mercredi 17 novembre 2010

Présidentielle en Guinée: l'état d'urgence et couvre-feu jusqu'aux résultats définitifs

Le corps d'un jeune tué par balle, selon un médecin le tir ne pouvait être qu'à bout portant.
Le corps d'un jeune tué par balle, selon un médecin le tir ne pouvait être qu'à bout portant.
L.Correau/RFI
Par RFI
Après plusieurs jours de violences, le gouvernement guinéen a déclaré l'état d'urgence, une mesure prévoyant l'instauration d'un couvre-feu nocturne en certains endroits, jusqu'à ce que soit réglé le contentieux sur le résultat de l'élection présidentielle. Le décret signé par le général Sékouba Konaté passe en boucle à la radio nationale. Toute manifestation, tout regroupement sont interdits jusqu'à nouvel ordre.
Le décret qui a été lu à la radio et à la télévision a été suivi d’une intervention du général Nouhou Thiam, le chef d’état-major général des armées qui a expliqué les raisons de cette décision.
« Les éléments malintentionnés, a-t-il dit, s’attaquent délibérément aux forces de l’ordre, à la population et à ses biens ».
« Nous prenons à témoin la communauté nationale et internationale, a-t-il ajouté, sur le comportement anti-démocratique des éléments sus-cités ».
« Dans le but de préserver la paix, la quiétude et l’unité nationale, a-t-il conclu, il est décrété l’état d’urgence sur toute l’étendue du territoire national, à partir de l’instant jusqu’à la proclamation des résultats définitifs par la cour suprême ».

Tibou camara, secrétaire général de la présidence
L'état d'urgence veut dire que les différentes forces de défense et de sécurité sont chargées de mettre fin à la situation de désordre...
17/11/2010 par Marie-Pierre Olphand
Cette proclamation intervient après deux jours d’une tension qui est allée crescendo depuis la proclamation des résultats de l’élection présidentielle. Tension qui a commencé à se manifester dans les quartiers et les régions plutôt favorables au perdant du scrutin, Cellou Dalein Diallo. Il y a eu des manifestations dans la commune de Ratoma -dans la capitale- le long de la route Le Prince… Manifestations également dans la région de Moyenne-Guinée, dans ce qu’on appelle communément le Foutah.
La joie, la colère et les rumeurs
Le choc entre la joie des gagnants et la colère des perdants, les rumeurs également qui ont commencé à courir sur les violences commises par les uns ou les autres ont provoqué des réactions en chaîne. Elles ont attisé la nervosité.
Dans les quartiers de Conakry où se croisent les partisans du gagnant et du perdant, par exemple, des violences ont eu lieu. Des coups ont été échangés, des maisons saccagées.
Au-delà des tensions entre militants, les habitants des quartiers de banlieue déplorent la répression disproportionnée qui s’abat sur eux. Ils disent que les forces de sécurité rentrent dans les concessions, volent et saccagent.
L’envoyé spécial de RFI à Conakry a pu voir trois cadavres ce mercredi après-midi 17 novembre. Dans deux cas sur trois, la façon dont la balle avait transpercé le cou du jeune ne laissait que peu de doutes sur la l’origine de la mort des jeunes. Selon un médecin, il s’agit forcément de tirs à bout portant.

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