de règne, Sassou ne sait plus où donner la tête et se met, tel Hérode à l‘annonce de la naissance du Christ le roi des Juifs, à opérer des expéditions punitives dans la région des Batéké, fief de Okombi et du malheureux Colonel Ntsourou dont on dit avoir recruté les Enyeles pour se débarrasser de Sassou. 

Furieux, Sassou opère également des purges au sein de son propre parti, le PCT, où la majorité des « jeunes loups » et plusieurs caciques » se rangent discrètement derrière celui qu’ils appellent « le camarade André ».

Dans sa mise en garde à Sassou, André Okombi appelle tous les congolais au « sursaut national » au moment où son pays, « le Congo-Brazzaville est à la fin d’un cycle de son histoire… » en martelant que « le temps d’une autre génération est venu ». 

Serein, il avait déclaré dans une interview que ceux qui iront contre la démocratie nous trouveront sur leur chemin. Et l’homme y travaille sérieusement nous dit-on en disant qu’il réfléchit à l’avenir de son pays, ce qui est normal pour tout Congolais.

Ce ressortissant Téké dispose de plusieurs atouts qui feront pratiquement de lui le Macky Sall du Congo-Brazzaville en 2016, voire avant. Au Congo-Brazzaville, le département des Plateaux, fief des Batéké est une région stratégique sur le plan géopolitique. 

La position géographique centrale de leur implantation régionale leur confèrent un rôle géopolitique extrêmement important au Congo-Brazza et de faire le pont et le relais entre les deux pôles ennemis, la Cuvette (fief des Bangala) au nord et le Pool (fief des Bakongo) au Sud. Une inimitié qui a débouché à la guerre civile de 1997 entre Sassou (du nord) et Lissouba du sud.

Fort et conscient de ce rôle, Okombi semble exploiter ce potentiel géopolitique à son profit pour travailler, telle une courroie de transmission, en vue de la stabilité du Congo. Les Batéké se sentent à la fois proches des Bakongo et des Bangala. 

Ils sont quasiment la seule ethnie congolaise qui est bien implantée aussi bien au Nord, au Centre qu’au Sud de la République du Congo. Les Téké, un peuple transfrontalier, répandu dans les deux Congo et au Gabon se retrouvent dans la région des Plateaux, de la Cuvette ouest (où ils sont appelés Mbéti et Tégué), du Niari (où ils sont nommés nzabi), de la Bouenza et la région du Pool. 

C’est très important dans une Afrique secouée par des tendances déstabilisatrices séparatistes à connotation ethnorégionale aux conséquences néfastes pour ses populations et son développement.

Un autre avantage de Okombi est qu’en tant qu’ancien proche collaborateur de Sassou, il connaît pratiquement tous ses secrets de son chef. C’est Okombi qui a largement contribué de manière décisive, via le « Front 400 » qu’il a créé en 1997, à la victoire de Sassou dans sa confrontation armée contre Lissouba. 

Ce sont particulièrement les combattants du « Front 400″ qui ont permis à Sassou de prendre le contrôle de la capitale. Un point stratégique pour la victoire de Sassou dans la mesure où Brazzaville abrite l’infrastructure politico-administrative du pays, siège des institutions républicaines. 

Les ambassades et représentations diplomatiques internationales étaient également situées à Brazza la verte. Cela a permis au camp Sassou, coupé du monde et reclus dans son fief de Oyo, de disposer des possibilités bien supérieures de contact avec le monde extérieur. 

C’est ce qui explique la confiance que Sassou a placée en Okombi en le maintenant de façon continue ministre depuis 15 ans et haut cadre du parti en charge.

Salissa peut enfin et surtout compter sur la machine politique du PCT où pendant des années, il a effectué un travail formidable de conscientisation politique et d’éveil démocratique de la jeunesse congolaise. Une jeunesse qui lui est devenue aujourd’hui loyale et prête à mourir pour son prophète. Or la jeunesse est démographiquement largement majoritaire en Afrique en général et au Congo en particulier.

En outre, la dissension de Salissa a divisé le PCT de Sassou. Plusieurs cadres du parti au pouvoir, nous a confié une source du parti congolais du travail, sont en train de faire discrètement leur allégeance à l’élu de Lékana. 

Les milieux sécuritaires ne sont pas en reste, hormis les généraux affairistes conquis par la musique et les femmes « zaïroises », plusieurs cadres opérationnels et commandants d’unités de l’armée congolaise se disent également prêtes à se ranger derrière celui qui dit incarner la renaissance du Congo-B émergeant et prospère. 

Tous seraient déçus de la gestion patrimonialiste et népotique du pouvoir par le clan Sassou qui a pris le Congo et son avenir en otage. Sassou ne sachant donc plus à qui se fier, est allé se livrer, dans une alliance opportuniste belliciste et contre-nature pour le Congo-Brazza, au boucher des Grands Lacs, Paul Kagame, par les services de sécurité de Kabila interposé.

Vers un changement dans la continuité au Congo-Brazza?

Un atout supplémentaire au crédit de Okombi relève du dicton de la françafrique qui dit, à propos des maintiens des présidents favorables à la France : « Le diable que nous connaissons est moins terrifiant que celui que nous ne connaissons pas. » 

Après l’expérience décevante de Laurent Désiré Kabila en RDC, les occidentaux ont compris que pour leurs intérêts, autant favoriser le maintien ou l’accession au pouvoir des personnes qui peuvent les rassurer du fait de leur prévisibilité que ceux qui peuvent tout chambouler et se retourner contre eux. 

Cependant, depuis le début des années 2000, la France introduit une subtilité, le changement dans la continuité au Gabon et au Togo avec des démocraties dynastiques exercées par des jeunes présidents ‘modernes’, en rupture avec les pratiques patrimonialistes de leurs défunts parents ou prédécesseurs du fait qu’ils ont une base de formation occidentale devant leur permettre une gestion managériale des affaires d’Etat du type occidental en vue de la modernisation de l’Afrique. 

Cependant, depuis l’expérience réussie de Macky Sall, un ancien proche de Wade, au Sénégal, tout porte à croire que Okombi Salissa pourrait conforter l’implémentation d’une autre variante de cette nouvelle tendance au Congo-Brazza. 

C’est-à-dire, soutenir un dissident du régime plutôt qu’un opposant inconnu qui pourrait amener une révolution des ‘ayatollah’ antioccidentale en Afrique. 

En tout cas, plusieurs sources congolaises anonymes et proches de Sassou ont confirmé a DESC que l’Homme est non seulement apprécié en France, mais aussi par plusieurs dirigeants africains en quête de renouveau de l’Afrique et même au Département d’Etat..

Ce déçu du manque de vision politique et de patriotisme de Sassou envers les congolais, dont il a pris ses distances, se déclare farouchement hostile à une modification de la Constitution congolaise qui permettrait un 3ème mandat successif à Sassou Nguesso. 

Depuis, il parcours le monde entier Paris-Bruxelles -Londres-Washington-Moscou-Pékin et plusieurs capitales africaines pour faire entendre sa cause. 

Et ça marche nous dit-on par des sources bien introduites auprès des plusieurs chancelleries qui ont signalé notamment que Okombi Salissa aurait récemment été reçu au quai d’Orsay à Paris, mais aussi par plusieurs cadres du partis socialiste (PS) français : l’ex-premier secrétaire du PS, Harlem Désir, le secrétaire national à l’Europe et à l’international du PS, Jean Christophe Cambadélis ainsi que Pouria Amirshabi, le secrétaire national aux transitions démocratiques et à la francophonie.

Cela fait trembler Sassou et son clan qui n’ont plus d’autres options que de focaliser leurs services de sécurité sur André Okombi Salissa en réprimant et arrêtant ses proches et les ressortissants de sa tribu, Téké. 

C’est le cas de l’arrestation du Colonel Marcel Ntsourou, qu’on associe à tort à l’explosion de Brazzaville en 2013. Lire aussi http://desc-wondo.org/special-congo-brazza-denis-sassou-reserre-les-rangs-dans-un-parfum-de-fin-de-regne-jj-wondo/

Un autre opposant, lui aussi transfuge du régime et ressortissant de la même aire ethno-géographique que Salissa, Mathias Dzon, est également dans la visière de cette incurie policière qui s’est installée dans l’écurie présidentielle.

A propos de l’ »assassinat » de Udjani, le chef des Enyele

Des sources de l’entourage direct de Udjani ayant contacté DESC, ont livré des précisions qui contredisent les versions officielles de la fusillade de Owando. 

Selon ces sources, « l’affaire des expulsés du Congo-Brazza est un montage mis en place conjointement entre les autorités des deux Congo. Le montage de cette opération ainsi que son financement ont été assurés par Kinshasa. Il fallait éliminer à tout prix Udjani et expulser vers Kinhasa les autres ex-FAZ et Enyeles pour y être neutralisés« .

Alors qu’il était censé se trouver en détention ou en résidence surveillée par les services de sécurité du Congo-Brazza, nos informateurs indiquent que Udjani était déplacé de son lieu d’exil à Itoumbi vers Owando où il a été la cible d’un guet-apens monté avec la collaboration des services de renseignement RD Congolais de l’ANR et de la PNC. 

A propos de la fusillade, d’autres sources crédibles parlent de centrafricains, de camerounais et d’un seul zaïrois tués. Manifestement, la version officielle semble fabriquée, les guerriers Enyele n’utilisent pas d’armes à feu car se battant exclusivement avec les armes blanches, tout en croyant en une protection ancestrale les rendant invulnérables. 

Avec quelles armes auraient-ils tiré sur la police? 

En outre, les proches de Udjani n’étaient pas informés du déplacement de celui-ci à Owando. Au moment de l’incident, Udjani se trouvait reclus chez lui, en résidence surveillée. 

Aucun indice ne présageait qu’il se préparait à ce mement précis à une opération contre les régimes de Sassou ou de Kabila. D’ailleurs, c’est avec sa machette qu’il a tué le capitaine qui est venu l’interpeller.

Selon ces sources de l’entourage de Udjani, celui-ci devenait la principale cible des services Rd Congolais car il ne cessait de clamer haut et fort à qui veut l’entendre qu’il allait s’occuper « personnellement » de Kabila au moment venu. Les services de sécurité du Congo-Brazza en étaient évidemment au courant, notamment « le très spécial JDO ».

 Alors qu’il était naïvement convaincu de bénéficier des soutiens des autorités de son pays d’exil pour accomplir sa mission qu’il qualifiait de « divine et salutaire » pour la RDC, il était malheureusement loin de se douter que les personnes auxquelles il s’est confiée travaillent également pour Kinshasa qui paierait à certains hommes clés du sérail de Sassou jusqu’au double de leur salaire officiel. 

Notons qu'Udjani a été assassiné pendant que le président du sénat de la RDC, Léon Kengo wa Dondo, se trouvait en visite auprès de Sassou à Oyo; simple coïncidence vraisemblablement!

Des observateurs, citant des sources des services de sécurité, avancent deux pistes pour expliquer cette situation:

1°) Inquiet de voir certains opposants politiques du Congo-Brazza ne recourrent aux rebelles et ex-militaires RD Congolais contre le pouvoir de Sassou, d’autant qu’on aurait tué tris Enyele dans la résidence du colonel Marcel Ntsourou, les services de sécurité du Congo-Brazza ont monté cette opération pour les mettre hors d’état de nuire.

2°) Livrer Udjani aux autorités de la RDC pour rassurer le président Kabila des bonnes intentions du Congo-Brazza. C’est ce qui expliquerait en substance la présence du président du sénat de RDC Kengo Wa Dondo se trouvait à Oyo au moment de l’assaut.

3°) Evacuer vers Kinshasa tous le rebelles et militaires hostiles à Kabila. Prendre prétexte qu’ils allaient s’attaquer à Kinshasa. Avec deux bateaux ayant transportés des militaires rwandophones à Maluku, venus par avion d’Ouganda vers le Congo-Brazza, le régime allait les utiliser pour semer le chaos et la panique à Kinshasa de sorte à y instaurer une situation d’insécurité en vue de rendre la tenue des élections impossibles. 

Des soldats qui feraient jonction avec d’autres militaires rwandophones casernés à Kitona (Bas-Congo). 

But de la manœuvre : perpétrer un coup d’état militaire qui placerait le général Charles Bisengimana, l’actuel n°1 de la PNC, à a tête du pays (Source : Lt-Col Eric Mankesi Ndamba, entretien téléphoniqueavec JJ Wondo, le 15 mai 2014)

Selon plusieurs sources du Congo-Brazza, Sassou, affaibli par la maladie, la traque judiciaire en France, des querelles intrafamiliales et des dissensions au sein de son camp politique, est désemparé et ne contrôle plus rien. Il n’y voit que du feu, son entourage qui l’a pris en otage devient un danger pour l’avenir du Congo-Brazza, voire la sous- région.

A propos du général Munene, il réside à Owando, où la liquidation d’Udjani s’est opérée, mais aucune source crédible n’atteste sa mort. On voulait, manifestement, les éliminer.

Point de vue des congolais de Brazzaville sur les expulsions

La plupart des congolais de Brazzaville se disent satisfaits de l’opération mbata ya bakolo. Cependant, il faudrait qu’on leur fournisse la bonne information : le pouvoir exploite la xénophobie anti-zairoise pour cimenter une unité nationale érodée, voire factice. 

L’objectif final consiste à faire avaler la pilule de la révision de la constitution. En effet, elle en constitue l’une des facettes de l’opération.

Sassou dans une impasse diplomatique livre sa dernière bataille diplomatique ?

C’est ce que semblent confirmer les faits observés ses derniers temps. Le signal fort vient de Luanda. Depuis que les soldats angolais de sont permis une promenade de santé occupant sans réaction une partie du Congo Brazzaville, Sassou a cessé d’être le protégé de Dos Santos et leurs relations se sont considérablement détériorées. 

Il semble d’ailleurs que l’après Sassou a été un des sujets de l’ordre du jour de la visite d’Etat de Dos Santos à Paris. La France voudrait amorcer un rajeunissement de son pré-carré en Afrique depuis l’alternance réussie de Macky Sall au Sénégal. 

C’est le nom d’André Okombi qui fait de plus en plus l’unanimité au quai d’Orsay et dans certaines chancelleries africaines et occidentales, à en croire plusieurs sources concordantes.

Kabila et Sassou, hantés par le spectre de 2016, planifient-ils la stratégie du chaos?



Mis sous pressions diplomatiques de leurs faiseurs de rois respectifs, la France en 1997 et les États-Unis en 2001, les deux compères, conseillés par Kagame, veulent instaurer le chaos dans la région pour contourner l’exigence électorale à laquelle ils sont tenus en 2016 dans leurs pays respectifs. 

Sassou ne contrôlant plus rien chez lui avec des généraux (Dabira, Ndenguet, le très spécial Okemba…) à la solde de la RDC, donc indirectement du Rwanda, n’a plus d’autre argument politique à faire valoir que la terreur de la guerre civile. 

Kabila quant à lui veut profiter du retours massif des zaïrois de Brazzaville pour recommencer à zéro l’identification des électeurs avec la conséquence de retarder le processus électoral en cours. 

Ainsi, il pourra invoquer l’impossibilité technique d’organiser les élections en 2016 et mettre les congolais et la communauté internationale devant un fait accompli. Forcer une transition qu’il piloterait et remettre le compteur constitutionnel à zéro. 

Il est dès lors évident que ces expulsions massives et le retour volontaire des congolais fuyant des représailles, estimés à 500.000 personnes par les humanitaires, n’émeuvent outre mesure le Régime congolais.

Pour Sassou, il espère user de la stratégie du pyromane pompier de 1997 pour s’imposer auprès des occidentaux comme l’élément stabilisateur de son pays et en obtenir sa légitimation internationale, c’est de bonne guerre dit on sous les tropiques.

Ainsi, un scénario apocalyptique se dessine pour les deux Congo si leurs populations respectives et la communauté internationale n’agissent pas suffisamment en amont pour stopper ce drame qui se profile à l’horizon 2016. 

Attendre 2011, le coq risque d’avoir malheureusement chanté à trois reprises : en 2014 au travers de cette analyse prospective; DESC la rappellera certainement en 2015 et en 2016 pour constater l’accomplissement des prédictions du chant du Coq. A ce moment, les résolutions de l’ONU ne serviront alors plus à rien comme d’habitude (RCA, Sud Soudan…)
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Jean-Jacques Omanyundu Wondo

[1] C’est ainsi que les Congolais de Brazzaville continuent à nommer leurs voisins de la RDC.

[2] http://desc-wondo.org/etrange-ballet-diplomatique-au-moment-ou-les-fardc-dominent-le-m23/.

[3] http://desc-wondo.org/rd-congo-un-pays-encercle-militairement-boniface-musavuli/
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Jean-Jacques Wondo Omanyundu est un analyste des questions sociopolitiques, sécuritaires et militaires de la République démocratique du Congo. 

Il est l'auteur de l’ouvrage-référence ‘Les armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la Force publique aux FARDC’ (2013). 

Jean-Jacques Wondo est diplômé de l’Ecole Royale Militaire de Belgique.

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