vendredi 31 décembre 2010

Côte d'Ivoire : Ouattara présente ses voeux et Ggagbo compte ses soutiens à la Cédéao

Alassane Ouattara durant une conférence de presse, le 24 décembre 2010.
Alassane Ouattara durant une conférence de presse, le 24 décembre 2010.
©REUTERS/Stringer








Par RFI
Alassane Ouattara a adressé jeudi soir 30 décembre 2010 ses vœux aux Ivoiriens. Dans un message solennel, il a déclaré que si l’année 2010 s’achève dans la tristesse et la désolation du fait de Laurent Gbagbo, l’année 2011 marquera une rupture avec les dix années de souffrance, de pauvreté, de mort et d’assassinats. Dans le camp de Laurent Gbagbo, qui présentera ses vœux ce 31 décembre sur la RTI, on espère avoir pu desserrer l’étau diplomatique et donc différer une éventuelle intervention armée de la Cédéao.
Alassane Ouattara a doublé son rival pour la cérémonie des voeux
Alassane Ouattara demande de la patience à ses compatriotes mais le président reconnu par la communauté internationale est dans les faits engagé dans une course de vitesse contre son rival du palais. En adressant ses vœux le 30 et non le 31 décembre, il a clairement voulu doubler Laurent Gbagbo dans la partie des allocutions respectives. Moins anecdotique, Alassane Ouattara craint surtout que la mission diplomatique de la Cédéao se transforme en médiation. « Les chefs d’Etat de la Cédéao ont pris des décisions. Nous respectons ces décisions mais il faut aller vite. Il faut tirer des leçons de tout ce qui s’est passé. Il est temps d’agir et de sortir de cette situation. Les Ivoiriens le demandent, la souffrance est grande. Trop de personnes ont été tuées, il faut mettre fin à ces assassinats », a-t-il déclaré.
Concernant les assassinats et persécutions, on a appris jeudi soir que l'ONU avait été empêchée une nouvelle fois d'accéder à deux localités où se trouverait un charnier.
L'Onuci a des informations «crédibles» sur l'existence d'un charnier mais elle n'a pas pu y accéder - récit
 
Les explications de Michel Bonnardeau, un des porte-parole des opérations de maintien de la paix de l'ONU.
31/12/2010
par Marie-Pierre Olphand
 
 

Le secrétaire général de l'organisation, Ban Ki-moon a déclaré son inquiétude et notamment des répercussions que pourrait avoir une attaque contre l'hôtel du Golf. Une inquiétude provoquée par les menaces lancées par Charles Blé Goudé visant le QG du camp Ouattara à Abidjan. Le leader des militants pro-Gbagbo, a appelé ses partisans à « libérer l'hôtel à mains nues », samedi 1er janvier.
Sur le front diplomatique, Laurent Gbagbo est-il en train de desserrer l’étau de la communauté internationale ?

L'ancien ministre des Affaires étrangères Roland Dumas (G) et l'avocat français Jacques Verges (2e G) s'adressent aux journalistes au Palais président à Abidjan en Côte d'Ivoire, le 30 décembre 2010.
Luc Gnago / Reuters
Dans le camp Ouattara, le passage, à Abidjan, de la délégation de la Cédéao laisse un sentiment mitigé. Pour l'entourage du président ivoirien reconnu par la Commission électorale ivoirienne et la communauté internationale, les présidents du Cap Vert, du Bénin et Sierra Leone n'ont pas mis la pression attendue sur Laurent Gabgbo.
Dans le camp de Laurent Gbagbo, si on affirme ne pas craindre une éventuelle opération armée de la Cédéao, on se félicite tout de même de voir l’unanimité ouest-africaine se fissurer peu à peu. Le Cap-Vert milite pour qu’une intervention militaire soit évitée à tout prix alors que le Ghana a déclaré qu’il n’enverra pas de troupes en Côte d’Ivoire.


«On ne prend pas parti, on vient étudier...» : Roland Dumas et Jacques Vergès à la sortie du palais, des propos diffusés à la RTI.
 
31/12/2010
par Cyril Bensimon
 
 
Depuis la visite mardi des trois émissaires de la Cédéao, dans l'entourage de Gabgbo, le moral est remonté. On considère ainsi que le plus important était d’engager des discussions, d’ouvrir des brèches dans le concert des nations pour différer voire annuler la mise en place d’une force ouest africaine.
D’après plusieurs sources, c’est le président cap-verdien qui, pour l’heure, se montre le meilleur avocat du palais en martelant que toutes les solutions sont préférables à une intervention militaire. Chez certains proches d’Alassane Ouattara, on considère même que Pedro Pirès a beau être en mission pour le compte de la Cédéao, il travaille en fait sous l’influence de l’Angola, allié de longue date de Laurent Gbagbo. Particulièrement agacé, un des ministres, retranché à l’hôtel du Golf, estime que les trois émissaires ouest-africains se sont montrés incapables d’assumer leur mission. « Ils ont essayé de nous entraîner dans la négociation et de gagner du temps alors qu’ils devaient uniquement pousser Laurent Gbagbo à partir », dit-il sous couvert d’anonymat.
Conscient que le temps pourrait jouer contre lui et qu’il n’a aucun intérêt à négocier avec son adversaire, Alassane Ouattara estime ainsi qu’il faut agir vite pour sortir de la crise politique. Une crise que certains diplomates occidentaux craignent de voir s’enliser.

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