mercredi 18 juin 2014

Pierre-Victor Mpoyo : «L’agression ruando-ougandaise était une grande machination avec des implications des pays comme la Grande Bretagne , les USA… qui avait pour but de nous faire partir du pouvoir afin d’opérer la partition de notre pays !»

Le mercredi 8 octobre 2008



11 ans après le départ du Maréchal Mobutu du pouvoir, chassé après 32 ans de pouvoir par la révolution conduite par Mzee Laurent Désiré Kabila ; 7 ans après l’assassinat de ce dernier et l’accession à la magistrature suprême de Joseph Kabila ; presque 2 ans après l’élection de ce dernier comme Président de la République , l’état des lieux présente une situation de fragilité structurelle susceptible de complexifier toute possibilité de sortie de crise tôt ou tard.

Le conjoncturel tient lieu du structurel comme background politique.

Pour élaborer une lisibilité de l’échiquier politique de la RDCongo , Info UCDP s’est employé de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur en recourant à l’expérience politique et historique de Mzee Pierre Victor Mpoyo .



Le passé est riche d’enseignements pour la construction du futur. S’entretenir avec Mzee Pierre Victor Mpoyo signifie parler non seulement de la RDCongo mais de toute l’Afrique révolutionnaire, militante pour l’indépendance et la souveraineté des pays africains. Ami de Fidel Castro, Nelson Mandela, Sekou Touré, Yasser Arafat, Obasanjo, Bob Mugabe, Agostinho Neto…, Pierre Victor Mpoyo est toujours resté humble et observateur.

Il était présent sur tous les fronts des luttes pour l’indépendance ! Il était le mentor de Mzee Laurent Désiré Kabila qui lui vouait un profond respect et un attachement indéfectible !

Mzee Pierre Victor Mpoyo était le soutien basique du pouvoir qu’avait détenu Mzee Laurent Désiré Kabila en terme de soutien financier, relationnel, stratégique ! Ancien ministre d’Etat chargé de l’économie, de l’industrie et du commerce extérieur, ancien ministre d’Etat chargé du pétrole, ancien ministre d’Etat délégué à la présidence, Pierre Victor Mpoyo est le seul homme politique connu qui avait mis à la disposition de notre pays sa fortune personnelle, fruit de son travail à travers le monde, pour le sortir du gouffre dans lequel l’avait plongé le pouvoir de la 2ème République, contrairement, à ces politiciens qui se sont enrichis en pillant, en détournant les deniers publics, ….. !

Pierre Victor Mpoyo est à Paris pour des raisons de santé depuis quelques années ! Sa santé s’est améliorée ! Info UCDP l’a rencontré et, avec calme et lucidité de sage, il a répondu et donné un éclairage utile pour la construction de l’avenir de notre pays, pour que la jeunesse comprenne pour mieux défendre notre pays !

M’zee, merci d’avoir accepté, comme vous l’aviez promis, de livrer en exclusivité à Info UCDP, vos impressions sur certaines questions passées et présentes relatives aux événements mondiaux, africains et, surtout, autour de ceux susceptibles d’avoir eu des incidences directes sur la politique en RDCongo aujourd’hui et dans l’avenir ! 


Vous aviez marqué de votre présence, discrète et efficace, toutes les luttes anti- coloniales et antiapartheid à savoir en Angola avec le MPLA, Zimbabwe avec la Zanu PF , Namibie, Afrique du Sud avec l’ANC…quelle leçon tirez -vous aujourd’hui, de ce parcours atypique qui vous a conduit au cœur du dispositif qui avait fait partir le maréchal Mobutu du pouvoir après 32 ans de dictature ?

PVMpoyo :
Ce parcours atypique comme vous le dites était jonché de ronces et d’épines ! Ce fut un parcours de combattant qui exigeait le sens de sacrifice, un patriotisme sans faille ! Je pense et je rends hommage à tous les jeunes africains de l’époque qui s’étaient investis, au prix de leurs vies, pour arracher les indépendances, pour lutter contre le système colonial et néo-colonial ! De ces luttes, nous avions connus des victoires et des échecs ! Des victoires en ce sens que nous avions arraché les indépendances au prix du sang qui devaient nous amener à disposer de la souveraineté pour être maître de notre destinée ! Malheureusement, les forces néo-coloniales et leurs suppôts se sont imposés et cette lutte a changé de visage ! Après 48 ans d’indépendance, le néocolonialisme a gagné ! Il n’y a presque plus d’idéal révolutionnaire pour la souveraineté en vue de rester maître de notre destinée, à part l’argent
par tous les moyens !


Pierre-Victor Mpoyo avec Mandela©Ucdp

Vous êtes un proche de la famille Nelson Mandela avec lequel vous êtes en amitié depuis longtemps, vous étiez d’ailleurs à ses côtés après sa libération ; vous aviez joué un rôle déterminant pour le soutien du Nigéria au MPLA avec le Dr Agostinho Neto en Angola, et de celui de Sékou Touré dont vous étiez proche, à convaincre Fidel Castro, un ami à vous pour l’envoi des troupes cubaines pour faire échec à l’offensive de l’Armée de l’apartheid de l’Afrique du Sud ; vous aviez accompagné Robert Mugabe, Joshua Nkomo ….en Suisse, lors de la réunion convoquée aux Nations Unies pour les négociations avec la Grande Bretagne en vue des accords qui devaient amener au pouvoir ces compagnons de lutte pour l’indépendance … Vous étiez engagé dans le mouvement de soutien à la lutte contre l’apartheid et la libération de la Namibie conduite par Sam Mujoma !.

Vous aviez soutenu Yasser Arafat et la cause palestinienne tout en gardant les bonnes relations avec certains de vos amis juifs !! Quel est l’état des relations avec vos anciens amis dont certains, d’ailleurs notamment le Zimbabwe, la Namibie , l’Angola n’avaient pas hésité de répondre à votre appel pour bloquer l’agression du Ruanda, l’Ouganda et le Burundi contre la RDCongo ? Quel regard portez-vous sur la tentative de déstabilisation délibérée de la Grande Bretagne contre le Zimbabwe et les attaques contre votre ami Robert Mugabe ?


PVMpoyo :
Je garde de bonnes relations avec tous les amis ! Certains ont continué à me soutenir pendant toute la période de maladie ! Je leur en serai toujours reconnaissant ! Concernant le Zimbabwe, le système néo-colonial ne pouvait pas tolérer la réforme agraire engagée par le ZANU PF pour sortir le peuple zimbabwéen de la régression sociale et imprimer une justice sociale ! Concernant le Président Robert Mugabe, quoiqu’on dise ou l’on fasse, il reste le héros de l’indépendance : le pouvoir colonial lui avait fait subir toutes les exactions, les répressions, la prison pour étouffer la lutte qu’il menait pour l’indépendance !

Au moment où il allait mettre en pratique sa réforme en vue d’un partage équitable des terres, les anglais avaient commencé une campagne de diabolisation systématique et à saboter le système économique du Zimbabwe pour affamer le peuple ! De toute manière, ils ne réussiront pas parce que l’indépendance et même le pouvoir politique au Zimbabwe ont été arrachés aux anglais par la lutte !

L’Angola est en quelque sorte votre pays d’adoption et vous y êtes profondément attaché du fait de l’histoire de lutte pour l’indépendance et de la consolidation de la souveraineté par le MPLA d’Agostinho Neto qui était aussi votre ami ! Pouvez-vous nous préciser comment Fidel Castro était convaincu pour apporter son soutien militaire à la force combattante FAPLA du MPLA pour faire échec à l’armée d’apartheid d’Afrique du Sud étant donné que vous aviez joué un rôle déterminant ?



PVMpoyo : Oui ! Effectivement, face à la poussée de l’armée Sud Africaine au côté de l’UNITA de Jonas Savimbi et du FNLA de Roberto Holden, le camarade Agostinho Neto avec le MPLA ne disposait plus de moyens suffisants pour consolider la résistance et, vue la gravité de la situation, nous avions convaincu nos amis généraux qui avaient le pouvoir au Nigéria d’aider le MPLA en lui fournissant des moyens appropriés afin de bloquer l’armée d’apartheid sud africaine qui était prête à envahir l’Angola ! Les troupes de l’armée du Zaïre(RDCongo) de Mobutu étaient déjà proches de Luanda !

Le Nigéria avait offert, sans hésiter, 20 millions de dollars et, si ma mémoire est bonne, une quarantaine d’officiers comme conseillers militaires ! Mais sur le terrain, il y avait un besoin urgent d’une force armée formée et bien équipée ! L’OUA n’étant pas impliquée, il n’était donc pas question d’une intervention physique du Nigéria en solo ! Après concertation, nous avions convenu de recourir aux forces cubaines par le truchement du Président de Guinée Konakry Sékou Touré qui avait convaincu son ami le Président Fidel Castro ! Mais qui allait payer ? Paradoxalement, le Nigéria avait accepté de prendre en charge la totalité du coût du tout premier engagement des cubains en Angola ! L’arrivée avait coïncidé avec la proclamation de l’indépendance par le camarade Agostinho Neto le 11Novembre 1975 ! Les troupes zaïroises, entrées en Angola, menaçaient de prendre la Capitale Luanda . Les cubains étaient arrivés le 10 novembre à minuit pour changer le rapport des forces et empêcher les forces néocoloniales d’investir la capitale !

Comment, en cette période de guerre froide, des soldats cubains pouvaient-ils se rendre en Afrique, précisément en Angola, sans se faire repérer par la CIA ou les services de renseignement occidentaux ? A quel période, l’engagement de l’URSS se situait-il ?

PVMpoyo : Effectivement, cette opération était ultra-sécrète et de haute sécurité ! Les soldats d’élite avaient quitté Cuba en civil pour l’île de Barbade, je crois ! Et là, ils avaient embarqué comme touristes sur des avions Charters loués par le Nigéria pour la Guinée Konakry en attendant le jour d’embarquement pour l’Angola ! ! Quant à l’URSS, il était tout à fait naturel de la voir s’impliquer pour soutenir son allié engagé en Angola !


De g à d : Obasanjo, Do Santos, Mpoyo et Neto©Ucdp

A cette époque, vous effectuiez des déplacements sur toute la planète parce que, d’autre part, nous rappelons que vous êtes une sommité africaine de l’art de la peinture et que vos œuvres, qui avaient fait votre fortune, ornent certains endroits les plus prestigieux du monde ! Nous y reviendrons !

A la même période, en RDCongo, Mobutu avait instauré une dictature féroce comme système de pouvoir qui avait entraîné la ruine de notre pays ! Quelles étaient vos relations avec Mobutu parce que, selon les informations à notre disposition, vous vous connaissiez depuis longtemps, pourtant, il vous avait cité comme commanditaire du fameux coup d’Etat monté et manqué de 1975 ?


PVMpoyo :
Au cours des années qui avaient précédé l’année de l’acquisition de la souveraineté de notre pays , nous étions engagés dans la lutte pour l’indépendance ! J’avais côtoyé, dans des circonstances historiques particulières de nombreux leaders politiques congolais notamment PELumumba, Mulopwe Kalonji, Moïse Tshombe, Justin Mbomboko….

Quant à Mobutu, je l’avais rencontré pour la première fois vers ces années-là à Kananga ex Luluabourg ! Si ma mémoire est bonne, c’était par son cousin Litho qui était à cette époque le 1er assistant agronome ! Il était venu visiter mon exposition à l’hôtel Atlanta lorsqu’il avait appris que l’artiste était congolais venu de Lubumbashi ! Une autre exposition programmée au mess des officiers et sous-officiers belges, c’était à cette occasion que Litho m’avait présenté son cousin Mobutu qui vivait au camp militaire !

C’était ainsi que j’avais connu ce dernier et rencontré ses camarades de dortoir comme Bumba Moaso, Mandungu Bula Tony, et Pierre Mulele, je crois !

Votre parcours est tellement passionnant et riche en événements qu’il faudra un livre qui s’intitulerait par exemple : « Pierre Victor Mpoyo, le maillon maquant de l’histoire politique du Congo belge à la RDCongo » pour tout relater ! Pouvez-vous nous confirmer si, après son coup d’Etat de 1965, Mobutu vous avait proposé le poste de 1er Ministre en remplacement du colonel Mulamba dont il cherchait à se débarrasser ?

PVMpoyo : C’est exact mais j’avais décliné son offre pour ma participation à ce pouvoir ! En effet, j’étais au Japon lorsque Mobutu avait fait son coup d’Etat ! D’ailleurs, il m’avait appelé pour me l’annoncer, mais cela ne m’avait pas emballé parce que je suis de tout temps quelqu’un qui n’appréciait pas les coups d’Etat militaire qui reste un moyen illégal de s’accaparer du pouvoir !

C’était le 6 janvier 1996, à Kinshasa, 2 mois après le coup d’Etat, lorsque Mobutu avait été informé de ma présence, il envoya son officier d’ordonnance me chercher avec sa Cadillac officielle. Il avait quitté la réunion du gouvernement pour me recevoir tout de suite, dans son bureau ! Nous étions restés en tête à tête de 9 heures à 15 heures ! C’était là, effectivement, qu’il m’avait proposé ce poste ! Il avait besoin de moi surtout pour les relations importantes dont je disposais dans le monde et qui l’intéressaient pour se tisser une crédibilité ! Il avait très mal pris mon refus et à partir de cette rencontre nos rapports étaient restés très tendus ! Lorsqu’il avait sacrifié Kimba, Anani et Bamba, pour terroriser le peuple, mon désaccord avec lui était total pour avoir sacrifié ces personnalités importantes qui avaient contribué à l’acquisition de l’indépendance ! C’était la fin de mes relations avec lui ! Le fait de me citer comme commanditaire du fameux coup d’Etat de 1975, faisait partie de cette tension entre lui et ma personne !

Le 17 mai 1997, le maréchal Mobutu était chassé du pouvoir par l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo AFDL conduite par Mzee Laurent Désiré Kabila après plus de trente ans de maquis ! Nous avions remarqué qu’il vous vouait un grand respect et vous écoutait ! Pouvez-vous nous préciser quand et comment vous aviez connu Laurent Désiré Kabila ?


PVMpoyo :
Vous m’emmenez très loin dans le passé ! Si ma mémoire ne me trahit pas, Laurent avait 9 ans et moi 15 ans lorsque je l’avais rencontré pour la première fois, c’était à Lubumbashi ex Elisabethville avant l’indépendance ! Il était venu de Likasi ex jadothville pour habiter chez sa grande sœur qui résidait dans la parcelle de mon oncle paternel ! C’était un jour où j’étais passé voir mon oncle que j’avais vu un petit jeune homme d’à peu prés 9 ans qui m’aborda en me disant : « Donne-moi tes chaussures ! » ; j’étais habillé en blanc avec des chaussures blanches ! Nous avions palabré pendant au moins une heure avant de le convaincre que mes chaussures n’étaient pas à sa taille et que j’allais lui en acheter les mêmes à sa taille ! C’était à peu près ainsi que nous avions fait connaissance ! Comme il avait commencé à fréquenter le même établissement scolaire que moi, je l’amenais à l’école et le ramenais à la maison, chez sa sœur ainée ! En fait, déjà petit, c’était un garçon ouvert, intelligent, avec un caractère trempé et qui savait ce qu’il voulait ! Je l’avais adopté instantanément !

Excusez notre curiosité parce que nous allons encore une fois bousculer votre mémoire ! Où étiez-vous Laurent Désiré Kabila et vous-même lorsqu’en 1960, Patrice Emery Lumumba était amené au Katanga où il avait été assassiné ?


PVMpoyo :
A cause des événements tragiques survenus après l’indépendance et du fait de la proclamation de la sécession du Katanga, Laurent était parti au nord Katanga rejoindre le gouvernement provincial de Jason Sendwe pour organiser la lutte contre les forces sécessionnistes ! Quant à moi en tant que membre du MNC et d’autres amis comme le président de la jeunesse lumumbiste au Katanga, on nous accusait d’être communistes. Nous étions arrêtés et enfermés à Lubumbashi ! C’était d’ailleurs au cachot que j’avais appris la nouvelle ! Les autorités provinciales du gouvernement sécessionniste du Katanga et les belges avaient tenté de maquiller l’assassinat politique de Patrice Lumumba, Mpolo et Okito en crime crapuleux commis par des villageois ! Après ces mensonges pour cacher cet assassinat, tous les médias de la planète l’avaient annoncé ! Ce n’étaient que plusieurs jours plus tard, le 12 février 1961 que Godefroid Munongo,ministre de l’intérieur du Katanga en avait fait l’annonce officielle ! Je me rappelle d’ailleurs de la visite que m’avait rendue à la prison de Kasapa le Consul des USA au Katanga Monsieur William Canep qui voulait mon avis sur les conséquences d’une telle nouvelle et si la population pouvait s’en prendre aux ressortissants occidentaux !

Au cours de ces années d’instabilité après cet assassinat, les projecteurs de l’actualité étaient braqués sur la rébellion conduite par le lumumbiste Pierre Mulele ! Laurent Désiré Kabila avait quitté le Nord Katanga pour rejoindre le Conseil national de libération CNL qui regroupait les lumumbistes contre le gouvernement néocolonial de Léopoldville(Kinshasa) et dans le cadre du soulèvement populaire, il pilotait le front Est ! Vous, par ailleurs, vous parcouriez la planète, dans le cadre de votre travail artistique et votre action révolutionnaire ! Durant ces moments troubles, étiez-vous encore en contact avec Laurent Désiré Kabila qui, en dépit de la fin de la rébellion annoncée, était resté dans le maquis, où il avait organisé la résistance ? Si oui, compte tenu des moyens de communication rudimentaire de l’époque, comment procédiez-vous ?


De g à d : Général Obasanjo, Murthala.... Mpoyo©Ucdp 


PVMpoyo :
J’étais toujours en contact avec Laurent malgré les difficultés de communication de l’époque ! Parce que j’avais la possibilité d’aller partout sur la planète, rien ne m’empêchait d’aller là où il était pour lui rendre visite, lui apporter mon soutien moral et vivre dans les mêmes conditions ! Lorsque la rébellion a pris fin à Kisangani, Laurent était parti en Egypte, ensuite avec une bourse, il était parti en Yougoslavie pour les études, aussi en Chine,il partait et il revenait au maquis. En effet, j’étais allé plusieurs fois dans le territoire de Fizi malgré les dangers qui jalonnaient le parcours ! J’avais confiance en lui parce que la lutte qu’il menait était juste ! Pour y aller, je passais par Dar-es-Salaam en Tanzanie où ses fidèles compagnons tels Bienvenu Mwilambwe, qui était son secrétaire particulier en quelque sorte son délégué aux relations extérieures et tuteur de ses jumeaux Joseph et Janet, lorsqu’ils avaient quitté le maquis pour suivre leur scolarité en Tanzanie, et d’autres malheureusement décédés, notamment Mungimba Jean, Nkulu Emile, Kanambe Adrien, Omari Antoine, secrétaire général du PRP, me recevaient discrètement à l’aéroport et m’amenaient à la base logistique à Kigoma et delà, d’autres prenaient le relais pour me faire traverser le lac Tanganyika et pour ensuite, me conduire, par des chemins tortueux, auprès de Laurent !

17 Mai 1997, Mufu Ndenga, le héros de la spectaculaire prise de Kolwezi, celui-là même qui avait fait disloquer le dispositif défensif de la ville de Kisangani avec le « Mwanakashitu » ou « enfant de la bête », l’arme terrible amenée d’Angola qui avait provoqué la débandade dans les rangs des troupes de Mobutu, entrait le premier dans la ville de Kinshasa après avoir mis en déroute les mercenaires de l’UNITA stationnée à Kenge avec son contingent qui avait constitué le fer de lance de l’offensive de l’AFDL du Kivu jusqu’à Kinshasa !

Après avoir tiré les leçons des échecs militaires de Moba 1, Moba 2, que s’était-il passé, en terme de stratégie, pour arriver à renverser le rapport des forces et à conduire la conquête du pouvoir en un temps record ?


PVMpoyo :
Concernant les opérations de Moba, le contexte international de « guerre froide » n’y était pas favorable ! Il était effectivement suicidaire de réaliser une telle campagne en cette période ! Bien avant tout cela, après l’indépendance de l’Angola, Laurent était venu me rejoindre à Maputo et j’étais allé avec lui en Angola ! Le président Neto qui le connaissait depuis la Tanzanie voulait le rencontrer ! Une villa était mise à notre disposition, et nous étions pris totalement en charge et bien encadrés par le général Kaperipa, Mavuana, José Edouardo de Santos (actuel président) et l’ambassadeur de la Palestine en Angola !

Avec la fin de la guerre froide, le contexte international nous était favorable ! Mobutu ne constituait plus le verrou indispensable du dispositif américain de la guerre froide en Afrique centrale !

Avec l’assistance de l’Angola et sous ma supervision, nous avions planifié l’opération ! Laurent Kabila était choisi comme coordonnateur politique et Faustin Munene, coordonnateur militaire ! En Angola, il y avait des combattants aguerris, courageux, patriotes comme Mufu effectivement ! Des combattants à qui je rends toujours hommage pour les sacrifices qu’ils avaient endurés pour notre pays !

Pourquoi cette guerre de libération était-elle engagée à partir de l’Est plutôt qu’au sud-ouest à partir de l’Angola proche de Kinshasa ?


PVMpoyo :
De commun accord, nous avions convenu avec l’Angola de l’engagement de notre action militaire à partir de l’Est de la RDCongo plutôt qu’au Sud- Ouest pour des raisons stratégiques et aussi pour éviter la mise en cause de l’Angola comme commanditaire de cette action comme ce fut le cas lors de la guerre du Shaba avec la prise de Kolwezi ! Notre objectif étant de mettre fin au régime de Mobutu et prendre le pouvoir, nous avions choisi pour un premier temps l’Ouganda comme pays devant nous servir de base arrière ! C’était la raison pour laquelle Laurent devait s’y installer pour mettre en place les plans tactiques de faisabilité de l’opération ! Cela n’était pas aussi facile parce que Museveni, par peur de Mobutu dont il disait qu’il avait des yeux partout, était réticent à l’idée de la présence permanente de Laurent à Kampala pour une longue période ! Nous avions réussi à le

Convaincre avec l’apport de mon ami le Président Obansadjo avant son retour à la Présidence du Nigéria ! D’ailleurs, Mobutu qui avait eu vent de la présence de Laurent à Kampala s’était plaint auprès de Museveni !

La planification pour cette opération de prise de pouvoir, les arrangements avec Museveni s’était déroulée durant la période où Habyarimana était encore au pouvoir…..Le Ruanda n’avait pas donné un seul sou pour nous aider !...Il devait nous seulement servir de base arrière…

Et le Ruanda dans tout cela ? Paul Kagame se bombe la poitrine et prétend que c’était grâce aux ruandais que le Maréchal Mobutu était chassé du pouvoir et que c’étaient eux qui étaient allés chercher Laurent Désiré Kabila pour l’installer au pouvoir ! Vous qui étiez témoin et acteur majeur dans la planification, pouvez-vous confirmer à l’opinion congolaise si les allégations de Kagame sont exactes ? Aussi, pouvez-vous nous dire qui avait fourni les financements en considérant qu’une telle opération avait un coût ?


PVMpoyo :
Retenez que la planification pour cette opération de prise de pouvoir, comme les arrangements avec Museveni, s’étaient déroulés durant la période où Juvénal Habyarimana, proche de Mobutu, était encore au pouvoir et bien avant le génocide de 94 au Ruanda ! Ceux qui disent cela sont tout simplement des menteurs ! Le Ruanda n’avait pas donné un seul sous pour nous aider ! Notre objectif stratégique était la prise de pouvoir à Kinshasa pour changer le système ! En effet, le Ruanda nous avait servi du point de vue tactique comme plan B en tant que base arrière ! Sa situation était tellement précaire qu’on imagine mal comment ce pays pouvait prendre en charge financièrement cette opération !

En fait, comme je l’avais souligné précédemment, c’était l’Ouganda qui devait servir de base arrière, mais après la disparition tragique d’Habyarimana, et la prise de pouvoir par le FPR, soutenu par Museveni, le Ruanda présentait, pour nous, plus d’avantages comme base arrière. C’était dans ce contexte que Museveni avait présenté Laurent aux nouvelles autorités ruandaises qu’il avait aidées à s’installer au pouvoir en vue d’obtenir une autorisation formelle pour l’utilisation de leur territoire comme base arrière ! Les troupes venus d’Angola avaient débarqué à Kigali avec du matériel de guerre fourni par l’Angola ! C’était à la suite de ce changement tactique que le Ruanda était cité faussement comme commanditaire, paradoxalement, ça nous arrangeait par le fait que ce pays voisin nous servait pour masquer l’implication de l’Angola !

Ces précisions expliquent et donnent un nouvel éclairage sur les zones d’ombres qui servaient aux ruandais de maquiller la vérité ! Nous avons remarqué, en effet, que l’ignorance, la manipulation des faits historiques, la confusion et l’amalgame délibérés ou non sur différentes lectures ont occulté les véritables causes à la base de la crise dans la région des Grands Lacs ! Concernant l’action militaire, par exemple, le ruandais James Kabarebe cherchant à se prévaloir indûment du leadership sur le pilotage de cette guerre, mentait sans vergogne lorsqu’il affirmait qu’il était sur le fleuve pour conduire la prise de Kinshasa ! Pourtant, il était arrivé à Brazza 2 jours après le contrôle total de la situation par les « tigres », contingents venus d’Angola avec le général Mufu et le général Munene ! Notre question est : Au regard de ces faits, pourquoi le ruandais James Kabarebe était-il nommé chef d’état Major des Forces armées congolaises FAC alors qu’il y avait des congolais aptes pour assumer cette fonction hautement stratégique ? De même, pour le ministère des affaires étrangères, pourquoi Mzee Laurent Désiré Kabila y avait-il placé le ruandais Bizimana Karamueto alias ’’Bizima Karaha’’ pour faire congolais ?


PVMpoyo :
J’étais à Cuba pour les soins de santé lorsqu’il fallait mettre en place les institutions ! En effet, dès que la victoire était à notre portée les ruandais s’acharnaient pour infiltrer les rouages du futur nouveau pouvoir et se faisait trop remarquer par une exubérance en vue de faire croire à l’opinion que c’était eux les maîtres du jeu et qu’ils détenaient toutes les cartes du pouvoir ! Nous, de bonne foi, nous pensions qu’ils s’impliquaient pour nous aider alors qu’ils utilisaient tous les moyens pour faire pression sur Président Laurent Kabila afin de l’isoler ! L’ancien directeur de cabinet du Président, Aubert Mukendi était menacé de mort par les ruandais ! Dès l’instant où ils avaient mis les pieds à Kinshasa, ils commençaient déjà à comploter pour écarter le nouveau Président du pouvoir ! Ils recrutaient des politiciens de l’ancien régime pour en faire des complices dont nombreux avaient occupé des postes importants !

Concernant la question de nomination du Chef d’état major général ruandais, notez bien qu’il était intérimaire. A l’époque, les FAC étaient constituées de groupes armés venant des horizons différents, même antagonistes mais qui suivaient tous Laurent Désiré Kabila ! Il était donc difficile, pour établir l’unité de commandement, de former le leadership autour d’un militaire congolais issu d’un groupe armé sans générer des frustrations des autres groupes ! Pour besoin d’organisation de l’armée, c’était dans le cadre de la coopération militaire avec le Ruanda que ce militaire était nommé ! Mais c’était une erreur, je le reconnais, parce que cet officier ruandais proche de Kagame était au cœur du complot ! Pour moi personnellement, un officier général angolais aurait suffi pour ce travail !

Quant aux affaires étrangères, nous étions de bonne foi dans la recherche de l’intégration des minorités, mais malheureusement, nous étions face à la mauvaise foi des comploteurs ruandais !

En RDCongo, chaque ethnie est une minorité par rapport aux plus de 400 autres, ce concept de minorité ne peut s’appliquer en RDCongo parce que chaque identité culturelle qui compose la Nation congolaise est une minorité ! Nous avons toujours considéré que cette question était un faux problème, de la manipulation. Ce complot des ruandais était visible effectivement lors de l’agression ruando-ougandaise qui avait commencé le 2 Août 1998, dans le but d’effectuer la partition de notre pays ! Cette agression qui se faisait sous la complicité passive de la ’’communauté internationale’’ avait buté sur la résistance du peuple congolais ! Quel regard portez-vous sur cette agression ? Considérez-vous que l’intervention de l’Angola, du Zimbabwe, de la Namibie consécutive à votre appel pour soutenir le pouvoir de Mzee Laurent Désiré Kabila était en quelque sorte l’ascenseur que vos amis vous avaient renvoyé ?


PVMpoyo :
L’agressionruando-ougandaise était une grande machination avec des implications des pays comme la Grande Bretagne , les USA… qui avait pour but de nous faire partir du pouvoir afin d’opérer la partition de notre pays ! Les ruandais qui était dans l’armée non seulement ils sabotaient malicieusement la mise en place de la nouvelle armée en décourageant les militaires issus de l’ancienne Forces armées Zaïroises, mais ils recrutaient parmi eux les esprits faibles et corrompus ! Le chef d’Etat major général a.i. ruandais déplaçait intentionnellement les militaires valeureux pour les fragiliser, il faisait déplacer les armes et même, opérer le sabotage sur les équipements afin de les rendre inutilisables ! D’ailleurs, lorsqu’il était pris en flagrant délit de complot, Laurent avait demandé son expulsion et il avait aussi mis fin à la coopération militaire avec le Ruanda ! Mais avant tout cela, sous pression des ruandais, le Président Laurent Kabila me demanda d’aller voir les autorités angolaises pour envisager le retrait rapide de leurs troupes militaires de la RDCongo ! Je lui avais dit que j’étais contre cette décision, mais j’y étais quand même allé ! Pour cette mission, j’avais priscomme témoins pour m’accompagnerFaustin Muneneet Joseph Kabila ! Arrivésà Luanda, le PrésidentJoséEduardo dos Santos, très fâché, n’avait pas voulu nous recevoir, nous avions rencontré d’autres responsables ! Mais le Président angolais avait pris la décision d’opérer un retrait rapide des troupes et, en moins d’une semaine, il n’y avait plus aucun militaire angolais en RDCongo ! Une semaine après le départ des angolais, l’agression était lancée par les ruandais, les ougandais et les burundais !Lorsque Laurent s’était rendu compte finalement de l’ampleur du complot et notre armée n’étant pas encore prête, il m’avait dépêché encore à Luanda pour faire appel à nos amis pour, avant tout, équilibrer le rapport des forces ! J’étais parvenu à les convaincre ! Les Présidents Dos Santos de l’Angola, Robert Mugabe du Zimbabwe, Sam Mujoma de la Namibie avaient répondu présents ! Cela, je ne l’oublierai jamais ! L’ascenseur ? Peut-être oui !

C’est peut-être pour cela qu’on dit qu’un bienfait n’est jamais perdu ! Les agresseurs et leurs complices congolais avaient échoué et ils sont aujourd’hui responsables des crimes de plus de 5 millions de congolais ! Paradoxalement, ils jouissent de l’ impunité protégée par la ’’communauté internationale’’ , complice avéré de ces crimes contre l’humanité et crimes de guerre pour avoir opté le laisser faire en leur faveur ! Mzee Laurent Désiré Kabila était assassiné pour briser la résistance du peuple congolais qu’il incarnait ! Joseph Kabila, son fils, était désigné pour lui succéder et vous y aviez joué un rôle déterminant ! Pourtant, selon certaines indiscrétions, les alliés à savoir l’Angola, le Zimbabwe vous avaient désigné ! Pouvez-vous nous dire pourquoi aviez-vous décliné cette offre ? Pourquoi aviez-vous choisi à la place Joseph Kabila ? Enfin qui, d’après vous, était le commanditaire de l’assassinat de Mzee Laurent Désiré Kabila ?


PVMpoyo :
Mon état de santé ne m’aurait pas permis d’assumer la complexité des charges qui prévalait à cette époque d’autant plus que notre pays était agressé et que les questions militaires que Laurent maîtrisait, n’étaient pas ma spécialité ! Pour moi, à cet instant, le choix de Joseph Kabila était judicieux, d’une part, parce qu’il était militaire et chef d’état major force terrestre donc susceptible de maîtriser toute situation de trouble dans l’armée, d’autre part, il est le fils du Président assassiné, politiquement, j’avais la certitude qu’il allait continuer l’œuvre de son père et rassembler autour de lui toutes les forces politiques qui étaient acquises à Laurent ! Les autres camarades et moi-même étions déterminés à l’aider jusqu’au bout pour la réussite de sa mission ! Quant au commanditaire de l’assassinat de Laurent, je ne peux pas vous dire exactement qui c’est ! De toute manière, cela ne pouvait venir que des commanditaires de l’agression que j’ai cités précédemment !

Des zones d’ombres restent donc à élucider sur cette affaire ! Au regard de la lecture de son comportement et des réponses qu’il donne face aux événements, de nombreux congolais pensent et disent que Joseph Kabila connaît quelque chose sur l’assassinat de son père ! D’autres continuent à penser et à croire fermement qu’il n’est pas fils biologique de Mzee Laurent Désiré Kabila en dépit des explications pourtant crédibles qui affirment le contraire ! Quel regard portez-vous sur cette accusation grave d’assassinat ? Aussi, pouvez-vous préciser à l’opinion si Joseph Kabila est réellement le fils biologique de Laurent Désiré Kabila ?

PVMpoyo : A la première question, je peux vous assurer que toute personne qui aurait succédé au Président Laurent Désiré Kabila assassiné aurait été soupçonné et accusé de la même façon, et encore plus gravement que ce qui se fait pour Joseph ! Souvent, les gens aiment les solutions faciles et trouvent toujours un bouc émissaire pour assouvir leurs phantasmes ! S’il y était pour quelque chose, je l’aurais su et dénoncé ! S’agissant de la filiation, je l’avais dit et répété qu’on pouvait dénier à Joseph Kabila d’autres choses sauf d’être le fils biologique de son père Laurent Désiré Kabila et de sa mère Sifa ! S’il commet des fautes politiques, cela ne change rien au fait qu’il est réellement fils biologique de Laurent Kabila qui avait plusieurs enfants de mères différentes ! D’ailleurs, je n’aurais jamais accepté qu’il devint Président de la République s’il était ruandais ! Ceux qui en font un argument politique, ne sont pas sérieux, c’est de la distraction pour tromper le peuple qui a besoin des arguments politiques solides !

Les gens continueront toujours à croire aux mensonges lorsque l’intéressé mis en cause est en déficit de communication ! Lorsque Joseph Kabila avait accédé au pouvoir, tout le monde était derrière lui en souvenir de Mzee Kabila, mais il avait malheureusement, tourné le dos à l’œuvre politique de son père qui répondait pourtant aux aspirations du peuple congolais, notamment les Comités des pouvoirs populaires CPP ! Etes-vous d’avis qu’avec la recrudescence des tares et maux à savoir la corruption, l’impunité, les mensonges que Joseph Kabila dispose encore des atouts pour réussir son mandat qui commence à tendre à sa fin lentement mais sûrement avec un bilan qui semble loin d’être positif ?

PVMpoyo : Comprenez bien qu’être président de la république dans un pays comme le notre, n’est pas facile ! En fait, à ce niveau, on est confronté à des réalités, des contraintes difficiles à imaginer ! Cela impose un entourage et un encadrement compétent et efficace pour espérer s’en sortir ! Je considère Joseph comme mon fils, tout comme tous ses frères et sœurs ! Mais, je vous avoue que je regrette amèrement qu’il n’ait pas pu continuer la politique pour le peuple engagée par son père ! En peu de temps, cette politique avait donné des résultats positifs ! Malheureusement, en tant que citoyen, je n’y peux rien ! C’est lui qui était élu, c’est lui qui doit décider de la politique à prendre au cours de son mandat et du choix de ses collaborateurs pour espérer réussir ! Je ne vois pas comment je peux lui apporter ma contribution s’il ne me le demande pas ! Je ne sais même pas s’il peut encore m’écouter !

Vous écouter ? Peut-être pas ! C’est normal parce que le pouvoir rend souvent sourd et aveugle ! Pour le moment, ce sont les cireurs de pompe, les flatteurs invétérés, ceux qui le caressent dans le sens des poils, à qui Joseph Kabila tend l’oreille ! Or, en ce moment, il fait le sourd même face à la grogne du peuple ! Ces deux oreilles s’ouvriront probablement trop tard, le jour où ce seront les vociférations de colère d’un peuple meurtri qui se lèvera comme un seul homme décidé à en découdre pour changer l’ordre de choses ! A vous-même, ne vous avait-il pas tourné le dos, lorsqu’affaibli par la maladie, vous deviez ramer pour trouver les moyens de vous soigner, moyens qui vous étaient délibérément privés par ses amis tels Katumba Mwanke et consorts qui se frottaient les mains, attendant avec impatience votre mort ? Joseph Kabila avait tourné le dos à tous les véritables héros qui avaient accompagnés Mzee Laurent Désiré Kabila pour la prise du pouvoir ! Nous avions vu Etienne Mbaya, mourir abandonné, Thomas Kanza, pourtant encore ambassadeur en Suède, poiroter durant 3 mois à Kinshasa pour obtenir les moyens de se faire soigner, en vain, et sa famille l’avait emmené en Grande Bretagne pour les soins mais il était décédé quelque temps après ! Sévérin Kabue qui avait frôlé la mort, en exercice de ses fonctions, victime d’un attentat consécutif à un complot ruandais, était et est abandonné à son sort, sans moyens de recevoir des soins appropriés, tandis qu’un criminel et traître comme Onusumba a eu droit à un avion spécial et des moyens conséquents pour des soins en Afrique du Sud et en Europe ! Pourquoi le général Sylvestre Lwesha, chef d’état général, compagnon de toujours de Mzee parmi les fidèles : Kifua, Sikatende, Tutumuetu, Madoadoa, R. Lwamba, R.Ghenda, Tshamala… n’a pas reçu le même traitement de faveur avant de mourir qu’ Onusumba, le traître criminel à la solde de Kagame ? Quelle signification donnez-vous à l’attitude qui ressemble à une purge adoptée par Joseph Kabila vis-à-vis des camarades qui étaient sensés être à ses côtés ?


PVMpoyo :
Je ne sais vraiment quoi dire à ce sujet ! Etait-ce dû à l’entourage qui n’était pas à la hauteur des enjeux ? Mais, je regrette qu’il n’eut pas été entouré par des personnes qui pouvaient lui apporter beaucoup comme Faustin Munene, Jean Kalama, Pierre Yambuya, Kikukama et d’autres ! Même, certains ayant travaillé avec Mobutu, mais qui disposent d’une volonté réelle de donner le meilleur d’eux-mêmes pour aider notre pays notamment des personnes comme Maître Kamanda wa Kamanda, Mokolo wa Pombo ! Je sais pourquoi je désigne ces deux messieurs ! Tout ce monde était prêt à l’aider à maintenir et à défendre les valeurs qui placent le peuple au centre de notre action politique pour lesquelles nous avions lutté presque toute notre vie ! Ce que vous déclarez, m’attriste énormément ! J’ai toujours milité pour que les gens se réconcilient et se mettent ensemble autour d’un projet pour reconstruire ce pays ! Pour certaines questions abordée, je pense qu’il sera juste de les lui poser pour qu’il trouve aussi l’occasion de se défendre !

Nous n’en disconvenons pas de lui poser ces questions en vue d’éclairer l’opinion, s’il le souhaite ! Mzee, admettez tout de même qu’une véritable réconciliation ne peut se faire sans la justice ! Aujourd’hui, l’environnement politique de la RDCongo est empêtré dans la corruption active, l’impunité institutionnalisée qui protège les prédateurs, les criminels qui, en plus, occupent des postes stratégiques de pouvoir ! Vous pensez peut-être que nous jouons à l’avocat du diable, mais le peuple congolais a besoin de voir clair et de comprendre ! En ce qui vous concerne, vous êtes à Paris depuis quelques années pour raison de santé, tout le monde a remarqué et étonné que Joseph Kabila n’ait pas daigné vous rencontrer lors de sa visite officielle en France ! Il est venu et il est parti ! Y a-t-il un point de divergence entre vous et lui ? Nous savons, par ailleurs, que certains de ses amis comme Katumba Mwanke, toujours lui, en complicité avec l’ex général Miala de la sécurité extérieure angolaise qui, semblait-il, préparait un coup d’Etat en Angola, avait entrepris une campagne de diabolisation contre vous afin de salir vos relations avec vos amis angolais ! Pourquoi ne vous êtes-vous jamais plaint du martyr qu’on vous avait fait subir depuis la disparition de Mzee Laurent Désiré Kabila, comme, par exemple, le même Katumba voulait vous faire déguerpir de vos bureaux pour s’en emparer, l’histoire de la banque de crédit mise en faillite délibérément pour vous priver des ressources, on vous avait privé de vos indemnités de sortie du gouvernement….etc ?

PVMpoyo : Je ne me rappelle pas avoir eu de divergence particulière avec Joseph Kabila ! J’ai toujours fait de mon mieux pour lui apporter mon soutien comme je l’avais toujours fait avec son père ! Sur cette question, je pense, encore une fois, que c’est à lui qu’il faut la poser ! De mon côté, en dépit de tout ce qui s’était passé, je ne l’avais jamais rejeté, ni condamné !! Quant aux amis, il est libre d’en avoir ! Mais en politique, lorsqu’on se fait un ami, il faut le cerner complètement, savoir d’abord si vous avez la même vision politique ! Sinon ce genre d’amis risque d’être source d’erreurs et d’échecs ! Le véritable ami, c’est le peuple ! Lorsqu’on lui tourne le dos, on se dirige droit vers l’abîme ! S’il est dans ce cas, j’espère pour lui qu’il retrouvera la lucidité nécessaire pour se ressaisir à temps et changer de cap ! Il suffit qu’il se souvienne du parcours qu’il a accompli pour arriver là où il est !

Le premier ministre Antoine Gizenga a déposé sa démission ! Une semaine avant le Président Thabo Mbeki d’Afrique du Sud a démissionné, obligé de le faire à cause d’ une divergence interne dans son parti l’ANC ! Vous connaissez ces deux personnalités, quel regard portez-vous sur leurs démissions ? Concernant celle d’Antoine Gizenga, êtes-vous d’avis que la situation générale pourra s’améliorer ?

PVMpoyo : Dans le jeu d’acteurs politiques, la démission devra être considérée comme un acte normal ! De toute manière, lorsque quelqu’un considère n’être pas en mesure d’apporter ce dont on attend de lui, la meilleure façon de faire, c’est de démissionner ! Quant au Président Thabo Mbeki, sa démission procède de l’organisation interne de son parti ! Comme dans toute organisation humaine, les dissensions ne manquent pas, malheureusement, les règles en vigueur au sein du parti se sont imposées en sa défaveur ! Je connais les ténors de l’ANC pour les avoir côtoyés pendant la lutte contre l’apartheid ! L’actuel président Kaglema est un homme compétent et expérimenté ! De ce côté, tout ira bien ! Concernant Antoine Gizenga, en déposant sa démission, il a montré un bon exemple et je l’en félicite ! Par contre, je ne dispose pas d’outils d’analyse pour pouvoir me prononcer si, après lui, la situation générale va s’améliorer ! Tout dépendra des choix politiques du Président de la République , de l’organisation et des hommes et des femmes appelés à animer le nouveau gouvernement !

Nous n’allons pas vous quitter sans parler de l’homme de culture, Maître Pierre Victor Mpoyo , votre image d’homme politique ayant pris le pas sur celle du grand homme de culture ! En effet, vous êtes auteur de plus de 3000 œuvres d’art pictural prestigieux qui ornent les mûrs de certaines places prestigieuses du monde notamment l’Afrique et l’Univers, la chaotique une œuvre majeure qui avait été exposée à l’Unesco ! Vous aviez fréquenté des grands artistes comme Picasso, Salvatore Dali… ! Vous êtes l’initiateur de la technique originale de la ligne continue ! Paradoxalement, vous êtes un féru de l’astrophysique ! Avez-vous quelque chose à ajouter ?

PVMpoyo : Je vous remercie de la visite et de l’intérêt que vous portez sur ma personne !

C’est nous qui vous remercions pour avoir accepter de répondre à toutes ces questions !
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Georges Motingia et Josiane Nsamba

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