mardi 5 octobre 2010

Le rapport Mapping n'occupe pas les premières pages des seuls quotidiens des pays directement impliqués dans les violences.




Justice et Droits de l'Homme, Standard

Mais le rapport Mapping n'occupe pas les premières pages des seuls quotidiens des pays directement impliqués dans les violences. Aussi The Standard (Kenya) rappelle-t-il que les nombreuses atrocités commises au Congo par les troupes étrangères étaient notoires bien avant la publication du rapport, qui est "le premier en son genre à répertorier de manière aussi précise les violations et à accuser les acteurs de l'occupation". "Même lorsque les violences sont commises dans des régions extrêmes reculées, la vérité finit par émerger", observe The Standard, qui salue la portée du rapport, susceptible de "transmettre un message fort aux seigneurs de la guerre et aux chefs militaires en leur faisant comprendre que la communauté internationale est de plus en plus sensible et vigilante". Le quotidien Le Pays (Burkina Faso) estime que malgré les polémiques qu'il génère, le rapport "constitue un grand pas. Il est à souhaiter que des actions concrètes soient menées pour que les auteurs de ces atrocités d’une autre époque soient jugés et punis à la hauteur de leur crime". Pour la journaliste belge Colette Braeckman, spécialisée dans la région des Grands Lacs, aucun doute n'est possible quant à l'implication des troupes rwandaises du président Paul Kagame dans la déstabilisation du Congo et le rapport "relate des faits bien réels, la traque impitoyable des réfugiés hutus rwandais qui n’avaient pas pris le chemin du retour, les tueries de civils congolais par l’armée rwandaise ou par ses supplétifs locaux". Pourtant, la journaliste estime que "l’addition de faits vrais ne rend pas encore la vérité des faits : s’il représente un premier pas, le rapport de l’Onu demeure insuffisant". Dans son traditionnel carnet en ligne, Mme Braeckman répertorie les complexes alliances entre rebelles et gouvernements de la région, scellées avec le soutien de la communauté internationale. "L’abominable tragédie qui s’est déroulée dès octobre 1996 dans l’Est du Congo a des racines au Rwanda, elle est la conséquence directe du génocide et de l’exode vers le Congo de plus d’un million et demi de réfugiés hutus. Ces derniers étaient encadrés par les autorités administratives et militaires du régime déchu et criminel (…). Dans ces camps installés sur la frontière, pris en charge par le Haut commissariat des réfugiés de l’Onu et gérés par de nombreuses Ong, le droit humanitaire fut bafoué dès la première heure : les militaires et les miliciens ne furent pas désarmés, les tueurs se mélangèrent aux civils sans être autrement inquiétés", indique-t-elle, avant d'ajouter : "À cette époque déjà, alors que les États-Unis et l’Union européenne dépensaient un million de dollars par jour dans les camps de réfugiés contrôlés par les extrémistes et que les incursions se multipliaient en territoire rwandais, Kigali, dans la plus grande discrétion, se préparait à désamorcer la menace", le président Kagame ayant averti après le génocide de 1994 : "personne ne veut mettre de l’ordre dans cette situation qui a assez duré, il faudra bien que nous le fassions nous-mêmes…". "Les Américains suivaient activement ces préparatifs : Richard Orth, l’attaché militaire à Kigali, et Peter Whaley, le numéro deux de l’ambassade assistaient aux réunions, tandis que ses amis du Pentagone fournissaient à Kagame et ses hommes l’équipement nécessaire : six vedettes rapides patrouillant sur le lac Kivu, des équipements radio, du matériel d’écoute et de décryptage de communications satellites. (…) Une société privée, la Mipri (Military Professional Inc) basée en Virginie, fut également associée à l’opération", précise encore Mme Braeckman. Il faut rappeler que deux opérations belliqueuses se sont croisées au moment des faits en territoire congolais : la répression des présumés génocidaires et la progression depuis le Kivu des rebelles congolais contre feu le dictateur Mobutu Sese Seko, dont les protagonistes Kagame et Laurent-Désiré Kabila (père de l'actuel président congolais Joseph Kabila) avaient choisi de collaborer pour parvenir chacun à leurs fins. "Il faudra que les éventuelles procédures judiciaires tiennent compte des différences entre les protagonistes de cette « guerre mondiale africaine » - conclut la journaliste belge - les Burundais ne quittèrent pas le Sud Kivu, les Angolais, appelés à la rescousse par leur vieil ami Kabila, assurèrent surtout le transport aérien des troupes et furent indignés par les massacres dont ils furent les témoins, le président du Zimbabwe Robert Mugabe se contenta, dans un premier temps d’une contribution financière, les Ougandais auraient voulu s’arrêter à Kisangani et s’assurer le contrôle de la Province Orientale et des mines d’or de l’Ituri… Quant aux Rwandais, encouragés par les Américains et les sociétés minières, ils tentèrent d’installer leurs hommes à Kinshasa jusqu’à ce que Kabila, en juillet 1998, prie ses encombrants alliés de quitter le pays. Deux jours plus tard, une autre guerre commençait…".
[CO] Source: MISNA

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