mardi 26 octobre 2010

EXPULSIONS DE CONGOLAIS D’ANGOLA : L’intégration, une chimère















Il y a vraiment de quoi croire que l’intégration africaine est une chimère. En effet, une fois de plus, mais sans doute de trop, des centaines de Congolais ont été expulsés de l’Angola. Parmi eux, des morts et des femmes violées. Et, ces indésirables venus de la République démocratique du Congo (RDC), le pouvoir angolais les range dans le paradigme de "migrants clandestins" pour leur infliger des traitements pires que ceux que subissent les immigrants clandestins africains sur les côtes espagnoles. Pour ainsi dire, un Congolais est pour l’Angola ce qu’est un Rom ou un Africain pour la France. Certes, l’on ne peut légitimement s’en prendre à José Eduardo Dos Santos d’exiger des papiers qui légalisent la présence des étrangers sur son sol. C’est d’ailleurs la pratique en vigueur dans tout Etat qui se veut moderne. Cela lui permet de prospecter, d’anticiper. Mais encore faut-il que les conditions à remplir pour l’obtention de ces papiers soient favorables. En d’autres termes, les conditions posées, comme si cela était sciemment fait, rendent inutiles les voies légales et favorisent par là même la clandestinité. Tout compte fait, ces expulsions de Congolais montrent deux défaillances not e.
D’abord de la part de l’Etat congolais. Au fait, que manque-t-il à ce pays pour que ses ressortissants traversent ses frontières à la recherche de la pitance quotidienne au risque souvent de leur vie ? Le diamant, il y en a à gogo. Le coltan, l’or, la cassitérite, on en trouve à suffisance. Que Joseph Kabila et toute la classe politique congolaise cessent donc d’en vouloir à Santos pour ne s’en prendre qu’à eux-mêmes ! La fuite des populations de leur pays n’est rien d’autre que la conséquence de la gabégie, de la corruption ; en un mot, de la malgouvernance politique mais aussi et surtout économique qui caractérise le pouvoir en place. La nation angolaise, du fait qu’elle ait connu la guerre civile, est excusable. D’ailleurs, ses dirigeants ont su, malgré tout, bâtir une économie pour le moins prospère. Un exemple que la RDC devrait plutôt suivre.
Ensuite, ces expulsions montrent une SADC (Communauté pour le développement de l’Afrique australe) et une CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale) incapables de s’entendre sur les principes de l’intégration africaine. En tout cas, ces deux organisations donnent tort aux gradualistes, c’est-à-dire ceux qui pensent qu’il ne peut y avoir d’Union africaine sans des intégrations sous-régionales réussies. Ainsi, entre les discours porteurs d’espoir d’une Union africaine que l’on entend lors des sommets et les réalités sur le terrain, il y a un grand pas à franchir. Enfin, ces expulsions des Congolais d’Angola suscitent une inquiétude quant aux relations entre les deux Etats. L’on se souvient qu’en réaction aux traques de ses concitoyens en Angola, Kabila avait, en 2008, eu recours au principe de réciprocité pour faire partir des Angolais de la RDC. En tout état de cause, il est à souhaiter que les deux Etats favorisent l’intégration des peuples plutôt que de donner à voir au reste du monde des images qui n’honorent pas l’Afrique.
Boulkindi COULIDIATI — LE PAYS

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