Rebelles libyens à Ajdabiya le 26 mars 2011. ©AFP
PARIS (AFP)
Kadhafi peut-il encore compter sur son armée ? Alors que les rebelles ont enchaîné les victoires dans une marche sur Tripoli qu’ils voudraient triomphale, les troupes d’élite du régime n’ont peut-être pas encore tiré leurs dernières cartouches.
Le régime dispose de "bataillons parfaitement bien formés, utilisés soit pour conduire des contre-attaques ciblées, soit pour se replier sur Tripoli où ils pourraient s’organiser en lignes défensives", explique-t-on de source proche du dossier à Paris.
Est-ce un signe avant-coureur des embûches qui attendent la rébellion ? Après deux jours de marche forcée vers l’Ouest et les centres du pouvoir, sa progression a été interrompue lundi matin par les forces de Mouammar Kadhafi, à 140 kilomètres à l’est Syrte (600 km de Tripoli par l’unique route côtière).
Parmi les unités loyalistes "en état de combattre, commandées, organisées et équipées", figure la trente-deuxième brigade commandée par Khamis Kadhafi, l’un des fils du "guide de la révolution".Elle serait prête à "défendre le régime jusqu’au bout", ajoute-t-on de même source.
Cette brigade disposait, à la veille des hostilités, du meilleur matériel des forces libyennes, de fabrication russe, ou plutôt soviétique et vieillissant.
A tel point que le régime libyen, après son retour en grâce sur la scène internationale au milieu des années 2000, avait tenté d’"occidentaliser" ses équipements en approchant ses ennemis français, britannique et américain d’aujourd’hui.
Les câbles de l’ambassade américaine à Tripoli publiés par Wikileaks racontent par le menu ces tentatives.
L’un d’eux, daté du 14 décembre 2009 et frappé de la mention "secret", évoque l’intérêt exprimé par Saif al-Islam, le fils cadet du colonel Kadhafi, pour des hélicoptères Little Bird, en usage pour les opérations spéciales de l’US Army, ou le missile de croisière français Scalp qui équipe le Rafale.
"La France, bien qu’encline à vendre son avion de chasse Rafale à la Libye, n’est pas intéressée par la vente du missile Scalp, considérée comme +trop sensible+", précisait cette dépêche diplomatique.
L’ironie de l’histoire veut que ces mêmes Rafale équipés de ces mêmes missiles frappent aujourd’hui les installations militaires du colonel Kadhafi.
Pour le reste, les troupes "régulières" du régime seraient particulièrement vulnérables, sans parler de l’aviation, clouée au sol par la "zone d’exclusion aérienne" décrétée par l’Organisation des Nations unies, ou de la marine libyenne, qui n’est pas près de revoir le large.
"Par peur d’être renversé par un coup d’Etat militaire, Kadhafi a toujours veillé soigneusement à diviser" les rangs de cette armée "particulièrement faible", écrit la revue de défense britannique "Jane’s Intelligence" dans sa livraison du mois d’avril.
Selon cette publication de référence, l’armée de terre libyenne compterait 25.000 hommes, auxquels pourraient se joindre autant de réservistes."Des appelés qui avaient essentiellement des missions de contrôle des frontières", précise-t-on de source française.
Le régime du colonel Kadhafi s’appuierait aussi sur quelques milliers de mercenaires, notamment africains.Ils seraient entre 3 à 4.000, selon une source proche des milieux officiels libyens, citée par le New York Times.
"Les mercenaires n’auront pas envie de se faire tuer pour un régime qu’ils savent condamné", observe cependant Dominique Moïsi, conseiller spécial de l’Institut français des Relations internationales, qui reste optimiste sur les chances de victoire de la coalition et de la rébellion."Le régime est beaucoup plus fragile qu’on ne le dit", assure-t-il.
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