mardi 2 décembre 2014

XVème sommet de la Francophonie :"Joseph Kabila" quitte Dakar sur la pointe des pieds...


"Joseph Kabila" lors de son discours du samedi 29 novembre à Dakar. Image TV5 Monde

Président en exercice sortant de la Francophonie, "Joseph Kabila" a quitté la capitale sénégalaise dans la nuit de samedi 29 à dimanche 30 novembre sans procéder à la passation de témoin avec le président en exercice entrant, le Sénégalais Macky Sall. 

Une entorse aux règles de courtoisie les plus élémentaires. Selon des informations à bonnes sources, le "raïs" serait ulcéré. Il se serait senti "ciblé" par les "mises en garde" du président français François Hollande aux potentats africains tentés de faire réviser la Constitution de leur pays pour briguer un nouveau mandat.

"Je n’ai plus rien à faire ici. Tout le monde doit se préparer pour aller à l’aéroport". C’est le mot d’ordre que "Joseph Kabila", arrivé vendredi soir, aurait lancé tard dans la soirée de samedi 29 novembre aux membres de sa suite. Quelques heures après, l’avion présidentiel congolais quittait effectivement l’aéroport dakarois en mettant le cap sur Kinshasa.

Dimanche 30 novembre, des observateurs ont pu noter l’absence du président sortant de la Francophonie lors du point de presse animé notamment par François Hollande et Macky Sall.

On apprenait par des sources dans la capitale sénégalaise que "Joseph Kabila" soutenait la candidature du "Brazzavillois" Henri Lopès, ambassadeur de Denis Sassou Nguesso à Paris. Au niveau de l’Afrique centrale, "Kabila", Sassou, Pierre Nkurunziza du Burundi et Paul Kagamé du Rwanda sont particulièrement stigmatisés par leur volonté de briguer un "mandat de trop" à la tête de leurs pays respectifs.

Dans une interview accordée, jeudi 27 novembre, à la télévision publique française "France 24" - avant de quitter Paris pour la Guinée-Conakry -, François Hollande avait déjà "mis en garde" les dirigeants africains qui veulent "se maintenir au pouvoir contre vents et marées". 

Une allusion claire à la mésaventure que vient de vivre le Burkinabè Blaise Compaoré dont le mandat devait s’achever en décembre 2015. L’homme avait annoncé un projet de révision constitutionnelle pour pouvoir briguer un nouveau mandat après un règne de 27 ans. 

La suite est connue. Une allusion également à plusieurs chefs d’Etat du continent décidés à faire obstacle à l’avènement de l’alternance démocratique. "Ceux qui se sentent morveux se mouchent", dit la sagesse populaire.

Dans son discours prononcé samedi 29 novembre à Dakar, le chef de l’Etat français a commencé par rendre un hommage appuyé à l’ancien président sénégalais Abdou Diouf, secrétaire général sortant de la Francophonie. 

"Nous pouvons dire à Abdou Diouf non seulement notre amitié et notre reconnaissance, dit-il. Nous pouvons lui dire, grâce à lui, ce qu’est un homme d’Etat". Et d’ajouter : "un homme et femme d’Etat sert d’abord son pays. C’est son devoir".

Après avoir relevé que l’homme ou femme d’Etat "sert aussi des valeurs universelles", Hollande de féliciter Diouf d’avoir fait preuve de qualité d’homme d’Etat en acceptant "que l’alternance puisse exister" au Sénégal lors de sa défaite à l’élection présidentielle de 2000 face à Abdoulaye Wade.

L’orateur de marteler : "La Francophonie est soucieuse des règles en démocratie, de la liberté du vote, du respect des lois constitutionnelles et de l’aspiration des peuples, de tous les peuples à des élections libres". 

Pour lui, la transition tunisienne et "la belle démonstration" du peuple burkinabè devraient servir "de leçon là où les règles constitutionnelles sont malmenées et où l’alternance est empêchée". 

Et de conclure : "J’affirme ici que les citoyens de ces pays sauront toujours trouver dans l’espace francophone le soutien nécessaire pour faire prévaloir la justice, le droit et la démocratie".

Un confrère kinois joint, dimanche, au téléphone, a eu ce commentaire : "le président Joseph Kabila s’est senti effectivement visé par les remontrances de François Hollande. 

Les opposants politiques et les activistes de la société civile congolaise seraient bien inspirés de suivre les exemples tunisien et burkinabés. Les peuples de ces pays n’ont pas attendu le déploiement de GI’s ou de la Légion étrangère avant de chasser le dictateur...".
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Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant

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