mardi 2 décembre 2014

Sida : le VIH perd de sa puissance

2 Décembre 2014

Le virus du sida semble être devenu moins agressif au fil du temps, révèle une étude scientifique. Il s'adapte à son hôte, l'homme.

 
Illustration de Tomasz Walenta, Pologne.

Il perd de son agressivité, de sa puissance et de sa capacité à tuer son hôte : le VIH, le virus qui provoque le sida, semble depuis deux ans devenir moins dangereux. 

C'est ce qu'affirme une étude menée par Philip Goulder, de l'université d'Oxford, au Royaume-Uni, et parue dans PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America).

Le chercheur et ses collègues ont testé 842 échantillons provenant du Botswana et d'Afrique du Sud, explique le New Scientist. Comme l'épidémie a démarré une décennie plus tôt au Botswana qu'en Afrique du Sud, ils ont pu comparer l'évolution du virus.

In vitro, les virus provenant des échantillons du Botswana se sont multipliés plus lentement que ceux d'Afrique du Sud. Ce qui pourrait signifier qu'ils mettent plus de temps à détruire le système immunitaire de leur hôte, et donc à provoquer le sida.

Sélection médicamenteuse

L'une des explications pourrait être une sélection par la prise de médicaments : les sujets infectés par les souches les plus virulentes prennent des traitements anti-VIH plus tôt, ce qui réduit la charge virale dans leur sang et leurs secrétions sexuelles à presque zéro, et les empêche de répandre le virus. 

Ce sont donc les souches les moins agressives qui auraient le plus de chances de se transmettre.

"C'est un effet secondaire des thérapies auquel personne n'avait pensé", reconnaît Goulder dans la revue scientifique. "Et une raison supplémentaire de distribuer les traitements".

Capacité d'adaptation

Mais il semble qu'il y ait un autre facteur : le virus s'adapte aux hôtes dont le système immunitaire est plus performant, et garde l'infection sous contrôle, en sommeil, plus longtemps.

Cette recette est l'une des principales "clés du succès" du VIH. Des facteurs énumérés par Jonathan Ball, professeur de virologie à l'université de Nottingham, sur le site de la BBC

Parmi eux, on trouve les mécanismes d'évasion qui ont permis au virus de type M [l'une des souches du VIH] de se répandre sur la planète. Il a trouvé le moyen de passer sous les radars, pourtant très efficaces, du système immunitaire humain.

Quoi qu'il en soit, le virus devrait continuer à évoluer, d'autant plus rapidement en Afrique subsaharienne que le taux de contamination y est élevé. Et cette accélération de son adaptation est une bonne nouvelle, estiment les chercheurs. 
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Courrier international
Virginie Lepetit

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