samedi 24 octobre 2015

Présidentielle en Côte d’Ivoire : le spectre de l’abstention

24 octobre 2015



Alors que 6,3 millions d'électeurs ivoiriens sont attendus dimanche pour le premier tour de la présidentielle, de nombreux observateurs redoutent une forte abstention.
 
L’abstention sera-t-elle le premier parti de Côte d’Ivoire au soir du premier tour de l’élection présidentielle qui s’y déroule dimanche ? 


Dans le pays, la question est aujourd’hui sur toutes les lèvres et se présente même comme le véritable enjeu du scrutin depuis les abandons successifs de plusieurs candidats « de poids » issus de l’opposition : l’ancien ministre d’Etat Amara Essy, l’ancien Président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly et, depuis vendredi après-midi, l’ex-Premier ministre Charles Konan Banny.

Et si ce dernier n’a pas donné de consignes de vote, en déclarant simplement : « Je reste cependant disponible pour le peuple de Côte d’Ivoire et pour les militants du PDCI-RDA. Le moment venu, je retrouverai le peuple ivoirien pour bâtir avec lui, dans la paix et la concorde, une Côte d’Ivoire unie et prospère », les deux autres, Essy et Koulibaly, ont clairement appelé la population à s’abstenir. 


« J’appelle les Ivoiriens à exprimer leur refus de se voir confisquer leur démocratie, en s’abstenant massivement de participer à une élection gadget. Une élection dans laquelle leurs voix ne comptent pas », a ainsi déclaré Essy le 21 octobre.

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S’ils sont toujours sept candidats en lice – Henriette Adjoa Lagou, Jacqueline Claire Kouangoua, Siméon Kouadio Konan, Kacou Gnangbo, Bertin Konan Kouadio, Pascal Affi N’Guessan, et Alassane Ouattara – seuls ces deux derniers disposent d’une base électorale susceptible de se déplacer en nombre. 


De l’aveu même du président candidat, qui s’exprimait le 23 octobre dans les colonnes du Monde

« En 2010, nous avons eu une élection de sortie de crise avec les candidats des trois grands partis (le RDR, le PDCI et le FPI). Cette fois-ci, le PDCI [Parti démocratique de la Côte d’Ivoire – fondé par Félix Houphouët-Boigny] et d’autres partis me soutiennent et il n’y a en face que le FPI qui a un candidat de poids [Affi N’Guessan, NDLR]. Je doute fort que nous puissions atteindre le taux de 2010 qui était de plus de 80 % mais je suis confiant que la participation sera élevée. Quand on dit qu’il y a peu d’intérêt, peut-être qu’il y a peu d’intérêt pour les autres candidats. Moi, où je suis allé, il y avait des milliers de personnes qui se mobilisaient. »

Appels au boycott, campagne timide, craintes sécuritaires…

Faible niveau d’inscription sur les listes électorales en juin et juillet dernier, faible niveau de retrait des cartes d’électeurs malgré un délai supplémentaire de quatre jours, appels au boycott et à l’abstention de candidats, campagne timide (hormis celle du RHDP, la coalition au pouvoir) dans la capitale, craintes sécuritaires dans l’Ouest… 


Les ingrédients propices à gonfler le score de l’abstention sont en tous cas, théoriquement, aussi nombreux que réels. 

Si bien que sur le terrain, durant les derniers jours de cette campagne électorale qui s’est achevée officiellement vendredi à minuit, les équipes de campagne du RHDP ont redoublé d’efforts afin de convaincre la population de se déplacer jusqu’aux bureaux de vote.

Le jour J, des cars seront mobilisés pour aider certaines populations isolées à se rendre aux urnes. Jeudi 22 octobre, lors d’un meeting, ce sont les cadres du RHDP qui enjoignaient les jeunes à se lever de bonheur dimanche pour aller voter et à consacrer ensuite leurs après-midi à conduire les moins jeunes à accomplir leur devoir citoyen. 


« Il faut tout de même relativiser la signification que pourrait avoir, aux yeux de certains, le faible niveau de retrait des cartes d’électeurs, explique un des porte-paroles du candidat. Il est aussi possible de voter avec sa carte nationale d’identité. Toutes les cartes d’électeurs qui n’ont pas été distribuées, seront à disposition dans les bureaux de vote le jour J et pourront être récupérées par ceux qui le souhaitent. »

Dimanche, ils seront près de 6,3 millions d’électeurs à être attendus aux urnes.

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Haby Niakate - envoyée spéciale à Abidjan  
Jeune Afrique

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