le jeudi 1 janvier 2015
Il n’est pas permis de chipoter avec l’histoire de la Shoa. De plus en plus, ‘’le génocide arménien’’ devient un sujet sur lequel il n’est pas permis de badiner.
Il est incompréhensible qu’après plus de huit millions de morts au Congo-Kinshasa, un certain simplisme soit en train de s’imposer dans le débat sur l’histoire de ce pays à partir des années 90.
Que des politicards soucieux de devenir califes à la place des califes se mettent à raconter des bêtises sur la guerre de prédation et de basse intensité menée contre le pays de Lumumba avec ‘’la sainte protection’’ de ‘’la coterie’ !.
Nous avons peur que les attaques individuelles(ou plutôt égocentristes) entre les acteurs politiques congolais et/ou de la sous-région des Grands Lacs africains aboutissent à un révisionnisme éculé de l’histoire congolaise de ces trois dernières décennies.
Nous disons : ‘’Attention aux révisionnistes de l’histoire congolaise. Nous nous battrons fait contre fait, argument contre argument, pour que la mémoire de nos morts soit respectée. A n’importe quel prix. Et nous n’avons pas besoin de consensus pour cela.’’
Le temps qui passe risque d’avoir raison de la mémoire historique congolaise vivante et de verser dans le révisionnisme.
Tenez. Il est rare de rencontrer aujourd’hui plusieurs Congolais(es) convaincu(es) que Mobutu ne fut pas un dictateur pendant trente deux ans et que son entourage ne l’a pas toujours bien conseillé.
De là à perdre de vue que la dictature de Mobutu est une création made in USA, il y a un pas que plusieurs Congolais(es) devraient se garder de franchir. Le soutien américain aux luttes anticolonialistes avait un objectif : chasser les maîtres d’hier pour devenir calife à la place du calife.
Tout au long de la guerre froide jusqu’à la chute du mur de Berlin en 1989, Mobutu et son entourage prenaient ‘’leurs créateurs’’ pour ‘’des amis’’. Ils abusaient du mot ‘’amitié’’ ; consciemment ou inconsciemment.
Il est arrivé que Mobutu prenne trop de liberté avec cette amitié et que ses ‘’créateurs’’ lui tapent sur les doigts. Pensons entre autres à la zaïrianisation, à la politique de l’authenticité ou à son discours à l’Assemblée générale de l’ONU en 1973.
Tant que Mobutu servait de pion indispensable sur l’échiquier africain pendant la guerre froide, lui taper sur les doigts n’empêchait pas à ‘’ses créateurs’’ d’user et d’abuser de l’inversion sémantique en l’appelant ‘’cher ami’’.
Quand la guerre froide prend ‘’officiellement’’ fin avec la chute du mur de Berlin et que ‘’les créateurs de Mobutu’’ se rendent compte qu’il est malade, ils cherchent à s’en débarrasser au profit de ‘’nouveaux leaders de la renaissance africaine’’ (dont Museveni et Kagame).
Une ambassadrice américaine lui dira : ‘’Joseph, la guerre froide est terminée, tu ne sauras plus nous faire du chantage’’.
Le Zaïre de Mobutu tombera, affaibli de l’intérieur par la corruption entretenue, par ‘’la dette odieuse’’ et les programmes d’ajustements structurels imposés à ce pays par le FMI et la BM depuis les années 80[1] et les attaques extérieures orchestrées par les proxies ougandais et rwandais à partir des années 90. (Il faut avoir lu ‘’Confessions d’un assassin financier’’ pour comprendre ce mode opératoire.
L’inculture est ici une arme de destruction massive ; même si elle permet à ses victimes de raconter des histoires sur le Congo-Kinshasa en prenant des airs d’intellectuels dignes de ce nom !)
Evoquer ‘’Crimes organisés’’ pour illustrer ces propos peut paraître provocateur dans la mesure où c’est un livre écrit par un proche de Mobutu.
Pourtant, ‘’Noir Canada’’ (Delphine Abadi et Cie), ‘’A quand l’Afrique’’ (Joseph Ki-Zerbo), Géopolitique du Congo (Marie-France Cros), ‘’Les nouveaux prédateurs’’ (C. Braeckman), etc. abordent sur plusieurs points la fin de Mobutu dans le sens de ce qui vient d’être écrit.
Deux documentaires intitulés ‘’le Conflit au Congo. La vérité dévoilé’’ et Rwanda’s untold story’’ ainsi qu’un article bien documenté d’un avocat de la défense à la TPIR, Christopher Black, abondent dans le même sens.
Christopher Black fait même allusion à une lettre de Paul Kagame adressée à Museveni et soutenant que ‘’le génocide rwandais’’ était une étape de la guerre pour la conquête du Congo-Kinshasa.
Notre peur en nous apprenant aux relents du révisionnisme de l’histoire du Congo-Kinshasa est liée au fait que les attaques entre les acteurs politiques congolais et ceux de la sous-région des Grands Lacs africains n’en viennent à la gauchir aux dépens des jeunes et des enfants congolais.
Chercher à faire croire à ses derniers que les militaires congolais ont été vaincu par ceux du rwandais est un mensonge. Les Congolais(es) et leurs militaires, dans leur immense majorité ont résisté contre la coalition des proxies ougandais et rwandais soutenus par leurs parrains anglo-saxons. C’est ça la vérité.
Transformer cette histoire en en faisant (seulement) celle de la défaite des soldats de Mobutu contre ceux du Rwanda de Paul Kagame procède du révisionnisme.
Que vise-t-il, ce révisionnisme ?
Convaincre les plus naïfs d’entre nous que si les soldats de Mobutu étaient bien organisés, ils allaient vaincre ceux de Paul Kagame. Ceci est une fausseté.
Pour cause. Quand Laurent-Désiré Kabila se ravise en 1998, lance un appel à la population congolaise et à ce qui lui restait encore comme militaires, les proxies ougandais et rwandais ont été vaincus. Après sa mobilisation des armées africaines, les proxies ont été obligés d’appeler leurs parrains au secours et l’ONU s’est interposé en novembre 1999.
Les révisionnistes congolais et étrangers sont nuisibles. Ils veulent convaincre les plus naïfs d’entre nous que la question congolaise est entre autres celles de la faiblesse de son armée sous Mobutu. Et qu’une armée républicaine peut faire l’affaire là où Mobutu a échoué.
Ceci est une approche simpliste de la guerre de basse intensité menée contre le Congo-Kinshasa par les anglo-saxons. Kadhafi avec son armée et ses comités de pouvoir populaire n’a pas su résister contre la machine de l’OTAN.
Si la Syrie tient encore le coup, c’est parce qu’elle jouit du soutien de la Russie, de la Chine, de l’Iran et du Liban. Seule, elle n’aurait rien fait et ce n’est même pas terminé.
La guerre de basse intensité menée contre le Congo-Kinshasa participe de l’imposition du ‘’nouveau désordre mondial’’ par ceux qui estiment être les vainqueurs de la deuxième guerre mondiale et de la guerre froide.
Ayant décrété ‘’la fin de l’histoire’’, ils veulent, par ‘’le chaos constructeur’’, contrôler les espaces géographiques riches en matières premières stratégiques pour la promotion de ‘’la première grande puissance économique mondiale’’ et de ‘’la nation exceptionnelle’’.
Dans l’un de ses derniers discours, Poutine dit sans ambages qu’il a entendu ‘’ses partenaires occidentaux’’ dire que c’est injuste que les richesses de la Sibérie appartiennent à la Russie. Le cas du Congo-Kinshasa est semblable à celui de la Russie.
‘’Les maîtres du monde’’ estiment que c’est injuste que le coltan, l’or, le cuivre, la forêt et l’eau du Congo-Kinshasa lui appartiennent.
Pour s’armer contre la Russie, ils ont créé ‘’le piège de l’Ukraine’’. Le pétrole du Venezuela leur cause des cauchemars.
Dans le cas du Congo-Kinshasa, ils ont créé ‘’le génocide rwandais’’. Mobutu ou une autre de leurs créatures, ça serait la même chose. Ils auraient trouvé un prétexte. Ils ont fait de Saddam Hussein leur ami avant de réduire l’Irak à l’âge de la pierre.
Les peuples non-avertis sur leur mode opératoire succombent à leur piège. Poutine n’y a pas succombé… Il n’est pas ‘’leur créature’’.
Certains révisionnistes de l’histoire du Congo-Kinshasa travaillent avec leur ‘’agences de sédition’’. Ils sont ‘’révisionnistes de l’histoire’’ de ce pays à dessein. Comprenne qui pourra ! La lutte s’annonce âpre.
__________________
Mbelu Babanya Kabudi
[1]Lire E. TOUSSAINT, Procès d’un homme exemplaire. Jacques de Groote, directeur exécutif au FMI et à la Banque mondiale pendant 20 ans, Liège, Al Dante, 2013.
Il n’est pas permis de chipoter avec l’histoire de la Shoa. De plus en plus, ‘’le génocide arménien’’ devient un sujet sur lequel il n’est pas permis de badiner.
Il est incompréhensible qu’après plus de huit millions de morts au Congo-Kinshasa, un certain simplisme soit en train de s’imposer dans le débat sur l’histoire de ce pays à partir des années 90.
Que des politicards soucieux de devenir califes à la place des califes se mettent à raconter des bêtises sur la guerre de prédation et de basse intensité menée contre le pays de Lumumba avec ‘’la sainte protection’’ de ‘’la coterie’ !.
Nous avons peur que les attaques individuelles(ou plutôt égocentristes) entre les acteurs politiques congolais et/ou de la sous-région des Grands Lacs africains aboutissent à un révisionnisme éculé de l’histoire congolaise de ces trois dernières décennies.
Nous disons : ‘’Attention aux révisionnistes de l’histoire congolaise. Nous nous battrons fait contre fait, argument contre argument, pour que la mémoire de nos morts soit respectée. A n’importe quel prix. Et nous n’avons pas besoin de consensus pour cela.’’
Le temps qui passe risque d’avoir raison de la mémoire historique congolaise vivante et de verser dans le révisionnisme.
Tenez. Il est rare de rencontrer aujourd’hui plusieurs Congolais(es) convaincu(es) que Mobutu ne fut pas un dictateur pendant trente deux ans et que son entourage ne l’a pas toujours bien conseillé.
De là à perdre de vue que la dictature de Mobutu est une création made in USA, il y a un pas que plusieurs Congolais(es) devraient se garder de franchir. Le soutien américain aux luttes anticolonialistes avait un objectif : chasser les maîtres d’hier pour devenir calife à la place du calife.
Tout au long de la guerre froide jusqu’à la chute du mur de Berlin en 1989, Mobutu et son entourage prenaient ‘’leurs créateurs’’ pour ‘’des amis’’. Ils abusaient du mot ‘’amitié’’ ; consciemment ou inconsciemment.
Il est arrivé que Mobutu prenne trop de liberté avec cette amitié et que ses ‘’créateurs’’ lui tapent sur les doigts. Pensons entre autres à la zaïrianisation, à la politique de l’authenticité ou à son discours à l’Assemblée générale de l’ONU en 1973.
Tant que Mobutu servait de pion indispensable sur l’échiquier africain pendant la guerre froide, lui taper sur les doigts n’empêchait pas à ‘’ses créateurs’’ d’user et d’abuser de l’inversion sémantique en l’appelant ‘’cher ami’’.
Quand la guerre froide prend ‘’officiellement’’ fin avec la chute du mur de Berlin et que ‘’les créateurs de Mobutu’’ se rendent compte qu’il est malade, ils cherchent à s’en débarrasser au profit de ‘’nouveaux leaders de la renaissance africaine’’ (dont Museveni et Kagame).
Une ambassadrice américaine lui dira : ‘’Joseph, la guerre froide est terminée, tu ne sauras plus nous faire du chantage’’.
Le Zaïre de Mobutu tombera, affaibli de l’intérieur par la corruption entretenue, par ‘’la dette odieuse’’ et les programmes d’ajustements structurels imposés à ce pays par le FMI et la BM depuis les années 80[1] et les attaques extérieures orchestrées par les proxies ougandais et rwandais à partir des années 90. (Il faut avoir lu ‘’Confessions d’un assassin financier’’ pour comprendre ce mode opératoire.
L’inculture est ici une arme de destruction massive ; même si elle permet à ses victimes de raconter des histoires sur le Congo-Kinshasa en prenant des airs d’intellectuels dignes de ce nom !)
Evoquer ‘’Crimes organisés’’ pour illustrer ces propos peut paraître provocateur dans la mesure où c’est un livre écrit par un proche de Mobutu.
Pourtant, ‘’Noir Canada’’ (Delphine Abadi et Cie), ‘’A quand l’Afrique’’ (Joseph Ki-Zerbo), Géopolitique du Congo (Marie-France Cros), ‘’Les nouveaux prédateurs’’ (C. Braeckman), etc. abordent sur plusieurs points la fin de Mobutu dans le sens de ce qui vient d’être écrit.
Deux documentaires intitulés ‘’le Conflit au Congo. La vérité dévoilé’’ et Rwanda’s untold story’’ ainsi qu’un article bien documenté d’un avocat de la défense à la TPIR, Christopher Black, abondent dans le même sens.
Christopher Black fait même allusion à une lettre de Paul Kagame adressée à Museveni et soutenant que ‘’le génocide rwandais’’ était une étape de la guerre pour la conquête du Congo-Kinshasa.
Notre peur en nous apprenant aux relents du révisionnisme de l’histoire du Congo-Kinshasa est liée au fait que les attaques entre les acteurs politiques congolais et ceux de la sous-région des Grands Lacs africains n’en viennent à la gauchir aux dépens des jeunes et des enfants congolais.
Chercher à faire croire à ses derniers que les militaires congolais ont été vaincu par ceux du rwandais est un mensonge. Les Congolais(es) et leurs militaires, dans leur immense majorité ont résisté contre la coalition des proxies ougandais et rwandais soutenus par leurs parrains anglo-saxons. C’est ça la vérité.
Transformer cette histoire en en faisant (seulement) celle de la défaite des soldats de Mobutu contre ceux du Rwanda de Paul Kagame procède du révisionnisme.
Que vise-t-il, ce révisionnisme ?
Convaincre les plus naïfs d’entre nous que si les soldats de Mobutu étaient bien organisés, ils allaient vaincre ceux de Paul Kagame. Ceci est une fausseté.
Pour cause. Quand Laurent-Désiré Kabila se ravise en 1998, lance un appel à la population congolaise et à ce qui lui restait encore comme militaires, les proxies ougandais et rwandais ont été vaincus. Après sa mobilisation des armées africaines, les proxies ont été obligés d’appeler leurs parrains au secours et l’ONU s’est interposé en novembre 1999.
Les révisionnistes congolais et étrangers sont nuisibles. Ils veulent convaincre les plus naïfs d’entre nous que la question congolaise est entre autres celles de la faiblesse de son armée sous Mobutu. Et qu’une armée républicaine peut faire l’affaire là où Mobutu a échoué.
Ceci est une approche simpliste de la guerre de basse intensité menée contre le Congo-Kinshasa par les anglo-saxons. Kadhafi avec son armée et ses comités de pouvoir populaire n’a pas su résister contre la machine de l’OTAN.
Si la Syrie tient encore le coup, c’est parce qu’elle jouit du soutien de la Russie, de la Chine, de l’Iran et du Liban. Seule, elle n’aurait rien fait et ce n’est même pas terminé.
La guerre de basse intensité menée contre le Congo-Kinshasa participe de l’imposition du ‘’nouveau désordre mondial’’ par ceux qui estiment être les vainqueurs de la deuxième guerre mondiale et de la guerre froide.
Ayant décrété ‘’la fin de l’histoire’’, ils veulent, par ‘’le chaos constructeur’’, contrôler les espaces géographiques riches en matières premières stratégiques pour la promotion de ‘’la première grande puissance économique mondiale’’ et de ‘’la nation exceptionnelle’’.
Dans l’un de ses derniers discours, Poutine dit sans ambages qu’il a entendu ‘’ses partenaires occidentaux’’ dire que c’est injuste que les richesses de la Sibérie appartiennent à la Russie. Le cas du Congo-Kinshasa est semblable à celui de la Russie.
‘’Les maîtres du monde’’ estiment que c’est injuste que le coltan, l’or, le cuivre, la forêt et l’eau du Congo-Kinshasa lui appartiennent.
Pour s’armer contre la Russie, ils ont créé ‘’le piège de l’Ukraine’’. Le pétrole du Venezuela leur cause des cauchemars.
Dans le cas du Congo-Kinshasa, ils ont créé ‘’le génocide rwandais’’. Mobutu ou une autre de leurs créatures, ça serait la même chose. Ils auraient trouvé un prétexte. Ils ont fait de Saddam Hussein leur ami avant de réduire l’Irak à l’âge de la pierre.
Les peuples non-avertis sur leur mode opératoire succombent à leur piège. Poutine n’y a pas succombé… Il n’est pas ‘’leur créature’’.
Certains révisionnistes de l’histoire du Congo-Kinshasa travaillent avec leur ‘’agences de sédition’’. Ils sont ‘’révisionnistes de l’histoire’’ de ce pays à dessein. Comprenne qui pourra ! La lutte s’annonce âpre.
__________________
Mbelu Babanya Kabudi
[1]Lire E. TOUSSAINT, Procès d’un homme exemplaire. Jacques de Groote, directeur exécutif au FMI et à la Banque mondiale pendant 20 ans, Liège, Al Dante, 2013.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire