dimanche 27 mars 2011

Ce que les occidentaux vont réellement détruire en Libye...


par Patrick Mbeko, vendredi 25 mars 2011

 
La ville de Tripoli.

D’aucuns se rappelleront qu’afin de justifier l’agression de l’OTAN et le bombardement de la Serbie et du Kosovo, il fallait prouver que Milosevic avait fait massacrer les musulmans du Kosovo. En mai 1999, le secrétaire à la défense William S. Cohen déclarait : « nous constatons que près de 100.000 hommes en âge de porter les armes ont disparu. Ils ont sans doute été assassinés ». Quatre mois plus tard, de retour du Kosovo d’une équipe de spécialistes de l’Institut anatomique de Carthagène, leur directeur déclara : « Ils commencèrent par nous annoncer 4.000 morts, puis 22.000, et maintenant ils parlent de 11.000. Je me demande quel sera le chiffre réel… » Le résultat est bien différent. Un responsable de l’OTAN de confier à un enquêteur américain sous couvert de l’anonymat : « Quand nous savons que les Serbes l’ont fait, nous disons que les Serbes l’ont fait. Quand nous ne savons pas qui l’a fait, nous disons que les Serbes l’ont fait. Et quand nous savons que les Serbes ne l’ont pas fait, nous disons que nous ne savons pas qui l’a fait. » Ted Galen Carpenter, expert du Cato Institute, basé à Washington, de souligner : « Ceci n’est pas précisément un génocide. Les chiffres erronés faisaient partie d’une campagne de propagande de l’OTAN, et très réussie. »
Et pourtant la Serbie a subi les foudres de l’OTAN. Le 22 mars, à la veille de l’intervention occidentale, le premier ministre britannique Tony Blair  déclarerait devant parlement de son pays : « Nous devons agir pour sauver des milliers d’hommes, femmes et enfants innocents d’une catastrophe humanitaire, de la mort, de la barbarie et du nettoyage ethnique par une dictature barbare. » L’histoire semble aujourd’hui se répéter en Libye où les pays de l’OTAN sont intervenus soit disant pour « protéger le peuple libyen » de la barbarie du président Mouammar Kadhafi. Depuis le 19 mars 2011, les avions d’une coalition d’états chapeautée par les Etats-Unis bombardent sans ménagement et incessamment les forces du colonel Kadhafi faisant plusieurs victimes civiles et causant des dégâts considérables sur les infrastructures du pays.
Et contrairement à ce que semblent nous faire croire l’occident et ses laquais du monde arabe – pour la plupart des pays satellites des USA −, la vraie motivation de cette intervention demeure toujours la même : la main-mise sur les ressources stratégiques du pays. Pour se faire, les puissances occidentales ont développé une idéologie qui vise à légitimer l’ingérence militaire contre des pays souverains au nom de la démocratie et des droits de l’Homme. Une population est victime d’un dictateur, donc il faut agir. On nous sort alors les références à la Deuxième Guerre mondiale, à la guerre d’Espagne et j’en passe. Le but étant de faire accepter l’intervention. C’est ce qui s’est passé pour le Kosovo, l’Irak ou l’Afghanistan. La suite on la connait.
Après avoir manœuvré en Tunisie et en Egypte, en provoquant des mouvements de contestations populaires, pour imposer à la tête de ces états leurs nouveaux « garçons de course », les Etats-Unis se sont heurtés à la réalité socio-économique de la Libye, un pays qu’ils ont toujours voulu déstabiliser. En effet, contrairement à la Tunisie et à l’Egypte où les Américains ont profité de la grogne sociale pour accélérer le processus qui a mené au renversement des présidents Ben Ali et Hosni Moubarak ; en Libye, les choses semblent bien différentes. Les Libyens vivent beaucoup mieux que leurs frères du Maghreb. Ce prétexte ne peut donc tenir.
La Libye est l’un des pays les plus prospères d’Afrique. Depuis un moment, le pays de Kadhafi s’est lancée dans un Plan d’investissement public (PIP) colossal pour la période 2008-12, qui mobilisera 270 milliards de dinars LYB, soit environ 225 milliards $ US. Nous sommes bien loin des cinq chantiers du chef de l’état congolais. Le PIP planifie des dépenses annuelles de l’ordre de 50 milliards LYD. L’ambitieux programme pour les seules infrastructures prévoit 140 milliards LYD (114 milliards $) de dépenses pour le logement, les services publics, les transports, l’électricité et les technologies de l’information et de la communication, dont 40 milliards LYD (32 milliards $) en édifices résidentiels, industriels ou commerciaux, 30 milliards LYD (24 milliards USD) pour l’eau, l’électricité et les services de santé et environ 20 milliards LYD (16 milliards $) pour les routes, ports et aéroports, dans l’espoir de remédier aux déficits structurels du pays. Selon l’édition 2009 du Rapport mondial sur l’investissementde la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced), les investissements directs étrangers vers la Libye ont quadruplé entre 2005 et 2008. Le PIB/hab est de 13300$,81è rang mondial, donc avant l'Argentine, l'Afrique du Sud et le Brésil. Le taux d’alphabétisation moyen est de 82.6 %, le principal atout du système éducatif libyen est d’être gratuit et de permettre aux meilleurs étudiants de poursuivre leurs études supérieures (doctorat voir master) à l’étranger en bénéficiant d’une bourse du gouvernement. Le pays a  instauré un programme de prestations sociales lancé en mars 2008 par  Mouammar Kadhafi. Sur le plan social, l’année 2010 a été couronnée de succès selon  le premier rapport sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Ce premier rapport sur les OMD souligne en effet des avancées réelles réalisées par la Libye dans l’exécution du plan mondial visant à réduire la pauvreté et à promouvoir les droits de la femme, l’égalité des sexes et l’autonomie des femmes, ainsi qu’à améliorer la santé de la reproduction à travers la qualité, l’efficacité et la compétence, et cela à l’ horizon 2015. La seconde grande réalisation sociale au cours de l’année 2010 a été l’exécution en octobre d’un programme de lutte contre les violences conjugales qui se poursuivra jusqu’au mois de juillet 2011 – si le pays n’est pas complètement rasé et si Kadhafi y est encore comme président −, sous la supervision du service de protection de la famille et des femmes victimes de violence relevant de l’Association caritative libyenne « Waatassimou ». Pour un pays demeuré pendant longtemps sous embargo pour des raisons obscures, ce plan  ambitieux est à féliciter. 

Pour rappel, la Libye a été sous embargo après avoir été accusée d'avoir fomenté une série d' attentats contre des avions de lignes en Europe. Aujourd'hui, tout s'est effondré comme un château de cartes. Un des témoins clés dans l'affaire LOCKERBIE, l'ingénieur suisse Ulrich Lumpert a complément lavé la Libye de tout soupçon dans cette affaire.« Je pense qu’on a essayé de modifier la pièce à conviction intentionnellement. Je pensais que cette pièce devait servir à accuser la Libye, on voulait la rendre coupable pour des raisons politiques mais ce retardateur a été intentionnellement ajouté après coup aux pièces à convictions », a déclaré M.Edwin Bollier, le patron de Lumpert. Et il n’est pas le seul à penser ainsi. En 2005, selon un ancien haut responsable de la police écossaise, désirant rester anonyme et qui avait participé à l’enquête, la CIA avait « écrit le scénario » accusant la Libye. La pièce à conviction décisive, le fragment de détonateur qui a fait l’actualité à l'époque aurait été monté de toute pièces par des agents de la CIA qui enquêtaient sur l’attentat. Pourtant pendant plus de 20 ans, ce pays a subi un embargo sans précédent des USA et de leurs alliés.

Bref, pour revenir à la situation socio-économique de la Libye, on voit bien que contrairement à ce que certains esprits mal intentionnés ont voulu faire croire, le peuple libyen est loin de connaître la misère comme leurs frères du Maghreb. Face à des telles évidences, les puissances occidentales sont passées à la phase suivante de l’opération : la propagande. Une stratégie qui affecte les esprits non avertis. Les médias occidentaux qui n’ont jamais rien rapporté sur la fortune du guide Libyen, ont tout d’un coup découvert que le clan Kadhafi disposait de 150 milliards $ US dans les banques étrangères. Une information complètement fausse a reconnu un officiel américain, plus de 150 milliards $ dorment dans la banque centrale libyenne. La Confédération Helvétique a annoncé le gel des avoirs de Kadhafi. Une annonce pour le moins étrange puisque la Libye avait procédé au retrait de l'ensemble de ses avoirs en Suisse lors de la crise intervenue entre les deux pays en 2009-2010.
Et puisque la propagande n’a pas fonctionné longtemps, les puissances occidentales ont monté à l’Est du pays une « manifestation populaire civile », avant de reconnaître,  une fois encore, devant les évidences, qu’il s’agissait en réalité d’insurgés encadrés par des instructeurs et les forces spéciales américaines, britanniques et hollandaises…
Les médias ont crié à la catastrophe. Plus de six milles morts affirment les pays occidentaux, se croyant encore à l’ère de la pierre taillée. Les insurgés ont quant eux rapporté plus de 7 milles morts. Le seul problème, c’est que durant les réunions de l’OTAN, aucun pays occidental n’a été capable de présenter la moindre preuve de ces massacres au point que les Allemands, qui avaient déjà dépêché leurs navires de guerres dans la région, ont préféré prendre leur distance. Tout comme la Chine, la Russie et le Brésil, l’Allemagne a refusé d’appuyer la résolution franco-britannique d’envahir la Libye. Une résolution pilotée en réalité des USA. Nous y reviendrons dans un autre article.
Il n’empêche que les faiseurs d’opinions occupent le devant de la scène, falsifiant les faits et occultant la vérité. Il y en a parmi les Africains − très souvent aliénés par le discours dominant − qui goberont encore ces sornettes et diront que cette intervention est justifiée pour écarter du pouvoir le « dictateur Kadhafi ». Question : Est-il dictateur selon les occidentaux et leurs laquais africains ou selon le peuple libyen? Si ’il l’est réellement, est-ce aux occidentaux de le faire partir ou cette tâche n’incombe-t-elle pas aux seules populations Libyennes? Pourquoi les Libyens acceptent-ils de former un bouclier humain pour défendre leur leader si diable est-il? Hier des bombardiers canadiens ont dû annuler une mission sur Tripoli car confrontés à une foule de Libyens venus défendre leur pays. Les faits parlent d'eux-mêmes.
Une chose parait quand même sûre : Ce n’est donc pas pour sauver un peuple «  affamé » et « martyrisé » que les puissances du Nord ont débarqué en Libye. La raison se trouve ailleurs. Ces   guerres d’invasion fonctionnent pour les compagnies américaines à la manière d’un produit dérivé. Ces conflits leur ouvrent un nouveau marché de l’armement, confèrent une exclusivité à leur compagnie de construction, aux gisements pétroliers et gaziers qu’elles détiennent et majorent éventuellement leur valeur. Le champ de bataille au milieu duquel on parvient aux ressources favorise le développement des monopoles. Tant pis si, du fait de tels partenariats, le pays entier s’enlise cruellement dans des guerres civiles et des guerres d’occupation…
Au nom de la démocratie, ils ont débarqué, ont tué des civils et détruit les infrastructures d’un pays souverain. En chœur, les inconscients peuvent encore dire « AMEN ».

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