mardi 30 septembre 2014

Un Paysan burkinabé, grâce à des techniques traditionnelles, a stoppé l'avancée du désert ...

le 29 Septembre 2014



Le désert avance. Il menace la vie sur les terres qu’il conquiert et prend en otage des villages, des communautés toutes entières. 

Dans la bande sahélienne (du Sénégal à Djibouti), cela fait très longtemps qu’on a tiré la sonnette d’alarme. Les politiques, les chercheurs, la société civile, tout le monde se creuse la tête pour trouver une solution au phénomène. 

Il faut venir au secours des pauvres populations, en général rurales, que tout ce sable étouffe !

Ouahigouya, province du Yatenga, nord du Burkina Faso. Un vieux paysan est la star de la localité. Sa notoriété va d’ailleurs au-delà des frontières de son pays. Il se nomme Yacouba Sawadogo. 

Avec pour seul bagage scolaire, quelques années passées dans une école coranique au Mali, cet homme est aujourd’hui celui qui a « stoppé le désert ». 

Il y a plus de 25 ans, alors que ses voisins fuyaient leurs terres devenues arides, il est resté sur les siennes et s’est creusé les méninges pour trouver une solution à son problème. 

Et il s’est souvenu d’une technique que son père et avant lui son grand-père avait pratiqué. Une technique connue sous le nom de « zaï ». Elle consiste à semer dans des trous creusés mètre après mètre, lors de la saison des pluies. Yacouba s’est appuyé sur cette technique, et l'a perfectionnée.

Le fou du village

Quand Yacouba s’est lancé dans son aventure, il s’est attiré l’animosité de ses voisins. Comment peut-on creuser des trous avant la saison des pluies ? Cela allait à l’encontre des traditions et tout le monde le traita de fou. 

Loin de se troubler, il continua sur sa lancée. Il fit ses trous qu’il agrandit tant en largeur qu’en profondeur, pour retenir l’eau de pluie pendant une plus longue période. 

Puis il y mit du compost. Avec pour l’aération, des termites ! 

Il compléta le dispositif avec un système de mini-digues afin d'éviter l'écoulement trop rapide des eaux de pluie.

Après avoir travaillé dans son champ et avoir, dès la première année, obtenu des résultats qui ont fait faillir d’envie ses détracteurs, il s’attaque à la création d’un ensemble forestier. 

Ainsi, alors que dans l’imaginaire collectif, une forêt ne sert que de réserve de combustible ou de matériau de construction, il adapte le « zaï » et plante des arbres qui année après année, permettent au sol de se régénérer et donc de mieux produire ! 

Voici le cercle vertueux bouclé ! 

Depuis, les habitants qui avaient fui sont revenus cultiver leurs champs. Tandis que des experts du monde entier se bousculent à la porte du vieux paysan pour étudier sa méthode. Car, Yacouba, le Vieux, transmet son savoir. On vient de partout, pour le rencontrer, discuter avec lui et apprendre sa « formule magique » pour reverdir.

Les spécialistes de l’agronomie ou de la botanique, comme le professeur Chris Reij de la Vrij University d’Amsterdam, qui suivent le travail de Yacouba depuis des années, sont formels : « Yacouba, à lui tout seul, a eu davantage d’impact sur la conservation que tous les chercheurs nationaux et internationaux réunis. 

Dans cette région, des dizaines de milliers d’hectares qui étaient devenus improductifs sont redevenus fertiles grâce aux techniques de Yacouba », affirme Chis Reij.



Transmission de savoirs ancestraux

Outre le président Obama et les médias internationaux qui lui consacré moult reportages, l’expérience atypique de Sawadogo a fasciné jusqu’au réalisateur Mark Dodd, qui a produit le film «l’homme qui a arrêté le désert », projeté fin octobre 2011, lors de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) à Changwon en Corée du Sud.

Invité dans les plus grands fora internationaux, Yacouba Sawadogo n’a maintenant qu’un combat. Il veut que les Etats comprennent que le développement ne peut se faire sans les paysans, en particulier, les petits exploitants. 

Reçu à par des officiels américains, à l’invitation d’Oxfam, en novembre 2009, il a raconté son histoire en insistant sur des questions essentielles pour lui comme le foncier rural. 

Pour lui, tant que les paysans ne possèderont pas leur terre, tant qu’ils ne seront pas soutenus par leurs Etats qui pourtant crient au développement par l’agriculture, les efforts entrepris resteront vains.

En Afrique, les paysans ont depuis toujours, bien loin des fabricants de pesticides et d’OGM, cherché à optimiser leur production. Ces savoirs traditionnels tendent aujourd’hui à disparaître face à la « modernisation » des exploitations. 

Or, l’exemple de Yacouba Sawadogo montre qu’il existe de belles choses qui, bien que séculaires, gagneraient à être transmises aux nouvelles générations.
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Journal Du Mali

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