mardi 3 février 2015

Congo-Brazzaville: Les erreurs de Denis Sassou Nguesso depuis son retour au pouvoir par la guerre civile en 1997

3 février 2015

La politique est un art qui exclut l’improvisation. C’est un métier qui exige de l’habileté dans la gestion du présent et la vision pour préparer l’avenir. La politique devrait être, aussi, une vocation, car, cela suppose des sacrifices pour le bien-être social de son peuple. 

C’est dans des moments difficiles ou de crise, que l’on juge de la crédibilité et de la compétence d’un leader politique.

PREMIÈRE ERREUR : L’ABUS DE POUVOIR

Le 15 octobre 1997, après sa victoire militaire sur les forces de Pascal Lissouba, grâce à l’intervention de l’aviation militaire angolaise, le général Denis Sassou Nguesso, commet la première erreur grave de son début de règne, en abrogeant la constitution du 15 mars 1992, pourtant promulguée par lui- même. Or, le maintien de cette constitution, aurait été perçu, par le peuple congolais et la communauté internationale, comme un gage des nouvelles autorités politiques, de s’inscrire dans la légalité et la continuité du processus démocratique amorcé par la Conférence nationale en 1991. Même si, à la fin de la guerre civile, le pays était totalement ravagé, cela ne pouvait soustraire les vainqueurs de la guerre au respect et à l’application des lois. Quand on sait que, le motif principal de la guerre civile était le respect de la constitution et des échéances politiques, son abrogation est, purement, un coup d’Etat. Les pouvoirs immenses que le général, Denis Sassou Nguesso, s’est arrogés après la guerre civile, ne pouvaient se faire que dans le cadre d’amendements constitutionnels et non par l’abrogation de la constitution. Comme nous pouvons l’observer, à la fin de son dernier mandat, en 2016, il se retrouve piégé par son excès de pouvoir absolu, car, la constitution du 15 mars 1992 semble s’imposer après son départ.

DEUXIÈME ERREUR : LE MANQUE DE VISION

Après la guerre civile de 1997, plus de dix mille Congolais (30 000 selon certaines estimations), ont perdu la vie et des biens matériels. Des milliers d’autres se sont retrouvés réfugiés dans la brousse et dans les pays voisins. Le Congo est, totalement, détruit, ce qui signifie que le pays est un immense chantier. La reconstruction exige des hommes et des femmes et sur tout des bras. Au lieu d’ouvrir des centres de formations aux métiers des travaux publics, du bâtiment et de l’agriculture, le pouvoir se contente d’intégrer les milices dans l’armée. Or, ces jeunes miliciens auraient dû être formés, pour devenir les bâtisseurs du pays. Mais, le pouvoir redoutait de rendre autonomes ces jeunes miliciens, pour pouvoir les instrumentaliser en cas de conflit. Au Congo, la reconstruction est faite dans le gros comme dans le second œuvre, par des ouvriers africains et chinois.

TROISIÈME ERREUR : L’INCOMPÉTENCE

Le développement se construit comme un édifice. La première structure à poser, c’est la fondation. Les fondations du développement sont identiques partout dans le monde :

1° L’enseignement, l’éducation et la formation, or, le système éducatif et l’enseignement public sont détruits.

2° La santé publique, or, le pays ne dispose pas d’hôpitaux, ni de centres de santé conformes. Tous les dignitaires au pouvoir ainsi que leurs familles, vont se soigner au Maroc ou en Europe aux frais du Trésor public.

3° L’eau potable, qui est la source de la vie, n’existe pas pour la majorité des Congolais, alors que le pays est arrosé par le plus grand fleuve du monde, après l’Amazone. Les populations sont décimées par des maladies hydriques.

4° L’électricité, qui est un moteur du développement économique et social, n’existe pas non plus, ou tout au moins, fonctionne épisodiquement. Tous les dignitaires et leurs familles possèdent à leurs domiciles des groupes électrogènes privés.

5° Les communications et les transports dans les grands centres urbains sont pénibles. Les liaisons avec la campagne sont un cauchemar.

QUATRIÈME ERREUR : UN POUVOIR OLIGARCHIQUE

Pour diriger et régner, le président, Denis Sassou Nguesso, ne fait confiance qu’aux membres de sa famille, placés à des fonctions stratégiques sur le plan politique, économique, financier et militaire. Porter le patronyme du chef de l’Etat ou faire partie de sa famille, octroie des passe-droits et des immunités. Ne pouvant sanctionner les abus de ses proches qui sont légion, il ne peut sanctionner ceux des autres agents de l’Etat. Conséquences : le Congo-Brazzaville se trouve plongé dans la corruption, l’impunité et l’inertie.

CONCLUSION :

En 2016, date de fin de son dernier mandat, malgré des réalisations de façade, le président, Denis Sassou Nguesso, semble être, encore, à la case départ, aux yeux de la majorité du peuple congolais.


Appolinaire NGOLONGOLO
journaliste, écrivain

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