samedi 20 décembre 2014

Denis Sassou Nguesso se prépare à mettre sur son dos seul, la responsabilité d’une crise dont il ignore totalement l’origine

10 décembre 2014


Après la sortie médiatique du Président Denis-Sassou Nguesso, quelle suite pour l’avenir du Congo? 

Décryptage:La sortie médiatique du Président Sassou à Brazzaville ne fait plus de doutes.

Le Président a choisi la stratégie de tous les risques. Celle de modifier la constitution pour préserver ses intérêts personnels et ceux de son entourage. 

Avec ce choix, vient aussi le label d’acteur irrationnel qui va bientôt lui être collé au dos par la communauté internationale. Désormais, les partenaires économiques du Congo, les acteurs internationaux crédibles engagés dans la dynamique d’échanges formels et transparents avec le Congo-Brazzaville catégoriseront ce pays comme un « Hot spot », un pays turbulent aux lendemains économiques incertains. 

En voici quelques raisons :

1-La fuite du capital privé : Le Président a beau encercler Brazzaville des chars de Guerre pour intimider les pauvres opposants à son régime et rassurer la population traumatisée, le capital privé, source de croissance économique, petit à petit va commencer a fuir le Congo. Les 100.000 Euros de rémunération donné à Sarkozy en Juillet dernier lors du Forum Economique Forbes sur les « défis de la bancarisation » n’auraient servi alors qu’a « débanqueriser » le Congo avec la fuite massive des capitaux privés due à un environnement macro-économique qui va devenir de plus en plus incertain. Un observateur vigilant de l’activité économique au Congo peut regarder et trouver des signes palpables du ralentissement économique du à la fuite des capitaux. Cette fuite du capital privé se traduit sur le terrain par Les projets inachevés, les chantiers en arrêts, les licenciements illégaux dans le secteur privé occasionnés par le rapatriement de ces capitaux privés vers leurs pays d’origine, et enfin l’accentuation du chômage des jeunes.

-2-La contraction de l’économie : Le budget annuel du Congo est établi sur la base des prévisions de la vente du pétrole à 100 dollars le baril. Or, La chute du prix du pétrole sur le marché international fait en sorte que ces prévisions soient revues à la baisse. Le ralentissement de l’économie chinoise, la consolidation des relations entre l’Europe et les USA pour faire plier Poutine, et le boom pétrolier aux USA, sont autant de facteurs qui nous permettent de dire que le prix du baril de pétrole va continuer à dégringoler pour les cinq années à venir. Donc pour une économie congolaise qui repose essentiellement sur la vente du pétrole, la chute du prix du baril de pétrole dans une période de 5 ans occasionne nécessairement des perturbations économiques sur le plan national. Or, C’est curieusement a cette période sensible que le Président Sassou Nguesso qui se veut l’homme de « la paix et de la stabilité » a choisi son projet divisif de modifier la constitution. En ces temps de crise ou le panier de la ménagère est vide, un tel projet divisif n’a pour vocation que celle d’exacerber la fracture sociale. Nous pouvons pourtant mieux faire.

3-La colère des nouveaux riches : Le Congo a aussi ses riches , ces nouveaux riches qui ont pour la plupart illégalement profité des faveurs du pouvoir. Ces nouveaux riches vivent à Brazzaville, mais leurs enfants, leurs biens les plus précieux sont dans les pays occidentaux. Or, pour modifier la constitution, le Président Sassou doit nécessairement défier la communauté internationale, plus précisément la France et les USA. Face à ce défi, ces deux pays vont réagir par le biais des sanctions diplomatiques et économiques. Sur le plan diplomatique , nombreux de ces nouveaux riches proches du Président se verront refuser les visas pour leurs destinations européennes ou se trouve leur fortune. Sur le plan économique, les avoirs de ces nouveaux riches investis dans les multinationales à l’étranger peuvent être gelés. Pour ceux qui connaissent les nouveaux riches Africains, si l’on veut les irriter, il suffit de limiter leur mobilité et de couper le flot de leurs finances. Contrairement au Président Sassou, ces nouveaux riches sont des « acteurs rationnels ». Ils sont guidés par leurs intérêts tangibles. Une fois touchés, ces nouveaux riches chercheront vite a se dissocier du Président pour préserver leurs intérêts. C’est à ce moment la que l’on parlera de défection, de trahison interne. Ce sera le par exemple le cas de ce ministre qui voyage pour l’extérieur du Congo et décide de ne plus rentrer, ou ce général qui a pourtant juré contre vents et marées qu’au moment venu, il mourra avec le Président, mais qui pour des raisons évidentes, commencera à livrer les secret sur le mystérieux aéroport d’Olombo et ces « Vaisseaux extra-terrestres qui n’atterrissent souvent que de nuit ». Nous pouvons pourtant mieux faire.

En somme, la conjoncture internationale (la chute du prix du pétrole, le besoin à Paris de renouveler son carnet d’adresses en Afrique Centrale), n’est pas favorable pour un pays pétrolier comme le Congo-Brazzaville, ou le Gabon en ce moment. 

Ce qui fait que le débat, le vrai débat nationale au Congo –Brazzaville devrait être focalisé sur l’idée d’un consensus national sur les décisions stratégiques que le Congo devrait prendre afin d’atténuer les effets néfastes d’une crise qui a ses causes profondes dans le dynamisme des cycles de l’économie mondiale. 

Mais, à cause d’un diagnostic mal effectué, à cause de son égoïsme, son arrogance, et surtout de sa prépondérance à magnifier les facteurs internes (sa supériorité militaire, la faiblesse de l’opposition, et la peur de la population).

Le Président Denis Sassou Nguesso se prépare à mettre sur son dos seul, la responsabilité d’une crise dont il ignore totalement l’origine. 

Et quand l’historien se mettra à écrire l’histoire du Congo des années 2014, 2015, 2016,2017, cet écrivain dira : A cause de son entêtement à vouloir modifier la constitution, le Président Sassou a plongé son pays dans une crise. 

Ce qui avait commencé comme une crise institutionnelle s’est tout de suite métastasé en une véritable crise économique qui a précipité son départ. 

La bonne nouvelle c’est que ce scenario est totalement évitable. Il suffit d’un peu d’humilité et de bon sens. Mais la mauvaise nouvelle c’est que le temps presse. Nous pouvons pourtant mieux faire.

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