le samedi 28 février 2015
A l'heure où je vous parle, je ne sais pas exactement quels sont les actes matériels qu'on me reproche
Un peu moins de deux mois après le début du procès, c’était au tour, ce lundi 23 février, de Simone Gbagbo de comparaître devant la cour d’assises. La femme de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo, doit répondre comme ses 82 co-accusés d' « atteinte à la sûreté de l’Etat ».
Des crimes commis pendant la crise post-électorale de 2010-2011 qui a fait au moins 3 000 morts dans le pays. L'audience a débuté avec près de deux heures de retard.
Compte tenu de la personnalité de l'accusée, il a fallu prendre certaines mesures de sécurité. Qui plus est, dans la salle des pas perdus, on a assisté au tout début de la matinée à des scènes d'esclandre entre Ivoiriens partisans et hostiles à Simone Gbagbo, les premiers réclamant que justice soit faite à l'encontre du régime de Laurent Gbagbo, les seconds demandant à ce que justice soit rendue à l'encontre des partisans du clan d'Alassane Ouattara.
Tout le monde a finalement été évacué avant que l'ex-première dame ne fasse son entrée dans la salle d'audience. Simone Gbagbo est apparue tout sourire, vers 11 heures, vêtue d’une robe beige et bleu turquoise, main dans la main avec l’un de ses avocats, Me Rodrigue Dadjé.
Elle a pris le temps de saluer certains de ses amis venus la soutenir dans la salle d’audience, comme Alphonse Douati, ex-ministre de son époux Laurent Gbagbo, Henri DacouryTabley, l’ex-gouverneur de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest. Egalement dans son sillage, on a aperçu Michel Gbagbo, le fils de Laurent Gbagbo.
Comme elle l'avait promis à la presse, Simone Gbagbo s'est exprimée « à satiété ». Dans ses premières déclarations publiques depuis son arrestation en avril 2011, l'ex-première dame a affirmé, devant la cour d'assises d'Abidjan, ignorer ce qu'on lui reprochait.
« A l'heure où je vous parle, je ne sais pas exactement quels sont les actes matériels qu'on me reproche », a-t-elle déclaré, avant d’ajouter que « Laurent Gbagbo est le vainqueur de la présidentielle de 2010 ».
Pendant quasiment une heure, de manière ininterrompue, elle a ainsi retracé son analyse propre des événements.
Simone Gbagbo en a profité pour dire tout le mal qu'elle pensait du représentant des Nations unies, qu'elle accuse d'avoir outrepassé ses fonctions, et de Nicolas Sarkozy et des forces françaises dont elle a dénoncé « l'ingérence » dans la crise post-électorale ivoirienne.
Accusant l'armée française d'avoir « bombarbé la résidence présidentielle pendant une dizaine de jours alors qu'aucune résolution de l'ONU ne lui donnait ce pouvoir », Simone Gbagbo a lâché : « C'est à croire que l'objectif était l'élimination physique du président élu Laurent Gbagbo ».
Perdant un peu parfois patience face à l'inanité de certaines questions de l'accusation, l'ex-première dame a demandé à plusieurs reprises à être interrogée, et donc jugée, sur des faits précis et concrets, et non pas sur des allégations ou bien des propos rapportés dans les journaux.
« On n'est pas ici pour justifier de ce que je pense, mais sur des faits précis », a-t-elle déclaré. Il est vrai que la vacuité des questions posées jusqu'ici par l'accusation laisse un peu perplexe pour un procès en assises.
Le dossier d’accusation de Simone Gbagbo est décevant selon RFI
A Abidjan, la première partie du procès en assise de 83 accusés pour atteinte à la sûreté de l’Etat s’est conclue ce lundi par la comparution de Simone Gbagbo.
L’épouse de l’ex-chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, a été entendue par le jury et n’a reconnu aucun des motifs de l’accusation retenus contre elle. A la barre, elle a raconté sa version de la crise post-électorale de 2010-2011.
Cela faisait quatre ans, depuis son arrestation, que Simone Gbagbo ne s’était pas exprimée en public. Elle avait promis de le faire à « satiété » et de ce point de vue, son auditoire de la cour d’assises n’a pas été déçu.
Pendant une heure et sans interruption, Simone Gbagbo a consciencieusement présenté sa version des faits de la crise post-électorale : Nicolas Sarkozy, de quoi se mêle-t-il celui qui a ordonné à son armée de bombarder la résidence présidentielle ; Young-jin Choi, le représentant des Nations unies en Côte d'Ivoire, a outrepassé ses fonctions ; enfin, Alassane Ouattara, il est président de fait, mais n’a pas été élu puisque, pour elle, c’est son époux qui a été désigné par le Conseil constitutionnel. Chacun en a pris pour son grade.
Et de ce point de vue, les supporters de Simone Gbagbo ne furent pas déçus. Plus décevant en revanche, le dossier d’accusations.
Une fois de plus, pas de faits précis, pas de preuves tangibles pour étayer la constitution en bandes armées, la rébellion ou bien l’usurpation d’identité.
Aucune pièce à conviction n’a été présentée si ce n’est une bande vidéo d’un meeting au palais de la Culture, quelques témoignages à charge, mais reposant la plupart du temps sur des rumeurs. Et au final, aucune preuve concrète à l’encontre de Simone Gbagbo...
C’est ce que constate en effet l’un de ses avocats, Rodrigue Dadjé qui se dit très satisfait de la prestation de sa cliente : « J’ai aimé qu’elle respecte la mémoire des victimes, quel que soit leur bord ethnique ou leur bord politique. Ça c’est important parce qu’une victime est une victime, un mort est un mort. On ne tribalise pas les morts, on ne les catégorise pas.
Deuxièmement, elle a expliqué par A + B qu’elle n’a rien à voir avec les infractions pour lesquelles elle est poursuivie.
Et aujourd’hui, on ne sait pas les faits matériels qui ont justifié de son envoi devant la cour d’assises. Et c’est la vérité, c’est extrêmement grave. Il n’y a aucun élément de faits exposés qui justifient qu’on l’envoie devant la cour ».
Des témoignages peu convaincants
Rien n’a déstabilisé la « dame de fer » ivoirienne qui n’a jamais perdu son calme durant toute l’audience, si ce n’est deux fois où elle marqua nettement des signes d’agacement à l’encontre d’avocats de l’Etat ivoirien.
Des avocats dont la vacuité des questions fut accueillie par ses sarcasmes. Ce qui lui valut un rappel à l’ordre du président du tribunal.
Après s’être excusée devant la cour, Simone Gbagbo a répliqué : « Que l’on me juge sur des faits et non pas sur ce que je pense. Celui qui m’accuse d’avoir commis des tueries massives, il n’a qu’à apporter des preuves ».
Simone Gbagbo n'a donc reconnu aucun des motifs de l'accusation retenus contre elle pendant la crise post-électorale.
Et malgré la faiblesse des témoignages à son encontre, l'avocat représentant les intérêts de la Côte d'Ivoire se dit satisfait de cette audience : « Nous sommes satisfaits, parce que nous avons constaté que l’accusée n’a rien dit d’essentiel. Elle a passé son temps à nier. Donc cela veut dire beaucoup de choses. N’allez pas me dire Gbagbo, quand il demande à l’armée d’aller attaquer, ce n’est pas Gbagbo qui attaque. Madame Gbagbo, c’est la même chose. Elle est l’auteur intellectuel des actes », estime Soungalo Coulibaly.
Le président de la cour de justice a appelé toutes les parties à se retrouver lundi prochain, le 2 mars, pour les plaidoiries et les réquisitoires.
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RFI
A l'heure où je vous parle, je ne sais pas exactement quels sont les actes matériels qu'on me reproche
Un peu moins de deux mois après le début du procès, c’était au tour, ce lundi 23 février, de Simone Gbagbo de comparaître devant la cour d’assises. La femme de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo, doit répondre comme ses 82 co-accusés d' « atteinte à la sûreté de l’Etat ».
Des crimes commis pendant la crise post-électorale de 2010-2011 qui a fait au moins 3 000 morts dans le pays. L'audience a débuté avec près de deux heures de retard.
Compte tenu de la personnalité de l'accusée, il a fallu prendre certaines mesures de sécurité. Qui plus est, dans la salle des pas perdus, on a assisté au tout début de la matinée à des scènes d'esclandre entre Ivoiriens partisans et hostiles à Simone Gbagbo, les premiers réclamant que justice soit faite à l'encontre du régime de Laurent Gbagbo, les seconds demandant à ce que justice soit rendue à l'encontre des partisans du clan d'Alassane Ouattara.
Tout le monde a finalement été évacué avant que l'ex-première dame ne fasse son entrée dans la salle d'audience. Simone Gbagbo est apparue tout sourire, vers 11 heures, vêtue d’une robe beige et bleu turquoise, main dans la main avec l’un de ses avocats, Me Rodrigue Dadjé.
Elle a pris le temps de saluer certains de ses amis venus la soutenir dans la salle d’audience, comme Alphonse Douati, ex-ministre de son époux Laurent Gbagbo, Henri DacouryTabley, l’ex-gouverneur de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest. Egalement dans son sillage, on a aperçu Michel Gbagbo, le fils de Laurent Gbagbo.
Comme elle l'avait promis à la presse, Simone Gbagbo s'est exprimée « à satiété ». Dans ses premières déclarations publiques depuis son arrestation en avril 2011, l'ex-première dame a affirmé, devant la cour d'assises d'Abidjan, ignorer ce qu'on lui reprochait.
« A l'heure où je vous parle, je ne sais pas exactement quels sont les actes matériels qu'on me reproche », a-t-elle déclaré, avant d’ajouter que « Laurent Gbagbo est le vainqueur de la présidentielle de 2010 ».
Pendant quasiment une heure, de manière ininterrompue, elle a ainsi retracé son analyse propre des événements.
Simone Gbagbo en a profité pour dire tout le mal qu'elle pensait du représentant des Nations unies, qu'elle accuse d'avoir outrepassé ses fonctions, et de Nicolas Sarkozy et des forces françaises dont elle a dénoncé « l'ingérence » dans la crise post-électorale ivoirienne.
Accusant l'armée française d'avoir « bombarbé la résidence présidentielle pendant une dizaine de jours alors qu'aucune résolution de l'ONU ne lui donnait ce pouvoir », Simone Gbagbo a lâché : « C'est à croire que l'objectif était l'élimination physique du président élu Laurent Gbagbo ».
Perdant un peu parfois patience face à l'inanité de certaines questions de l'accusation, l'ex-première dame a demandé à plusieurs reprises à être interrogée, et donc jugée, sur des faits précis et concrets, et non pas sur des allégations ou bien des propos rapportés dans les journaux.
« On n'est pas ici pour justifier de ce que je pense, mais sur des faits précis », a-t-elle déclaré. Il est vrai que la vacuité des questions posées jusqu'ici par l'accusation laisse un peu perplexe pour un procès en assises.
Le dossier d’accusation de Simone Gbagbo est décevant selon RFI
A Abidjan, la première partie du procès en assise de 83 accusés pour atteinte à la sûreté de l’Etat s’est conclue ce lundi par la comparution de Simone Gbagbo.
L’épouse de l’ex-chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, a été entendue par le jury et n’a reconnu aucun des motifs de l’accusation retenus contre elle. A la barre, elle a raconté sa version de la crise post-électorale de 2010-2011.
Cela faisait quatre ans, depuis son arrestation, que Simone Gbagbo ne s’était pas exprimée en public. Elle avait promis de le faire à « satiété » et de ce point de vue, son auditoire de la cour d’assises n’a pas été déçu.
Pendant une heure et sans interruption, Simone Gbagbo a consciencieusement présenté sa version des faits de la crise post-électorale : Nicolas Sarkozy, de quoi se mêle-t-il celui qui a ordonné à son armée de bombarder la résidence présidentielle ; Young-jin Choi, le représentant des Nations unies en Côte d'Ivoire, a outrepassé ses fonctions ; enfin, Alassane Ouattara, il est président de fait, mais n’a pas été élu puisque, pour elle, c’est son époux qui a été désigné par le Conseil constitutionnel. Chacun en a pris pour son grade.
Et de ce point de vue, les supporters de Simone Gbagbo ne furent pas déçus. Plus décevant en revanche, le dossier d’accusations.
Une fois de plus, pas de faits précis, pas de preuves tangibles pour étayer la constitution en bandes armées, la rébellion ou bien l’usurpation d’identité.
Aucune pièce à conviction n’a été présentée si ce n’est une bande vidéo d’un meeting au palais de la Culture, quelques témoignages à charge, mais reposant la plupart du temps sur des rumeurs. Et au final, aucune preuve concrète à l’encontre de Simone Gbagbo...
C’est ce que constate en effet l’un de ses avocats, Rodrigue Dadjé qui se dit très satisfait de la prestation de sa cliente : « J’ai aimé qu’elle respecte la mémoire des victimes, quel que soit leur bord ethnique ou leur bord politique. Ça c’est important parce qu’une victime est une victime, un mort est un mort. On ne tribalise pas les morts, on ne les catégorise pas.
Deuxièmement, elle a expliqué par A + B qu’elle n’a rien à voir avec les infractions pour lesquelles elle est poursuivie.
Et aujourd’hui, on ne sait pas les faits matériels qui ont justifié de son envoi devant la cour d’assises. Et c’est la vérité, c’est extrêmement grave. Il n’y a aucun élément de faits exposés qui justifient qu’on l’envoie devant la cour ».
Des témoignages peu convaincants
Rien n’a déstabilisé la « dame de fer » ivoirienne qui n’a jamais perdu son calme durant toute l’audience, si ce n’est deux fois où elle marqua nettement des signes d’agacement à l’encontre d’avocats de l’Etat ivoirien.
Des avocats dont la vacuité des questions fut accueillie par ses sarcasmes. Ce qui lui valut un rappel à l’ordre du président du tribunal.
Après s’être excusée devant la cour, Simone Gbagbo a répliqué : « Que l’on me juge sur des faits et non pas sur ce que je pense. Celui qui m’accuse d’avoir commis des tueries massives, il n’a qu’à apporter des preuves ».
Simone Gbagbo n'a donc reconnu aucun des motifs de l'accusation retenus contre elle pendant la crise post-électorale.
Et malgré la faiblesse des témoignages à son encontre, l'avocat représentant les intérêts de la Côte d'Ivoire se dit satisfait de cette audience : « Nous sommes satisfaits, parce que nous avons constaté que l’accusée n’a rien dit d’essentiel. Elle a passé son temps à nier. Donc cela veut dire beaucoup de choses. N’allez pas me dire Gbagbo, quand il demande à l’armée d’aller attaquer, ce n’est pas Gbagbo qui attaque. Madame Gbagbo, c’est la même chose. Elle est l’auteur intellectuel des actes », estime Soungalo Coulibaly.
Le président de la cour de justice a appelé toutes les parties à se retrouver lundi prochain, le 2 mars, pour les plaidoiries et les réquisitoires.
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RFI
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