RAS LANOUF (Libye) (AFP)
Les insurgés libyens ont subi un nouveau revers mercredi face aux forces du dirigeant Mouammar Kadhafi, qui ont repris le contrôle du site pétrolier de Ras Lanouf et forcé des rebelles paniqués à se replier plus à l’Est.
Ces revers surviennent alors que la question de l’armement des insurgés a été évoquée ouvertement par Washington et Paris à l’occasion de la réunion à Londres du groupe de contact sur la Libye, dont les membres ont affiché leur unité autour du constat que Mouammar Kadhafi doit partir.
Les loyalistes ont reconquis dans la matinée la ville de Ras Lanouf conquise de haute lutte par les insurgés le 27 mars.Pris sous d’intenses tirs de chars et d’artillerie, des centaines de rebelles refluaient vers la ville de Brega, qu’ils contrôlent toujours, selon des journalistes de l’AFP sur place.
L’avancée des insurgés, insuffisamment équipés pour faire face à la puissance de feu des loyalistes, a été stoppée ces deux derniers jours par les forces du régime, à la faveur d’une suspension des frappes aériennes internationales dans cette zone.
Ras Lanouf est située à 370 km à l’ouest de Benghazi, le bastion des rebelles dans l’est, et à 210 km d’Ajdabiya, carrefour stratégique tombé le 26 mars sous le contrôle de la rébellion.
"On a un gros souci, on se replie", a expliqué à l’AFP l’un des combattants, Salama Dadida, alors que des centaines de voitures et pick-up traversaient al-Uqaïla, environ 20 km à l’est de Ras Lanouf, en direction de Brega, à 240 km au sud du bastion rebelle de Benghazi.
"Les troupes de Kadhafi tirent des roquettes et des obus", a-t-il ajouté.
"Nous voulons que les Français bombardent les soldats" de Kadhafi, a renchéri un autre combattant, Ali Atia al-Fatouri, alors que s’intensifiaient les tirs d’armes lourdes et légères.
La veille déjà, les insurgés, qui progressaient rapidement vers l’ouest en direction de Syrte, ville natale de Mouammar Kadhafi, avaient dû faire demi-tour sous le feu des forces régulières, à plus d’une centaine de kilomètres de leur objectif.
Les insurgés réclament à cor et à cri la reprise des frappes aériennes internationales sur la route de Syrte, interrompues depuis deux jours.Cet appui aérien, lancé le 19 mars avec le feu vert de l’ONU, est essentiel pour la progression des rebelles, sous-équipés par rapport aux forces loyalistes.
"Les hommes de Kadhafi nous tirent dessus aux canons, aux obus de mortier.C’est trop fort.Nos armes ne nous permettent pas de lutter contre ça", a expliqué l’un d’eux à l’AFP.
Au pouvoir depuis 42 ans, le colonel Kadhafi, qui a tenté de réprimer dans le sang l’insurrection contre son régime lancée le 15 février, accuse les rebelles d’agir pour le compte du réseau Al-Qaïda et refuse de s’en aller.
A l’occasion de la réunion à Londres du groupe de contact, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a déclaré que la France était prête à discuter avec ses alliés d’une aide militaire aux rebelles, tout en reconnaissant que ce n’était pas prévu par les récentes résolutions de l’ONU.
Le président américain Barack Obama, également interrogé sur la question d’un éventuel armement des rebelles, a répondu : "Je ne l’exclus pas.Mais je ne dis pas non plus que cela va se faire".
La question divise toutefois la communauté internationale.
Rome n’a pas caché ses réticences."Armer les rebelles serait une mesure controversée, une mesure extrême (qui) diviserait certainement la communauté internationale", selon les Affaires étrangères.
La Norvège, membre de la coalition internationale chargée de protéger les populations civiles en Libye, a également exclu d’armer les rebelles."Fournir des armes aux rebelles libyens n’est pas d’actualité", a déclaré la ministre de la Défense Grete Faremo lors d’une visite aux équipages des six F-16 norvégiens dépêchés en Crète.
Mardi, un porte-parole à Benghazi du Conseil national de transition (CNT), organe représentatif des insurgés à un millier de km à l’est de Tripoli, a déclaré que la rébellion cherchait à se procurer des armes lourdes auprès de "nations amies".
Un émissaire américain était attendu mercredi à Benghazi, où un diplomate français, Antoine Sivan, a pris ses fonctions la veille auprès de l’opposition libyenne.
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