mardi 5 octobre 2010

Agitations pré-électorales à l’AMP: Des frères ennemis s’entre-déchirent

« Je me trouve présentement à Masimanimba, où j’ai vu que l’enfer avait un nom : Bukanga, village Mbala du secteur de Kitoy rayé de la carte. 90 maisons incendiées à l’essence par le village voisin Mbaya, habité par des Yansi. 500 villageois réfugiés dans la forêt, qui ont tout perdu. Un conflit foncier qui a dégénéré après qu’un juge de Masi eut donné raison au village Mbala ».
Ce texto a fait le tour de la ville dimanche 3 septembre dans l’après-midi, envoyé « à tous », selon l’expression de son expéditeur, l’honorable Tryphon Kin-Kiey Mulumba, président national du Parti de l’action (PA) et député élu de Masimanimba. Arrivé le week-end dans son fief électoral, l’honorable n’a fait que constater les dégâts. Des scènes comme décrites ci-dessus, les Congolais risquent d’en connaitre, si pas en pire, dans les mois et semaines qui viennent, au fur et à mesure que l’on va se rapprocher des joutes électorales de 2011. Des leaders politiques, certains à bout de souffle, d’autres pour assouvir une soif de pouvoir inextinguible, n’hésitent plus, et n’hésiteront plus à secouer la fibre tribale ou ethnique, pour s’emparer ou sauvegarder leur pouvoir.
Ce qui est arrivé aux 500 villageois de Bukanga, obligés de se réfugier dans la brousse après l’incendie de leurs cases, n’est que la conséquence ultime des passions exacerbées jusqu’à leur paroxysme par des partisans du pouvoir pour le pouvoir, confortablement installés à Kinshasa, et qui se jouent des pauvres petits paysans, qu’ils instrumentalisent pour assouvir leurs ambitions politiques.
Pour d’aucuns, derrière l’incendie du village Yansi de Mbaya, et l’incendie du village Mbala de Bukanga, se cache en fait un combat sans merci de leadership que se livrent depuis quelques mois déjà, deux éléphants politiques du territoire de Masimanimba, l’actuel ministre du Plan Olivier Kamitatu (ARC-AMP), et l’honorable Kin-Kiey Mulumba (PA).
C’est miracle qu’on n’ait pas jusque-là déploré des victimes humaines, au regard de la fureur du combat que se livrent les deux hommes, par souffre-douleurs interposés. Des fonctionnaires de l’Etat, des notables du coin, ont déjà été les victimes indirectes de cette lutte à mort où les coups se donnent de préférence en dessous de la ceinture. Deux ethnies sœurs et voisinent, en sont aujourd’hui à l’incendie des cases pour contenter des ambitions personnelles de deux politiciens. Les enquêtes démontreront si oui ou non des politiciens ont donné des ordres et portent une responsabilité directe ou indirecte pour que l’on en arrive là.
Mais il faut dire qu’en matière d’incitation à la violence interethnique pour des motifs politiques, le Bandundu a de qui, tenir. Le Sankuru dans le Kasaï Oriental, a déjà acquis, dans ce domaine, un savoir-faire certain, dont tous les futurs troublions politiques pourront s’inspirer dans leur pyromanie politique. A Lodja, à Wembo Nyama ou à Katako-Kombe, on a dépassé depuis belle lurette le stade considéré comme amateur des incendies des villages et des passages à tabac entre groupes ethniques. Désormais, entre Tetela de la forêt, et leurs frères de la savane, les différends politiques se règlent à armes blanches. C’est plus efficace, assure-t-on. C’est plus radical, pour faire taire un adversaire politique.
Otis Basunga

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