le 12 avril 2014
N’avez-vous pas vu les images grotesques d’un village brûlé au milieu d’une forêt équatoriale en Afrique ?
N’avez-vous pas vu l’image trop familière d’un enfant nu, décharné, avec des yeux rouges et larmoyants, un bol vide entre ses mains ?
N’avez-vous pas entendu ces chiffres qui circulent : 10 millions d’africains au bord de la mort du fait de la famine au Sahel, dans la Corne de l’Afrique ou la République démocratique du Congo ?
N’avez-vous pas tous entendu des déclarations telles que : « La communauté internationale doit agir et agir vite pour éviter les crises humanitaires persistantes dans la Corne de l’Afrique » ?
Mais au fond, qu’est-ce qui fait que les problèmes africains doivent relever de la responsabilité de la communauté internationale ? Pourquoi la communauté internationale a-t-elle l’obligation d’aider l’Afrique ?
De tous les continents, l’Afrique reçoit le plus grand flux d’aide. Au moins sur le papier. Pour le Bureau du Conseiller spécial pour l’Afrique des Nations Unies (OSAA ), l’Afrique est le plus grand bénéficiaire de l’aide mondiale.
Le continent reçoit 36% de l’aide mondiale, soit une part supérieure à n’importe quelle autre partie du monde. Au cours des quatre dernières décennies, l’aide à l’Afrique a quadruplé, passant de près de 11 milliards de dollars à 44 milliards de dollars, avec une augmentation nette de près de 10 milliards de dollars au cours de la période 2005-2008 seulement.
En 2005, les plus grands pays donateurs du monde se sont réunis à la Gleanegles en Écosse à l’occasion du G8 et ont pris l’engagement d’augmenter l’aide à l’Afrique.
Mais bien que l’aide à l’Afrique a atteint des niveaux records, elle est bien en deçà des engagements internationaux. Les prévisions actuelles indiquent un déficit de 14 milliards de dollars sur les estimations de Gleneagles selon lesquelles l’aide devait augmenter de 25 milliards de dollars par an de 2004 à 2010.
Une grande partie de cette augmentation de l’APD était destiné à l’Afrique sub-saharienne où, malgré la forte augmentation des autres rentrées (telles que l’investissement étranger direct et les ressources nationales), l’aide représente toujours une importante contribution aux recettes publiques.
Dambisa Moyo, depuis longtemps sceptique de « l’Africaide », écrit dans son acte d’accusation accablant contre l’aide à l’Afrique que, « donner l’aumône à l’Afrique reste l’une des plus grandes idées de notre temps : des millions de gens font des marches pour elle, les gouvernements sont jugés dessus, des célébrités font la promotion de sa nécessité. Les appels à davantage d’aide à l’Afrique sont de plus en plus forts, avec des partisans qui poussent pour doubler les quelque 50 milliards de dollars d’aide internationale qui se dirigent déjà vers l’Afrique chaque année ».
Aujourd’hui, je me demande encore pourquoi la communauté internationale doit prendre des engagements en matière d’aide à l’égard de l’Afrique.
Est-elle moralement tenue de le faire ?
Mon problème avec l’aide ne concerne pas son existence. Il s’agit de son utilisation et de son application à travers le continent africain.
Avec le temps, les gouvernements et les ONGs en Afrique ont perfectionné l’art de polir leurs « bols à aumônes » en prévision de l’aide. Un langage fleuri est utilisé, le cataclysme imminent et l’Armageddon sont mentionnés comme effets possibles des flux d’aide trop limités.
Certains bureaucrates africains, institutions à but non lucratif et des hordes d’autres acteurs dépendants de l’aide ont développé et perfectionné l’art d’aller chercher l’aide.
Et ce perfectionnement a un défaut majeur : l’art de chercher de l’aide prend une orientation « pro donateurs ». Les bénéficiaires des flux financiers de l’aide dansent aux rythmes des donateurs, en fredonnent les refrains de ces derniers et en se pliant en apparence devant tout principe moral pour les rassurer.
Cette orientation « pro donateurs » signifie que les bénéficiaires supposés de l’aide n’en bénéficient jamais réellement, n’ont jamais la chance de définir leurs aspirations de développement et ne sont jamais autorisés à partager leurs priorités.
L’aide à l’Afrique, quelles qu’aient été les intentions altruistes, n’a jamais vraiment aidé les communautés africaines et elle contribue certainement à l’affaiblissement de la capacité de ces communautés à se sortir de la pauvreté.
L’aide enracine la dépendance, pas l’autonomie, ce qui compromet sérieusement la capacité des communautés à compter sur elles-mêmes.
La grande question autour de l’africaide est bien morale : l’aide est une mésappropriation forcée des ressources des contribuables ordinaires dans les pays développés, vers des bureaucrates avides en Afrique.
Les gouvernements africains doivent repenser leurs stratégies de développement, se recentrer sur le développement des capacités locales, et non sur des trompe-l’œil pour attirer les donateurs.
__________
Libre Afrique
N’avez-vous pas vu les images grotesques d’un village brûlé au milieu d’une forêt équatoriale en Afrique ?
N’avez-vous pas vu l’image trop familière d’un enfant nu, décharné, avec des yeux rouges et larmoyants, un bol vide entre ses mains ?
N’avez-vous pas entendu ces chiffres qui circulent : 10 millions d’africains au bord de la mort du fait de la famine au Sahel, dans la Corne de l’Afrique ou la République démocratique du Congo ?
N’avez-vous pas tous entendu des déclarations telles que : « La communauté internationale doit agir et agir vite pour éviter les crises humanitaires persistantes dans la Corne de l’Afrique » ?
Mais au fond, qu’est-ce qui fait que les problèmes africains doivent relever de la responsabilité de la communauté internationale ? Pourquoi la communauté internationale a-t-elle l’obligation d’aider l’Afrique ?
De tous les continents, l’Afrique reçoit le plus grand flux d’aide. Au moins sur le papier. Pour le Bureau du Conseiller spécial pour l’Afrique des Nations Unies (OSAA ), l’Afrique est le plus grand bénéficiaire de l’aide mondiale.
Le continent reçoit 36% de l’aide mondiale, soit une part supérieure à n’importe quelle autre partie du monde. Au cours des quatre dernières décennies, l’aide à l’Afrique a quadruplé, passant de près de 11 milliards de dollars à 44 milliards de dollars, avec une augmentation nette de près de 10 milliards de dollars au cours de la période 2005-2008 seulement.
En 2005, les plus grands pays donateurs du monde se sont réunis à la Gleanegles en Écosse à l’occasion du G8 et ont pris l’engagement d’augmenter l’aide à l’Afrique.
Mais bien que l’aide à l’Afrique a atteint des niveaux records, elle est bien en deçà des engagements internationaux. Les prévisions actuelles indiquent un déficit de 14 milliards de dollars sur les estimations de Gleneagles selon lesquelles l’aide devait augmenter de 25 milliards de dollars par an de 2004 à 2010.
Une grande partie de cette augmentation de l’APD était destiné à l’Afrique sub-saharienne où, malgré la forte augmentation des autres rentrées (telles que l’investissement étranger direct et les ressources nationales), l’aide représente toujours une importante contribution aux recettes publiques.
Dambisa Moyo, depuis longtemps sceptique de « l’Africaide », écrit dans son acte d’accusation accablant contre l’aide à l’Afrique que, « donner l’aumône à l’Afrique reste l’une des plus grandes idées de notre temps : des millions de gens font des marches pour elle, les gouvernements sont jugés dessus, des célébrités font la promotion de sa nécessité. Les appels à davantage d’aide à l’Afrique sont de plus en plus forts, avec des partisans qui poussent pour doubler les quelque 50 milliards de dollars d’aide internationale qui se dirigent déjà vers l’Afrique chaque année ».
Aujourd’hui, je me demande encore pourquoi la communauté internationale doit prendre des engagements en matière d’aide à l’égard de l’Afrique.
Est-elle moralement tenue de le faire ?
Mon problème avec l’aide ne concerne pas son existence. Il s’agit de son utilisation et de son application à travers le continent africain.
Avec le temps, les gouvernements et les ONGs en Afrique ont perfectionné l’art de polir leurs « bols à aumônes » en prévision de l’aide. Un langage fleuri est utilisé, le cataclysme imminent et l’Armageddon sont mentionnés comme effets possibles des flux d’aide trop limités.
Certains bureaucrates africains, institutions à but non lucratif et des hordes d’autres acteurs dépendants de l’aide ont développé et perfectionné l’art d’aller chercher l’aide.
Et ce perfectionnement a un défaut majeur : l’art de chercher de l’aide prend une orientation « pro donateurs ». Les bénéficiaires des flux financiers de l’aide dansent aux rythmes des donateurs, en fredonnent les refrains de ces derniers et en se pliant en apparence devant tout principe moral pour les rassurer.
Cette orientation « pro donateurs » signifie que les bénéficiaires supposés de l’aide n’en bénéficient jamais réellement, n’ont jamais la chance de définir leurs aspirations de développement et ne sont jamais autorisés à partager leurs priorités.
L’aide à l’Afrique, quelles qu’aient été les intentions altruistes, n’a jamais vraiment aidé les communautés africaines et elle contribue certainement à l’affaiblissement de la capacité de ces communautés à se sortir de la pauvreté.
L’aide enracine la dépendance, pas l’autonomie, ce qui compromet sérieusement la capacité des communautés à compter sur elles-mêmes.
La grande question autour de l’africaide est bien morale : l’aide est une mésappropriation forcée des ressources des contribuables ordinaires dans les pays développés, vers des bureaucrates avides en Afrique.
Les gouvernements africains doivent repenser leurs stratégies de développement, se recentrer sur le développement des capacités locales, et non sur des trompe-l’œil pour attirer les donateurs.
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Libre Afrique
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