© Grogne sociale en Afrique du Nord (Xinhua)
(AfriSCOOP Analyse) — Après la Tunisie depuis environ deux semaines, c’est au tour de ’Algérie de faire face à des mouvements de protestations presque sans précédents impliquant surtout la jeunesse. Ces événements constituent une réelle surprise dans des pays dirigés d’une main de fer par deux présidents autocrates qui remportent des élections avec au bas mot 80% des suffrages.
Comme le répètent à satiété la plupart des experts de la région, le « soulèvement » de Sidi Bouzid n’est que la conséquence logique d’une frustration trop longtemps contenue par des populations qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts au moment où une classe dirigeante sans scrupules affiche de manière ostentatoire une richesse de toute évidence mal acquise.
Ces difficultés liées au chômage et à la hausse des prix ne datent pas d’aujourd’hui et étaient même plus graves encore entre 2008 et 2009. Alors pourquoi cette soudaine envie d’en découdre avec les gouvernants ? La réponse se trouve auprès des jeunes. Sans emploi, ils n’ont pas été, pour la plupart d’entre eux à cause de leur jeune âge, témoins avisés des répressions sanglantes des régimes qui coupaient l’herbe sous les pieds de toutes velléités contestataires. Ils ont donc moins peur que leurs aînés. Et l’acte accompli par le jeune Mohamed Bouaziz en s’immolant a participé largement à une certaine prise de conscience d’une jeunesse qui croit qu’elle n’a plus rien à perdre.
C’est donc l’exemple tunisien et son lourd bilan non-officiel de 23 morts qui a accéléré le chaos en Algérie voisine. C’est dans cette contrée que l’on craint d’ailleurs le plus de débordements au vu de la puissance de l’islamisme et de l’immensité du pays, longtemps base arrière d’Al Qaïda au Maghreb (AQMI). Les « représentants » de Ben Laden en Afrique peuvent bien profiter du chaos pour semer la zizanie.
La situation n’est guère plus reluisante au Maroc, l’autre voisin méditerranéen de l’Algérie. Au royaume de Mohammed VI, c’est la jeunesse qui mène le bal pour briser un certain nombre de tabous, même si l’influence de l’islamisme est encore une réalité malgré la guerre sans merci que les autorités marocaines lui ont mené dans la foulée des attentats de Casablanca en 2003.
Facebook et autres SMS ont joué un grand rôle dans l’ampleur des manifestations en Algérie et en Tunisie. Au Maroc, ces mêmes canaux ont permis de faire le buzz il y a quelques mois quand un groupe de jeunes s’est formé pour revendiquer le droit de ne pas jeûner, au Maroc. Les 3 « lignes rouges », La Monarchie, l’Islam et le Sahara, sont de plus en plus violées par une jeunesse qui a très peu connu les méthodes dictatoriales de l’ancien roi Hassan II décédé en 1999 et succédé par son fils Mohammed VI, plus ouvert et moins autoritaire. Récemment dans une radio, un jeune a osé décliner ses ambitions de devenir un jour président de la « République du Maroc »…
Si Mohammed VI n’a aucun souci à se faire pour son trône, on ne peut pas en dire autant de Ben Ali malgré ses 23 ans de pouvoir et de Bouteflika, aux manettes de l’ancien département français d’outre-mer depuis 1999. Ce qui est sûr, c’est que quelque chose va changer avec ces manifestations.
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