vendredi 31 décembre 2010

Côte d'ivoire : la crainte du chaos et de la guerre ethnique



La confusion est-elle en train de s'installer durablement en Côte d'Ivoire ? Chaque camp crie au loup. Plutôt démuni à l'intérieur, le camp d'Alassane Ouattara, président élu, toujours reclus dans un hôtel d'Abidjan, gagne du terrain sur le plan diplomatique avec la reconnaissance d'ambassadeurs qu'il a désignés, en appelle à la communauté internationale pour éviter ce qu'il nomme "un génocide". Le perdant, Laurent Gbagbo, dénonce le complot international en révélant un document selon lequel une opération aurait été montée par la DGSE pour le renverser, quel que soit le verdict des urnes. Mais surtout la vraie menace, c'est celle du leader pro-Gbagbo des « jeunes patriotes » qui a appelé ses miliciens à libérer le Golf hôtel où siège Ouattara et son gouvernement. Un lieu  symbolique qu'il entend prendre dès demain, lui qui avait dirigé les agissements meurtriers de ses miliciens au lendemain de la proclamation des résultats. Mais cette fois il a appelé ses partisans à le "libérer" à "mains nues". L'arrivée à l'hôtel de milliers de partisans de Gbagbo où ils seront confrontés aux blindés de l'Onuci est potentiellement explosive, d'autant que la mission de l'ONU est considérée par le camp Gbagbo comme alliée à Ouattara. De surcroît la mission onusienne a déjà subi récemment plusieurs incidents : une de ses patrouilles a essuyé des tirs mercredi d'origine inconnue et a dû répliquer par des tirs de sommation devant une foule hostile.

Gbagbo n'a pas hésité à parler de risques de guerre civile en cas d'intervention étrangère
Cet appel survient au moment où trois chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui a menacé de renverser Gbagbo par la force, tentent d'éviter cette option par le dialogue. L'option militaire reste toutefois sur la table, les chefs d'état-major s'étant réunis pour étudier "la logistique" nécessaire à une éventuelle intervention, même tous les spécialistes estiment qu'aucun de ces états ne dispose des moyens d'une telle intervention contre laquelle l'ancien Président n'a pas hésité à parler de risques de guerre civile en cas d'intervention étrangère : "Il y aura peut-être un désordre intérieur, une guerre civile en Côte d'Ivoire, parce que nous n'allons pas nous laisser piétiner notre droit et nos institutions". Si Ouattara préfère l'option diplomatique, il a appelé jeudi à "aller vite" : "Il est temps d'agir et de sortir de cette situation".

L'arrivée d'un étrange attelage : Roland Dumas et ...Jacques Vergès, avocat des mauvaises causes après en avoir défendu de bonnes il y a 50 ans

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Hier, Laurent Gbagbo a reçu le soutien d'un étrange attelage, venu avec le costume d'avocat : Roland Dumas, ancien Ministre des affaires étrangères et Jacques Vergès, l'avocat des mauvaises causes après en avoir défendu de bonnes il y a 50 ans. Après un entretien d'une heure avec Laurent Gbagbo au palais présidentiel, les deux ténors français du barreau ont confirmé qu'ils allaient défendre les «autorités en place». Laurent Gbagbo «est devenu un symbole» car il «représente une Afrique nouvelle, une Afrique qui ne s'incline pas et c'est ça qui est intolérable pour les dirigeants français», a ajouté Jacques Vergès. Le temps de la colonisation et des juges de paix à compétence étendue est terminé», a déclaré Jacques Vergès.

Francis Deng (ONU) s'est déclaré "très inquiet" des informations selon lesquelles des maisons où vivent des opposants à Gbagbo seraient "marquées pour identifier leur ethnie".

Il est vrai que le scénario catastrophe d'une intervention française pour protéger les 15 000 ressortissants français fait frémir l'Elysée. Mais cette crise marque le déclin de la Françafrique même si quelques hommes de l'ombre perpétuent le mythe. Le vrai danger c'est la reprise de la guerre civile : Le conseiller spécial de l'ONU chargé de la prévention du génocide, Francis Deng, s'est déclaré "très inquiet" de la situation, plus particulièrement d'informations selon lesquelles des maisons où vivent des opposants à Gbagbo seraient "marquées pour identifier leur ethnie". Par ailleurs,  plusieurs dizaines de personnalités africaines, dont beaucoup proches de Gbagbo  ( l'ex M. Afrique du PS, Calixthe Beyala ou le Sénégalais Pierre Sané) à lancer un appel contre les va-t-en-guerre : « Profondément convaincus qu'une intervention militaire en Côte d'Ivoire serait de nature à aggraver une situation qui est suffisamment tragique, et plongera à coup sûr le pays et la sous- région dans la tourmente, les signataires de la présente lettre ouverte en appellent aux opinions publiques de toutes les nations et aux gouvernements de tous les pays épris de démocratie, de paix et de liberté, afin d'enrayer la menace de guerre qui plane sur ce pays  (...) Intellectuels et artistes, hommes de culture et de science d'Afrique, d'Occident et du Monde, mobilisons-nous pour inventer une solution pacifique à la crise post-électorale en Côte d'Ivoire, refusons les prétextes aux ingérences et interventions extérieures ! »

Les Casques bleus pris à partie en Côte d'Ivoire

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