Christian Malanga, président de l’United Congolese Party (UCP). Photo Congo Indépendant
Natif de Kinshasa, âgé de 32 ans, allure martiale, le Congolo-Américain Christian Malanga veut mobiliser le peuple du « Congo-Zaïre » (sic !) pour « libérer » le pays.
Pour lui, "Joseph Kabila n’entend en aucun cas céder le pouvoir en 2016 par crainte des dossiers judiciaires qui l’attendent". Aussi, estime-t-il qu’il n’est pas question d’aller aux urnes aussi longtemps que le pays sera « sous occupation ».
Lors de la prise du pouvoir par l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo) le 17 mai 1997, « Christian » avait 14 ans. "Nous avons attendu en vain le changement".
Marié et père de six enfants, Malanga a vécu en Afrique du Sud avec ses parents avant de s’établir aux Etats-Unis d’Amérique. L’homme a œuvré au sein des Forces armées de la RD Congo de 2006 à 2010. Il a quitté l’armée congolaise au grade de capitaine. Selon certaines indiscrétions, il aurait servi également dans l’armée US.
Bruxelles. Samedi 28 mars 2015. Hôtel Sheraton. Place Rogier. Le début de la manifestation est fixée à 14h00. Au troisième étage, un dispositif de sécurité est en place. Il faut montrer pattes blanches en se soumettant au détecteur des métaux avant d’entrer dans la salle.
A 15h25, Christian Malanga fait son entrée. Il est accompagné des membres de son staff dont une dame belge de souche. Sur l’estrade, on y perçoit quelques visages connus.
C’est le cas de Germain-Abraham Mbayi Kaninda - qui joue le rôle de modérateur - et de l’ex-secrétaire général adjoint de l’Apareco (Alliance des patriotes pour la refondation du Congo), Paul Akanga Gbula.
Depuis plusieurs jours, des messages affichés sur Facebook ont fait état de la naissance d’une organisation dénommée « United Congolese Party » (UCP). Traduction : Parti congolais uni.
C’est un peu par curiosité qu’une partie de l’assistance est allée écouter l’orateur qui a choisi de parler en lingala, une de nos quatre langues nationales avec le Kikongo, le Tshiluba et le Swahili.
Notons que le logo de ce regroupement est assorti d’un flambeau. "C’est la lumière qui chasse l’obscurité", dira plus tard le conférencier comme pour tordre le cou à tout soupçon de "nostalgie mobutiste".
On apprendra que l’«UCP» se veut une plateforme politique. Elle entend « fédérer » les filles et fils du Congo-Zaïre.
« L’objectif, a dit Christian Malanga, est d’amorcer la libération totale de notre pays. Notre pays est occupé par des rebelles ». Et de lancer en direction de ceux-ci : « The game is over! ». Traduction : c’est la fin de la partie ou le jeu est terminé.
Malanga de marteler : « Le jeu est terminé avec le système politique en place ». Selon lui, l’heure est venue « de faire partir Joseph Kabila du pouvoir ».
« A partir d’aujourd’hui, j’ai besoin de vous pour mener la lutte ».
Quid du modus operandi ? Ici l’orateur multiplie des réponses subliminales : « Notre ennemi est identifié : c’est Joseph Kabila » ; « Joseph Kabila est arrivé au pouvoir sans tirer un coup de feu » ; « L’heure est venue de le faire partir de la tête de l’Etat » ; « Nous nous battons pour une cause juste parce qu’il s’agit de notre pays et de notre terre » ; « Les pleurs des Congolais de l’Est, du Katanga et de deux Kasaï ont été entendus » ; « Nous allons procéder à l’arrestation de notre ennemi ».
Sans dévoiler le plan d’action de la plateforme, « Christian » de fustiger le tribalisme, la corruption, l’injustice sociale et le détournement de la paie des soldats par des officiers.
"Je suis issu de l’armée congolaises? Je connais la souffrance qu’endurent les soldats".
Pour lui, il s’agit de « sensibiliser » les soldats dans la lutte à mener qui se résume à deux mots : « Kabila dégage ! » «Tous les Congolais qui travaillent sous le régime actuel ne sont pas mauvais ».
Christian Malanga de faire remarquer que le Congo-Kinshasa dispose d’une « excellente Constitution » priant l’assistance, au passage, de la parcourir. Il cite dans la foulée l’article 64.
« Cet article, précise-t-il, nous confère le pouvoir de nous lever contre le système en place ». Il épingle également l’article 165 qui prévoit la « haute trahison » en cas de violation intentionnelle de la Constitution par le chef de l’Etat.
Pour le président de l’UCP, les Congolais doivent taire leurs divergences pour concentrer leurs forces dans la lutte contre « Joseph Kabila ».
Après avoir rendu hommage à Armand Tungulu Mudiandambu assassiné en octobre 2010 au Camp Tshatshi, il lance : "Nous allons achever l’œuvre qu’il avait commencée".
Selon lui, 2015 doit être «l’année de la libération». «Ensemble, la victoire est certaine», souligne-t-il.
Et de poursuivre : « Joseph Kabila n’acceptera en aucun cas l’avènement de l’alternance de peur d’être confronté aux nombreux dossiers qui l’attendent au niveau des juridictions internationales».
Au cours du jeu des questions-réponses, l’orateur a été interrogé notamment sur le projet politique de l’UCP. Réponse : « La souffrance de notre peuple n’a pas besoin de projet ».
Pour lui, le peuple congolais n’a qu’un seul problème : « Kabila dégage ! ».
Et d’ajouter :« Joseph Kabila ne peut partir que par la force des armes ». « Il faut aller aux urnes mais sans Joseph Kabila ». "Nous devons libérer notre pays cette année, conclut-il. Joseph Kabila ne bénéficie d’aucun soutien".
La "lutte" annoncée par Christian Malanga contre le pouvoir kabiliste ira-t-elle "plus loin" que celle claironnée jadis par le colonel John Tshibangu? L’avenir le dira.
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Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant
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