dimanche 4 mai 2014

"Joseph Kabila" ira à l’Elysée après Kadhafi

le samedi 3 mai 2014



Joseph Kabila peut aller à l’Elysée. Qu’est-ce que cela fait ? Rien. 


Kadhafi y est allé avant lui. Un tapis rouge lui a été déroulé. Il a été reçu en grande pompe. Il aurait même financé la campagne présidentielle d’un ‘’prince élyséen’’. 

Cela n’a pas empêché à ce dernier de le poignarder dans le dos. Oui. Contrairement à ce que l’imaginaire collectif congolais a emmagasiné, la France n’est plus ‘’une patrie des droits de l’homme’’ ; elle est devenue ‘’une principauté de non-droit’’. Revoyons nos copies.

En lisant certains médias kinois, il ressort que Joseph Kabila ira à la rencontre de ‘’homologue’’ François Hollande au cours de ce mois de mai. 


Les journalistes kinois applaudissent dans ce geste ‘’la normalisation’’ des relations entre le RDC et ‘’la patrie des droits de l’homme’’. Et ils ont un peu tout faux.

Pourquoi ? Ils mettent entre parenthèse l’histoire de la Françafrique avec plusieurs pays africains. Ils auraient été édifiés sur les relations de l’Afrique avec le France en lisant Eva Joly au sujet de l’affaire Elf[1]. 


La mise entre parenthèse de l’histoire de l’Afrique (et du Congo) avec les pays du Nord conduit facilement à une amnésie préjudiciable pour l’avenir collectif en RDC. 

Les mêmes erreurs historiques sont reconduites et cela se fait souvent au nom de la mémorisation d’une conviction : « Entre les Etats, il n’y a pas d’amitié. Il n’y a que des intérêts. » 

Et plusieurs d’entre nous croient que quand ces intérêts changent, l’instrumentalisation des ‘’nègres de service’’ peut changer du point de vue des Etats du nord. 

Le fait que ces Etats, depuis plusieurs années, sont pris en otage par les oligarchies d’argent et que désormais, au Nord, ce sont les intérêts de ces oligarchies, de ce 1% de la population du Nord, qui sont sauvegardés par ‘’leurs nègres de service’’ du Sud et non pas ceux des Etats, n’a pas encore été pris en compte dans l’imaginaire de plusieurs d’entre nous. 

De ce point de vue, l’imaginaire alternatif peine à réaliser des progrès dans plusieurs pays d’Afrique et en RDC dans le chef des élites partisanes et citoyennes.

Pas plus tard que le 1er mai 2014, plusieurs manifestants français ont marché dans les rues de plusieurs villes françaises pour fustiger la politique de François Hollande et ses cadeaux offerts aux entreprises privées. 


En 2011, quand les bruits autour du financement de la campagne de Nicolas Sarkozy par Kadhafi se répandent dans les médias français, Pierre Péan, à partir de ses investigations et de l’histoire de la Françafrique, publie un livre au sous-titre révélateur : « La République des mallettes. Enquête sur la principauté française de non-droit. » 

De la France, ‘’patrie des droits de l’homme’’, à en croire Pierre Péan (et Eva Joly), il ne reste presque plus rien. ‘’Les princes’’ ont transformé ce pays en ‘’une principauté de non-droit’’. 

Ils peuvent dérouler le tapis rouge à Kadhafi aujourd’hui et se liguer avec l’OTAN contre lui pour le tuer demain.

Que Joseph Kabila aille à Paris ou pas, la RDC n’a presque rien à attendre d’ ‘’une principauté de non-droit’’ au sein de laquelle les va-t-en-guerre ont désormais le droit de cité. 


Il sortira indemne de cette visite s’il confirme de demeurer, pour le reste de ses jours, au service des ‘’consmocrates’’ comme il le fait depuis la guerre de l’AFDL.

La France de ‘’princes’’ est dorénavant une partie de ‘’la communauté occidentale’’ arrogante, cynique et très peu soucieuse de la dignité humaine. Dieu merci ! Ses dignes filles et fils luttent pour que les choses changent. Petitement !
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Mbelu Babanya Kabudi

 
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[1] E. JOLY, Notre affaire à tous, Paris, Les Arènes, 2000.
Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre ?, Paris, Les Arènes, 2003.

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