dimanche 25 mai 2014

Martin Köbler plus humain et responsable que «Joseph Kabila»


La ministre du Genre Geneviève Inagosi et Martin Köbler, le chef de la Monusco, à l’écoute d’un des refoulés. Photo radio Okapi

Depuis que le Congo-Brazzaville a lancé la fameuse opération «Mbata ya Bakolo» (traduction : gifle magistrale), plus de 120.000 «Zaïrois» ont été expulsés de ce pays voisin et "frère" dans des conditions inhumaines. 


Plus d’un mois après ces refoulements, «Joseph Kabila» reste aphone et invisible. L’homme voyage. Pas un mot de compassion à l’endroit de «ses» concitoyens dont les droits les plus basiques (droit à la vie, droit à la dignité humaine) ont été bafoués. 

Pendant que le «raïs» voyage et se la coule douce dans sa ferme de Kingakati, ce sont les étrangers qui viennent au chevet des «déportés» du Congo-Brazzaville.

A l’issue d’une visite à Maluku - commune rurale située à 80 kilomètres de Kinshasa - où se trouve un site qui abrite 3.500 refoulés du Congo-Brazzaville, le chef de la Mission onusienne au Congo, l’Allemand Martin Köbler est reparti "choqué" par les récits qu’il a eu à entendre.

Présente sur le lieu, la ministre en charge du "Genre, familles et enfants", Geneviève Inagosi, a eu ces mots : «Nous sommes là pour exprimer notre solidarité et pour nous rendre compte chaque jour des conditions dans lesquelles vivent nos compatriotes». 


Elle a par la suite déclaré que plusieurs ressortissants «Zaïrois» ont été tués de cette opération. Pire, plusieurs enfants se sont noyés dans le fleuve Congo. «Nous exigeons que les investigations bilatérales soient menées pour établir les responsabilités afin de rendre justice», a-t-elle déclaré.

"Une enquête bilatérale"

Dans une déclaration faite vendredi 23 mai, Martin Köbler s’est dit favorable à la mise sur pied d’une commission d’«enquête bilatérale» entre les deux Congo. 


L’objectif consiste à identifier les responsables de la violence infligée aux ex-Zaïrois au Congo-Brazzaville. 

Sans nier à ce dernier pays sa pleine souveraineté sur son territoire, le chef de la Monusco a néanmoins rappelé que les expulsions des étrangers doivent se dérouler selon des «standards humanitaires».

Selon Köbler, les investigations à venir pourraient bénéficier du «soutien» de Mme Zaïnab Hawa Bangoura, envoyée spéciale du secrétaire général des Nations unies sur les violences sexuelles. Mais aussi de celui de Mary Robinson. 


La section des Droits de l’Homme de la Monusco serait déjà occupée à rassembler des témoignages.

Comme pour appuyer la prise de position du patron de la Monusco, l’ambassadeur de l’Union européenne au Congo démocratique, le Français Michel Dumont, n’a pas usé de la langue de bois en condamnant, samedi 24 mai, les violences décriées ci-dessus. C’était à l’issue d’une entrevue avec le ministre de l’Intérieur Richard Muyej. 


«Tout gouvernement peut faire ce qu’il veut dans le cadre de sa souveraineté concernant les ressortissants d’un pays étranger, mais cela doit se faire dans le respect des normes», a déclaré le représentant de l’UE qui a souligné que les brimades sont avérées. «(…). 

Il est clair que s’il y a eu violations des droits de l’homme, elles doivent être dénoncées et réprimées conformément aux règles en vigueur», a-t-il ajouté. A-t-il été entendu? On peut en douter.

Un avion sans pilote

Depuis le déclenchement de ces expulsions hors normes, «Joseph Kabila» et son gouvernement gèrent cette affaire avec une prudence digne de Sioux. 


Le ministre de l’Intérieur multiplie des déclarations conciliantes à l’égard de Brazzaville. Il ne cesse de clamer la main tendue de Kinshasa pour "normaliser" les rapports entre les deux pays.

La Monusco et la représentation de Union Européenne viennent ainsi de donner ainsi une belle leçon de responsabilité et d’humanisme aux apprenti-sorciers qui trônent à la tête du Congo-Kinshasa.

Joint au téléphone samedi soir dans la capitale congolaise, un activiste de la société civile de tonner : "Le président Joseph Kabila est-il à l’écoute de toutes ces voix qui fustigent l’incurie et l’irresponsabilité au sommet de l’Etat au point que la RDC ressemble à un aéronef sans pilote?" 

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Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant

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