jeudi 7 mai 2015

Burundi : l'UA opposée à un nouveau mandat de Nkurunziza, plusieurs morts dans des affrontements

07/05/2015 

 

Un manifestant dans la capitale Bujumbura, le 6 mai. © Phil Moore - AFP

Au moins trois personnes sont mortes au cours de violent affrontement, jeudi, à Bujumbura. Face à la crise politique, la présidente de la Commission de l'Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, s'est opposée à un troisième mandat du président burundais.

De nouvelles violentes échauffourées ont eu lieu jeudi matin dans la capitale burundaise. Au moins trois personnes ont été tuées lors d'affrontements à Bujumbura entre la police et les manifestants, qui contestent la candidature du président Pierre Nkurunziza à un 3e mandat.

Les journalistes de l'AFP ont vu les corps de deux victimes, l'un ayant reçu une balle dans la tête, l'autre carbonisé. La Croix-Rouge a indiqué qu'une personne grièvement blessée dans l'explosion d'une grenade était morte de ses blessures.

La police a ouvert le feu sur les manifestants 



Les militaires interviennent pour sauver le jeune "imbonerakure" qui s'était réfugié dans caniveau

Jeudi matin, dans le quartier périphérique de Kinama, au nord de Bujumbura, un petit groupe de manifestants s'est opposé à des partisans du gouvernement, selon eux des membres des Imbonerakure, les jeunes du parti au pouvoir, accusés d'intimider les opposants à Nkurunziza. Ils ont été pris pour cible par les manifestants, qui accusent la police de protéger les "Imbonerakure", qualifiés de "milices" du pouvoir par l'ONU. La police a alors ouvert le feu sur les manifestants, tuant l'un d'eux.

Plus tard dans la journée, un photographe de l'AFP a vu le corps carbonisé d'une troisième personne dans un autre quartier périphérique de l'est de la ville, Nyakabiga. 


Selon des témoins, trois personnes ont été vues par les manifestants descendre d'un pick-up des services de renseignement. La foule les a pris en chasse. L'un est parvenu à s'échapper, l'armée s'est interposée avant que le deuxième ne se fasse tuer. Le troisième a été battu à mort par des habitants du quartier, qui ont ensuite mis le feu à son corps.

Les tensions restaient fortes dans la zone, comme en témoigne cette photographie, prise par le photojournaliste Phil Moore :

L'Union Africaine ne veut pas d'un troisième mandat

Les violences ont déjà fait 17 morts. Selon l'ONU, plus de 35 000 Burundais se sont réfugiés dans les pays voisins ces dernières semaines.

La situation a poussé la présidente de la Commission de l'Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, à s'exprimer. "L'environnement n'est pas propice à une élection. On ne peut pas aller dans un pays, rencontrer des réfugiés qui fuient, et dire "Nous allons observer les élections"", a-t-elle déclaré jeudi dans un entretien accordé à la télévision chinoise CCTV . "Dans l'état actuel des choses, je ne vois même pas comment des élections peuvent avoir lieu".

"À part la Cour (constitutionnelle) burundaise, toutes les autres interprétations que nous avons de la Constitution est que (...) il ne devrait pas y avoir de troisième mandat", a-t-elle poursuivi. Avant de lancer : "De mon point de vue, s'il y a une Constitution, elle doit être respectée. S'il y a besoin de l'amender, il faut un consensus à travers tout le pays sur son amendement. Cela ne peut pas être fait unilatéralement par une partie de la population".

>> Lire aussi : Burundi : arrestation d'un opposant, Nkurunziza promet de ne pas se représenter s'il est réélu

Pourquoi la situation la crise s'effonce-t-elle ?

Pierre Nkurunziza, élu en 2005 et réélu en 2010, a officiellement été investi le 25 avril candidat à la présidentielle par le parti présidentiel CNDD-FDD. Depuis, les opposants à un troisième mandat, menés par la société civile et une partie de l'opposition politique, manifestent à Bujumbura.

>> Lire aussi : Nkurunziza, tout foi tout flamme

Mardi, la Cour constitutionnelle a donné raison au camp présidentiel, qui estime un troisième mandat conforme à la Constitution. Une décision que refusent de reconnaître les opposants, estimant la Cour inféodée au pouvoir.

Les craintes des opposants

Leurs critiques ont été appuyées par le vice-président de la Cour constitutionnelle, Sylvère Nimpagaritse. Lundi, ce dernier a fui le pays, après avoir dénoncé les pressions de hauts responsables sur la Cour pour approuver un troisième mandat. "J'ai décidé de ne pas apposer ma signature sur un arrêt, une décision qui carrément est à côté de la loi", a-t-il indiqué à l'AFP.

Malgré les pressions et les violences croissantes, le président Nkurunziza a réaffirmé mercredi soir, au onzième jour de contestation, qu'il briguerait bien un troisième mandat le 26 juin. Les opposants lui prêtent l'intention de modifier, une fois réélu, la Constitution pour supprimer la limitation de durée de l'exercice du pouvoir.

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Jeune Afrique 
 (Avec AFP)

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