lundi 15 septembre 2014

Dossier Spécial : Les personnalités congolaises à tenir à l’œil en 2014

1. "Joseph Kabila Kabange", le raïs invisible et piégé par les élections de 2011

 

Si 2016 sera une année de Vérité pour le « raïs » congolais et 2015 une année de fixation de l’opinion sur son avenir politique, l’année 2014 commence au plus mal pour le président Joseph Kabila. Alors qu’il pensait terminer l’année 2013 sur les chapeaux de roues grâce à la victoire de la coalition FARDC-MONUSCO sur le M23, la période charnière 2013-2014, marquée par le coup de force manqué du 30 décembre 2013, le regain de violence au Katanga et au Nord-Kivu et l’assassinat du colonel Mamadou Ndala, le 2 janvier 2014 – ce brave officier trentenaire qui incarnait le symbole de l’espoir de la renaissance de la nation congolaise par sa jeunesse – est venue tout remettre en question. 

Des événements qui démontrent que la promesse, tenue depuis sa première élection en 2006, de restaurer l’autorité de l’Etat et d’assurer la paix et la sécurité sur l’ensemble du territoire congolais (pas seulement dans sa partie orientale), est loin d’être effective. 

Pourtant, ce point était, dans tous ses programmes électoraux et présidentiels successifs, la priorité des priorités. Kabila doit de nouveau se battre sur tous les fronts et affronter une nouvelle zone de turbulence alors qu’on attend toujours la formation d’un nouveau gouvernement qui ne manquera pas de mécontenter plusieurs de ses partisans.

Cette année se présente également comme une année des défis pour le président arrivé à mi-mandat et dont l’avenir politique dépendra de la manière dont il compte rentabiliser son projet gouvernemental de « la révolution de la modernité » mis en œuvre par Matata, un technocrate réputé bon travailleur, et son engagement à souscrire aux 679 recommandations dégagées des concertations nationales qui tardent à être appliquées. 

Les congolais n’arrivent pas encore à sentir les effets des efforts réalisés par Matata dans leur panier de la ménagère. 

Une mission à haut risque, sinon quasi impossible, car on voit mal comment pourrait-il réussir en deux ans les promesses socioéconomiques qu’il tient depuis 2006 avec la cristallisation de la tension politique qui ne cesse d’envenimer l’espace politique à mesure que l’on s’approche de l’année fatidique de 2016 qui symbolise la fin son mandat présidentiel.

L’année 2014 s’annonce aussi politiquement très mouvementée d’autant qu’à partir de cette année toute l’attention et toutes les stratégies politiques, apparentes ou latentes, s’orienteront désormais vers l’après Kabila. 

Ce, aussi bien du côté de l’opposition politique que dans son propre camp, tant les ambitions personnelles (parfois démesurées) ne manqueront pas de s’afficher, sinon de se démarquer de la fragile discipline en vigueur au sein de la MP.

En outre, depuis sa réélection contestée en 2011, qui a sensiblement érodé sa légitimité, Kabila peine à créer une cohésion à deux niveaux. 

D’abord au niveau national, indispensable à l’instauration de la confiance dans le cadre du pacte social et républicain entre l’autorité et la population. Malheureusement, la fracture sociale ne fait que s’accentuer et contraint le pouvoir à recourir à la violence, amplifiant davantage le divorce entre le régime et la population. 

De l’autre côté, Kabila, dans une atmosphère de fin de règne inexorable qui se profile à l’horizon 2016, arrive difficilement à maintenir la cohésion au sein de sa propre majorité présidentielle mais aussi au sein de l’armée. 

Ce qui ouvre toutes les portes possibles aux luttes d’influences internes, aux guerres entre les différents clans et cercles gravitant autour du président. Le tout pouvant déboucher au dépérissement et à l’implosion du régime sans avoir nécessairement besoin d’un coup de pouce extérieur pour faire effondrer tout le système. 

Il suffit de constater la manière dont les ténors de la MP se rivalisent et s’épient mutuellement comme des chiens de faïence pour jauger cette atmosphère délétère. Ainsi, contrairement à ce que l’on pourrait croire, le danger pour la survie politique de Kabila proviendrait plus de l’intérieur que de l’extérieur (opposition, diaspora…) de son camp. 

Qui va dégainer le premier ? En ce, cette année 2014 pourrait réserver bien des surprises car les coups peuvent surgir de partout.

2. Etienne Tshisekedi, Ya Tshitshi dans l’attente de l’impérium ?

 

L’inoxydable « Sphinx de Limété », sa commune résidentielle de Kinshasa où il a installé son cabinet de président de la République auto-proclammé, dont on a annoncé à maintes reprises la mort politique imminente, reste, contre vents et marées, l’homme politique le plus populaire du Congo. 

Le père du processus démocratique de la RDC est en politique congolaise ce qu’a été le grand « Rochereau » Tabu Ley pour la musique congolaise. Lumumba étant le Grand Kallé et Mobutu c’est « Franco« Luambo Makiadi. Tant en RDC, depuis l’indépendance Cha-cha, la politique ne peut s’exprimer sans la musique et mutatis mutandis. 

Les deux domaines se tiennent tellement par la barbichette, avec les conséquences morales fatales pour les populations, au point qu’aujourd’hui, il est difficile de faire de la politique sans être chanté par telle ou telle autre star de la rumba congolaise. 

L’onde de choc politique suscitée par l’annulation du concert de l’artiste congolais « JB Mpiana », dit le « Sulutani Papa Chéri », qui devait se produire en décembre 2013 au Zenith de Paris, est là pour rappeler cette étrange collusion entre ces deux domaines en apparence antinomiques.

Pour revenir à « Ya Tshitshi », après son long mutisme observé depuis début 2012, hormis quelques sorties privées, presque toutes à l’occasion des deuils, qui stratégiquement lui permettent de mesurer sa popularité intacte à Kinshasa, son entourage, ses partisans, l’opinion publique et les analystes attendent de lui pour 2014, qu’il donne de nouvelles orientations au parti sur trois aspects.

Le premier concerne son avenir politique vu le poids de son âge car d’aucuns attendent qu’il procède à une profonde réforme des structures et du fonctionnement de son parti, notamment par le rajeunissement de son cadre, à l’instar de Mandela qui s’est entouré de jeunes cadres du parti, plus technocrates que apparatchiks. 

Sur ce point, les regards semblent tournés vers son successeur biologique et sociopolitiquement pressenti, Félix Tshilombo Tshisekedi. Nous y reviendrons plus loin. 

A moins qu’il crée la surprise en parrainant Albert Moleka, son directeur de cabinet et fils d’un ancien baron du mobutisme. Albert Moleka est considéré comme un des rares hauts cadres du pré-carré du sphinx de Limete, très compétent, intègre, travailleur, constant, modéré et disposant d’atout d’homme d’Etat. 

En tout cas, selon certaines indiscrétions parvenues à DESC, le profil de l’homme semble intéresser plusieurs chancelleries occidentales et africaines. Moleka a impressionné positivement plus d’un interlocuteur lors des différentes tractations diplomatiques qui ont eu lieu à la suite des élections de 2011.

Le deuxième aspect qui mérite d’être clarifié est la question de « l’impérium ». C’est-à-dire son entrée effective dans sa présidence dont il a assure l’imminence depuis sa rencontre, il y a deux ans lors d’une cérémonie d’échange des vœux, avec les mamans de son parti. 

Tshisekedi leur avait rassuré que « Ba mama, bolala poni ya bébé » (Mamans, dormez tranquillement comme des bébés, bientôt nous aurons l’impérium). 

Depuis, on n’a plus rien vu venir. Ce, avec pour corollaire de semer le doute et la déception auprès de ses partisans et ses électeurs, qui n’hésiteraient pas, par pragmatisme et opportunisme, d’aller se jeter dans les bras du premier baroudeur qui viendrait arracher militairement l’impérium à Kabila, comme cela s’est passé en ,1997 lorsque plusieurs cadres de l’UDPS ont enjambé le pont vers l’AFDL.

Enfin, le troisième point qui préoccupe les observateurs est celle de savoir quelle attitude adopter d’abord par rapport aux élections prévues en 2014 et 2015 mais aussi à l’échéance 2016 ? 

Tshisekedi devra-t-il continuer à contester l’autorité au-delà de 2016 s’il n’a pas obtenu son impérium ou s’inclinera-t-il au respect du calendrier électoral ? 

Dans ce cas, quelle stratégie à adopter pour ce faire d’autant que la démocratie ne se limite pas uniquement qu’aux présidentielles ? Telle est la grande inquiétude ressentie par les partisans de l’UDPS qui n’osent pas publiquement le dire à leur président national.

3. Vital Kamerhe, VK le pacificateur est-il devenu la bête noire de Kabila ?

 

Vital kamerhe est sans doute l’homme et l’animal politique le plus doué de sa génération muni d’une vision d’homme d’Etat. 

Ancien cadre du PPRD et éminence grise de Joseph Kabila au sein du COST (Comité Stratégique), un think tank mis en place par le feu Augustin Katumba Mwanke (AKM), VK évolue, depuis sa rupture avec Kabila en 2010, dans l’opposition à la tête de son parti, l’Union pour Nation congolaise UNC). 

Un parti qui, idéologiquement, se retrouve dans le même courant politique de l’Internationale socialiste que le PPRD de Kabila et l’UDPS de Tshisekedi. Pourtant entre le trio, c’est le grand désamour. C’est cela le paradoxe de la réalité politique en RDC où les valeurs idéologiques traditionnelles occidentales jouent peu de rôle en termes d’alliance ou de stratégie politique que le « real politik africain » où seul compte arriver au pouvoir, fût-il avec un partenaire incongru. 

On le voit avec la MP de Kabila qui constelle toutes les tendances politiques inimaginables : libéraux, socialistes, communistes, lumumbistes, mobutistes, sécessionnistes, communistes, maoïstes, islamistes, extrême-droite, écologiste, centristes, humanistes, socio-démocrates… 

Le président se réclamant lui-même héritier du courant révolutionnaire lumumbiste mais appliquant antithétiquement à fond les pires politiques néolibérales dictées par l’Occident.

Révélation des élections de 2011 avec un parti d’une année d’existence et malgré des injustices électorales subies dans son fief aux Kivu, Kamerhe est parvenu à avoir une représentativité honorable dans l’assemblée nationale. 

Sa position électorale à la présidentielle de 2011 fait de lui, en l’absence de Jean-Pierre Bemba, une des trois personnalités politiques, à dimension nationale et en termes de popularité, présidentiables. 

Il pourrait prétendre au sacre suprême en 2016 s’il parvient à conclure de bonnes alliances avec les leaders du centre et de l’ouest de la RDC, la géopolitique congolaise oblige. Cette partie du pays où il est moins populaire et qui peine à passer outre son alliance avec Kabila qui ne cesse de lui coller à la peau, notamment au sein de la diaspora congolaise.

Cependant, Kamerhe présente quelques atouts majeurs qu’il pourrait exploiter efficacement avec subtilité. 

D’abord profiter de l’impopularité croissante de Kabila à l’est qui n’a pas tenu ses promesses de paix pour conquérir davantage les autres parties de cette contrée. 

Ensuite, profiter des déçus de la MP qui ne retrouvent plus leurs comptes autour de Kabila de plus en plus asphyxié par les Katangais et les Tutsi, en comptant notamment sur leurs apports financiers amassés en 10 ans de gouvernance kleptocratique du régime Kabila. 

L’argent reste évidemment un facteur important dans la course électorale, surtout en Afrique où le ventre affamé ne mange point de démocratie. 

Enfin, Kamerhe (ex-cadre de l’UDPS) pourrait attirer tous les indécis du MLC de Bemba si ce dernier n’est pas libéré avant 2016 et les déçus de l’UDPS dans l’hypothèse de l’absence d’Etienne Tshisekedi en 2016. 

Depuis qu’il s’est radicalisé vis-à-vis de Kabila, notamment en boycottant les concertations nationales, Kamerhe devient aux yeux de l’opinion publique pour Kabila la bête noire que fut Tshisekedi pour Mobutu. 

Il ne lui reste plus qu’à subir la répression de Kabila, comme l’a endurée Tshisekedi, pour qu’il soit crédible, disent certains sceptiques qui ne croient pas au divorce total entre les deux. C’est l’équation à résoudre par sa cellule stratégique.

Une autre dimension favorable à Kamerhe est son carnet d’adresses impressionnant. Dans ce registre, même le tout-puissant AKM le reconnait dans son livre posthume, Ma Vérité, en soulignant que « Vital Kamerhe était celui qui était le mieux connecté au monde diplomatique. 

Personne mieux que lui ne connaissait aussi bien les cercles diplomatiques internationaux ». Grâce au réseau de Vital Kamerhe, affirme Katumba Mwanke, cela a permis à leur think tank COST de savoir ce qui se concoctait dans les milieux internationaux. Milieu inconnu par beaucoup, lui-même Katumba y compris.

Un autre atout de Kamerhe est son intelligence vive couplée avec son côté tribun et populiste. Cela lui permet de séduire intellectuellement et ‘charismatiquement’ ses interlocuteurs et son auditoire. Il s’agit là des deux rares traits de personnalité qu’on retrouve auprès des hommes politiques partout dans le monde entier. 

Ceux qui ont possédé ces deux qualités, ont généralement marqué leurs époques : Mandela, Mitterand, Obama, par exemple. D’ailleurs pour Katumba Mwanke, c’est grâce à son excellent talent de communicateur, qu’il avait confié à Kamerhe la communication au sein du COST. 

Cela s’est aussi révélé lors de la présidentielle de 2006. Un bémol relevé par Katumba est la propension de Vital Kamerhe de se mettre en valeur qui nuisait à ses contributions. 

« Je me demande aujourd’hui si ce ne sont pas ces tendances mêlées à des ambitions parfois excessives qui ont fini par le conduire à se démarquer de notre camp et à envisager un destin en totale opposition au nôtre », conclut l’ex-homme fort du régime.

4. Jean-Pierre Bemba, le chairman combattu par la CPI mais jamais abattu?

 

Tant qu’on n’a pas encore abattu la peau du léopard ou de son petit, il ne faut jamais crier victoire. Depuis sa cellule VIP de la Haye à la CPI, « Igwe » dirige son parti des mains de fer et rien ne semble apparemment échapper à son contrôle. 

Au-delà des charges pénales retenues contre lui, l’analyse du déroulement de son procès laisse transparaitre que Bemba serait sans doute victime d’un acharnement politique d’une mafia internationale qui serait derrière son principal adversaire politique. Les dernières arrestations de ses lieutenants et avocats tendent à créditer cette thèse. Ce qui, à notre avis d’analyste, serait une erreur de stratégie. 

Car, au Congo, plus on est politiquement martyrisé, plus cela joue positivement à l’image politique et à la popularité de la victime, le présentant comme étant la seule alternative crédible et naturelle au régime. 

Le cas Tshisekedi est là pour attester mon analyse. Lui qui a enduré les répressions politico-policières de Mobutu et des Kabila, père et fils, renforçant davantage sa popularité dans l’imaginaire collectif. 

Le député Diomi Ndongala, qui dans une dimension provinciale à Kinshasa, consolide également sa popularité dans la capitale à la suite de sa collision politico-judiciaire avec le régime ; ce, suite à son refus catégorique de reconnaitre une quelconque légitimité à Kabila. 

En conséquence, l’homme dont on dit que les 2000 jours passés à la Haye n’ont affecté d’un iota son moral d’acier, croit dur comme fer qu’il sera le prochain président de la RDC après Kabila. 

Le pouvoir le redoute car conscient que le jour où Bemba foulera ses pieds à l’aéroport de Ndjili, qui l’accueillit en 2006 en « mwana mboka » (fils du pays , congolité oblige), le régime de Kinshasa tombera sans coup férir comme un fruit mûr et le kabilisme aura vécu. 

C’est pour cela que les éminences grises de Kabila se rivalisent d’ingéniosité pour fragiliser le MLC, par le débauchage et l’acharnement judiciaire à l’encontre de ses cadres et des leaders politiques de l’Equateur acquis à Bemba ; au lieu de concentrer leur énergie à développer à renforcer la popularité, les capacités de leadership et de management du raïs.

Cependant, si Bemba n’est pas libéré avant l’échéance électorale de 2016, il devrait sensiblement revoir sa stratégie pour éviter l’éclatement de son parti qui a perdu beaucoup de députés. Un parti qui semble infiltré par le pouvoir au vu de l’évolution (passée et future) de certains de ses ex-cadres comme François Mwamba et probablement Thomas Luhaka. 

Pour ce faire, une des pistes consisterait notamment à lancer dans l’arène politique son épouse, Liliane Teixeira Bemba, native de Kananga au Kasaï-Occidental et parlant parfaitement le Tshiluba, qui fut, avec Olive Lembe Kabila, les deux principales actrices des campagnes électorales respectives de leurs maris au deuxième tour de la présidentielle de 2006. 

En tant que femme à la tête d’un parti national, ‘Mama Liliane’ pourrait jouer le rôle de ciment permettant de ressouder le parti et d’assurer sa cohésion. Une qualité reconnue aux femmes exerçant les fonctions dirigeantes, liée à leur nature biologique de mère. 

De plus, le fait d’avoir une femme au premier plan politique, pourrait jouer un effet psychologique déstabilisateur aux adversaires masculins machistes et baisser la violence physique envers sa personne, voire son parti qui en bénéficierait par ricochet. 

Un parti dont trois députés provinciaux ont été mystérieusement assassinés. Mais le chairman aura-t-il le courage de laisser son épouse dans les bras de Kabila ?

5. Léon Kengo wa Dondo, la fin pathétique d’un homme d’État addictif au pouvoir ?

 

Avec la retraite du dinosaure politique Antoine Gizenga, le « Premier » Kengo et Tshisekedi restent les deux grands vétérans politiques encore actifs ( ?) dans l’arène politique congolaise. 

De tous les politiciens congolais, il est pratiquement le seul homme qui a exercé les trois pouvoirs constitutionnels. 

Kengo a été sous Mobutu Procureur général de la république et plusieurs fois Premier ministre, d’où le surnom de « Premier », et président du Sénat au sein de l’actuel parlement. Il ne lui reste plus qu’à occuper les fonctions présidentielles, un rêve (utopique ?) qu’il ne cesse de caresser depuis son retour au pays. 

Et l’homme ne cesse de secouer ses contacts pour lui permettre de le réaliser. 

Peut-être qu’il est déjà trop tard vu le poids de son âge, son état de santé fragile et son impopularité ; alors que présenté dans les milieux financiers néolibéraux comme l’homme de la « rigueur » dans la gestion de l’Etat. 

D’ailleurs, c’est en référence à cette image forgée par Kengo sous Mobutu que les faiseurs de rois en RDC ont imposé à Kabila l’homme à la cravate rouge, Augustin Matata Ponyo. Le pognon reste constamment le nerf de la politique en Afrique et dans les relations Occident-Afrique.

Malheureusement, la fin de la carrière politique de Kengo, qui approche à grands pas, se révèle moins brillante que ses années fastes aux côtés de Mobutu, qui auraient fait de lui l’homme providentiel du Zaïre sur le plan socioéconomique. 

L’animal politique que fut Kengo s’est révélé être un personnage narcissique, compulsif et un obsédé inconditionnel du pouvoir pour le pouvoir sans état d’âme, surtout pour les honneurs liés au pouvoir. 

En effet, depuis qu’il préside le sénat congolais, sauf à rares occasions lors des campagnes électorales, l’homme s’est rarement rendu dans son fief électoral à Libenge, préférant passer toutes ses vacances parlementaires dans l’opulence de ses luxueuses résidences en Belgique ou à Chypre, bien loin de ses électeurs de l’Equateur. 

Une province abandonnée par les mobutistes et les fils Mobutu, dans un état précolonial, depuis leur retour en force aux côtés des Kabila. Mais l’homme n’a pas abattu ses dernières cartes car il entretient d’excellentes relations discrètes avec l’oligarchie Tutsi au pouvoir à Kigali et qui reste encore active au Congo.

6. Moïse Katumbi, le roi du Katanga et futur empereur du Congo?

 

Lorsque j’avance que la surprise proviendrait intra muros, du camp du pouvoir, Moïse est certainement l’un de ceux par qui la page des Kabila pourrait définitivement se tourner. Il le dit souvent, ce n’est pas par hasard que mes parents m’ont donné le nom de « Moïse ». 

En plus, lorsqu’il déclare que le conseil que je peux donner aux présidents africains est de savoir quitter le pouvoir à temps. Qui pourrait encore douter des ambitions présidentielles de ce fils de l’ethnie Bemba (du sud du Katanga) aux origines juives ?

Ce ne sont pas les atouts qui lui manquent. D’abord la popularité dû à son côté tribun, téméraire et à son contact facile avec la population. L’homme qui a ressuscité le Katanga des vestiges mobutiens, dit-on dans les milieux lushois, passe également pour être le député le mieux élu en 2006, record absolu jamais égalé. 

Dans ce registre, seuls Kamerhe et Félix Tshisekedi (dans une moindre mesure), pourraient rivaliser ce personnage politique séducteur et populiste qui a fait fortune dans la pêche avant d’étendre son filet vers le secteur minier. 

L’homme présente aussi un atout indéniable à son crédit, celui d’être le grand mécène sportif de la RDC, qui a introduit un style moderne de management dans le football en Afrique noire, hissant son club phare le Tout-Puissant Mazembe (ex-Englebert) aux sommets du foot africain (vainqueur de la ligue des champions africaine en 2009, en plus de deux titres identiques en 1967 et 1968) et mondial (finaliste de la coupe du monde des clubs). Qui dit mieux ?

Dans son livre posthume susmentionné, Katumba loue Katumbi, son frère ethnique Bemba, en des termes adorateurs : « Puisse la divinité éloigner la mort de Moïse et lui donner longue vie. Il est assurément l’un des meilleurs espoirs que notre pays a aujourd’hui et l’une de ses planches de salut, demain quand sonnera l’heure des grands destins futurs… » 

La question est de savoir si en l’écrivant, les deux hommes n’auraient-ils pas déjà mis en synergie leurs efforts pour planifier l’après raïs ? Bien qu’il soit le produit d’un métissage de races dans une RDC où la congolité fait parti des enjeux électoraux, contrairement à Kengo ressenti comme un ‘Blanc’ par les congolais car très éloigné des populations locales, Moïse Katumbi est souvent comparé à Jeannot Bemba Saolona, le défunt père du « Chairman ». 

En effet, les deux hommes, malgré le fait qu’ils ont profitéé des facilités parfois peu éthiques des régimes respectifs sous lesquels ils ont fait fortune, ont tout de même été les seuls qui ont investi dans la création de l’emploi en RDC, pendant que leurs compatriotes se livrent à fond à l’évasion des capitaux. 

Et la population affamée préfère celui qui lui donne du poisson, une bouteille de bière que les beaux discours intellectuels… C’est sans doute l’une des clés du futur probable succès de Katumbi.

Moïse Katumbi pourra également compter sur la puissance financière de son grand ami, le puissant homme d’affaires juif Dan Gertler et sur l’actuel establishment katangais autour de Kabila dans une guerre géopolitique inter-provinciale contre les autres provinces. 

Mais gare aux démons des rivalités internes Nord-Sud dans un Katanga de plus en plus échaudé par les velléités séparatistes des Bakata-Katanga instrumentalisés par le général John Numbi (selon le rapport d’experts de l’ONU qui sera publié en février 2014). 

Ce fougueux général atypique qui n’a pas dit son dernier mot dans la guerre intra muros entre que se livres les différents clans du pouvoir autour de Kabila.

7. Le Général-major John Numbi Banze, L’ex-inspecteur général de la Police nationale congolaise en disgrâce

 

Lubakat de Malemba-Nkulu dans le Haut-Lomami au nord du Katanga, où sévit actuellement la milice Maï-Maï Kata Katanga, l’ex- « bras armé », homme de confiance et des missions délicates[1] du président Kabila, le général Numbi, malgré sa mise à l’écart à la suite de l’Affaire Chebeya-Bazana, reste l’un des militaires les plus puissants du pays. 

A l’époque de son grand amour avec Kabila, pour Numbi, il n’y avait pas d’équivoque, « les ennemis de Kabila sont ses ennemis » (Jeune Afrique, 9/03/2009). 

Ce sont les hommes de Numbi qui, lors des échanges de tirs entre la garde présidentielle et les soldats de Jean-Pierre Bemba entre les deux tours des présidentielles de 2006, ont pilonné la résidence de ce dernier pendant qu’il s’entretenait avec des diplomates étrangers. 

C’est le « bataillon Simba » de la PNC, placé sous les ordres directs du général Numbi, qui a réprimé de façon jugée excessive les adeptes du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo, entre février et mars 2008, dans le Bas-Congo. Numbi a entretenu d’excellentes relations avec les officiels rwandais qui le considéraient comme « un homme ouvert au dialogue, pragmatique et qui va droit au but ». 

Ses détracteurs le qualifient d’opportuniste qui agit « sans réserve et avec brutalité ». Ils l’accusent d’avoir commandité l’assassinat de Chebeya et son chauffeur Fidel Bazana dans le cadre d’une « stratégie visant à déstabiliser le chef de l’État » à la veille des festivités du cinquantenaire de l’indépendance en juin 2010 (Jeune Afrique, 15/06/2010). 

Les milieux diplomatiques, via les câbles Wikileaks, le voient comme un successeur potentiel de Kabila[2]

Depuis sa mise à l’écart définitive au profit de Bisengimana, la question que les observateurs se posent, si jamais une compensation identique ne lui est octroyée, quelle sera l’attitude de Numbi à l’aulne de 2016 ? Surtout qu’après les événements survenus le 30 décembre 2013 en RDC, au-delà de l’hypothèse d’un coup monté du pouvoir, d’aucuns ont directement vu la main cachée de Numbi. 

Ainsi, dans un pays où les changements des présidents se font jusque là par les coups d’état militaires ou la voie armée que par une alternance démocratique au pouvoir, il n’est pas exclu que Numbi confirme cette règle. L’année 2014 pourra davantage nous éclairer à ce sujet et nous ne sommes qu’à son début…

8. Aubin Minaku, le futur Medvedev congolais ?

 

Ce juriste qui a fait carrière au sein de la magistrature, l’enseignement universitaire et les services spéciaux (aux côtés de Maître Jean Mbuyu) est pressenti comme une des cartes de rechange transitoire de Kabila arrivé constitutionnellement en fin mandat en 2011. 

Cela fait partie des scenarii développés par les stratèges du cercle présidentiel qui misent sur son loyalisme viscéral d’apparatchik et de commis de parti pour faciliter à Kabila un retrait stratégique au pouvoir avant son come-back à la Poutine. 

Le problème est que le Congo n’est pas la Russie de Poutine et Si Minaku présente un profil politique similaire au mou Medvedev, rien ne semble attester que Kabila dispose d’une carrure bonapartiste d’un Poutine, tant leurs styles de leadership sont opposés. 

Si Poutine était préparé au pouvoir par son mentor Boris Eltsine, Kabila semble hérité d’un pouvoir auquel il n’était nullement préparé, me disait l’auteur belge Ludo Martens, peu avant son décès, pour justifier son leadership mou. 

La comparaison entre les modèles sibériens et tropico-équatorial s’arrête là mais l’appétit vient en mangeant. Minaku, le coordonnateur de la MP qui ne serait pas élu aux dernières législatives à Idiofa (Bandundu centre), est décrit par Jeune Afrique de « bon orateur et fin connaisseur du personnel politique » congolais. (JA, 3/03/2012).

C’est ainsi que profitant de sa co-présidence aux concertations nationales, Minaku a mis en place une structure officieuse à base techno-régionale regroupant des congolais diplômés de la diaspora – ressortissants majoritairement du Bandundu et du Bas-Congo (province de son épouse), dont plusieurs ont été désignés unilatéralement pour gonfler son poids politique en représentant la diaspora à ces rencontres citoyennes – pour constituer un think-tank devant lui permettre de gravir l’échelon présidentiel en 2016. 

L’on se pose la question comment y parviendra-t-il lorsque, contrairement à ses prédécesseurs Kamerhe et Kamitatu, en sa qualité de président de l’assemblée nationale, malgré son intelligence, il peine à insuffler à cette institution – la plus importante dans une démocratie – son indépendance et sa place de pilier constitutionnel?

Gestionnaire d’une caisse noire, Minaku occupe une bonne partie de son temps à soudoyer des opposants de la politique du ventre creux. Cela pourrait également lui profiter dans sa stratégie pour 2016 depuis que l’homme qu’on croyait docile s’est émancipé de la tutelle de son ancien boss du parti, le professeur Evariste Boshab dont la carrière politique aux côtés de Kabila semble crucifiée depuis la disparition de son mentor AKM. 

Un autre point à surveiller est sa bonne entente avec le général Didier Etumba, le chef EMG des FARDC. Ensemble et vu leur intelligence, ils peuvent toujours former un tandem intellectuel de choc pour réussir un coup de dernière minute.

9. Augustin Matata Ponyo, la croissance rien que la croissance

 

Ce Bangu-Bangu originaire du Maniema est la perle noire trouvée par Kabila depuis le départ de M. Freddy Matungulu qui a démissionné des ses fonctions de ministre des Finances et Budget, le 17 février 2003 pour poursuivre sa carrière de haut fonctionnaire du FMI. 

Réputé travailleur et orienté vers les résultats, ce technocrate sorti de l’Université de Kinshasa est aujourd’hui l’un des rares points positifs qui permettent de contrebalancer l’impact négatif du mandat troublé du raïs depuis les élections de 2011. 

L’homme a, en deux ans de travail dans les conditions difficiles des retraits de la BM et du FMI, permis de stabiliser le cadre macro-économique, amorcer la lutte contre la corruption en fermant toutes les fuites possibles, notamment par la bancarisation de la paie des fonctionnaires et militaires.

Cela lui a suscité l’inimitié de ses compères de la MP et des hauts gradés de l’armée allergiques au sevrage à la corruption. 

Avec Mukoko Samba, ils sont devenus les bêtes noires des pires prédateurs qui pullulent dans la majorité présidentielle, notamment dans certains milieux Katangais pour qui Matata mais aussi le Kusu Pierre Lumbi Okongo (Conseiller spécial du chef de l’État en matière de sécurité), deux ressortissants du Maniema, sont devenus les hommes à écarter à tout prix du cercle présidentiel. 

Une guerre inter-provinciale (Maniema – Katanga : deux bastions de Kabila), à côté des autres guerres intra-provinciales au Katanga (entre le Nord et le Sud) et au Maniema (entre les Bangu-Bangu et les Kusu) qui ne manqueront sans doute pas d’animer l’actualité politique et sécuritaire de la RDC en 2014.

Matata a permis d’augmenter le barème salarial des professeurs d’université (2000 $ US) et leurs assistants, le salaire des médecins et le lancement de la mutualisation des soins de santé des enseignants du primaire et secondaire. 

Des succès qui, s’ils étaient accomplis avec un pouvoir jouissant d’une pleine légitimité, c’est-à-dire la confiance populaire) auraient psychologiquement doper le dernier mandat présidentiel. Hélas, Mulunda, Boshab et Lumuna sont préalablement passés par là et ont condamné d’avance l’action de Matata. 

Comme tout bon technocrate en RDC, l’homme est impopulaire et surtout qu’il ne « libère[3] » pas. Cependant, dans une perspective des échéances qui s’annoncent ouvertes en 2016, Matata peut toujours tenter sa chance en concluant une alliance d’intérêts avec Moïse Katumbi par exemple. 

Une chose est sûre, dans le cadre du principe de la continuité de l’Etat, nous voyons mal comment celui qui succédera à Kabila (en 2016 ?) pourra se passer de sa rigueur et son expertise. Un avenir presque assuré pour l’homme de la cravate croissance, sauf s’il faille effacer toute trace du kabilisme.

10. Félix Tshilombo Tshisekedi, du père au fils ?



Ce jeune cinquantenaire, ayant longtemps évolué aux côtés et dans l’ombre de son père, subissant avec son papa les réclusions, relégations, résidences surveillées,… semble sentir son tour arriver pour la succession filiale. 

Des sources affirment que l’homme, poussé par sa mère ‘Mama Marthe’, commence progressivement à réaliser qu’il serait dans un avenir proche le président du seul parti politique congolais implanté sociopolitiquement (pas financièrement comme le PPRD) sur l’ensemble du territoire congolais. 

L’homme est conscient que ce ne serait pas de tout cadeau tant les faucons du parti sont aux aguets pour se réclamer chacun le digne successeur spirituel du lider maximo, en cas de sa retraite politique. 

Il suffit de compter des nombreuses guerres des clans qui ont secoué ce parti et qui, à chaque fois, ont abouti aux exclusions des cadres de ce parti pour se rendre compte que l’après Tshitshi risque de sonner le glas de ce parti trentenaire en RDC.

Ainsi, conscient de cette éventualité, il n’est pas exclu qu’une passation de pouvoir à la belge soit envisagé dans les mois à venir pour permettre une transition en douce qui étoufferait l’implosion. Le scenario semble en tout cas sérieusement réfléchi dans la Rue Petunias à Limété. 

Question pour Etienne Tshisekedi d’accompagner son fils et de veiller à ce qu’en tant qu’autorité morale, toute contestation de l’autorité de son fils soit butée par son les effets dissuasifs de son pouvoir d’exclusion fatal (fatwa). 

C’est ce que fait actuellement Gizenga au sein du PALU. En effet, rares sont les exclus de l’UDPS qui ont connu des carrières politiques étincelantes après avoir été frappés par le fatwa du lider maximo. Une stratégie qui pourrait endiguer les ambitions centrifuges des faucons de l’UDPS.

Même certains le jugent ne pas être à la hauteur de sa future tâche, nous relevons tout de même quelques facteurs qui peuvent plaider en sa faveur dans la situation actuelle de l’UDPS.
 
Physiologique : Félix Tshilombo est le seul fils de Tshisekedi qui, ressemble morhologiquement à son père. Un facteur capital pour la transmission du leadership de type traditionnel-charismatique au sein d’un parti de type dogmatique, qui fonctionne comme l’église Kimbanguiste. 

N’est-ce pas qu’on qualifie souvent Tshisekedi de « Mulopwe » (Empereur ou roi)? 

D’autant que de tous les cadres de l’UDPS, personne ne présente un atout charismatique pouvant drainer les foules en dehors de Tshisekedi ou de Félix comme on l’a vu lors de sa campagne électorale à Mbuji-Mayi. 

Dans la communication, l’image et l’expression non verbale jouent pour plus de 70%. Ainsi, qui voit Félix croit avoir croisé ya Tshitshi. C’est ce que fit Joseph Nzanga Mobutu, l’autre portait copié du Léopard.

Sociopolitique : l’implantation, l’ancrage géographique du parti et la personnification de son leader renvoie généralement à l’appartenance ethnorégionale de son président national : Gizenga (Bandundu, Kinshasa), les mobutistes à l’Equateur, Kabila (Katanga, Maniema), Kamerhe (les deux Kivu), Tshisekedi (les deux Kasaï). Dans ce registre, Félix Tshilombo dame les pions aux prétendants comme Valentin Mubake, Bruno Mavungu…

La jeunesse : avec un président qui a traversé l’histoire du Congo indépendant et des méthodes de fonctionnement du parti datant du 20ème Siècle, on a vu ces derniers jours les jeunes « combattants » de l’UDPS adresser des mémorandums à la hiérarchie du parti pour procéder au rajeunissement du cadre et à la restructuration du parti. Ici aussi, face aux caciques du parti qui prennent en quelque sorte le lider maximo en otage, par leurs décision parfois anachroniques, Félix Tshisekedi présente l’avantage de sa jeunesse et de la dynamique de son entourage (jeune) de pouvoir se constituer en un relai idéal entre deux générations (des mobutistes et des kabilstes) par son âge charnière (50 ans) pour opérer une soft transition avec moins de casse possible. Face à un cadre politique rajeuni, Félix Tshisekedi peut valablement se confronter avec ses pairs.

Popularité : il est l’un des députés les mieux élus du Congo dans une élection qui a aligné plus de 18.000 candidats pour 500 places. Personne d’autre n’a fait mieux que lui dans l’UDPS. D’ailleurs, certains intouchables du pré-carré paternel ont été battus à plate couture dans leurs fiefs (avec ou sans régularités)

Rassembleur et ouverture : Ce sont là aussi deux atouts de Félix qui font de lui l’intersection entre les différents courants de l’UDPS qu’il continue de côtoyer tous : les ‘aradjicaux’ conservateurs autour de son père, partisans du ‘niet’ (boycott total des institutions) et des fatwas ; les jeunes combattants réformateurs (parlementaires débout), les colombes progressistes modérés (Le Dircab Albert Moleka), les indisciplinés chassés du parti dans le cadre des luttes des clans ou pour avoir soutenu des vues opposées au président et ses faucons (L’ex-SG Jacqmain Shabani, Gaston Dyndo, Bomanza, le bâtonnier honoraire Mukendi, Pascal Beltchika…), les élus partisans de la logique institutionnelle exclus (Samy Badibanga, Serge Mayamba, Remy Massamba, Kombo Nkisi, etc.). 

Ainsi, Félix Tshisekedi, vu son esprit d’ouverture et sa cordiale entente avec les différents courants du parti, pourrait amorcer une refondation du parti sur une base œcuménique en faisant revenir au bercail tous ses fils prodiges égarés et en réconciliant les uns aux autres. Ce que peu d’autres dans le parti peuvent réaliser tant la haine et les règlements des comptes ont rongé les esprits des uns et des autres.

Cependant, le jeune loup présente quelques faiblesses. On dit de lui peu structuré et obéissant aveuglement à son père, contrairement à son jeune frère Christian Tshisekedi, moins attiré par la politique, mais plus pragmatique avec un caractère quelque peu rebelle. 

En effet, Félix est fortement amarré à son père, éprouve des difficultés de s’en détacher et continue à vivre dans son nombre. D’où, ses détracteurs le jugent incapables de pouvoir voler de ses propres ailes une fois que le Père n’est plus là. 

Pour réussir sa future probable tâche, Félix doit dès maintenant se constituer une équipe d’experts et de technocrates devant l’accompagner dans chaque acte politique ou de communication qu’il posera.

11. Le Docteur Denis Mukwege, le futur réparateur du Congo ?

 

Depuis qu’il a reçu le Prix International Roi Baudouin pour le Développement en mai 2011, en récompense et encouragement pour son action d’assistance médicale et de soutien psychologique apportée aux victimes de violences sexuelles, le docteur Denis Mukwege, gynécologue et directeur de l’hôpital Panzi à Bukavu (Sud-Kivu), est devenu l’ambassadeur de la vaillance et la vitrine de l’excellence congolaises. 

Depuis, le « réparateur des femmes » sillonne le monde entier pour faire entendre la voix étouffée des victimes de cette arme fatale qui ravage l’est de la RDC depuis l’épopée de l’AFDL en 1996, raflant ici et là des prix et récompenses. 

Son nom a même été cité comme probable lauréat au Nobel de la Paix 2013. Malheureusement, quelques lobbies anglo-saxons et leurs alliés politiques régionaux, qui profitent du chaos congolais pour s’enrichir « mafieusement », ont mis leur véto.

Après avoir échappé in extrémis à un attentat en 2012, le Dr Mukwege s’est exilé en Belgique grâce au sauvetage diplomatique de Louis Michel. C’est durant ce court moment de la traversée du désert que les faiseurs de rois l’ont sollicité pour le convaincre à embrasser une carrière politique. 

Il résistera mais la pression est tellement forte que depuis quelque temps, une équipe de juristes, politiciens, journalistes, politologues, entrepreneurs occidentaux évoluant au Congo auxquels on associe quelques congolais pour faire de la figuration, s’est constituée pour travailler en coulisses dans cet objectif. 

Ils réussiront à surmédiatiser son retour à Bukavu et à organiser quelques conférences à Kinshasa, là où on jauge de la popularité des politiciens. 

Malheureusement, ils oublient que le sujet relatif au viol enduré par les congolaises et congolais à l’est est scellé par l’omerta dans les médias du régime dont l’armée et les milices entretenues par des officiers et politiciens au pouvoir sont les premiers auteurs de ce crime inhumain. 

La conférence passa inaperçue auprès de la population kinoise qui connait à peine le médecin congolais le plus connu du monde. Mais le groupe de soutien n’en démord pas et continue à tenir régulièrement des rencontres à chaque passage du docteur en Belgique. 

Lui qui a déclaré avoir rencontré tous les « grands » du monde sauf Obama, fera-t-il de 2014 une année d’annonce officielle de ses ambitions politiques pour le Congo dont on veut lui faire devenir le futur mécanicien ?

12. Le Dr Oscar Kashala, maboko pembe (mains propres)

 
Ce médecin de renom venu de Boston fut la grande révélation des élections de 2006 avec un discours qui fit mouche auprès des jeunes congolais et cadres de la classe moyenne qui virent en lui le profil de la modernisation du Congo. 

Mais le temps est passé, l’homme n’a pu entretenir la flamme de sa base et a perdu l’essentiel de cet atout. Homme d’une fine intelligence, partisan de la culture de l’excellence, OK se dit toujours disposé et déterminé à devenir le président du Congo. Pour cela, il assure un service minimum au Congo, notamment en étant candidat en 2011.

Cependant, nous confia-t-il en novembre 2013 lors d’un entretien réalisé dans le meilleur restaurant congolais de Bruxelles, Inzia, situé à la rue de la paix au quartier Matongé, l’homme a repris son bâton diplomatique de pèlerin pour sillonner les grandes capitales du monde et faire du lobbying en sa faveur. 

Dans une époque de crise d’élite congolaise compétente, vu le nivellement moral et intellectuel vers le bas, le Dr Kashala fait partie de ces personnes dont le mode de fonctionnement, fondé sur les techniques de management anglo-saxonnes les plus pointues, pourrait être d’un apport indéniable aux côtés des gens comme Matata pour qui seule la performance compte en lieu et place du clientélisme.

En effet, le Dr Kashala est l’un des rares candidats présidents à avoir élaboré un document très détaillé de la gouvernance du pays, dans lequel aucun domaine n’est laissé de côté, pour lui permettre de ne pas naviguer en vue, avec des slogans creux non précédés de réflexion, s’il lui arrive de devenir le président du Congo. 

Mais d’ici là, il doit encore surmonter les montagnes et reconquérir les cœurs des congolais qu’il a séduits en 2006 grâce à ses aptitudes communicationnelles empathiques. Enfin, il peut également récupérer les partisans de l’UDPS si jamais ce parti est non partant en 2016 ou arrive à connaître un schisme.

13. Martin Fayulu Madidi, le nouvel enfant terrible de l’opposition kinoise

 

Le président de l’ECiDé (Engagement, Citoyenneté et Développement) est une valeur sûre de l’actuelle opposition institutionnelle congolaise. Ce technocrate, détenteur d’une maîtrise en économie de l’Université Paris XII et d’un MBA de l’European University of San Francisco en Californie, a fait l’essentiel de sa carrière professionnelle comme haut cadre chez Exxon Mobil. 

Il est le prototype de l’homme nouveau congolais qui doit renaitre, tant il hait la corruption et ses pratiques clientélistes et paternalistes immorales.

Très actif à Kinshasa, Bas-Congo et Bandundu (Ouest du Congo), il doit encore étendre sa popularité dans le reste du pays pour se doter d’une stature nationale. L’homme est très apprécié par Etienne Tshisekedi qui le verrait bien comme étant son Premier ministre. 

Il dispose également d’un carnet d’adresses diplomatique bien fourni, en France et au Département d’Etat américain. Cela peut toujours servir à l’aulne 2016. A condition qu’il sache tisser de bons partenariats politiques avec les leaders du centre comme Félix Tshisekedi et de l’Est comme Vital Kamerhe. 

Les trois peuvent constituer un triumvirat gagnant, s’ils ne s’entredéchirent pas du fait de leurs ambitions et égos personnels. La Constitution de la RDC, à l’instar de celle de la 5ème république française pour ceux qui l’ignorent, permet aussi bien au Président qu’au Premier ministre ou au Président de l’assemblée nationale de disposer chacun d’une marge d’action et d’espace politiques suffisamment larges dans la gestion efficace du pays. 

Car ce n’est pas la fonction qui fait l’homme mais bien l’homme qui fait la fonction, dit-on. On l’a constaté sous les périodes Mitterrand-Balladur, Chirac-Jospin… Cela se justifie également aujourd’hui au Congo. Depuis 2011, avec un Président entré dans la clandestinité, la vie politique est régentée et co-animée par le trio Matata-Minaku-Kengo.

14. Olive Lembe Kabila, une épouse pour raison d’Etat ?

 

La première dame, originaire du Bas-Congo ou de Cabinda et taillée sur mesure pour la fonction de son mari venu de l’est, est avec Matata, les deux oiseaux rares parmi les quinze personnes que Kabila cherche en vain depuis quelques années. 

Mama Olive, façonnée à l’image de la très regrettée « Mama Antoinette » Mobutu, la première épouse du maréchal et femme de cœur des zaïrois, a permis d’amortir le rejet manifesté par les Kinois et les congolais de l’ouest des origines nébuleuses de Joseph Kabila dont la congolité est souvent remise en question. 

De plus, « Mama Olive », ayant compris son rôle d’être l’aide politique utile de son mari, pourtant destiné à épouser une certaine « Bébé Nsimire », la sœur du défunt Commandant Masasu, dont on dit que Kabila était éperdument amoureux – une relation interrompue pour raisons d’impératifs géopolitiques – n’a pas hésité à se mouiller dans le chaudron électoral de 2006 en menant une superbe campagne électorale à distance contre Liliane Bemba durant la courte période électorale tendue du deuxième tour. Cela permit de baisser sensiblement la tension politique et d’apaiser le déroulement du deuxième tour.

Depuis, la femme, très sociable, contrairement à son mari asocial et apathique, parcourt le Congo profond, à la rencontre des populations, multipliant des activités philanthrophiques que ses détracteurs accusent de profiter du trésor public. 

D’où les soupçons de sa préparation à la succession de son mari pour s’assurer que le pouvoir présidentiel ne quitte jamais leur toit conjugal. Comment s’appelle encore l’époux de la présidente ? 

On en saura un peu plus en 2014 depuis que, dans son discours de clôture des concertations, Kabila a promis qu’on réserve 30% des places aux femmes dans chaque liste électorale et qu’on crée des circonscriptions électorales exclusivement réservées aux candidats féminins. 

Voilà le décor planté. 

A Malu-Malu de faire le reste du travail. Mais en attendant, Olive Lembe doit parfaire sa locution française très boiteuse. Heureusement qu’elle peut à son tour compter sur l’aide de son futur homme au foyer, qui est également passé par là.

15. Le Général d’armée François Olenga, l’artisan de la déroute du M23

 
Depuis la déroute du M23, le général d’armée François Olenga est devenu très populaire tant auprès de la population qu’au sein de l’armée qu’il veut désormais protéger en veillant à ce que les mutins multirécidivistes du M23 n’y soient plus réintégrés. 

Une popularité qu’il partage également avec le général Bahuma Ambamba dont le cortège en opérations contre l’ADF/Nalu à Beni aurait subi une attaque dans une zone amie ce 22 janvier 2014, tuant un de ses garde du corps sur le champ et blessant son officier de renseignement militaire (T2), le colonel Chirimwami et trois autres soldats de sa suite.

On dit que l’assassinat du Colonel Mamadou Ndala l’a rendu inconsolable. 

Depuis, l’homme a restreint ses contacts et ses déplacements de peur de subir le même sort que son jeune frère d’armés. 

Patriote de première heure durant l’époque des Simba, très jeune, il s’est mis à la défense du Congo. Sociable, charismatique et bon communicateur, il a su exploiter exploiter ces qualités dans l’art du commandement tout en fédérant les énergies de ses troupes pour consolider leur cohésion en les préparant moralement à leur mission de combat. 

Et l’homme semble représenter pour une bonne partie de l’opinion publique congolaise, du fait de sa bravoure patriotique, une clé incontournable de la défense de la Nation congolaise en danger et infiltrée, particulièrement au sein des services de sécurité, contre les agresseurs étrangers.

Cependant, sa divergence de vues sur l’armée (nettoyée des rebelles pro-rwandais) par rapport à Kabila (menant une politique sécuritaire plutôt complaisante au Rwanda et à l’Ouganda) risque de buter à sa loyauté à ce dernier dont il affirme continuer à bénéficier de sa totale confiance. 

Une donne qui réduirait la marge d’action de l’intéressé et devrait modérer quelque peu l’espoir populaire placé sur ce fils Kusu-Tetela du maniema. Futur probable chef d’état-major général des FARDC, Olenga est bien conscient que 2014 sera pour lui une année de quitte ou double, avec le risque d’être mis à la retraite par le président Kabila. 

Sa popularité croissante et sa montée en puissance dans une période où la tension ne cesse de se polariser au sein de l’armée et des services de sécurité depuis l’élévation du général Bisengimana à la fonction de Commissaire général de la PNC, ne lui serviraient sans doute pas positivement et font de lui bien plus une menace à neutraliser à tout prix. 

Mais une chose est certaine, avec la future mise en place, actuellement suspendue, qui s’annonce, tout nous pousse à prédire que 2014 pourrait nous réserver de grands bouleversements spectaculaires si Kabila ne parvient pas à bien distribuer et jouer ses cartes.

16. Le Général-major Charles Bisengimana, l’avant-centre du Rwanda au Congo?

 
Tutsi (Munyamulenge) du Kivu et ancien de la garde civile sous Mobutu, le Commissaire général de la Police nationale congolaise, Charles Bisengimana, est l’homme qui assure en faveur de Kabila le contrôle la capitale congolaise. 

Une valeur sécuritaire sûre pour Kabila chargée d’étouffer dans l’œuf toutes les velléités de contestation populaire de la rue. Discret, travailleur et efficace, il réussit à mener relativement bien, la réforme de la Police Nationale Congolaise, contrairement à la réforme enlisée des FARDC. Il est très apprécié par les partenaires occidentaux qui financent et accompagnent la RSS au Congo.

Après une tentative avortée d’élévation du Général Bisengimana au grade de Lieutenant-général alors qu’il était général de brigade, en juillet 2013, prétextant une erreur de transmission de la bonne ordonnance de nomination, Kabila et son entourage ont dû faire marche en arrière avant de jouer le tour de force en nommant Bisengimana à la tête de la PNC en fin décembre. 

Une nomination qui suscita des remous dans les rangs. Un acte subtil du chef de l‘Etat qui conforte la thèse de la mainmise du Rwanda en RDC. 

D’autant qu’à l’approche de 2016, la grande crainte du régime rwandais est de voir de Kabila s’en aller avec toute la suite Tutsi pro-rwandaise qui quadrille le dispositif sécuritaire congolais. 

Le Rwanda étant bien conscient qu’un scenario où le Congo serait dirigé par un rwandophobe précipiterait l’échafaudage oligarchique mis en place à Kigali.En cela, Bisengimana pourrait constituer le dernier rempart ou verrou du Rwanda au Congo pour continuer à dicter la politique en RDC…

Et pourtant cet ancien garde civil qui a rejoint le RCD et qui est soupçonné d’exécutions des ex-FAZ et FAC, sait bien qu’il est détesté par la population kinoise qui le considère comme un général ennemi dans un pays occupé. Jusqu’à quel point pourra-t-il être tenté par l’audace si jamais son Commandant suprême venait à être neutralisé ? 

Sera-t-il en mesure de transformer Kinshasa à feu et à sang en y organisant une boucherie à ciel ouvert tout cela pour maintenir ‘épicentre de la politico-sécuritare de a RDC au Rwanda ? 

2014 nous en dira un peu plus ou, tout au moins, nous fournira d’indices à charge ou à décharge du Commissaire général de la PNC.

17. Le cardinal Laurent Monsengwo, entre la doctrine et la politique

 

Avec Tshisekedi et Kengo, le cardinal Mosengwo complète le trio de choc qui anima la vie politique mouvementée de la capitale Congolaise dans les années 1990 lorsque les généraux Nzimbi (DSP) et Baramoto (Garde civile) ont contraint le maréchal Mobutu à un exil politique intérieur doré et verdoyant dans la forêt équatoriale à Kawele (Gbadolite), lui promettant en vain d’assurer l’ordre et la sécurité à Kinshasa et sur tout le Zaïre. 

Depuis cette époque, l’ancien évêque de Kisangani, du temps des guerres du Congo 1996-2003, et président de la Conférence épiscopale du Congo (CENCO), se retrouve dans l’intersection entre l’église (où en tant qu’un fin connaisseur de la doctrine biblique, a été désigné par le pape Benoît XVI à diriger des exercices spirituels au Vatican en 2013), et la politique, car ne voulant pas que donner à Dieu ce qui est à Dieu mais tient également à demander des comptes à César. 

Il a assuré la présidence de la Conférence nationale souveraine puis du Haut Conseil de la République – parlement de transition (HCR-PT) sous Mobutu, jusqu’à aller publiquement contester la réélection irrégulière de Kabila en 2011, la déclarant non conforme à la vérité et à la justice.

Si le prélat n’affiche pas d’ambitions présidentielles personnelles, il est pertinemment conscient du poids et de l’influence de l’Eglise catholique romaine, le véritable grand parti politique en RDC, dans la vie soscipolitique du Congo. 

Un atout (la mobilisation dees fidèles) qu’il pourrait activer en 2006 pour barrer la route à un éventuel coup de force de Kabila. Surtout que son affrontement avec le président de la CENI, l’abbé Malu-Malu, par la CENCO interposée, laisse supputer que 2014 pourrait les amener à se dire l’un à l’autre leurs quatre vérités.

18. Abbé Apollinaire Malu-Malu, l’as de pique de JoKa?

 

Après avoir permis un atterrissage électoral avec moins de casse en 2006, cet abbé considéré par M. Colette Braeckman comme étant le meilleur politologue congolais est, à l’instar de Monsengwo, un amateur de la scène politique congolaise, malgré son statut déguisé de membre de la société civile. 

Malu-Malu est l’alter ego policé du téméraire pasteur Mulunda. L’un des hommes de confiance et des plus fidèles de Kabila évoluant dans son cabinet parallèle depuis 2001, l’ancien curé de Butembo (Nord-Kivu), aurait-il reçu pour mission (impossible ?) de faire un passage en douce de Kabila en 2016 ? Ce n’est ni l’audace ni le goût de l’aventure qui lui fait défaut.

Si en 2006, il a pu réussir sa mission grâce notamment aux soutiens politiques des fils du Kivu (Kamerhe, Antipas Mbusa, Paluku…) qui ont mobilisé massivement en faveur de Kabila dans la région, depuis 2011, les choses ont évolué. 

Les Kivutiens semblent très déçu de Kabila qui s’est tourné vers le Maniema, le Katanga et les Tutsi, et qui a laissé ces deux provinces compter leurs victimes. Mais aussi, ni Kamerhe ni Mbusa ne sont plus là pour faciliter la tâche au chef de la délégation congolaise aux pourparlers de Kampala avec le M23. 

Cependant, connaissant le côté roublard de ce prêtre réputé rwandophobe et attaché au Kivu, rien ne dit qu’il ne pourrait pas faire volte-face en dernière minute pour montrer sa loyauté au Kivu en se rapprochant par exemple de Kamerhe pour éviter sa mort politico-pastorale si jamais Kabila ne parvient à survivre après 2016. C’est le piège cornélien à contourner par Malu-Malu.

Pour conclure, l’impression générale qui semble caractériser l’année 2014 est que sur les plans politique et sécuritaire, la RD Congo entre dans une période d’équilibre instable. 

La période du cycle électoral 2014-2016 qui s’annonce sera le levain qui fera monter la tension politique et le risque de la généralisation des violences qui caractérisent toutes les élections au Congo. 

En ajoutant à cela une situation sécuritaire qui se dégrade pratiquement un peu partout au Congo (Kinshasa : Kulunas; Equateur : les effets pervers de la crise en RCA, Province Orientale : les conséquences des crises centrafricaines et sud-soudanaises et l’insécurité permanente en Ituri et environs ; les deux Kivus loin d’être sécurisés; Katanga : les Bakata-Katanga et leur instrumentalisation politico-sécuritaires par John Numbi; les deux Kasaï qui attendent dans la tourmente l’impérium promis par Tshisekedi), tout porte à croire que l’état d’équilibre instable qui règne au Congo depuis les élections de 2011 pourra davantage être rompu dans le courant de cette année, si des mesures drastiques de décrispation du climat politique et sécuritaire ne sont pas prises de la part de TOUS les acteurs politiques et sécuritaires du pays dans le but de désamorcer la bombe « Congo ».
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Jean-Jacques Wondo


[1] C’est Numbi, alors Inspecteur général de la Police nationale congolaise (PNC), qui fut chargé par le président Kabila d’entreprendre, en janvier 2007 à Kigali, les négociations secrètes avec le chef rebelle Nkunda et les officiels rwandais. Des négociations qui ont abouti en janvier 2009 à l’opération Umoja wetu, menée conjointement entre l’armée rwandaise et les FARDC dans le Nord-Kivu, à la signature de l’accord du 23 mars 2009 entre le Gouvernement et le CNDP.

[2] Selon les câbles wikileaks citant William J. Garvelink, l’ambassadeur américain à Kinshasa : “We continue to engage with Numbi, who could come to assume even greater responsibilities during the latter half of Kabila term as president” in https://www.wikileaks.org/plusd/cables/09KINSHASA314_a.html

[3] En RDC, un politicien qui libère c’est quelqu’un qui sait distribuer facilement l’argent gagné généralement par la corruption. En 2011, plusieurs proches de Kabila se sont fait élire grâce ces pratiques : Francis Kalombo, André Kimbuta (Gouverneur de la ville de Kinshasa), etc.
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Jean-Jacques Wondo Omanyundu est un analyste des questions sociopolitiques, sécuritaires et militaires de la République démocratique du Congo.Il est l'auteur de l’ouvrage-référence ‘Les armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la Force publique aux FARDC’ (2013). 

Jean-Jacques Wondo est diplômé de l’Ecole Royale Militaire de Belgique.

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