lundi 10 janvier 2011

Révision constitutionnelle - L’Opposition déclare la guerre à la majorité

LUNDI, 10 JANVIER 2011 13:47

La révision constitutionnelle ne passera pas, jure l’opposition congolaise. Si jamais le camp présidentiel s’entêtait à l’imposer par un vote à l’hémicycle du Palais du Peuple, l’opposition n’hésitera pas à prendre ses responsabilités en main. Et en fait de responsabilité, elle compte mobiliser le peuple congolais en vue de défendre, par toutes les voies légales, les acquis du processus de démocratisation. La guerre est ainsi déclarée à la Majorité présidentielle.
Pour une croisade contre la famille politique présidentielle, l’opinion publique était pleinement servie hier. Tous les poids lourds de l’opposition congolaise ont pris d’assaut le Grand Hôtel Kinshasa hier dimanche 9 janvier. En dépit de l’accueil glacial leur réservé, les leaders de l’opposition n’ont pas désarmé. Alors que la réservation de la salle avait été préalablement faite, les convives de l’opposition se sont vus interdits d’accès au GHK. Les portes hermétiquement closes, sans autre explication. Pourtant, le gouverneur de la ville de Kinshasa a été régulièrement saisi et aurait même donné une suite favorable à des partis d’opposition.
Etienne Tshisekedi, François Mwamba, Vital Kamerhe, Gilbert Kiakwama, Roger Lumbala ainsi qu’une kyrielle d’opposants ont personnellement effectué le déplacement du GHK. Devant le croche-pied anonyme leur tendu hier, les ténors de l’opposition ont opposé une pirouette astucieuse : ils ont lu et signé leur déclaration commune contre la révision constitutionnelle à la hussarde. Sur le trottoir du GHK.
C’est le Mlc François Mwamba qui a livré à l’opinion nationale l’économie de la position commune des opposants congolais. Etalée sur 12 points incisifs, cette prise de position a été un mélange de menaces voilées et d’appel au bon sens. Sous ce dernier rapport, les opposants ont demandé au Chef de l’Etat, qui célèbre ce mois de janvier2011 son dixième anniversaire à la tête de l’Etat, d’abandonner son projet tendant à imposer des règles taillées sur mesure pour se maintenir au pouvoir et contourner la volonté de changement animant le peuple congolais.
Après avoir soufflé totalement du chaud sur les 9 premiers points, l’opposition a essayé de ménager son adversaire au 10ème point ci-haut expliqué. C’est l’unique ouverture concédée à l’Autorité morale de l’Alliance. Pour le reste, l’opposition s’est employée à laminer la Majorité au sein de l’opinion publique. Et le fait de promettre des actions concrètes contre les révisionnistes en cas de persistance, donne toute la mesure de l’affrontement en gestation.

Kingakati 

Celui-ci s’annonce rude. En effet, aujourd’hui aura lieu la grande rencontre de Kingakati annoncée pour la fin du week-end par votre quotidien. Les hauts cadres de la Majorité vont se retrouver autour de l’Autorité morale en vue de lever une option définitive par rapport à l’épineuse question de la révision constitutionnelle. Au plus tard ce soir donc, l’opinion nationale aura droit à une contre- prise de position de la Majorité. Ce sera ni plus ni moins une réplique à la rencontre du GHK.

En attendant cet événement important, nous publions in extenso la déclaration politique de l’opposition rendue publique hier dimanche 9 janvier. 

DECLARATION DE L’OPPOSITION POLITIQUE


1. L’Opposition Politique réaffirme que la Constitution du 18 février 2006 est la loi fondamentale de la République Démocratique du Congo, et que le respect de sa lettre et de son esprit s’impose à tous les congolais à fortiori au Chef de l’Etat qui est le Garant de son respect.
2. L’opposition politique rappelle que l’institution de deux tours de scrutin à l’élection présidentielle est l’aboutissement d’une longue lutte des forces du changement démocratique contre la dictature dans notre pays. C’est un des acquis de la Conférence Nation Souveraine et du Dialogue Inter Congolais de Sun City. Par conséquent, l’Opposition politique considère la proposition de la mouvance présidentielle comme une dangereuse marche en arrière.
3. L’Opposition Politique rappelle à l’opinion, tant nationale qu’internationale, que la RDC, pays aux dimensions d’un sous-continent, est constituée d’une mosaïque de communautés avec une pluralité d’opinions. Pour rendre l’Etat gouvernable, chacune des composantes de cette mosaïque est appelée à se reconnaître dans le Président de la République élu et doit pouvoir s’exprimer au Parlement.
C’est pourquoi, tant la Constitution que la loi électorale de mars 2006, prenant en compte cette réalité sociopolitique, ont prévu, d’une part, un mode de scrutin à deux tours pour l’élection présidentielle et, d’autre part, des scrutins au système proportionnel pour les élections législatives, afin de garantir le respect de cette diversité.
4. L’Opposition politique estime que l’initiative du Président Joseph Kabila de réviser la Constitution et, par conséquent, la loi électorale, à quelques mois des échéances électorales est inopportune. En outre, cette démarche renferme les germes de la rupture du pacte républicain, fondé sur le consensus, dont la Constitution adoptée par référendum et promulguée le 18 février 2006 est précisément le reflet.
5. En effet, l’Opposition politique considère que l’institution d’un tour unique pour l’élection présidentielle aura pour conséquence inéluctable, le rétrécissement de la légitimité du Chef de l’Etat, avec comme corollaire, la multiplication des contestations de son pouvoir et l’instabilité dans le pays.
6. L’Opposition politique fait remarquer que cette proposition rétrograde a pour unique objectif d’organiser la tricherie à grande échelle, et participe d’une dynamique de confiscation de tous les pouvoirs d’Etat par un seul individu.
7. L’opposition politique, faisant sienne la disposition de l’article 64 de la Constitution qui stipule en son alinéa premier que “tout Congolais a le droit et le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation de la loi fondamentale “, rejette fermement l’initiative du Président Joseph KABILA de réviser dans la précipitation et pour des raisons inavouées, la Constitution et son corollaire qu’est la loi électorale.
8. L’Opposition Politique dénonce par la même occasion, la multiplication des actes d’intimidation des opposants, des activistes des droits de l’homme et des journalistes, et toutes les manoeuvres dilatoires, voire politiciennes, du Pouvoir, tendant à retarder la tenue des élections générales dans les délais constitutionnels, notamment dans le refus de la mise en 5lace du bureau de la CENI.
9. Contrairement aux affirmations du Porte-parole du Gouvernement, l’Opposition politique affirme que la RDC devrait disposer des moyens financiers suffisants pour organiser l’élection présidentielle à deux tours et des élections législatives telles qu’initialement prévues. Elle rappelle que les fonds destinés à l’organisation des élections en 2011 ont déjà en partie été décaissés sur le Budget de l’exercice 2010 et sont également inscrits au Budget de l’Etat de 2011.
10. L’Opposition politique demande au Président Joseph KABILA, qui célèbre ce mois de janvier 2011 son dixième anniversaire à la tête de l’Etat, d’abandonner son projet tendant à imposer des règles taillées sur mesure pour se maintenir au pouvoir et contourner la volonté de changement qui anime le peuple congolais.
11. L’Opposition politique exhorte la communauté Internationale à soutenir le peuple congolais dans la lutte pour la démocratie et de ne pas tomber dans le pièce tendu par le Président Kabila. Elle doit se garder de participer au financement d’une mascarade d’élections qui vise à maintenir le Président Joseph Kabila à la tête du pays et conforter l’installation d’une nouvelle dictature en RDC.
12. Enfin, l’Opposition Politique réitère au peuple congolais son engagement à poursuivre à ses côtés la lutte pour que réussisse l’alternance démocratique qui conduira à l’amélioration du mieux être de tous. Au cas où le Pouvoir en place persistait à vouloir imposer son dictat, l’Opposition politique est prête à prendre ses responsabilités.
Elle demande de ce fait au peuple congolais de se tenir prêt à défendre, par toutes voies légales, les acquis du processus de démocratisation en cours dans notre pays depuis 1990.

Que vive la démocratie,
Que Dieu bénisse la RDC et son peuple !
                                                       Fait à Kinshasa, le 09 janvier 2011
Pour l’Opposition Politique (liste partielle)
MLC : François Muamba
UDPS : Etienne Tshisekedi wa Mulumba
CD : Gilbert Kiakwama
ODR : Roger Lumbala
UNC : Vital Kamerhe
G14 : Dr Baudouin Buasa, Dr Kabamba Mbwebwe, Richard Ezulu
Anader : Elie Kumbu Kimbel
UREC : Jean-Batiste Monico
Ecidé : Martin M. Fayulu
Radeco : Madame Tatcher Lusamba
MLP : Franck DIONGO
RADER : Augustie Mampuya
PT : Steve Mbikayi
LES RENOVATEURS : Albert Fabrice Mpuela  

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