samedi 16 août 2014

Meurtre policier à Ferguson. «We Want Justice»

16/08/2014

Officiellement parlant, les États-Unis d’Amérique ne sont pas, par définition, un pays raciste. Cela est d’autant plus vrai que ceux-ci ont adopté, au cours de leur histoire mouvementée, bon nombre de législations draconiennes qui répriment ce comportement abject. 

Mais, qu’en est-il véritablement dans la réalité quotidienne ?


 
Officiellement parlant, les États-Unis d’Amérique ne sont pas, par définition, un pays raciste. Cela est d’autant plus vrai que ceux-ci ont adopté, au cours de leur histoire mouvementée, bon nombre de législations draconiennes qui répriment ce comportement abject. 

Mais, qu’en est-il véritablement dans la réalité quotidienne ? 

En effet, il ne se passe pas un jour de la semaine sans que ce pays ne soit rapidement rattrapé par ses vieux démons racistes. Ceux-ci ne sont pas sans rappeler les dures années cinquante et soixante qui sont, tout à fait, au cœur des politiques discriminatoires à l’encontre des populations africaines-américaines.

Le dernier événement en date, à la base de toutes les crispations et frustrations, est bien entendu le meurtre gratuit de Michaël Brown, âgé de 18 ans, à Ferguson, une banlieue périphérique de la ville pittoresque de Saint-Louis dans l’État de Missouri. 

Ce jeune homme africain-américain, dans la fleur de l’âge, a été abattu par un constable blanc. Ce drame est intervenu au cours d’un contrôle policier alors qu’il avait, selon les badauds et les témoins, effectivement les mains en l’air. 

D’ailleurs, racontent-ils, pendant qu’il adoptait cette posture défensive et pacifique, il suppliait ardemment les policiers de ne pas tirer sur lui. Ce qui revient, donc, à dire que celui-ci ne présentait apparemment aucun danger pour la sécurité des forces de l’ordre.

Toujours est-il que pendant son interpellation que d’aucuns ne s’expliquent, un coup de feu assourdissant, tout autant inexplicable, est parti du véhicule de police qui lui demandait de s’immobiliser. 

En s’effondrant par terre, Michaël Brown a reçu pas moins de huit balles mortelles. Ce qui a déclenché, spontanément, des manifestations qui ne faiblissent point et au cours desquelles les protestataires, scandant des slogans de justice, ont effectivement les mains en l’air. Ceux-ci ne demandent qu’une et une seule chose : ‘‘Que la justice soit faite !’’

Ce qui est, à n’en pas douter, plus frappant dans cette histoire épouvantable, c’est abord et avant tout l’attitude des médias américains tentés plutôt de protéger, comme à l’accoutumée, les institutions étatiques, donc de couvrir par des reportages, on ne peut plus biaisés et orientés, des bavures policières. 

En effet, en vue de préparer l’opinion publique blanche à soutenir, de manière inconsciente, la Police de Ferguson contre un membre d’une minorité dépeinte comme systématiquement violente et irrécupérable, ils ont commencé à diffuser nombre d’images impliquant des manifestants qui s’adonnaient au vandalisme. 

Aussi ont-ils diffusé, dans la foulée desdits événements, nombre d’images de la victime. Celles-ci ne sont pas sans rappeler certaines postures controversées des ténors et ambassadeurs de la ‘‘Gangsta Rap’’ de triste mémoire. Ce qui est de nature à discréditer, sans aucun doute, le pauvre regretté et ses nombreux soutiens inconditionnels.

Pourtant, le jeune Michaël Brown mortellement fauché par plusieurs balles policières, dont la famille demeure favorable à des manifestations pacifiques, est, plutôt, reconnu dans l’ensemble de sa communauté comme une personne affichant un comportement raisonnablement digne et respectable. 

Alors, afin de réhabiliter cette réputation souillée, écornée, de la jeune victime par des médias complices, les réseaux sociaux ont commencé à diffuser très rapidement sur le net des images fort honorables de Michaël Brown. 

Pour contrecarrer cette campagne de mauvais goût, insidieuse, distillé par des médias officiels en tant que caisse de résonnance du pouvoir, ils ont commencé à publier ses nombreuses photos, lesquelles présentent plutôt un jeune homme totalement aux antipodes de l’image édulcorée que les soi-disant porte-voix officielles voudraient, à tout prix, lui coller dans la peau.

Par ailleurs, depuis que cette Police de Ferguson s’est compromise dans l’interpellation suivie de l’arrestation brutale des journalistes venus couvrir des manifestations qui se transforment davantage en émeutes urbaines, l’attitude des médias officiels a complètement changé. 

Celle-ci a, depuis cet incident, basculé en faveur des protestataires. Elle est devenue, du moins, assez raisonnable. Pour ne pas dire assez équilibrée. 

En effet, les reporters sur le terrain insistent, désormais, sur la disproportion des moyens militaires utilisés par les policiers à l’encontre des manifestants ayant, la plupart du temps, des mains en l’air pour souligner la position dans laquelle a été abattu le jeune Michaël Brown.

Ensuite, ce qui frappe dans ce drame, c’est le comportement criminel de la Police de Ferguson. Cette Institution dont la transparence laisse, à vrai dire, à désirer dans le cadre de cette affaire, préfère plutôt démontrer ses muscles. 

En fait, elle est plus soucieuse d’attester la présence de l’Ordre et de la Loi que de désamorcer la crise. Force est d’admettre que celle-ci n’a fait que creuser un fossé abyssal entre les Citoyens et leurs constables dont la mission primordiale consiste, en réalité, à protéger la Communauté, à assurer la sécurité de la population. 

En l’espèce, Ferguson est, plutôt, en présence d’une Police qui est devenue une insécurité pour sa propre communauté.

Ce conflit a fini par trouver son écho jusqu’aux portes de la Maison Blanche dont le présent locataire est un Africain-américain, en l’occurrence le démocrate Barack Hussein Obama et du Ministre de la Justice Éric Holder, également un africain-américain. 

Pour désamorcer cette crise qui échappe de plus en plus au contrôle des autorités administratives locales, le président des États-Unis d’Amérique a appelé, depuis ses pénates sur l’Ile de Martha’s Vineyard, dans l’État de Massachussetts, où il passe ses vacances estivales, au calme et à la paix. 

Aussi a-t-il exigé la transparence dans l’enquête policière, tout en prenant soin de condamner vivement, dans les termes les plus appropriés, les violences faites aux journalistes et aux forces de l’ordre dans la mesure où certains manifestants au profil de professionnels de la casse ont naturellement fait usage des cocktails Molotov.

Ce qui est clair, ces protestations mettent pratiquement mal à l’aise tout le monde. Y compris la communauté blanche sans nul doute choquée par cette théorie loufoque de ‘‘Home War’’ [la guerre chez nous] promue par des institutions officielles des USA, en l’occurrence la CIA et le FBI. 

En effet, impressionnée par la lourdeur des moyens militaires mis en œuvre pour étouffer tous azimuts les manifestations de Ferguson, celle-ci ne cesse point de dénoncer dorénavant l’hypermilitarisation des unités de polices locales des États fédérés par le Pentagone, pourtant une Institution officielle – le Ministère de la défense – des États-Unis d’Amérique.

Toutefois, ce qui est plus choquant et même incompréhensible dans le cadre d’une démocratie où la transparence est le point focal, le cœur même du système, c’est la chape de plomb qui pèse sur l’identité du policier meurtrier. 

Personne n’est au courant. Y compris le gouverneur de l’État de Missouri, Jay Nixon, qui ne dispose d’aucune information sur ce constable. Comme quoi le jeune Michaël Brown se serait-il donné la mort lui-même ? À suivre…
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Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant
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Cameroonvoice

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