jeudi 2 avril 2015

RDC : A l'instar des nigérians, les congolais doivent imposer l'alternance politique en 2016

01/04/2015

 
Muhammadu Buhari

Le peuple nigérian vient d'inscrire une nouvelle page historique en rejoignant la communauté des nations par la voie d'alternance politique en remplaçant par les urnes un président en place. 

C'est un tournant majeur dans la vie politique du Nigeria après six coups d'Etat militaires depuis l'indépendance du pays en 1960 , une nouvelle histoire dans un pays où le président sortant gagnait les élections comme par ailleurs en Afrique en refusant la justice électorale ou se faisant plébisciter par le peuple pour ne pas quitter le pouvoir. 

Aujourd'hui les nigérians, convertis aux vertus démocratiques ont par leur ras- le- bol voté pour le changement suite aux dérives du président Goodluck Jonathan. 

Ils ont prouvé qu'ils voulaient en finir avec un système odieux et c'est ce qui a permis au candidat Muhammadu Buhari du parti Congrès progressiste ( APC) de remporter avec une marge confortable de 53,9% des suffrages exprimés tandis que le pésident sortant Goodluck Jonathan du parti démocratique populaire (PDP) a obtenu 44,96%.

Quant aux congolais, quelles sont les leçons à tirer pour réussir l'alternance politique ?

Les électeurs nigérians ont sanctionné le président Goodluck Jonathan suite aux échecs de ses politiques par manque de réponses aux demandes sociales:l'emploi, la santé, l'éducation, l'électricité. 

Pour eux, le besoin de changement devenait une urgence absolue et c'est pour cette raison des slogans comme :" Tout sauf Goodluck Jonathan ) ont mobilisé les électeurs pour tourner la page des années de chômage des jeunes,des inégalités, du délabrement poussé des universités ,de la corruption et voire de l'incapacité de résoudre le problème Boko Haram afin d'ouvrir une nouvelle ère d'espérance . 

Les électeurs nigérians ont démontré que le temps a changé. On n'achète plus facilement les électeurs et on ne les conduit plus en masse vers les urnes par la simple peur des violences ou la force leur appartenance communautaire. 

D'ailleurs c'est ce qui a montré que ces élections ont transcendé les clivages confessionnels. 

Il faut reconnaître que les nigérians ne sont plus capables d'avaler des couleuvres comme à l'époque des dictatures des années 80.

La personnalité du président sortant très critiquée a été un argument important dans l'optique de changement politique. Goodluck Jonathan a manqué d'autorité , a été souvent manipulé par son entourage , ses ministres. 

Il n' a pas su maintenir l'unité au sein de son parti politique et les échecs de sa mauvaise gouvernance et surtout dans la chaine de commandement au sein de l'armée se sont illustrés dan la montée en puissance de Boko Haram . 

Les nigérians se sont sentis humiliés par les soutiens militaires apportés par les armées de pays voisins comme le Tchad à contrario de la fibre nationaliste incarnant la plupart de nigérians.

Contrairement à Goodluck Jonathan, Muhammadu Buhari représente l'inverse du président sortant. 

C'est pourquoi les nigérians viennent de placer leurs attentes dans la personne du nouveau président qui paraît comme l'homme de poigne, intègre, capable de prendre des décisions fortes et redonner de l'espoir au peuple.

La bonne recette démocratique pour l'opposition congolaise est celle de l'unité de l'opposition nigériane. Elle a été soudée autour de l'objectif commun et la fusion de quatre partis de l'opposition a permis de gagner plus de voix en plaçant l'intérêt des nigérians avant tout. 

Les opposants congolais doivent éviter d'aller au crash, ils doivent s'inspirer des recettes que leur ont offertes les burkinabé et aujourd'hui les nigérians. Ils doivent cesser de se disputer du leadership qui ne se décrète pas. 

Ceux des opposants qui passent leur temps par des petits calculs de leader et qui sont incapables de fédérer l'électorat au niveau national seront bientôt démasqués en voulant jouer aux bénéfices des forces négatives.

L'alternance politique est en marche en Afrique et rien ne pourra l'arrêter. 

Pour Joseph Kabila, il ne faut plus encore vous donner trop du temps pour décider de prendre votre retraite politique sinon la dynamique de changement va vous dévorer. 

Vos échecs dans bien des domaines notamment l'incapacité de ramener la paix à l'Est du pays, le chômage massif des jeunes congolais, le délabrement très poussé des universités, la prévarication, la redistribution éhontée des richesses à une élite corrompue ayant les moyens d'être bling-bling vont infliger à votre famille politique une cinglante déculottée.
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[Professeur Florent Kaniki] 
© KongoTimes!

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