lundi 15 décembre 2014

RDC - Tirs à Kisangani : accrochage" fratricide" au sein de l'armée ?

15/12/2014

 
Des soldats de l'armée congolaise près de Goma, dans l'est de la RDC. © AFP

Des tirs ont été entendus lundi à Kisangani, dans le nord-est de la RDC. 

À en croire plusieurs sources concordantes, des hommes du général de brigade Innocent Kabundi, transfuge de la rébellion du CNDP, ont été pris à parti dans la ville par un autre groupe de soldats congolais appuyé par des habitants en colère. Motif de ces accrochages ? L'occupation d'une résidence officielle. Explications.

Tout le monde a été pris de court, ce lundi 15 décembre, à Kisangani. Aux alentours de 11 heures 30, heure locale, des tirs à l'arme automatique ont été entendus dans cette ville du nord-est de la RDC, provoquant une panique générale. 

"Des magasins et des écoles ont fermé, des gens fuyaient de partout", raconte Ernest Mukuli, un journaliste local joint au téléphone par "Jeune Afrique".

Que s'est-il passé ? 

Le capitaine Kawaya, directeur de la presse militaire à Kisangani, se montre moins bavard. "Il n'y a pas eu d'affrontements entre les éléments de l'armée congolaise, se contente-t-il d'avancer. Ce sont des policiers qui ont tiré des cartouches blanches pour disperser la foule". Mais pourquoi ? Silence radio.

Selon des sources concordantes sur place, il s'agirait d'un litige autour d'une résidence officielle. Accompagné de ses gardes du corps, le général de brigade Innoncent Kabundi Munuanziza, nouvellement affecté dans la ville en qualité du commandant adjoint en charge des opérations et renseignements de la 31e région militaire, est venu déloger un groupe de militaires dans une maison qu'il occuperait sans droit.

Troupes étrangères indésirables

"La hiérarchie militaire a attribué la résidence qu'occupaient les membres de l'escorte du général Kifwa [ancien commandant de la 9e région militaire], muté ailleurs, aux nouvelles autorités militaires", relève le capitaine Kawaya. 

Problème : des soldats qui occupent actuellement la résidence refusent de déguerpir. "Ils ont même soufflé aux habitants du quartier qu'on voulait les chasser de la maison pour y installer des Rwandais", confie une source sécuritaire sur place. 

Et de rappeler : "Depuis la guerre de six qui avait opposé en 2000 l'armée rwandaise à celle de l'Ouganda dans la ville de Kisangani, les habitants sont restés très hostiles à la présence des troupes de ces deux pays sur leur sol". 



C'est dans ce contexte crispé que la situation s'est vite dégradée ce lundi devant la résidence disputée par les deux groupes militaires. 

Munis de pierres, des jeunes étudiants – notamment ceux l'Institut des bâtiments et des travaux publics (IBTP) qui se trouve dans le même quartier - ont quitté les salles des cours pour pourchasser les hommes du général de brigade Innocent Kabundi, les qualifiant "des FDLR qui veulent prendre la place des officiers congolais". Ces derniers se sont repliés en tirant des balles de sommation en l'air, selon des témoins.

"Le fait que le général Kabundi soit un ex-commandant du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP, la rébellion de Laurent Nkunda) et que ses gardes du corps présentent une 'morphologie tutsi', les habitants les ont directement assimilés aux Rwandais, voire aux FDLR", regrette un membre de la société civile de Kisangani.

La police est intervenue rapidement pour disperser la foule, en tirant des gaz lacrymogène. En début d'après-midi, le calme est revenu dans la ville.
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Jeune Afrique

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