12/06/2014
Paul KAGAME et Barack OBAMA
Le glas sonne pour le président rwandais, Paul Kagame. L’Idylle entre Kagame et Washington tend inexorablement vers sa fin. Hier, il passait pour la prunelle des yeux des dirigeants américains, au point d’ignorer ses égarements.
Depuis un temps, Washington a changé de cap. Si bien que le Département d’Etat ne se gêne plus de le tancer publiquement. C’est la preuve que la politique américaine dans la région des Grands Lacs a sensiblement changé.
Après la belle époque, la roue semble tourner en défaveur du maître de Kigali. A lui de savoir interpréter les signes de temps. La rupture est pour bientôt.
Il y a un temps pour tout, rappelait le livre d’Ecclésiaste dans les saintes Ecritures. Il y a un temps pour rire et un temps pour pleurer.
Longtemps entretenu par les Etats-Unis, le ciel des relations entre le président rwandais, Paul Kagamé, et l’actuelle administration américaine accumule des nuages.
Après avoir couvert ses nombreux crimes commis dans la région des Grands Lacs, particulièrement dans la partie Est de la RDC, Washington semble avoir changé de cap.
Il est presque révolu, cette époque où Washington se taisait face aux crimes odieux commandités par l’homme fort de Kigali. Finie aussi cette langue de bois lorsqu’il fallait se prononcer sur la vie politique au Rwanda.
Tout comme, il se conjugue désormais au passé cette époque où Kagame pouvait se couvrir derrière son sempiternel fonds de commerce, lé génocide rwandais, pour bénéficier de la magnanimité internationale.
Aujourd’hui, Washington a franchi le Rubicon en dénonçant tout haut le mal rwandais.
Entre Washington et Kagame, c’est déjà le divorce. Même si l’homme fort de Kigali feint d’ignorer cette réalité, dans les faits, Paul Kagame n’est plus ce point focal des Etats-Unis dans la région.
Il lui est reproché d’en avoir fait de trop que Washington a décidé de ne plus le suivre sur ce chemin. Le soutien du Rwanda à l’aventure militaire du Mouvement de 23 mars (M23) est cet acte qui a une fois pour toutes scellé la rupture entre les deux tourtereaux.
Face aux graves crimes commis par les ex-rebelles du M23 – du reste reconnus par Hillary Clinton, alors secrétaire d’Etat lors d’une tournée dans l’Est de la RDC – Washington ne pouvait plus continuellement fermer les yeux devant les égarements de Kagamé.
LE TEMPS DE LA FIN
Est-ce déjà la fin pour l’homme fort de Kigali ? En tout cas, nombre d’experts n’excluent pas cette hypothèse. Ils en ont pour preuve sa mise à l’écart systématique par Washington.
Ainsi, dans la stratégie des Etats-Unis dans la région des Grands Lacs, c’est la Tanzanie qui a été choisie comme le nouveau shérif de la sous-région.
Les Etats-Unis n’ont donc pas hésité à hausser le ton contre le Rwanda. Dans un communiqué, publié le mercredi 4 juin 2014, le Département d’Etat américain a fait part de ses inquiétudes après la vague d’arrestations et de disparitions des dizaines de citoyens rwandais survenues ces deux derniers mois.
Cependant, selon RFI qui relaie l’information, Washington se dit encouragé par le fait que certains de ces individus aient été enfin présentés à la justice.
Par ailleurs, les Etats-Unis estiment que d’autres personnes pourraient rester en détention à des lieux inconnus. Les inquiétudes des Etats-Unis rejoignent celles formulées auparavant par l’ONG Human Rights Watch.
Dans un rapport publié le 16 mai 2014, HRW faisait déjà part d’une vague de disparitions forcées, dont quatorze cas détaillés dans le district de Rubavu, dans l’Ouest du Rwanda.
Kigali avait vigoureusement réagi aux déclarations de HRW, les assimilant à la « propagande contre le gouvernement », tout en les accusant de travailler en « faveur des groupes terroristes ».
Human Rights Watch, accusée par les autorités rwandaises de faire la « propagande » de « groupes terroristes », s’est dit « profondément préoccupée » par ces affirmations et nie tout « parti pris ».
« Human Rights Watch est profondément préoccupée par le fait que le ministère de la Justice rwandais a grossièrement déformé (son) travail (...) et dénigré son personnel », a déclaré l’organisation de défense des droits de l’Homme dans un communiqué publié mardi dernier depuis Nairobi.
Preuve de la véracité des faits rapportés par HRW, le Département d’Etat américain est allé dans le même sens. Plus explicite que HRW, Washington va plus loin, jusqu’à nommer les coupables, c’est-à-dire Kagame et ses hommes.
Convaincu de la pertinence des faits en sa possession, Washington a appelé le gouvernement rwandais à respecter non seulement la loi rwandaise, mais aussi le droit international.
D’ores et déjà, les Etats-Unis ont exprimé leur détermination à aller jusqu’au bout. « Evidemment, nous continuons de suivre de près les cas des personnes dont nous sommes sans nouvelles ; et de ceux qui ont été arrêtés également, explique Marie Harf, l’une des porte-parole de John Kerry. Nous allons continuer à soulever ce problème avec le gouvernement rwandais. C’est un dossier que, bien entendu, nous allons suivre ».
A Kigali, la réaction n’a pas tardé. Comme toujours, le gouvernement rwandais explique ces arrestations arbitraires pour des raisons de sécurité.
« Le Rwanda fait face à un défi sécuritaire spécifique dans le Nord du pays où les FDLR et des groupes associés se sont infiltrés », s’est défendu le gouvernement rwandais par la voie de son ministre des Affaires étrangères.
Dans ce communiqué, la ministre des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement assure que la police et les agences de sécurité agissent dans le respect de la loi.
Menaçante, Louise Mishikiwabo a appelé «toutes les parties à limiter les discours et les actions qui pourraient renforcer les FDLR et leurs alliés », écrit encore Louise Mushikiwabo.
A Washington, les remontrances de Kigali n’ont pas eu d’effets. Le Département d’Etat américain a davantage corsé sa position, estimant que « dans les sociétés démocratiques, les individus ne peuvent pas être arrêtés de manière arbitraire ».
Paul Kagame est véritablement dans de beaux draps. Et, à Kigali, l’agitation se lit déjà dans les couloirs du pouvoir. Pris de panique, le président Kagame tente d’opérer un recentrage vers l’Afrique centrale en étendant son ouverture.
Kigali a ainsi promis d’ouvrir dans les tout prochains jours trois nouvelles ambassades en République du Congo, en Zambie et en Angola.
Pour Kigali, il s’agit de consolider davantage son assise dans la région. C’est de bonne guerre. Mais, à voir de plus près, cette ouverture diplomatique est le signe d’une débandade qui a gagné les rangs de Kigali.
Dans tous les cas, il faut admettre que Kagame n’est plus cette prunelle des yeux des Etats-Unis. Du moins pour l’instant !
De nombreux crimes dans la région ont fini par ternir l’image de marque du dirigeant rwandais, obligeant Washington à se détourner de cet allié encombrant. En fait, ce retournement de situation constitue en fait la chute de l’albatros.
__________
[lePotentiel]
Paul KAGAME et Barack OBAMA
Le glas sonne pour le président rwandais, Paul Kagame. L’Idylle entre Kagame et Washington tend inexorablement vers sa fin. Hier, il passait pour la prunelle des yeux des dirigeants américains, au point d’ignorer ses égarements.
Depuis un temps, Washington a changé de cap. Si bien que le Département d’Etat ne se gêne plus de le tancer publiquement. C’est la preuve que la politique américaine dans la région des Grands Lacs a sensiblement changé.
Après la belle époque, la roue semble tourner en défaveur du maître de Kigali. A lui de savoir interpréter les signes de temps. La rupture est pour bientôt.
Il y a un temps pour tout, rappelait le livre d’Ecclésiaste dans les saintes Ecritures. Il y a un temps pour rire et un temps pour pleurer.
Longtemps entretenu par les Etats-Unis, le ciel des relations entre le président rwandais, Paul Kagamé, et l’actuelle administration américaine accumule des nuages.
Après avoir couvert ses nombreux crimes commis dans la région des Grands Lacs, particulièrement dans la partie Est de la RDC, Washington semble avoir changé de cap.
Il est presque révolu, cette époque où Washington se taisait face aux crimes odieux commandités par l’homme fort de Kigali. Finie aussi cette langue de bois lorsqu’il fallait se prononcer sur la vie politique au Rwanda.
Tout comme, il se conjugue désormais au passé cette époque où Kagame pouvait se couvrir derrière son sempiternel fonds de commerce, lé génocide rwandais, pour bénéficier de la magnanimité internationale.
Aujourd’hui, Washington a franchi le Rubicon en dénonçant tout haut le mal rwandais.
Entre Washington et Kagame, c’est déjà le divorce. Même si l’homme fort de Kigali feint d’ignorer cette réalité, dans les faits, Paul Kagame n’est plus ce point focal des Etats-Unis dans la région.
Il lui est reproché d’en avoir fait de trop que Washington a décidé de ne plus le suivre sur ce chemin. Le soutien du Rwanda à l’aventure militaire du Mouvement de 23 mars (M23) est cet acte qui a une fois pour toutes scellé la rupture entre les deux tourtereaux.
Face aux graves crimes commis par les ex-rebelles du M23 – du reste reconnus par Hillary Clinton, alors secrétaire d’Etat lors d’une tournée dans l’Est de la RDC – Washington ne pouvait plus continuellement fermer les yeux devant les égarements de Kagamé.
LE TEMPS DE LA FIN
Est-ce déjà la fin pour l’homme fort de Kigali ? En tout cas, nombre d’experts n’excluent pas cette hypothèse. Ils en ont pour preuve sa mise à l’écart systématique par Washington.
Ainsi, dans la stratégie des Etats-Unis dans la région des Grands Lacs, c’est la Tanzanie qui a été choisie comme le nouveau shérif de la sous-région.
Les Etats-Unis n’ont donc pas hésité à hausser le ton contre le Rwanda. Dans un communiqué, publié le mercredi 4 juin 2014, le Département d’Etat américain a fait part de ses inquiétudes après la vague d’arrestations et de disparitions des dizaines de citoyens rwandais survenues ces deux derniers mois.
Cependant, selon RFI qui relaie l’information, Washington se dit encouragé par le fait que certains de ces individus aient été enfin présentés à la justice.
Par ailleurs, les Etats-Unis estiment que d’autres personnes pourraient rester en détention à des lieux inconnus. Les inquiétudes des Etats-Unis rejoignent celles formulées auparavant par l’ONG Human Rights Watch.
Dans un rapport publié le 16 mai 2014, HRW faisait déjà part d’une vague de disparitions forcées, dont quatorze cas détaillés dans le district de Rubavu, dans l’Ouest du Rwanda.
Kigali avait vigoureusement réagi aux déclarations de HRW, les assimilant à la « propagande contre le gouvernement », tout en les accusant de travailler en « faveur des groupes terroristes ».
Human Rights Watch, accusée par les autorités rwandaises de faire la « propagande » de « groupes terroristes », s’est dit « profondément préoccupée » par ces affirmations et nie tout « parti pris ».
« Human Rights Watch est profondément préoccupée par le fait que le ministère de la Justice rwandais a grossièrement déformé (son) travail (...) et dénigré son personnel », a déclaré l’organisation de défense des droits de l’Homme dans un communiqué publié mardi dernier depuis Nairobi.
Preuve de la véracité des faits rapportés par HRW, le Département d’Etat américain est allé dans le même sens. Plus explicite que HRW, Washington va plus loin, jusqu’à nommer les coupables, c’est-à-dire Kagame et ses hommes.
Convaincu de la pertinence des faits en sa possession, Washington a appelé le gouvernement rwandais à respecter non seulement la loi rwandaise, mais aussi le droit international.
D’ores et déjà, les Etats-Unis ont exprimé leur détermination à aller jusqu’au bout. « Evidemment, nous continuons de suivre de près les cas des personnes dont nous sommes sans nouvelles ; et de ceux qui ont été arrêtés également, explique Marie Harf, l’une des porte-parole de John Kerry. Nous allons continuer à soulever ce problème avec le gouvernement rwandais. C’est un dossier que, bien entendu, nous allons suivre ».
A Kigali, la réaction n’a pas tardé. Comme toujours, le gouvernement rwandais explique ces arrestations arbitraires pour des raisons de sécurité.
« Le Rwanda fait face à un défi sécuritaire spécifique dans le Nord du pays où les FDLR et des groupes associés se sont infiltrés », s’est défendu le gouvernement rwandais par la voie de son ministre des Affaires étrangères.
Dans ce communiqué, la ministre des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement assure que la police et les agences de sécurité agissent dans le respect de la loi.
Menaçante, Louise Mishikiwabo a appelé «toutes les parties à limiter les discours et les actions qui pourraient renforcer les FDLR et leurs alliés », écrit encore Louise Mushikiwabo.
A Washington, les remontrances de Kigali n’ont pas eu d’effets. Le Département d’Etat américain a davantage corsé sa position, estimant que « dans les sociétés démocratiques, les individus ne peuvent pas être arrêtés de manière arbitraire ».
Paul Kagame est véritablement dans de beaux draps. Et, à Kigali, l’agitation se lit déjà dans les couloirs du pouvoir. Pris de panique, le président Kagame tente d’opérer un recentrage vers l’Afrique centrale en étendant son ouverture.
Kigali a ainsi promis d’ouvrir dans les tout prochains jours trois nouvelles ambassades en République du Congo, en Zambie et en Angola.
Pour Kigali, il s’agit de consolider davantage son assise dans la région. C’est de bonne guerre. Mais, à voir de plus près, cette ouverture diplomatique est le signe d’une débandade qui a gagné les rangs de Kigali.
Dans tous les cas, il faut admettre que Kagame n’est plus cette prunelle des yeux des Etats-Unis. Du moins pour l’instant !
De nombreux crimes dans la région ont fini par ternir l’image de marque du dirigeant rwandais, obligeant Washington à se détourner de cet allié encombrant. En fait, ce retournement de situation constitue en fait la chute de l’albatros.
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[lePotentiel]
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