09/09/2014
Ecole - 1 enseignement et les élèves dans une salle de classe, au lycée Bolingani
La rentrée des classes de l’année scolaire 2014-2015 s’est effectuée le lundi 08 septembre 2014 en République démocratique du Congo (RDC), sauf en territoire de Boende (Equateur) où sévit la fièvre hémorragique à virus Ebola.
Au moins « 300.000 enseignants travaillent sans être payés depuis plusieurs années » tandis que « plus de 3 millions d’enfants ne sont toujours pas scolarisés ».
« Au sein de l’Enseignement, primaire, secondaire et professionnel (EPSP), il y a 300 000 enseignants qui travaillent sans être payés, ça fait des années et des années mais le gouvernement n’agit pas. En outre, les enseignants sont des gens qui n’ont plus de salaire, qui n’ont pas de maisons, et n’ont pas de soins de santé acceptables », accusent les syndicats.
Ils déplorent encore le fait que, « quand un enseignant décède, son nom est élagué de la liste de paie et sa famille reste dans la misère la plus totale ».
A ce propos, le Premier ministre Augustin Matata Ponyo reconnaît que « beaucoup reste encore à faire dans le secteur éducatif ».
« Même si la part du budget alloué à l'enseignement est passée de 6 % en 2007 à 13 % en 2014, plus de 3 millions d'enfants ne sont toujours pas scolarisés. Le pays doit encore construire plus 20 000 écoles pour pouvoir contenir la pression démographique dans les années à venir », précise-t-il.
Revendications des enseignants
Les enseignants affiliés au Syndicat des enseignants du Congo (Syeco) ont été informés samedi 30 août 2014, au cours d’une assemblée générale au siège du Conseil syndical des services publics (COSSEP) à Kinshasa, d’une « légère augmentation des salaires » opérée par le gouvernement.
« Le gouvernement va opérer une légère augmentation des salaires des enseignants allant de 9 802 Fc pour l’huissier à 15 909, 63 Fc pour le directeur à partir d’octobre 2014 », ont-ils appris des documents émis par le SECOPE.
Cependant, après analyse de la situation et tenant compte des avis de ses représentants en provinces, le Syeco « place le gouvernement devant ses responsabilités, en tant qu’employeur des enseignants du public et attend la concrétisation des promesses faites jusqu’au 30 octobre 2014 ».
« Le non respect par le gouvernement de ses promesses sur l’augmentation des salaires et les autres revendications à l’échéance pourrait hypothéquer sérieusement les chances de réussir l’année scolaire 2014-2015 », avertit-il.
Parmi les autres revendications, figurent la poursuite de la rétention sur les salaires des enseignants au titre de frais bancaires « de manière discriminatoire »; le non paiement de nombreux enseignants NP (non payés) et NU (nouvelles unités); la modicité de la prime BA allouée aux inspecteurs itinérants.
Il y a également la centralisation de l’administration de la Mutuelle des enseignants du secteur public (MESP) à Gombe; l’insécurité professionnelle des enseignants dans le secteur privé; le non paiement de 43 millions de Francs congolais des salaires volés des enseignants de Lubero (Nord-Kivu).
Compte tenu de cette situation, le Syeco « attend du gouvernement l’allocation d’un budget conséquent en termes de rémunération en vue d’améliorer sensiblement les salaires des enseignants ; la suppression des retenues des frais bancaires sur les salaires des enseignants ; le paiement des enseignants NP et la mécanisation des NU ».
« La création d’une administration urbaine de la MESP à Kinshasa ; la révision à la hausse de la prime BA allouée aux inspecteurs de l’enseignement ; la mise à la retraite honorable des enseignants et la concrétisation de la Caisse de sécurité sociale pour une retraite honorable des enseignants ayant atteint la limite d’âge ; la sécurisation de l’emploi du secteur privé ; le vote au parlement d’un budget de rémunération réaliste dans le cadre de la loi de Finances, exercice 2015 », sont les autres revendications des enseignants.
S’agissant de la carte de santé, ils « refusent de payer pour leurs enfants, car ils sont déjà pris en charge par la MESP ».
« Augmentation » de l’enveloppe salariale des enseignants
A la veille de la rentrée scolaire, le ministre de l’EPSP a annoncé une « augmentation » de l’enveloppe salariale d’environ 5 450 000 USD.
«Nous avons balisé la rentrée scolaire, le gouvernement a fait d’énormes efforts. Une enveloppe supplémentaire de 5 milliards de francs congolais (environ 5 450 000 dollars américains) mensuelle a été allouée, à partir du mois d’octobre, sur l’enveloppe salariale de l’EPSP», a déclaré Maker Mwangu.
Il a expliqué que « cette augmentation est le résultat des pourparlers qui ont été menés entre les ministres de l’EPSP, des Finances, du Budget et de la Fonction publique avec le banc syndical ; des négociations qui visaient à garantir une rentrée scolaire apaisée ».
En ce qui concerne les frais de fonctionnement, qui posent des problèmes aux écoles, le ministre de l’EPSP a rassuré que « des remises de ces frais de fonctionnement pour l’année scolaire 2014-2015 va intervenir très bientôt ».
« Je crois d’ici deux semaines, nous allons donner des frais de fonctionnement à toutes les écoles primaires et secondaires », a-t-il promis.
Quant à la « gratuité de l’enseignement consacré aux trois premières années de l’enseignement primaire en RDC », il a dit avoir « défini cette gratuité en disant que ce sont les frais scolaires que les parents paient à l’école. Ce sont ces frais qui sont abolis »
« Mais, il y a le problème de la santé de l’enfant, il y a le problème des manuels scolaires par exemple, ses uniformes et autres. Ça c’est laissé encore à charge des parents», a précisé Maker Mwangu.
Pour le territoire de Boende, « la rentrée est décalée d’une semaine par le gouvernement à titre préventif eu égard à la fièvre hémorragique à virus Ebola qui sévit à Djera ».
L’enseignant rémunéré « 2,5 USD par jour » attend un « Smig 102 USD »
L’enseignant du degré primaire, secondaire et professionnel, qui est rémunéré « 2,5 USD par jour », continue d’attendre le paiement du « salaire minimum garanti de 102 USD » promis autrefois par le gouvernement.
« Le salaire minimum devrait passer de 70.000 (70 USD) à 94 000 FC (102 USD) après la promulgation du budget 2013 par le chef de l’Etat Joseph Kabila. Il va augmenter de 30 USD en 2013 », avait clamé en janvier 2013 le ministre de l’EPSP.
« Cette augmentation salariale entrera en vigueur à partir du mois d’avril. L’augmentation de la base s’effectuera en deux tranches, soit 10.000 francs à partir du mois d’avril et les 7.000 francs restants à partir de juillet », avait affirmé Maker Mwangu.
Or, avec un « salaire insignifiant », l’enseignant congolais continue d’éprouver des difficultés « pour scolariser ses propres enfants ».
« Un enseignant diplômé d’Etat gagne 71.195 FC, soit un peu plus de 77 USD. Le gradué touche 74. 897 FC (81,4 USD) et le licencié 76.711 FC (83,3 USD). Et 15.000 FC sont soustraits de ces sommes pour des indemnités de transports. Dans ces conditions, il se trouve en difficulté pour scolariser ses propres enfants ou pour payer son loyer », selon le Syeco.
En réclamant au gouvernement « l’amélioration des conditions de vie de l’enseignant congolais », le syndicat exige également « l’augmentation du salaire de tous les enseignants et fonctionnaires de l’Education au regard de l’Accord de Mbudi ».
En 2013, le Syeco fondait ses revendications salariales sur des statistiques de l’Asadho selon lesquelles « le loyer à Kinshasa varie entre 200 et 8.000 USD dans le district de la Lukunga, entre 50 et 280 USD à la Funa et entre 30 et 200 USD dans le district de la Tshangu ».
Au début de cette année, l’Intersyndicale de l’EPSP avait dit avoir « aussi obtenu du gouvernement un supplément de 200 millions de FC (217.000 USD) sur l’enveloppe allouée à la mutuelle de santé des enseignants ».
«La mutuelle de santé va disposer de 600 millions de francs congolais (652.000 USD) par mois pour soigner l’enseignant congolais, son épouse et ses enfants », avait indiqué son porte-parole José Boyela Bokele.
En fait, les enseignants congolais ont toujours accusé le gouvernement de ne « pas tenir compte » de leurs revendications, alors que « les pouvoirs publics ont l’obligation de rassurer les enseignants par rapport au barème salarial ».
« Le salaire que nous touchons aujourd’hui est modique. Les enseignants ont perdu leur pouvoir d’achat », font-ils remarquer.
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© KongoTimes
Ecole - 1 enseignement et les élèves dans une salle de classe, au lycée Bolingani
La rentrée des classes de l’année scolaire 2014-2015 s’est effectuée le lundi 08 septembre 2014 en République démocratique du Congo (RDC), sauf en territoire de Boende (Equateur) où sévit la fièvre hémorragique à virus Ebola.
Au moins « 300.000 enseignants travaillent sans être payés depuis plusieurs années » tandis que « plus de 3 millions d’enfants ne sont toujours pas scolarisés ».
« Au sein de l’Enseignement, primaire, secondaire et professionnel (EPSP), il y a 300 000 enseignants qui travaillent sans être payés, ça fait des années et des années mais le gouvernement n’agit pas. En outre, les enseignants sont des gens qui n’ont plus de salaire, qui n’ont pas de maisons, et n’ont pas de soins de santé acceptables », accusent les syndicats.
Ils déplorent encore le fait que, « quand un enseignant décède, son nom est élagué de la liste de paie et sa famille reste dans la misère la plus totale ».
A ce propos, le Premier ministre Augustin Matata Ponyo reconnaît que « beaucoup reste encore à faire dans le secteur éducatif ».
« Même si la part du budget alloué à l'enseignement est passée de 6 % en 2007 à 13 % en 2014, plus de 3 millions d'enfants ne sont toujours pas scolarisés. Le pays doit encore construire plus 20 000 écoles pour pouvoir contenir la pression démographique dans les années à venir », précise-t-il.
Revendications des enseignants
Les enseignants affiliés au Syndicat des enseignants du Congo (Syeco) ont été informés samedi 30 août 2014, au cours d’une assemblée générale au siège du Conseil syndical des services publics (COSSEP) à Kinshasa, d’une « légère augmentation des salaires » opérée par le gouvernement.
« Le gouvernement va opérer une légère augmentation des salaires des enseignants allant de 9 802 Fc pour l’huissier à 15 909, 63 Fc pour le directeur à partir d’octobre 2014 », ont-ils appris des documents émis par le SECOPE.
Cependant, après analyse de la situation et tenant compte des avis de ses représentants en provinces, le Syeco « place le gouvernement devant ses responsabilités, en tant qu’employeur des enseignants du public et attend la concrétisation des promesses faites jusqu’au 30 octobre 2014 ».
« Le non respect par le gouvernement de ses promesses sur l’augmentation des salaires et les autres revendications à l’échéance pourrait hypothéquer sérieusement les chances de réussir l’année scolaire 2014-2015 », avertit-il.
Parmi les autres revendications, figurent la poursuite de la rétention sur les salaires des enseignants au titre de frais bancaires « de manière discriminatoire »; le non paiement de nombreux enseignants NP (non payés) et NU (nouvelles unités); la modicité de la prime BA allouée aux inspecteurs itinérants.
Il y a également la centralisation de l’administration de la Mutuelle des enseignants du secteur public (MESP) à Gombe; l’insécurité professionnelle des enseignants dans le secteur privé; le non paiement de 43 millions de Francs congolais des salaires volés des enseignants de Lubero (Nord-Kivu).
Compte tenu de cette situation, le Syeco « attend du gouvernement l’allocation d’un budget conséquent en termes de rémunération en vue d’améliorer sensiblement les salaires des enseignants ; la suppression des retenues des frais bancaires sur les salaires des enseignants ; le paiement des enseignants NP et la mécanisation des NU ».
« La création d’une administration urbaine de la MESP à Kinshasa ; la révision à la hausse de la prime BA allouée aux inspecteurs de l’enseignement ; la mise à la retraite honorable des enseignants et la concrétisation de la Caisse de sécurité sociale pour une retraite honorable des enseignants ayant atteint la limite d’âge ; la sécurisation de l’emploi du secteur privé ; le vote au parlement d’un budget de rémunération réaliste dans le cadre de la loi de Finances, exercice 2015 », sont les autres revendications des enseignants.
S’agissant de la carte de santé, ils « refusent de payer pour leurs enfants, car ils sont déjà pris en charge par la MESP ».
« Augmentation » de l’enveloppe salariale des enseignants
A la veille de la rentrée scolaire, le ministre de l’EPSP a annoncé une « augmentation » de l’enveloppe salariale d’environ 5 450 000 USD.
«Nous avons balisé la rentrée scolaire, le gouvernement a fait d’énormes efforts. Une enveloppe supplémentaire de 5 milliards de francs congolais (environ 5 450 000 dollars américains) mensuelle a été allouée, à partir du mois d’octobre, sur l’enveloppe salariale de l’EPSP», a déclaré Maker Mwangu.
Il a expliqué que « cette augmentation est le résultat des pourparlers qui ont été menés entre les ministres de l’EPSP, des Finances, du Budget et de la Fonction publique avec le banc syndical ; des négociations qui visaient à garantir une rentrée scolaire apaisée ».
En ce qui concerne les frais de fonctionnement, qui posent des problèmes aux écoles, le ministre de l’EPSP a rassuré que « des remises de ces frais de fonctionnement pour l’année scolaire 2014-2015 va intervenir très bientôt ».
« Je crois d’ici deux semaines, nous allons donner des frais de fonctionnement à toutes les écoles primaires et secondaires », a-t-il promis.
Quant à la « gratuité de l’enseignement consacré aux trois premières années de l’enseignement primaire en RDC », il a dit avoir « défini cette gratuité en disant que ce sont les frais scolaires que les parents paient à l’école. Ce sont ces frais qui sont abolis »
« Mais, il y a le problème de la santé de l’enfant, il y a le problème des manuels scolaires par exemple, ses uniformes et autres. Ça c’est laissé encore à charge des parents», a précisé Maker Mwangu.
Pour le territoire de Boende, « la rentrée est décalée d’une semaine par le gouvernement à titre préventif eu égard à la fièvre hémorragique à virus Ebola qui sévit à Djera ».
L’enseignant rémunéré « 2,5 USD par jour » attend un « Smig 102 USD »
L’enseignant du degré primaire, secondaire et professionnel, qui est rémunéré « 2,5 USD par jour », continue d’attendre le paiement du « salaire minimum garanti de 102 USD » promis autrefois par le gouvernement.
« Le salaire minimum devrait passer de 70.000 (70 USD) à 94 000 FC (102 USD) après la promulgation du budget 2013 par le chef de l’Etat Joseph Kabila. Il va augmenter de 30 USD en 2013 », avait clamé en janvier 2013 le ministre de l’EPSP.
« Cette augmentation salariale entrera en vigueur à partir du mois d’avril. L’augmentation de la base s’effectuera en deux tranches, soit 10.000 francs à partir du mois d’avril et les 7.000 francs restants à partir de juillet », avait affirmé Maker Mwangu.
Or, avec un « salaire insignifiant », l’enseignant congolais continue d’éprouver des difficultés « pour scolariser ses propres enfants ».
« Un enseignant diplômé d’Etat gagne 71.195 FC, soit un peu plus de 77 USD. Le gradué touche 74. 897 FC (81,4 USD) et le licencié 76.711 FC (83,3 USD). Et 15.000 FC sont soustraits de ces sommes pour des indemnités de transports. Dans ces conditions, il se trouve en difficulté pour scolariser ses propres enfants ou pour payer son loyer », selon le Syeco.
En réclamant au gouvernement « l’amélioration des conditions de vie de l’enseignant congolais », le syndicat exige également « l’augmentation du salaire de tous les enseignants et fonctionnaires de l’Education au regard de l’Accord de Mbudi ».
En 2013, le Syeco fondait ses revendications salariales sur des statistiques de l’Asadho selon lesquelles « le loyer à Kinshasa varie entre 200 et 8.000 USD dans le district de la Lukunga, entre 50 et 280 USD à la Funa et entre 30 et 200 USD dans le district de la Tshangu ».
Au début de cette année, l’Intersyndicale de l’EPSP avait dit avoir « aussi obtenu du gouvernement un supplément de 200 millions de FC (217.000 USD) sur l’enveloppe allouée à la mutuelle de santé des enseignants ».
«La mutuelle de santé va disposer de 600 millions de francs congolais (652.000 USD) par mois pour soigner l’enseignant congolais, son épouse et ses enfants », avait indiqué son porte-parole José Boyela Bokele.
En fait, les enseignants congolais ont toujours accusé le gouvernement de ne « pas tenir compte » de leurs revendications, alors que « les pouvoirs publics ont l’obligation de rassurer les enseignants par rapport au barème salarial ».
« Le salaire que nous touchons aujourd’hui est modique. Les enseignants ont perdu leur pouvoir d’achat », font-ils remarquer.
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