jeudi 5 juin 2014

RDC : un témoin clé de l’affaire Chebeya au Sénégal

02 juin 2014

Paul Mwilambwe, qui accuse l’ancien chef de la police congolaise, John Numbi, d’être le commanditaire de l’assassinat de Floribert Chebeya se trouve au Sénégal. La FIDH a décidé de porter plainte pour qu’il soit entendu.



Une photo et le passeport de Paul Milambwe, témoin capital de l’affaire Chebeya © DR

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) a déposé plainte avec constitution de partie civile contre Paul Mwilambwe au Sénégal. Cet ancien major de police avait témoigné dans le film du cinéaste Thierry Michel, « L’affaire Chebeya, un crime d’Etat ? ». 


Dans ce documentaire, Paul Mwilambwe accusait le chef de la police congolaise, John Numbi, d’avoir ordonné l’élimination de Chebeya. La FIDH avait déjà déposé une plainte simple le 10 janvier 2014. Une plainte qui était restée sans réponse. 

« En l’absence de procédure équitable menée dans un délai raisonnable en République démocratique du Congo, nous avons déposé cette plainte au Sénégal afin qu’une enquête impartiale et indépendante puisse être ouverte et que toute la lumière soit faite sur l’assassinat et la disparition forcée dont ont été victimes Floribert Chebeya et Fidèle Bazana. 

Elle aura notamment pour but de faire entendre Paul Mwilambwe, un acteur de cette tragédie, par un juge indépendant », estime Maître Assane Dioma Ndiaye, avocat de la FIDH et des familles Chebeya et Bazana. 

Pour Patrick Baudouin, président d’honneur de la FIDH, la justice sénégalaise est « compétente pour instruire et juger ces crimes dans lesquels Paul Mwilambwe semble impliqué ». 

La FIDH compte donc sur Dakar pour contribuer « à la lutte contre l’impunité des crimes les plus graves ». 


Le véhicule où a été retrouvé le corps de Floribert Chebeya le 2 juin 2010 © DR

Paul Mwilambwe constitue sans doute la dernière piste sérieuse pour tenter de lever le voile de la vérité sur l’assassinat du célèbre militant des droits de l’homme congolais, Floribert Chebeya et de son chauffeur, Fidèle Bazana, il y a 4 ans tout juste. 


Dans l’entretien accordé au cinéaste Thierry Michel, Mwilambwe accusait sans détour le chef de la police John Numbi, un proche du président Joseph Kabila, d’être responsable de l’assassinat de Chebeya et Bazana. Mwilambwe avait également révélé le mobile du meurtre. 

Selon le policier, Chebeya avait en sa possession des documents accablants pour les autorités congolaises concernant la répression des membres du Bundu Dia Kongo (BDK) en 2007 et 2008. 

Les policiers du Bataillon Simba (commandés par Numbi) seraient à l’origine des massacres dans la province du Bas-Congo. Et toujours d’après Mwilambwe, Chebeya tenait ces documents de l’ancien président de l’Assemblée nationale congolaise, Vital Kamerhe, un ancien bras droit de Kabila passé à l’opposition. 

Au cinéaste Thierry Michel, Mwilambwbe avait même donné le lieu exact de son inhumation, dans une ferme d’un officier proche de John Numbi à Kinshasa. 

Quelques jours plus tard, le policier avait été enlevé par la police, de peur qu’il ne parle. Mwilambwe a réussi à s’évader et se cache actuellement dans un pays d’Afrique… on sait maintenant qu’il s’agit du Sénégal.

« Cette plainte constitue, pour nous, un grand espoir de vérité et de justice qui nous sont refusés au Congo où la justice est enlisée. Je veux savoir où se trouve le corps de mon mari et je veux pouvoir l’enterrer dignement », a déclaré Marie-José Bazana à la FIDH, l’épouse de Fidèle Bazana dont le corps n’a toujours pas été retrouvé.
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Christophe RIGAUD 

Afrikarabia
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