Dans la matinée du 8 janvier 2011, Mwami TCHOMBWE SALATIER, chef coutumier dans la localité de Lubango en Territoire de Lubero a été fusillé par une dizaine d’hommes en armes et en uniforme militaire Fardc dans sa maison! Ces tueurs en uniforme militaire n’avaient rien emporté après leur forfait. Mwami Tchombwe vient ainsi s’ajouter à la longe des chefs coutumiers et terriens de Beni-Lubero qui constituent des cibles privilégiés des tueurs depuis 2008.
Dans la journée du 8 janvier 2011, dans la localité de Lusevere, à environ 40 km de la cité de Kirumba, un homme qui vaquait à ses activités champêtres a été surpris par des hommes lourdement armés qui l’ont criblé des balles assassines. La victime a succombé sur le champ.
Toujours dans la journée du 8 janvier 2011, un des tueurs de Mr KANZIKAVO KAMBALE Jeannot dans la nuit du 28 Décembre 2010 a été reconnu par un des survivants de l’attaque de la Cellule Vuvatsi, Quartier Malende. Ce dernier a alerté la police qui immédiatement a arrêté le tueur. Pour besoin d’enquête, la police avait commis l’erreur d’aller avec le tueur présumé sur le lieu du crime. En voyant le tueur présumé, la population en colère l’a lapidé à mort devant une police impuissante qui a aussi failli subir le sort de leur captif.
Le corps sans vie de ce tueur présumé avait été déposé à la morgue de l’Hôpital de Matanda. Après un jour d’exposition et d’annonces de sa mort sur les radios de la place, aucun bubolais n’a reconnu le cadavre de cet inconnu présumé tueur et lapidé à mort par une foule en colère. Ce fait comme tant d’autres contredit le Président Joseph Kabila qui avait dit à Butembo que les Nande se tuaient eux-mêmes. Ce tueur présumé et lapidé à Vuvatsi n’était pas un Nande selon les témoins mais bien un …
Depuis lors, les hommes adultes de Vuvatsi veillent ensemble chaque nuit pour protéger leur quartier contre les tueurs. Cette pratique ne semble pas plaire aux militaires Fardc et aux policiers de la place car ces derniers sont déjà venus deux fois encercler le quartier et effrayer les veilleurs de nuit au lieu de leur prêter main forte.
La poursuite des tueries des paisibles beniluberois par des hommes en armes et en uniforme, l’acharnement contre les chefs coutumiers et les chefs terriens confirment, s’il y en avait besoin, la thèse de la poursuite de l’occupation territoriale rwandaise du Territoire de Lubero. Tous les signes de l’occupation militaire sont réunis mais les gouvernants et les politiciens décident de ne pas la voir et de parler plutôt de paix retrouvée au Nord-Kivu et de bilan positif du régime en place. Sommes-nous toujours sur la même planète que les gouvernants et les politiciens congolais ?
Si l’on n’y prend pas garde, le débat houleux qui se déroule à Kinshasa sur l’élection présidentielle à un ou à deux tours et l’installation de la CENI peut détourner l’attention nationale de la poursuite de l’occupation militaire du Kivu par l’armée du CNDP intégrée dans les Fardc. En effet, depuis que le Ministre de la Communication a jeté comme un pavé dans la marre le sujet de la révision de la loi électorale, on voit apparaître un Congo à deux vitesses.
A Kinshasa, la politique est débattue comme nationale. Au Kivu, une guerre d’occupation rwandaise se poursuit sous forme des massacres des congolais, des déplacements sélectifs forcés des populations autochtones, des viols collectifs des femmes, les incendies des maisons des Nande sous-prétexte qu’ils occupent le Parc National des Virunga au moment où les populations d’autres ethnies qui occupent le même parc ne sont pas inquiétées du tout, etc.
Quand on pose la question aux autorités provinciales, elles disent que Kinshasa leur interdit de parler de tout ce qui se rapporte à l’insécurité mais de répéter comme des perroquets ce que Kinshasa dit. La réponse fréquente de ces autorités qui s’expriment sous le sceau de l’anonymat est que la clef de compréhension de l’insécurité qui sévit au Kivu se trouve à Kinshasa. Autrement dit, c’est par euphémisme que l’on parle d’entités territoriales décentralisées.
En même temps, la communauté internationale représentée en R.D.Congo par la Monusco, les ONG internationales continue de réduire les crimes commis contre les populations congolaises aux violences sexuelles faites à la femme. Le viol collectif des femmes est souvent très bien couvert par les medias proches de la communauté internationale et la foule des chercheurs occidentaux qui arpentent les sentiers du Kivu.
Pourtant, les hommes paient le plus lourd tribut des massacres commis actuellement au Kivu ? L’échantillon du martyrologue de Beni-Lubero Online confirme cette thèse. Il en est de même des déplacements forcés de certaines populations ainsi que les incendies des maisons, deux signes clairs de dépeuplement de la région du Kivu mais qui ne sont pas couverts suffisamment dans les reportages des medias proches de la communauté internationale dont l’audience est moins les congolais que les citoyens des pays qui les financent.
Le réductionnisme des crimes commis contre les populations congolaises aux violences sexuelles faites à la femme aide à faire du conflit congolais une affaire des primitifs congolais difficile à redresser et non une occupation militaire rwandaise financée par les USA, le Canada, l'Angleterre, Israel, la France, l'Allemagne, l'Australie, la Belgique, etc. L’industrie des armes se trouve aussi lavée de tout soupçon par ce reductionnisme au sexe.
Une des conclusions qu’on peut tirer de cette bipolarisation de la politique en R.D.Congo est que le régime au pouvoir ainsi que la communauté internationale travaillent toujours activement sur l’occupation rwandaise de l’Est de la R.D.Congo. De la probabilité de réussite ou non de ce projet machiavélique dépendra la tenue des prochaines élections sur toute l’étendue du territoire nationale.
Le peuple congolais doit ainsi surveiller étroitement non seulement le régime de Kinshasa et l’armée du CNDP mais aussi les actionnaires de ce qu’on appelle communauté internationale en R.D.Congo.
Une façon de relever ce defi c’est de ne pas s’enfermer dans la seule rhétorique émanant de ces trois alliés dont les accointances malsaines ne sont plus à démontrer.
Le rôle des opposants politique et de la société civile serait dans ce cas de faire remonter dans le débat national tous les problèmes cruciaux du vécu quotidien du peuple congolais que les trois alliés précités essaient de camoufler. Et si par exemple, les massacres des chefs coutumiers et de leurs sujets, les déplacements sélectifs forcés des membres des ethnies autochtones, les incendies des villages au Kivu doivent être rappelés dans chaque discours politique, dans chaque évaluation de la situation actuelle, pour que nul n’en ignore et pour une évaluation objective et compréhensive de la situation qui prévaut actuellement en R.D.Congo.
La mise hors d’état de nuire du régime en place dépendra aussi d’une analyse compréhensive et sans complaisance de la situation catastrophique qui prévaut actuellement un peu partout en R.D.Congo.
Kakule Mathe, Butembo
© Butembo-Beni
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