De notre envoyé spécial Romain Rosso, publié le 30/03/2011
Tir d'un missile Tomahawk depuis le destroyer USS Stout croisant en Méditerranée.
REUTERS/Jeramy Spivey/U.S. Navy
Les forces navales libyennes constituent une menace pour les bateaux de la coalition, mais elles sont épargnées par les bombardements. A condition de ne pas bouger.
Jusqu'à présent, elle n'avait pas manifesté d'hostilité. Et elle était restée intacte. Depuis le déclenchement de l'intervention militaire en Libye, la marine de Mouammar Kadhafi s'est montrée discrète, restant sagement dans ses ports d'attache. Jusqu'à ces trois derniers jours, seules quelques patrouilles le long des côtes avaient été observées.
Tout a changé le 29 mars: le garde-côtes Vittoria, ainsi que deux petits navires, ont fait feu sur des bateaux de commerce dans le port de Misrata. Ils ont été aussitôt détruits par l'aviation et la marine américaines.
Face à l'armada déployée dans la zone, la marine libyenne est une naine, taillée pour la protection du littoral. Elle est toutefois surveillée de très près par la coalition, et notamment par la marine française, qui croise quelque part* dans le golfe de Syrte.
"Nous savons exactement où les navires libyens se trouvent et ce qu'ils font, indique le contre-amiral Philippe Coindreau, qui commande le groupe aéronaval, à bord du porte-avions Charles-de-Gaulle.
Le "baroud d'honneur" redouté de Kadhafi
Dans le périscope, il y a notamment deux sous-marins Foxtrot, de fabrication soviétique. Des antiquités technologiques comparées aux actuels sous-marins nucléaires. Propulsés par un moteur diesel électrique -diesel en surface, électrique en plongée- ces submersibles restent une menace. "Ils sont discrets, comme autrefois les U-boot, surtout dans des eaux profondes comme la Méditerranée", souligne un expert de la lutte anti sous-marine. Pour l'heure, ils ne bougent pas.
Ce que redoute surtout l'amiral Coindreau, c'est un "baroud d'honneur" du leader de Tripoli, lancé sur un navire de la coalition à partir de vedettes lance-missiles. Une hypothèse "toujours possible", selon l'officier, qui n'a pas relevé de mouvement de désertion dans les bases navales. "Toutes les mesures ont été prises pour s'affranchir de leurs menaces", assure-t-il.
Une autre raison, non militaire, explique pourquoi les forces navales ont été épargnées par les bombardements des chasseurs alliés. En vertu d'un accord entre l'Italie et son ancienne colonie, ces vedettes garde-côtes permettaient de juguler les flux de clandestins. "Dans une perspective d'avenir, souligne l'amiral, il est possible que ces bateaux servent au contrôle de l'immigration." Or, l'Europe n'a guère envie de voir débarquer de nouvelles vagues de réfugiés.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire